Au fond de la première division du cimetière d'Avignon, entre la plate-bande de l'est et le carré n° 6, et tout contre le mur de clôture, il y a la tombe de la famille Verger et, au-dessus de cette tombe, une plaque de marbre blanc qui porte, gravée en noir, l'inscription suivante:
AGATTE ROSALIE MOTTET
ÉPOUSE DE RAMBKAUD
FEMME DE CHAMBRE DE MARIE ANTOINETTE
BERCEUSE DES ENFANTS DE FRANCE
DÉCÉDÉE A ARAMOND LE 18 OCTOBRE 1853
AGÉE DE 89 ANS
TRANSPORTÉE A AVIGNON LE 23 JUILLET 1891
On m'a souvent demandé ce que c'était que cette « Madame de Rambeaud, berceuse des Enfants de France », et voici le peu que j'ai pu savoir d'elle.
Il existait à la fin du règne de Louis XIV, un Nicolas Mottet, baron de Saint-Corneille et seigneur de La Motte, qui était officier de la vénerie du roi. Il avait épousé Madeleine Constant d'Yanville et eut d'elle Louis-Melchior Mottet de Ribécourt. Celui-ci, marié à une demoi- selle Le' Proux de La Rivière, fut le père de la Berceuse, laquelle vit le jour à Aramon en Languedoc le 10 décembre 1764.
Agathe-Rosalie Mottet de Ribécourt avait dix-huit ans et trois mois lorsque, le 7 mars 1783, elle devint l'épouse d'André-Benoist-Thérèse de Rambaud, écuyer, chevalier de Saint-Louis et capitaine d'infan- terie. Ce mariage ne fut pas célébré sans éclat ; car on y vit comme témoins l'illustre bailli de Suffren et un officier de marine qui devait être le célèbre amiral Villaret de Joyeuse (1).
(1) Ces renseignements sont donnés par Otto Friedrichs (Correspondance intime et inédite de Louis XVII \ Paris, 1904, t. I, p. 197), qui les tenait de Mme Le Clerc de Pulligny, veuve du lieutenant-colonel Ernest de Rambaud, petit-fils de la Berceuse. — Il est à remarquer qu'à l'époque du mariage de cette dernière, Suffren était encore dans les Indes et ne rentra en France qu'en mars 1784. Il faut donc que Mme L,riiest de Rambaud se soit trompée d'au moins un an, ou bien que le célèbre bailli se soit fait représenter à ce mariage.
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