Titre : L'Air : revue mensuelle : organe de la Ligue nationale populaire de l'aviation
Auteur : Ligue nationale populaire de l'aviation (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1945-11-05
Contributeur : Roche d'Estrez, Gaston. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34415557c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 novembre 1945 05 novembre 1945
Description : 1945/11/05 (N561). 1945/11/05 (N561).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9793857g
Source : Musée Air France, 2017-162164
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/08/2017
»
Dans le ciel de Friedrichshafen
Nos meilleurs pilotes
s 9 entraînent chaque jour
par
Marguette BOUVIER
(photos Service Cinématographique de l'Air)
1 1 Le lieutenant-colonel Papin devant son P. C. à Frfedrfchsha/en „
Friedrichshafen...
Novembre 1945.
Allô ? le 2/7 ?- Allô, Nice ?
Le lieutenant - colonel
Papin qui commande à
Friedrichshafen la pre-
mière escadre de chasse, télé-
phone : il n'appelle pas, comme
on pourrait le croire, les Alpes-
Maritimes, mais l'escadrille 2/7
baptisée Nice parce que filleule
de cette ville.
Friedrichshafen reste cité aéro-
nautique. Sous l'ère nazie, les
usines Dornier, le Graff-
Zeppelin ont fait sa réputation.
Aujourd'hui, 2.000 aviateurs
français s'y sont installés. Matin
et soir, le ciel retentit du vrom-
bissement de leurs Spitfire.
La glorieuse escadre de chasse
n° 1, constituée le 19 octobre 1943
avec les escadrilles Provence,
Nice et Corse, a pris sur le lac
de Constance ses quartiers
d'hiver. Et sur les rives de
Bodensee, les pilotes français
les plus fameux, décollent, atter-
rissent ou survolent les quartiers
en ruines de la ville.
Le Kurgarten, qui est pour
la Côte d'Azur allemande, ce
qu'est le Miramar, à Cannes,
heureusement n'a pas reçu de
pruneaux. L'Etat-Major aéro-
nautique y siège.
Très sobre, le bureau du colo-
nel s'orne juste de deux cartes :
la France et l'Allemagne. Pas
de tentative de luxe : seule une
peau d'ours étalée au pied du
drapeau tricolore.
Le bureau d'un homme c'est
une manière de confidence, l'at-
mosphère qu'il a choisie pour
travailler, quelque chose de son
caractère révélé au premier coup
d'œil.
Papin 1 Un colonel athlète
avec des épaules, un torse de
boxeur, un visage de chef qui
sait ce qu'il veut ~t ne revient pas
sur ses décisions.
Le lieutenant-colonel Papin
me présente, sur le tableaéi des
escadrilles, tout son monde, un
tableau où les hommes figurent
à leur place comme des pions
sur un échiquier et la cohésion
de l'ensemble forme un admi-
rable outil français : la première
escadre de chasse. Mieux qu'un
long discours, deux chiffres la
situent : heures de guerre : 20.000
et 16.000 missions depuis sa
création.
Tomy Papin était à sa tête
en septembre 1943 ; il l'a quittée
pour diriger le C.I.C. à Meknès
(Centre d'Instruction de Chasse).
Cet hiver, à la fin de dé-
cembre 1944, il a repris ses
fonctions premières à Luxeuil.
Quand vous aurez fait un,
tour au terrain, m'engage-t-il
vous devriez, Madame, aller voir
le 2/7, qui part pour l'Indochine.
L'aérodrome
Sur l'aérodrome, les Spit se
préparent à une manœuvre d'ap-
pui aérien pour un exercice de
débarquement qui aura lieu
demain, dès l'aube près d'Hagnau.
Car les escadrilles sont sou-
mises à un entraînement intensif.
Malheureusement la piste de
départ est un peu .courte pour
les Spitfire. Il faudrait la prolon-
ger. Il faudrait aussi une plate-
forme en ciment pour les jours
de pluie. En roulant dans la
boue épaisse, les appareils ris-
quent de s'enliser, de crever
leur train d'atterrissage, et tous
les accidents graves que cela
peut entraîner. Hélas ! les services
compétents pour faire ces tra-
vaux manquent de camions,
d'essence et les préparatifs, qui
auraient dû être terminés avant
la mauvaise saison, sont encore
à l'état de projet.
Ce scjnt des gars magnifiques
que lès gars du 2/7. Sens du
devoir, goût du risque, bonne
humeur, entrain, dévouement
total a l esca-
drille.
Ils ont d'ail-
leurs de qui tenir.
Héritiers de la fa-
meuse escadrille
des Cigognes, ils maintiennent
ses traditions et l'état d'esprit
qui en a fait l'escadrille la plus
célèbre du monde. Quand on a
choisi pour métier d'être un
héros, on ne vit jamais très vieux.
De ceux de 1939, il ne reste
au 2/7 que trois pilotes : le
capitaine^ Gabriel Gauthier, dit
" G.G. " qui commande l'unité,
le capitaine Jandet et le lieute-
nant Boillot.
Je n'ai pas eu la chance de
voir " G.G. " parti en mission
à l'étranger. Le capitaine
Boursain me parle de son cama-
rade absent, de sa croix de
guerre avec neuf palmes et
six étoiles. Neuf victoires sûres
et six probables.
Le commandant Bouvarre
remplace le capitaine, Gauthier
en son absence. Il me montre le
journal de marche du 2/7 où les
actes les plus dignes d'admiration
s'inscrivent en mots simples,
en mots de tous les jours.
Ici, la photo d'un pilote dis-
paru. Juste un' nom, une date...
Plus loin celle d'un pylône
impressionnant.
Le capitaine Jandet, très
nature, et qui toujours a le
mot pittoresque, me commente :
Une giclée d'intimidation lui
avait ce jour-là crevé un pneu,
et aéré le plan droit. Il a évidem-
ment au se poser
en catastrophe.
L'image d'un
épervier me sur- '
prend :
C'était Arthllr-
ma mascotte, explique Jandet. Je
l'avais attrappé et apprivoisé du
temps où nous étions à Ajaccio.
Car le 2/7 s'est posé, avec une
audace inouïe, sur le terrain
corse, trois jours avant que les
forces de l'axe n'aient évacué
l'aérodrome. Jandet n'effleure
même pas le sujet tant cela lui
semble simple. ,
Je feuillette toujours. Il fau-
drait publier toutes ces pages
où l'héroïsme prend toujours,
par pudeur, la forme de l'humour.
La panthère frappe aujourd'hui
leur nouvel insigne.
Maintenant ces enfants des
[Cigognes
A la panthère donnent tout
Leur jeunesse et leur carogne,
Leurs cœurs, leur âme, leur foi,
(itou.
De gloire tous sont ivrognes.
Tournez moteurs, volez coucous.
C'étaient des enfants des
[Cigognes
A la panthère, ils donnent tout.
Ils ont une devise magnifique.
C'est tout un programme, une,
ligne dé conduite, que la devise
dç Guynemer adoptée par le 2/7 :
FAIRE FACE...
Les pilotes du G. C. 1/7 Provence dans In bar de l'escadrille avant un départ en mission.
Trois de ceux-ci sont partis et ne sont pas revenus. Ce sont : le lieutenant de Beaupuis
(le premier à droite), le commandant Dorance (au milieu, les mains dans les poches)
et le capitaine Lansoy (assis derrière lui);
Dans le ciel de Friedrichshafen
Nos meilleurs pilotes
s 9 entraînent chaque jour
par
Marguette BOUVIER
(photos Service Cinématographique de l'Air)
1 1 Le lieutenant-colonel Papin devant son P. C. à Frfedrfchsha/en „
Friedrichshafen...
Novembre 1945.
Allô ? le 2/7 ?- Allô, Nice ?
Le lieutenant - colonel
Papin qui commande à
Friedrichshafen la pre-
mière escadre de chasse, télé-
phone : il n'appelle pas, comme
on pourrait le croire, les Alpes-
Maritimes, mais l'escadrille 2/7
baptisée Nice parce que filleule
de cette ville.
Friedrichshafen reste cité aéro-
nautique. Sous l'ère nazie, les
usines Dornier, le Graff-
Zeppelin ont fait sa réputation.
Aujourd'hui, 2.000 aviateurs
français s'y sont installés. Matin
et soir, le ciel retentit du vrom-
bissement de leurs Spitfire.
La glorieuse escadre de chasse
n° 1, constituée le 19 octobre 1943
avec les escadrilles Provence,
Nice et Corse, a pris sur le lac
de Constance ses quartiers
d'hiver. Et sur les rives de
Bodensee, les pilotes français
les plus fameux, décollent, atter-
rissent ou survolent les quartiers
en ruines de la ville.
Le Kurgarten, qui est pour
la Côte d'Azur allemande, ce
qu'est le Miramar, à Cannes,
heureusement n'a pas reçu de
pruneaux. L'Etat-Major aéro-
nautique y siège.
Très sobre, le bureau du colo-
nel s'orne juste de deux cartes :
la France et l'Allemagne. Pas
de tentative de luxe : seule une
peau d'ours étalée au pied du
drapeau tricolore.
Le bureau d'un homme c'est
une manière de confidence, l'at-
mosphère qu'il a choisie pour
travailler, quelque chose de son
caractère révélé au premier coup
d'œil.
Papin 1 Un colonel athlète
avec des épaules, un torse de
boxeur, un visage de chef qui
sait ce qu'il veut ~t ne revient pas
sur ses décisions.
Le lieutenant-colonel Papin
me présente, sur le tableaéi des
escadrilles, tout son monde, un
tableau où les hommes figurent
à leur place comme des pions
sur un échiquier et la cohésion
de l'ensemble forme un admi-
rable outil français : la première
escadre de chasse. Mieux qu'un
long discours, deux chiffres la
situent : heures de guerre : 20.000
et 16.000 missions depuis sa
création.
Tomy Papin était à sa tête
en septembre 1943 ; il l'a quittée
pour diriger le C.I.C. à Meknès
(Centre d'Instruction de Chasse).
Cet hiver, à la fin de dé-
cembre 1944, il a repris ses
fonctions premières à Luxeuil.
Quand vous aurez fait un,
tour au terrain, m'engage-t-il
vous devriez, Madame, aller voir
le 2/7, qui part pour l'Indochine.
L'aérodrome
Sur l'aérodrome, les Spit se
préparent à une manœuvre d'ap-
pui aérien pour un exercice de
débarquement qui aura lieu
demain, dès l'aube près d'Hagnau.
Car les escadrilles sont sou-
mises à un entraînement intensif.
Malheureusement la piste de
départ est un peu .courte pour
les Spitfire. Il faudrait la prolon-
ger. Il faudrait aussi une plate-
forme en ciment pour les jours
de pluie. En roulant dans la
boue épaisse, les appareils ris-
quent de s'enliser, de crever
leur train d'atterrissage, et tous
les accidents graves que cela
peut entraîner. Hélas ! les services
compétents pour faire ces tra-
vaux manquent de camions,
d'essence et les préparatifs, qui
auraient dû être terminés avant
la mauvaise saison, sont encore
à l'état de projet.
Ce scjnt des gars magnifiques
que lès gars du 2/7. Sens du
devoir, goût du risque, bonne
humeur, entrain, dévouement
total a l esca-
drille.
Ils ont d'ail-
leurs de qui tenir.
Héritiers de la fa-
meuse escadrille
des Cigognes, ils maintiennent
ses traditions et l'état d'esprit
qui en a fait l'escadrille la plus
célèbre du monde. Quand on a
choisi pour métier d'être un
héros, on ne vit jamais très vieux.
De ceux de 1939, il ne reste
au 2/7 que trois pilotes : le
capitaine^ Gabriel Gauthier, dit
" G.G. " qui commande l'unité,
le capitaine Jandet et le lieute-
nant Boillot.
Je n'ai pas eu la chance de
voir " G.G. " parti en mission
à l'étranger. Le capitaine
Boursain me parle de son cama-
rade absent, de sa croix de
guerre avec neuf palmes et
six étoiles. Neuf victoires sûres
et six probables.
Le commandant Bouvarre
remplace le capitaine, Gauthier
en son absence. Il me montre le
journal de marche du 2/7 où les
actes les plus dignes d'admiration
s'inscrivent en mots simples,
en mots de tous les jours.
Ici, la photo d'un pilote dis-
paru. Juste un' nom, une date...
Plus loin celle d'un pylône
impressionnant.
Le capitaine Jandet, très
nature, et qui toujours a le
mot pittoresque, me commente :
Une giclée d'intimidation lui
avait ce jour-là crevé un pneu,
et aéré le plan droit. Il a évidem-
ment au se poser
en catastrophe.
L'image d'un
épervier me sur- '
prend :
C'était Arthllr-
ma mascotte, explique Jandet. Je
l'avais attrappé et apprivoisé du
temps où nous étions à Ajaccio.
Car le 2/7 s'est posé, avec une
audace inouïe, sur le terrain
corse, trois jours avant que les
forces de l'axe n'aient évacué
l'aérodrome. Jandet n'effleure
même pas le sujet tant cela lui
semble simple. ,
Je feuillette toujours. Il fau-
drait publier toutes ces pages
où l'héroïsme prend toujours,
par pudeur, la forme de l'humour.
La panthère frappe aujourd'hui
leur nouvel insigne.
Maintenant ces enfants des
[Cigognes
A la panthère donnent tout
Leur jeunesse et leur carogne,
Leurs cœurs, leur âme, leur foi,
(itou.
De gloire tous sont ivrognes.
Tournez moteurs, volez coucous.
C'étaient des enfants des
[Cigognes
A la panthère, ils donnent tout.
Ils ont une devise magnifique.
C'est tout un programme, une,
ligne dé conduite, que la devise
dç Guynemer adoptée par le 2/7 :
FAIRE FACE...
Les pilotes du G. C. 1/7 Provence dans In bar de l'escadrille avant un départ en mission.
Trois de ceux-ci sont partis et ne sont pas revenus. Ce sont : le lieutenant de Beaupuis
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