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capitale réclamait comme un progrès désirable, et dont les
besoins croissants de l'approvisionnement faisaient une
nécessité.
ÉCOLE DES MINES.
L'achèvement complet de l'École des Mines permet
à présent d'embrasser mieux l'ensemble de cette vaste
construction, dont nous avons déjà parlé (page 102). Les
trois divisions dont se compose la longue façade des
bâtiments, apparaissent avec leurs caractères distinctifs
(voir la gravure, page 101). La division médiane, la plus
importante, comprend l'école proprement dite. A droite
de la porte principale, sont les bâtiments des études,
avec une entrée particulière ; le corps, à gauche, affecté
à différents services administratifs et domestiques du
palais du Sénat, par conséquent indépendant de l'École,
n'en est pas moins rattaché au plan d'ensemble, et re-
produit exactement l'ordonnance, les proportions et le
style du bâtiment des études.
Nous ne reviendrons pas sur la description que nous
avons donnée précédemment; nous la complèterons seu-
lement par quelques détails qui nous avaient d'abord
échappé.
Nous avons revu le fronton de la porte principale, et
nous avons dû regretter de l'avoir mentionné d'une ma-
nière sommaire. Il mérite qu'on s'y arrête, et c'est pour
réparer notre omission que nous reviendrons sur cette
oeuvre vraiment remarquable.
Les figures du fronton sont de M. Élias Robert, ar-
tiste d'un grand talent, qui possède une connaissance
profonde de son art, et un sentiment élevé de ses beau-
tés. M. Élias Robert avait à personnifier l'École des
Mines, sujet abstrait, qui demandait à être présenté
d'une manière simple, afin d'éviter l'énigme et le rébus.
L'allégorie a des fadeurs. Il faut aujourd'hui des idées
plus concrètes ; on veut retrouver le caractère de l'objet
dans l'image qui le représente, et non le deviner à de
certains signes de convention.
C'est bien ainsi que l'entend M. Élias Robert. A sa
place, un artiste vulgaire n'aurait pas manqué de mettre
dans la main de la figure principale le pic du mineur
et les autres attributs du travail des mines ; il eût ainsi
matérialisé l'objet spécial de l'École, mais il n'en eût
pas saisi le côté spéculatif et théorique : il se fût tout
simplement trompé.
M. Élias Robert nous en donne une idée plus com-
préhensive et plus juste. L'École est assise sur une pile de
livres et dans l'attitude d'une personne qui parle; voilà
bien sa fonction définie : l'enseignement.
A gauche de la figure principale, est une figure secon-
daire, assise et appuyée sur un pic de mineur, la lampe
de Davis à côté d'elle. Une machine à vapeur et des en-
grenages mécaniques, groupés dans le fond, spécialisent
cette partie de la minéralogie, qui est chargée d'ali-
menter les arts industriels.
A droite de l'École, une autre femme, dans une pos-
ture analogue, mais aux formes moins accentuées, en-
tourée d'objets d'art et de luxe, rappelle, par ces diffé-
rents attributs, l'extraction des minéraux précieux, l'or,
l'argent, les pierreries.
L'idée est complète ; elle est claire et facilement com-
préhensible. C'est donc une conception heureuse et poé-
tique à la fois, que cette trilogie, qui développe, dans
une même image, les attributs du sujet, et supplée au
froid langage de l'allégorie pure par la représentation
idéalisée, mais réelle, de l'objet lui-même.
Ce que l'artiste a si bien conçu, il l'a rendu avec bon-
heur. Ses figures ont bien l'expression qui convient à
leur caractère particulier. Elles sont groupées avec goût,
et les accessoires ont tout juste l'importance qu'ils doi-
vent avoir pour saisir l'esprit du rapport qu'ils ont avec
le sujet principal, sans captiver l'attention au préju-
dice des figures. La composition générale est harmo-
nieuse; les détails d'exécution sont traités avec une dé-
licatesse extrême. A tous ces points de vue, le fronton
de l'École des Mines est plus qu'une décoration banale ;
elle est une production sérieuse, méritante, et qui
figurera un jour avec honneur dans l'oeuvre de l'artiste
fort distingué auquel on doit déjà une foule de beaux
ouvrages.
Le tympan du fronton, dans lequel est sculptée cette
page de M. Élias Robert, a 1 mètre 50 de hauteur, sur
un développement horizontal de 5 mètres 50. C'est donc
une oeuvre capitale par ses proportions et par son mérite
artistique.
Au-dessous du tympan est un cartouche portant l'ins-
cription de l'École. La table de marbre est accompagnée,
de chaque côté, d'un motif couronnant les pilastres de
la porte d'entrée. Il représente deux génies supportant
un écusson au monogramme de l'Empereur, au-dessus
duquel ils croisent des palmes. Nous donnons, page 141
un de ces deux groupes. Ces figures mesurent 1 mètre
25, et avec le support 1 mètre 70. Le dessin en est gra-
cieux et le mouvement des tètes d'un sentiment très-heu-
reux. Nous ne nous arrêterons pas plus longtemps sur
ces deux compositions; elles sont de M. Élias Robert,
et sont, en tout point, dignes de l'artiste qui les a si-
gnées.
Dans les tympans de l'arc de la porte nous remarque-
rons encore deux branches de chêne fort joliment dis-
posées et taillées avec une grande vigueur de repoussé.
Ces deux motifs de décoration, d'un effet simple, sont
parfaitement en harmonie avec l'esprit de l'architecture
qu'ils accompagnent.
L'effet général de l'entrée, avec la montée de l'es-
calier qui se développe en arrière, annonce bien l'im-
portance de l'édifice. Il y avait là une difficulté consi-
dérable. Il s'agissait, en effet, de donner au bâtiment
de l'École une entrée imposante, sur un emplacement
peu profond. M. Vallès, architecte de l'École des Mines,
s'est acquitté de cette tâche ingrate avec un succès com-
plet. Son perron se réunit bien au bâtiment, et, s'il pa-
raît un peu trop couvert, c'est une nécessité que l'ar-
tiste a dû subir, afin de masquer l'irrégularité du terrain
en avant du corps principal. Il faut donc louer le talent
que M. Vallès a mis à surmonter cette difficulté.
Puisque nous parlons de la partie artistique de l'É-
cole, nous mentionnerons encore les divers motifs de
décoration intérieure, exécutés par M. Hubert au bâti-
ment annexe, destiné aux cours. Ils sont d'un excellent
faire et d'un grand mérite, malgré la simplicité des
agencements qui en font le sujet.
A un point de vue moins important en apparence,
mais d'un intérêt considérable, cependant, nous signa-
lerons des améliorations d'un grand mérite dans des
installations intérieures. Des personnes fort compétentes
font un grand éloge des dispositions heureuses que cet
habile architecte a su donner notamment au service des
laboratoires. Cette partie constitue des perfectionnements
remarquables. Les manipulations, l'aérage des pièces,
objets si essentiels pour les laboratoires, trouveront,
dans les nouveaux appareils établis, des facilités vrai-
ment précieuses.
La dépense générale des bâtiments nouveaux de l'É-
cole et le raccordement de la façade des bâtiments an-
ciens est évaluée à deux millions environ, indépen-
damment des frais d'installation, estimés à deux cent
cinquante mille francs. Les avantages qu'elle procure
la feront paraître légère. En premier lieu, le boulevard
Sébastopol reçoit de la masse des bâtiments nouveaux
une décoration d'un bel effet; mais ce qui rend cette
dépense vraiment utile, ce sont les agrandissements et
les dépendances nécessaires que l'École trouvera dans
les constructions nouvelles. L'enseignement spécial de
l'École n'avait eu jusqu'ici qu'un bâtiment insuffisant,
eu égard aux nombreux services qui s'y rattachent. Main-
tenant, au contraire, l'École pourra loger à l'aise ses
cours, ses laboratoires, et les vastes collections qui sont
l'honneur et la richesse de cet établissement.
CONSERVATOIRE DES ARTS-ET-MÉTIERS.
STATUES D'OLIVIER DE SERRES ET DE VAUCANSON,
Dans le vestibule du grand escalier.
Nous aurons à nous occuper plus tard des travaux si
remarquables qui ont été exécutés et qui s'exécutent
actuellement sous la direction de M. Léon Vaudoyer, à
l'ancien prieuré de Saint-Martin-des-Champs, aujour-
d'hui le Conservatoire des Arts et Métiers. La transfor-
mation des anciens bâtiments du monastère, lorsqu'elle
sera achevée, nous fournira le sujet d'une curieuse étude
archéologique, en même temps qu'une occasion d'insister
sur le mérite de ce beau travail.
Nous ne voulons que signaler incidemment, parce que
l'article précédent nous y amène, les deux belles statues
que M. Elias Robert, dont nous venons de parler, a faites
pour la décoration du vestibule du grand escalier du
Conservatoire des Arts et Métiers.
L'escalier est un ouvrage neuf. Il se trouve enferme
dans un pavillon en saillie sur l'aile du centre. Un grand
perron donne accès à un vestibule où l'escalier prend
naissance. Ce dernier s'élève par une double rampe
jusquen un palier où s'ouvrent des portes vitrées con-
duisant à la grande galerie où sont les modèles de
machines servant à diverses fabrications. Entre les deux
rampes, un escalier, de toute la largeur de cet espace,
conduit au rez-de-chaussée, dans la salle dite des Échos.
Cette entrée a les grandes proportions qui conviennent
à un musée aussi important ; elle impose par sa gran-
deur. La seule décoration que l'architecte y ait ajoutée,
consiste en deux statues placées dans des niches, au re-
vers du mur de face du pavillon ; l'objet de cette déco-
ration est de masquer la nudité de cette face intérieure,
qui présente un grand pan tout uni.
C'est dans ces deux niches que sont placées, sur deux
piédestaux, les statues de M. Élias Robert. L'une repré-
sente Olivier de Serres, surnommé le patriarche de l'a-
griculture française, et qui enseigna le premier la culture
du mûrier en France. Sans doute, il est toujours bon
d'honorer l'agriculture, mais ce n'est pas précisément à
cette place que nous aurions voulu voir dresser la statue
du célèbre agronome. Quelque estime que nous ayons
pour lesitravaux d'Olivier de Serres, il nous est impos-
sible de voir en lui un génie créateur. Le martyrologe
de nos inventeurs aurait pu fournir de plus grandes
figures pour le piédestal, réservé un peu partialement à
l'auteur du Théâtre d'Agriculture. Cependant, nous ne
désapprouvons pas de tout point ce choix, et puisqu'il
s'agissait de rendre hommage à la science agricole, per-
sonne n'était plus digne de la représenter que celui qui
a procuré à la France l'art précieux de produire la
soie.
On connaît peu de circonstances de la vie d'Olivier de
Serres. On sait qu'il était de famille noble, qu'il naquit
à Villeneuve-de-Berg, dans le Vivarais, en 1539, et qu'il
fut un zélé calviniste. On ignore la date de sa mort. De
Serres entreprit des recherches sur la culture du mûrier,
pour répondre à la sollicitude d'Henri IV, qui désirait
répandre en France l'éducation du ver à soie. Ses ou-
vrages eurent peu de retentissement au seizième siècle
Ils ne commencèrent à être connus qu'au siècle suivant,
et c'est seulement au dix-huitième siècle qu'ils fondèrent
la réputation de leur auteur.
C'est à peu près tout ce que nous savons de l'homme
illustre que M. Elias Robert s'est chargé de faire revivre.
L'artiste n'avait pour se guider que des notes biographi-
ques et l'ouvrage d'Olivier de Serres ; c'est dans ces
matériaux qu'il a trouvé le moule idéal de la figure. La
tète a bien le caractère rigide du sectaire; mais l'ex-
pression du visage est aiguisée par une grande finesse,
qui annonce la pénétration de l'esprit. Le port a de la
noblesse et décèle, dans le mouvement du corps, une
nature active. Les traits du visage caractérisent bien
ce gentilhomme, qui fut religionnaire ardent, ob-
servateur sagace et homme d'action, comme le témoi-
gnent ses travaux pratiques. Olivier de Serres tient de
la main gauche le livre qu'il compose d'après ses obser-
vations, et de la main droite une branche de mûrier,
rappelant les recherches qu'il fit sur cette plante. L'artiste
a communiqué un sentiment profond à son oeuvre. Nous
la louerons selon son mérite en lui appliquant le mot
retourné de Descartes : elle fait penser, donc elle vit
c'est à ce signe que l'on reconnaît la beauté d'une oeuvre
statuaire.
La seconde statue représente Vaucanson. Pour celui-ci,
ce n'est pas assez de dire qu'il est à sa place, il est plus
juste de dire qu'il est chez lui ; car il eut, un des pre-
miers, l'idée de rassembler, dans un seul dépôt; des
séries d'instruments propres aux arts mécaniques et
industriels. Le fond de cette collection, conservée rue de
Charonne, hôtel Mortagne, fut légué au gouvernement
par le célèbre mécanicien, et a formé, en 1794, le noyau
du Conservatoire des Arts et Métiers.
Vaucanson y avait encore sa place marquée par sa re-
nommée. Aucune figure n'aurait pu représenter avec
plusdéclat et sous un nom plus populaire, le génie de
l'invention dans le musée consacré à ses oeuvres. Qui n'a
pas entendu parler de son flûteur mécanique, du ca-
nard automate qui barbottait dans l'eau, mangeait et
faisait passer les aliments par toutes les opérations de
la digestion? Ce sont plus que des chefs-d'oeuvre, ce
sont des merveilles.
capitale réclamait comme un progrès désirable, et dont les
besoins croissants de l'approvisionnement faisaient une
nécessité.
ÉCOLE DES MINES.
L'achèvement complet de l'École des Mines permet
à présent d'embrasser mieux l'ensemble de cette vaste
construction, dont nous avons déjà parlé (page 102). Les
trois divisions dont se compose la longue façade des
bâtiments, apparaissent avec leurs caractères distinctifs
(voir la gravure, page 101). La division médiane, la plus
importante, comprend l'école proprement dite. A droite
de la porte principale, sont les bâtiments des études,
avec une entrée particulière ; le corps, à gauche, affecté
à différents services administratifs et domestiques du
palais du Sénat, par conséquent indépendant de l'École,
n'en est pas moins rattaché au plan d'ensemble, et re-
produit exactement l'ordonnance, les proportions et le
style du bâtiment des études.
Nous ne reviendrons pas sur la description que nous
avons donnée précédemment; nous la complèterons seu-
lement par quelques détails qui nous avaient d'abord
échappé.
Nous avons revu le fronton de la porte principale, et
nous avons dû regretter de l'avoir mentionné d'une ma-
nière sommaire. Il mérite qu'on s'y arrête, et c'est pour
réparer notre omission que nous reviendrons sur cette
oeuvre vraiment remarquable.
Les figures du fronton sont de M. Élias Robert, ar-
tiste d'un grand talent, qui possède une connaissance
profonde de son art, et un sentiment élevé de ses beau-
tés. M. Élias Robert avait à personnifier l'École des
Mines, sujet abstrait, qui demandait à être présenté
d'une manière simple, afin d'éviter l'énigme et le rébus.
L'allégorie a des fadeurs. Il faut aujourd'hui des idées
plus concrètes ; on veut retrouver le caractère de l'objet
dans l'image qui le représente, et non le deviner à de
certains signes de convention.
C'est bien ainsi que l'entend M. Élias Robert. A sa
place, un artiste vulgaire n'aurait pas manqué de mettre
dans la main de la figure principale le pic du mineur
et les autres attributs du travail des mines ; il eût ainsi
matérialisé l'objet spécial de l'École, mais il n'en eût
pas saisi le côté spéculatif et théorique : il se fût tout
simplement trompé.
M. Élias Robert nous en donne une idée plus com-
préhensive et plus juste. L'École est assise sur une pile de
livres et dans l'attitude d'une personne qui parle; voilà
bien sa fonction définie : l'enseignement.
A gauche de la figure principale, est une figure secon-
daire, assise et appuyée sur un pic de mineur, la lampe
de Davis à côté d'elle. Une machine à vapeur et des en-
grenages mécaniques, groupés dans le fond, spécialisent
cette partie de la minéralogie, qui est chargée d'ali-
menter les arts industriels.
A droite de l'École, une autre femme, dans une pos-
ture analogue, mais aux formes moins accentuées, en-
tourée d'objets d'art et de luxe, rappelle, par ces diffé-
rents attributs, l'extraction des minéraux précieux, l'or,
l'argent, les pierreries.
L'idée est complète ; elle est claire et facilement com-
préhensible. C'est donc une conception heureuse et poé-
tique à la fois, que cette trilogie, qui développe, dans
une même image, les attributs du sujet, et supplée au
froid langage de l'allégorie pure par la représentation
idéalisée, mais réelle, de l'objet lui-même.
Ce que l'artiste a si bien conçu, il l'a rendu avec bon-
heur. Ses figures ont bien l'expression qui convient à
leur caractère particulier. Elles sont groupées avec goût,
et les accessoires ont tout juste l'importance qu'ils doi-
vent avoir pour saisir l'esprit du rapport qu'ils ont avec
le sujet principal, sans captiver l'attention au préju-
dice des figures. La composition générale est harmo-
nieuse; les détails d'exécution sont traités avec une dé-
licatesse extrême. A tous ces points de vue, le fronton
de l'École des Mines est plus qu'une décoration banale ;
elle est une production sérieuse, méritante, et qui
figurera un jour avec honneur dans l'oeuvre de l'artiste
fort distingué auquel on doit déjà une foule de beaux
ouvrages.
Le tympan du fronton, dans lequel est sculptée cette
page de M. Élias Robert, a 1 mètre 50 de hauteur, sur
un développement horizontal de 5 mètres 50. C'est donc
une oeuvre capitale par ses proportions et par son mérite
artistique.
Au-dessous du tympan est un cartouche portant l'ins-
cription de l'École. La table de marbre est accompagnée,
de chaque côté, d'un motif couronnant les pilastres de
la porte d'entrée. Il représente deux génies supportant
un écusson au monogramme de l'Empereur, au-dessus
duquel ils croisent des palmes. Nous donnons, page 141
un de ces deux groupes. Ces figures mesurent 1 mètre
25, et avec le support 1 mètre 70. Le dessin en est gra-
cieux et le mouvement des tètes d'un sentiment très-heu-
reux. Nous ne nous arrêterons pas plus longtemps sur
ces deux compositions; elles sont de M. Élias Robert,
et sont, en tout point, dignes de l'artiste qui les a si-
gnées.
Dans les tympans de l'arc de la porte nous remarque-
rons encore deux branches de chêne fort joliment dis-
posées et taillées avec une grande vigueur de repoussé.
Ces deux motifs de décoration, d'un effet simple, sont
parfaitement en harmonie avec l'esprit de l'architecture
qu'ils accompagnent.
L'effet général de l'entrée, avec la montée de l'es-
calier qui se développe en arrière, annonce bien l'im-
portance de l'édifice. Il y avait là une difficulté consi-
dérable. Il s'agissait, en effet, de donner au bâtiment
de l'École une entrée imposante, sur un emplacement
peu profond. M. Vallès, architecte de l'École des Mines,
s'est acquitté de cette tâche ingrate avec un succès com-
plet. Son perron se réunit bien au bâtiment, et, s'il pa-
raît un peu trop couvert, c'est une nécessité que l'ar-
tiste a dû subir, afin de masquer l'irrégularité du terrain
en avant du corps principal. Il faut donc louer le talent
que M. Vallès a mis à surmonter cette difficulté.
Puisque nous parlons de la partie artistique de l'É-
cole, nous mentionnerons encore les divers motifs de
décoration intérieure, exécutés par M. Hubert au bâti-
ment annexe, destiné aux cours. Ils sont d'un excellent
faire et d'un grand mérite, malgré la simplicité des
agencements qui en font le sujet.
A un point de vue moins important en apparence,
mais d'un intérêt considérable, cependant, nous signa-
lerons des améliorations d'un grand mérite dans des
installations intérieures. Des personnes fort compétentes
font un grand éloge des dispositions heureuses que cet
habile architecte a su donner notamment au service des
laboratoires. Cette partie constitue des perfectionnements
remarquables. Les manipulations, l'aérage des pièces,
objets si essentiels pour les laboratoires, trouveront,
dans les nouveaux appareils établis, des facilités vrai-
ment précieuses.
La dépense générale des bâtiments nouveaux de l'É-
cole et le raccordement de la façade des bâtiments an-
ciens est évaluée à deux millions environ, indépen-
damment des frais d'installation, estimés à deux cent
cinquante mille francs. Les avantages qu'elle procure
la feront paraître légère. En premier lieu, le boulevard
Sébastopol reçoit de la masse des bâtiments nouveaux
une décoration d'un bel effet; mais ce qui rend cette
dépense vraiment utile, ce sont les agrandissements et
les dépendances nécessaires que l'École trouvera dans
les constructions nouvelles. L'enseignement spécial de
l'École n'avait eu jusqu'ici qu'un bâtiment insuffisant,
eu égard aux nombreux services qui s'y rattachent. Main-
tenant, au contraire, l'École pourra loger à l'aise ses
cours, ses laboratoires, et les vastes collections qui sont
l'honneur et la richesse de cet établissement.
CONSERVATOIRE DES ARTS-ET-MÉTIERS.
STATUES D'OLIVIER DE SERRES ET DE VAUCANSON,
Dans le vestibule du grand escalier.
Nous aurons à nous occuper plus tard des travaux si
remarquables qui ont été exécutés et qui s'exécutent
actuellement sous la direction de M. Léon Vaudoyer, à
l'ancien prieuré de Saint-Martin-des-Champs, aujour-
d'hui le Conservatoire des Arts et Métiers. La transfor-
mation des anciens bâtiments du monastère, lorsqu'elle
sera achevée, nous fournira le sujet d'une curieuse étude
archéologique, en même temps qu'une occasion d'insister
sur le mérite de ce beau travail.
Nous ne voulons que signaler incidemment, parce que
l'article précédent nous y amène, les deux belles statues
que M. Elias Robert, dont nous venons de parler, a faites
pour la décoration du vestibule du grand escalier du
Conservatoire des Arts et Métiers.
L'escalier est un ouvrage neuf. Il se trouve enferme
dans un pavillon en saillie sur l'aile du centre. Un grand
perron donne accès à un vestibule où l'escalier prend
naissance. Ce dernier s'élève par une double rampe
jusquen un palier où s'ouvrent des portes vitrées con-
duisant à la grande galerie où sont les modèles de
machines servant à diverses fabrications. Entre les deux
rampes, un escalier, de toute la largeur de cet espace,
conduit au rez-de-chaussée, dans la salle dite des Échos.
Cette entrée a les grandes proportions qui conviennent
à un musée aussi important ; elle impose par sa gran-
deur. La seule décoration que l'architecte y ait ajoutée,
consiste en deux statues placées dans des niches, au re-
vers du mur de face du pavillon ; l'objet de cette déco-
ration est de masquer la nudité de cette face intérieure,
qui présente un grand pan tout uni.
C'est dans ces deux niches que sont placées, sur deux
piédestaux, les statues de M. Élias Robert. L'une repré-
sente Olivier de Serres, surnommé le patriarche de l'a-
griculture française, et qui enseigna le premier la culture
du mûrier en France. Sans doute, il est toujours bon
d'honorer l'agriculture, mais ce n'est pas précisément à
cette place que nous aurions voulu voir dresser la statue
du célèbre agronome. Quelque estime que nous ayons
pour lesitravaux d'Olivier de Serres, il nous est impos-
sible de voir en lui un génie créateur. Le martyrologe
de nos inventeurs aurait pu fournir de plus grandes
figures pour le piédestal, réservé un peu partialement à
l'auteur du Théâtre d'Agriculture. Cependant, nous ne
désapprouvons pas de tout point ce choix, et puisqu'il
s'agissait de rendre hommage à la science agricole, per-
sonne n'était plus digne de la représenter que celui qui
a procuré à la France l'art précieux de produire la
soie.
On connaît peu de circonstances de la vie d'Olivier de
Serres. On sait qu'il était de famille noble, qu'il naquit
à Villeneuve-de-Berg, dans le Vivarais, en 1539, et qu'il
fut un zélé calviniste. On ignore la date de sa mort. De
Serres entreprit des recherches sur la culture du mûrier,
pour répondre à la sollicitude d'Henri IV, qui désirait
répandre en France l'éducation du ver à soie. Ses ou-
vrages eurent peu de retentissement au seizième siècle
Ils ne commencèrent à être connus qu'au siècle suivant,
et c'est seulement au dix-huitième siècle qu'ils fondèrent
la réputation de leur auteur.
C'est à peu près tout ce que nous savons de l'homme
illustre que M. Elias Robert s'est chargé de faire revivre.
L'artiste n'avait pour se guider que des notes biographi-
ques et l'ouvrage d'Olivier de Serres ; c'est dans ces
matériaux qu'il a trouvé le moule idéal de la figure. La
tète a bien le caractère rigide du sectaire; mais l'ex-
pression du visage est aiguisée par une grande finesse,
qui annonce la pénétration de l'esprit. Le port a de la
noblesse et décèle, dans le mouvement du corps, une
nature active. Les traits du visage caractérisent bien
ce gentilhomme, qui fut religionnaire ardent, ob-
servateur sagace et homme d'action, comme le témoi-
gnent ses travaux pratiques. Olivier de Serres tient de
la main gauche le livre qu'il compose d'après ses obser-
vations, et de la main droite une branche de mûrier,
rappelant les recherches qu'il fit sur cette plante. L'artiste
a communiqué un sentiment profond à son oeuvre. Nous
la louerons selon son mérite en lui appliquant le mot
retourné de Descartes : elle fait penser, donc elle vit
c'est à ce signe que l'on reconnaît la beauté d'une oeuvre
statuaire.
La seconde statue représente Vaucanson. Pour celui-ci,
ce n'est pas assez de dire qu'il est à sa place, il est plus
juste de dire qu'il est chez lui ; car il eut, un des pre-
miers, l'idée de rassembler, dans un seul dépôt; des
séries d'instruments propres aux arts mécaniques et
industriels. Le fond de cette collection, conservée rue de
Charonne, hôtel Mortagne, fut légué au gouvernement
par le célèbre mécanicien, et a formé, en 1794, le noyau
du Conservatoire des Arts et Métiers.
Vaucanson y avait encore sa place marquée par sa re-
nommée. Aucune figure n'aurait pu représenter avec
plusdéclat et sous un nom plus populaire, le génie de
l'invention dans le musée consacré à ses oeuvres. Qui n'a
pas entendu parler de son flûteur mécanique, du ca-
nard automate qui barbottait dans l'eau, mangeait et
faisait passer les aliments par toutes les opérations de
la digestion? Ce sont plus que des chefs-d'oeuvre, ce
sont des merveilles.
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