Le zèbre

Le Zèbre

Le zèbre est peut-être de tous les animaux quadrupèdes le mieux fait et le plus élégamment vêtu : il a la figure et les grâces du Cheval, la légèreté du Cerf, et la robe rayée de rubans noirs et blancs, disposés alternativement avec tant de régularité et de symétrie, qu’il semble que la Nature ait employé la règle et le compas pour la peindre : ces bandes alternatives de noir et de blanc sont d’autant plus singulières qu’elles sont étroites, parallèles et très-exactement séparées, comme dans une étoffe rayée ; que d’ailleurs elles s’étendent non-seulement sur le corps, mais sur la tête, sur les cuisses et les jambes, et jusque sur les oreilles et la queue ; en sorte que de loin cet animal parait comme s’il était environné partout de bandelettes qu’on aurait pris plaisir et employé beaucoup d’art à disposer régulièrement sur toutes les parties de son corps ; elles en suivent les contours et en marquent si avantageusement la forme, qu’elles en dessinent les muscles en s’élargissant plus ou moins sur les parties plus ou moins charnues et plus ou moins arrondies. Dans la femelle, ces bandes sont alternativement noires et blanches ; dans le mâle, elles sont noires et jaunes : mais toujours d’une nuance vive et brillante sur un poil court, fin et fourni, dont le lustre augmente encore la beauté des couleurs. Le zèbre est en général plus petit que le cheval et plus grand que l’âne ; et quoiqu’on l’ait souvent comparé à ces deux animaux, qu’on l’ait même appelé cheval sauvage et âne rayé, il n’est la copie ni de l’un ni de l’autre, et serait plutôt leur modèle, si dans la Nature tout n’était pas également original, et si chaque espèce n’avait pas un droit égal à la création. Le zèbre n’est donc ni un cheval ni un âne, il est de son espèce ; car nous n’avons pas appris qu’il se mêle et produise avec l’un ou l’autre, quoique l’on ait souvent essayé de les approcher.

 

 

Buffon, Histoire naturelle, 1749-1789
> Texte intégral dans Gallica : Paris, Impr. royale, 1749-1789