Titre : Le Carillon dauphinois : journal républicain illustré : paraissant tous les samedis / rédacteur en chef : Louis Dumont
Éditeur : [s.n.] (Valence (Drôme))
Date d'édition : 1891-12-06
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32737456w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 décembre 1891 06 décembre 1891
Description : 1891/12/06 (N40). 1891/12/06 (N40).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Rhône-Alpes
Description : Collection numérique : BIPFPIG26 Collection numérique : BIPFPIG26
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k974884c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-12221
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/09/2014
I
l re Année. — No 40
Le Numéro 10 Centimes.
Dimanche 6 Décembre 1S91
sagr-rz
ABONNEMENTS :
Un an . . , . . . 6 Francs.
Six mois 3 fr. 50 c.
Les atsoïîstemenls sont payables d'avance.
DAUPHINOIS
ORGANE DE LA DÉMOCRATIE
Paraissant le Dimanche
RADICALE
RÉDACTION ET ADMINISTRATION :
2, Rue Sabaterie, VALENCE (Drôme).
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction :
Au Rédacteur en chef du «, Carillon Dauphinois
ANNONCES ET RÉCLAMES :
Les annonces sont reçues à Valence aux Bureaux du Journal
et à l’Agence de Publicité Dauphinoise
71, Rue Saint-Félix, 71.
Le Syndicat des mineurs du Pas-de-
Calais. — Petite critique et gros
avantages.
C’est une bonne occasion que nous
donnent les mineurs du Pas-de-Calais,
de vanter la force des syndicats dans
les luttes économiques. Ainsi que l’a
pu dire très justement l’intrépide
citoyen Lamendin, la victoire rempor
tée par les mineurs est sans précé
dente dans les fastes du Prolétariat.
D’aucuns trouvent à redire sur cer
tains points. Ils ont raison en prin
cipe, mais il leur serait bien difficile
de démontrer péremptoirement que
les circonstances actuelles permet
taient de réaliser la perfection. Aucun j
victoire n’est exempte de dommages
pour ceux-là mêmes qui l’ont rem
portée. Toutes s’achètent au prix de
sacrifices plus ou moins pénibles Mais
le résultat obtenu, si imparfait qu’il
soit, n’en existe pas moins et doitaider
à guérir les blessures des combattants.
Le vainqueur obstiné à combattre
risque de perdre ce qu’il a déjà ga
gné.
Dans le Pas-de-Calais, il faut en
convenir avec d’autant plus de fran
chise que la paix est maintenant assu
rée pour quelques années, la lutte, en
se prolongeant, eût décimé les forces
ouvrières.
Déjà les ressources s’épuisaient et
c’est demander à un homme chargé
de famille un héroïsme surhumain
que d’attendre de lui qu’il résiste aux
plaintes du foyer, aux cris de sa pro
pre nature, alors que la soumission le
tente à chaque pas, faisant miroiter à
ses yeux la bienfaisance du pain et de
la tranquillité.
Encore une semaine ou deux et l’on
aurait vu les défections se produire,
les agents de la force publique redou
bler de sévices. C’était la débandade
peut-être, sûrement la défaite. Que
devenait alors le Syndicat ? On le pré
sume par ce qui se passa jadis à De-
cazeville. Ruiné d’argent et d’autorité,
démoli par les Compagnies, il eût été
condamné à la disparition, sans es
poir de se reconstituer avant long
temps.
J’estime donc que Basly, Lamendin
et les autres délégués mineurs ont
couronné dignement leur campagne
en décidant leurs combattants à re
prendre le travail.
Le Syndicat est, grâce à leur éner
gie et à leur intelligence, une puis
sance. Sa victoire a pour équivalent
la défaite des Compagnies ; car c’est
bien une défaite que ces irréductibles
exploitants viennent d’essuyer. Pas
une concession, pas de pourparlers,
disaient-ils voilà quinze jours. Non
seulemeut ils ont parlementé, non
seulement ils ont accepté l’arbitrage,
mais encore ils ont fait les concessions
si énergiquement refusées jusqu’ici.
Comment appeler cela, sinon une
défaite ?
Outre les avantages matériels que
les mineurs vont retirer de cette grève,
il y a cet avantage moral, qui a bien
aussi son importance, d’avoir amené
à résipicence des adversaires enve
loppés auparavant d’un épais nuage
d’inaccessibilité. Us ne sont plus pour
t’avenir les dieux sourds aux plaintes
des malheureux qu’ils dominaient du
haut de leur Olympe ploutocratique.
On les a vus, on a discuté de pair à
compagnon avec eux et ils se sont
soumis.
Est-ce donc un résultat négatif?
Il faut ajouter enfin que la plupart
des condamnations ;Vont être efiàcées
et que rien de trop fâcheux ne résul
tera, pour aucun gréviste, du rôle
plus ou moins actif qu’il aura rempli.
Je souhaite aux travailleurs de
France beaucoup de luttes comme
celle-là. Elles sont autant d’étapes
qui nous rapprochent de l’émancipa
tion absolue, sans linutes du proléta
riat. Il faudrait avoir la myopie des
sectaires pour ne point reconnaître
cette vérité.
Les Syndicats ne sont donc point
un vain mot. il leur suffit de poser
nettement les questions devant le tri
bunal de l’opinion publique pour s’at
tirer toutes les sympathies. Avec de
la prudence, de l’énergie et de l’union
dans la lutte, ils prouvent leur force
par des victoires.
Celui des mineurs du Fas-de-Calais
mérite à cause de cela les félicitations
des socialistes français, car ses mem
bres ont fait leur devoir, depuis son
député Basly, qui d’un seul coup vient
d’imposer son influence et son autorité
au Parlement, et son secrétaire La
mendin, jusqu’au plus jeune de ses
membres.
Pour une fois on nous permettra
bien de leur faire des compliments ;
on en est si peu prodigue dans notre
monde ouvrier !
Oérault-FticliarcL.
LE
RAPPORT DU GÉNÉRALSAUSSIER
Le général Saussier est à la veille de
transmettre au ministre de la guerre son
rapport d’ensemble sur les manœuvres
d’armée.
En raison des considérations dévelop
pées par le directeur supérieur des ma
nœuvres sur les formations tactiques
qu’il convient de prendre de préférence
avec l’emploi d6S poudres sans fumée,
et la portée croissante des fusils d’infan
terie et des projectiles d’artillerie,le minis
tre de la guerre sera amené à faire publier
différentes parties du rapport.
Uu passage de ce document a trait au
rôle de la cavalerie en exploration, en
liaison avec les autres armes et dans le
combat.
Le gouverneur de Paris ne partage pas
le pessimisme qui a été un peu trop la ca
ractéristique de la plupart des comptes
rendus des manœuvres.
La parole autorisée du général Saussier
sera considérée beaucoup plus comme des
conseils et des encouragements à la cava
lerie, que comme des blâmes et des criti
ques 1
Le général sait que la cavalerie travail
le et progresse ; il le constate dans son
rapport au ministre de la guerre,comme il
l’a déclaré en Champagne, lorsqu’il réu
nissait les officiers sur le terrain.
La situation à faire aux troupes du gé
nie dans les armées en campagne ressor
tira très nettement des conclusions du
rapport du directeur des manœuvres de
1891.
Chanson de la semaine
DE MA FENÊTRE
Las, de ma fenêtre on dirait
Qu'un manteau gris couvre la terre,
Et la ville qui se parait
D’arbres et de fleurs, dispara ît
Dans un calme et complet mystère.
Et je me dis, en tapotant
Sur les carreaux de ma fenêtre :
Mon cœur réveillé par l’autan
Est un manoir sans habitant.
Morne et brumeux, qui va renaître.
De ma fenêtre un pâle éclair.
Un rayon de soleil d’automne.
Passe au travers du brouillard clair,
Comme une hirondelle fend l’air
Et de son vol prompt nous étonne ;
Et je me dis : ainsi mon cœur,
Dans la chimère poursuivie,
Sous les sarcasmes du moqueur.
Sous les coups du doute vainaueur.
Se reprend à goûter la vie !
De ma fenêtre on voit là bas.
Sur les promenades sablées.
Des arbres nus, tordant leurs bras.
Se courber comme des gens las,
Joncher de feuilles les allées;
Et je me dis : hélas cela
C’est mon cœur, ce vivant problème ;
Une de ci, une de là,
Elles s’en vont, et puis, voilà
Que fuit l’illusion suprême !
LE
La publication de M. J. Reinach d’un
article sur les dernières grandes manœu
vres, où certaines critiques étaient formu
lées à propos du recrutement des hauts
cadres delà cavalerie, a donné lieu à une
polémique assez vive. M. Reinach ayant
répondu à ceux qui le blâmaient qu’il
n’avait publié son article qu’après en
avoir obtenu l’autorisation du ministre de
la guerre, la question, au moins en ce qui
le concernait se trouvait tranchée. Mais
il en a immédiatement surgi une autre,
d’ordre général celle-là, et qui vise l’auto
risation même donnée par le ministre.
Convient-il, s’est-on demandé, qu’un
journaliste libéré il est vrai de l’armée
active, mais soumis encore aux obliga
tions de la loi de 1875 et momentanément
attaché à un état-major, soit autorisé à
faire publiquement la critique de manœu
vres auxquelles il a pris part, et à utiliser
au besoin contre ses chefs les observations
et les renseignements qu’il a recueillis
durant son service ?
A notre avis, la réponse n’est pas dou
teuse. Le journaliste a les mêmes droits
que tout le monde, notamment celui
d’échapper aux règlements militaires une
fois qu’il a satisfait à la loi. S’il était admis
que les exigences de la discipline doivent,
pour les écrivains, se prolonger au-delà
des périodes d’instruction, il n’y aurait
pas de raison pour que demain on
n’essayât pas d’étendre l’exception à
d’autres professions et la loi de 1875 de
viendrait bientôt un moyen do vexations
dont les bureaux de la guorre joueraient
à leur gré ! A tous les points de vue, il
serait déplorable qu’il en fût ainsi.
Les intérêts do l’armée et de la défense
nationalo qu’on invoque n’ont d’ailleurs
rien à voir on cette affaire. Il est bien clair
que le droit de l’écrivain s’arrête au droit
d’appréciation et qu’il ne va pas jusqu’à
publier des renseignements sur l’organi
sation de la défense du territoire, destinés
à demeurer secrets, et qu’il aurait pu sa
procurer dans l’exercice de ses fonctions
militaires. Il va de soi que l’écrivain de
profession est astreint aux mêmes devoirs
de discrétion que tous les français ; mais
pour le resto, il est libre, aussi libre do
ses écrits et de ses dires dans l’intervalle
de sos périodes de services, que s’il n’avait
pas encore servi ou ne servait plus.
Et que parle-t-on d’obligation particu
lière à un officier faisant partie d’un état-
major ? La loi ne connaît pas ces distinc
tions. Si on interdit aux officiers de réserve
et de territoriale de parler des choses
militaires, comment ne Pinterdirait-on pas
aux simples soldats ? L’interdiction de
vrait donc s’étendre à Lus les hommes
20 à45 ans. Faut-il que la.presse s’abs
tienne absolument de’traiter les questions
intéressant l'armée, ou prétend-t-on en
réserver le privilège aux enfants, qui ne
la connaissent pas encore, ou aux vioil—
lards, qui ne la connaissent plus ? Le
système n’est pas soutenable. Il n’y a
pourtant qu’un moyen d’y échapper, c’est
de laisser tout le monde, dans les limites
que trace le patriotisme, écrire et parler
comme il l’entend. Ceux qui en gémissent
et qui disent qu’il faudrait prendre des
mesures, modifier le mode de recrutement
des officiers de réserve, no s’aperçoivent
pas qu’ils ne font que répéter en se l’appro
priant le mot fameux de Ramollot :
» Rien ne marchera, tant qu’on s’obsti
nera à recruter l’armée dans le civil, »
NOUVELLE MiLiTÂIRE
LES
necessaires
L’ARBITRAGE
On commence à être fixé sur le projet
de transformation du matériel de 1 artil
lerie allemande.
Le nouveau canon de campagne que
nos voisins vont construire entraînera la
dépense d’un premier crédit de 51 millions
de francs à dépenser pendant l’exercice
1892-1893.
Il est en acier, au calibre de 70 milli
mètres, plus léger que le canon de 80
millimètres qui arme nos batteries divi
sionnaires.
Depuis longtemps l’Allemagne recher
che l’unité de projectiles pour simplifier
les approvisionnements de munitions.
Tous les modèles do projectiles actuel
lement en service seront remplacés par un
obus réuni à une gargousse métallique.
L’obus pèse seulement 6 k. 5.
Dans la nouvelle artillerie de campa
gne allemande, les affûts à freins puis
sants, les avant trains, tes caissons sont
entièrement métalliques et d’une grande
légèreté de construction.
La pièce comporte une fermeture Gru-
son. Tirant très aisément, elle peut être
considérée comme un canon à tir rapide
avec portée utile de 4,000 mètres.
L’ensemble du crédit nécessaire à la
transformation de l’artillerie de campa
gne allemande est de 133 millions de
francs.
La détermination que prend l’Allema
gne dé changer son matériel de campa
gne exercera une influence décisive sur
les décisions de cette nature,que les prin
cipales puissances européennes envisa
gent déjà depuis quelques années.
La grève formidable déclarée dans
les bassins houillers du Pas-de-Calais
est sûrement une des plus considéra
bles de celles dont notre époque aura
gardé le souvenir — Peut-être même
est-elle la plus importante de toutes —
Raison de plus pour qu’on y apporte,
même dans les centres les plus désin-
léressés — dans notre région, par
exemple — toute l’attention désirable.
Nous avons assez souvent déclaré
dans ce journal combien nous trouvions
juste sinon équitable le droit à la
grève. En face de l’aristocratie du ca
pital, on ne saurait dépouiller le misé
rable ouvrier de la dernière ressource
qui lui reste ; celle de se coaliser, de
s’entendre avec d’autres sacrifiés pour
refuser tout travail jusqu’à l’examen
sérieux et réfléchi des revendications
qu’il formule.
Evidemment, partout comme dans
la greve à laquelle nous laisoùs allu
sion, il y a et il y aura des exagéra
tions. Mais on ne s’engage pas croyons-
nous pour rien et nulle part on n’a
fait de grèves sans qu’au fond des mo
tifs légitimes et honorables n’y aient
poussé les travailleurs. Pour toute
personne désintéressée, une grève
n’est qu’une succession d’articles plus
ou moins bourrés de nouvelles ou de
répétitions. C’est de la matière à re
portage. C’est de « l'intéressant » jeté
à profusion dans les colonnes assez
insipides d’ordinaire du journal à un
sou. Pour les compagnies,ce sont des
pertes énormes, pour l’ouvrier c’est
une longue succession de journées,
quelquefois de semaines, pendant les
quelles s’en vont les ma'gres écono
mies, c’est le mobilier vendu, ce sont
les hardes engagées chez des brocan
teurs peu scrupuleux, c’est d’abord la
gêne, ensuite la misère noire, épou
vantable, entre les quatre murs d’uu
taudis malpropre et nu.
En pareille occurence,comment sup
poser qu’il ne se produira pas de ces
exagérations dont nous parlions tout
à l’heure et qu’au lieu de l’apaisement
rêvé on n’aboutira pas aux mesures
extrêmes. Personne ne pourra jamais
empêcher les amateurs de popularité
facile de pousser à la résistance dans
un but intéressé. Plus d’un ouvrier
naïf comme les jeunes écoliers sacrifie
tout pour les principes sans voir mal
heureusement ceux qui se servent de
ces mêmes principes pour arriver, pour
parvenir à la situation que convoite
leur ambition. Sans compter encore
tant d’autres dont les mobiles sont
moins délicats.
Allez donc empêcher les Allemands
ou Anglais de soudoyer des hommes
Je paille, des orateurs de cabaret qui
feront durer une situation profitable à
l’étranger.
Puis, pendant que le meurt-de-faim
crèvera la misère dans son logis sans
feu, lebeau parleur, le parvenu, comme
cela est encore arrivé récemment à
i
l re Année. — No 40
Le Numéro 10 Centimes.
Dimanche 6 Décembre 1S91
sagr-rz
ABONNEMENTS :
Un an . . , . . . 6 Francs.
Six mois 3 fr. 50 c.
Les atsoïîstemenls sont payables d'avance.
DAUPHINOIS
ORGANE DE LA DÉMOCRATIE
Paraissant le Dimanche
RADICALE
RÉDACTION ET ADMINISTRATION :
2, Rue Sabaterie, VALENCE (Drôme).
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction :
Au Rédacteur en chef du «, Carillon Dauphinois
ANNONCES ET RÉCLAMES :
Les annonces sont reçues à Valence aux Bureaux du Journal
et à l’Agence de Publicité Dauphinoise
71, Rue Saint-Félix, 71.
Le Syndicat des mineurs du Pas-de-
Calais. — Petite critique et gros
avantages.
C’est une bonne occasion que nous
donnent les mineurs du Pas-de-Calais,
de vanter la force des syndicats dans
les luttes économiques. Ainsi que l’a
pu dire très justement l’intrépide
citoyen Lamendin, la victoire rempor
tée par les mineurs est sans précé
dente dans les fastes du Prolétariat.
D’aucuns trouvent à redire sur cer
tains points. Ils ont raison en prin
cipe, mais il leur serait bien difficile
de démontrer péremptoirement que
les circonstances actuelles permet
taient de réaliser la perfection. Aucun j
victoire n’est exempte de dommages
pour ceux-là mêmes qui l’ont rem
portée. Toutes s’achètent au prix de
sacrifices plus ou moins pénibles Mais
le résultat obtenu, si imparfait qu’il
soit, n’en existe pas moins et doitaider
à guérir les blessures des combattants.
Le vainqueur obstiné à combattre
risque de perdre ce qu’il a déjà ga
gné.
Dans le Pas-de-Calais, il faut en
convenir avec d’autant plus de fran
chise que la paix est maintenant assu
rée pour quelques années, la lutte, en
se prolongeant, eût décimé les forces
ouvrières.
Déjà les ressources s’épuisaient et
c’est demander à un homme chargé
de famille un héroïsme surhumain
que d’attendre de lui qu’il résiste aux
plaintes du foyer, aux cris de sa pro
pre nature, alors que la soumission le
tente à chaque pas, faisant miroiter à
ses yeux la bienfaisance du pain et de
la tranquillité.
Encore une semaine ou deux et l’on
aurait vu les défections se produire,
les agents de la force publique redou
bler de sévices. C’était la débandade
peut-être, sûrement la défaite. Que
devenait alors le Syndicat ? On le pré
sume par ce qui se passa jadis à De-
cazeville. Ruiné d’argent et d’autorité,
démoli par les Compagnies, il eût été
condamné à la disparition, sans es
poir de se reconstituer avant long
temps.
J’estime donc que Basly, Lamendin
et les autres délégués mineurs ont
couronné dignement leur campagne
en décidant leurs combattants à re
prendre le travail.
Le Syndicat est, grâce à leur éner
gie et à leur intelligence, une puis
sance. Sa victoire a pour équivalent
la défaite des Compagnies ; car c’est
bien une défaite que ces irréductibles
exploitants viennent d’essuyer. Pas
une concession, pas de pourparlers,
disaient-ils voilà quinze jours. Non
seulemeut ils ont parlementé, non
seulement ils ont accepté l’arbitrage,
mais encore ils ont fait les concessions
si énergiquement refusées jusqu’ici.
Comment appeler cela, sinon une
défaite ?
Outre les avantages matériels que
les mineurs vont retirer de cette grève,
il y a cet avantage moral, qui a bien
aussi son importance, d’avoir amené
à résipicence des adversaires enve
loppés auparavant d’un épais nuage
d’inaccessibilité. Us ne sont plus pour
t’avenir les dieux sourds aux plaintes
des malheureux qu’ils dominaient du
haut de leur Olympe ploutocratique.
On les a vus, on a discuté de pair à
compagnon avec eux et ils se sont
soumis.
Est-ce donc un résultat négatif?
Il faut ajouter enfin que la plupart
des condamnations ;Vont être efiàcées
et que rien de trop fâcheux ne résul
tera, pour aucun gréviste, du rôle
plus ou moins actif qu’il aura rempli.
Je souhaite aux travailleurs de
France beaucoup de luttes comme
celle-là. Elles sont autant d’étapes
qui nous rapprochent de l’émancipa
tion absolue, sans linutes du proléta
riat. Il faudrait avoir la myopie des
sectaires pour ne point reconnaître
cette vérité.
Les Syndicats ne sont donc point
un vain mot. il leur suffit de poser
nettement les questions devant le tri
bunal de l’opinion publique pour s’at
tirer toutes les sympathies. Avec de
la prudence, de l’énergie et de l’union
dans la lutte, ils prouvent leur force
par des victoires.
Celui des mineurs du Fas-de-Calais
mérite à cause de cela les félicitations
des socialistes français, car ses mem
bres ont fait leur devoir, depuis son
député Basly, qui d’un seul coup vient
d’imposer son influence et son autorité
au Parlement, et son secrétaire La
mendin, jusqu’au plus jeune de ses
membres.
Pour une fois on nous permettra
bien de leur faire des compliments ;
on en est si peu prodigue dans notre
monde ouvrier !
Oérault-FticliarcL.
LE
RAPPORT DU GÉNÉRALSAUSSIER
Le général Saussier est à la veille de
transmettre au ministre de la guerre son
rapport d’ensemble sur les manœuvres
d’armée.
En raison des considérations dévelop
pées par le directeur supérieur des ma
nœuvres sur les formations tactiques
qu’il convient de prendre de préférence
avec l’emploi d6S poudres sans fumée,
et la portée croissante des fusils d’infan
terie et des projectiles d’artillerie,le minis
tre de la guerre sera amené à faire publier
différentes parties du rapport.
Uu passage de ce document a trait au
rôle de la cavalerie en exploration, en
liaison avec les autres armes et dans le
combat.
Le gouverneur de Paris ne partage pas
le pessimisme qui a été un peu trop la ca
ractéristique de la plupart des comptes
rendus des manœuvres.
La parole autorisée du général Saussier
sera considérée beaucoup plus comme des
conseils et des encouragements à la cava
lerie, que comme des blâmes et des criti
ques 1
Le général sait que la cavalerie travail
le et progresse ; il le constate dans son
rapport au ministre de la guerre,comme il
l’a déclaré en Champagne, lorsqu’il réu
nissait les officiers sur le terrain.
La situation à faire aux troupes du gé
nie dans les armées en campagne ressor
tira très nettement des conclusions du
rapport du directeur des manœuvres de
1891.
Chanson de la semaine
DE MA FENÊTRE
Las, de ma fenêtre on dirait
Qu'un manteau gris couvre la terre,
Et la ville qui se parait
D’arbres et de fleurs, dispara ît
Dans un calme et complet mystère.
Et je me dis, en tapotant
Sur les carreaux de ma fenêtre :
Mon cœur réveillé par l’autan
Est un manoir sans habitant.
Morne et brumeux, qui va renaître.
De ma fenêtre un pâle éclair.
Un rayon de soleil d’automne.
Passe au travers du brouillard clair,
Comme une hirondelle fend l’air
Et de son vol prompt nous étonne ;
Et je me dis : ainsi mon cœur,
Dans la chimère poursuivie,
Sous les sarcasmes du moqueur.
Sous les coups du doute vainaueur.
Se reprend à goûter la vie !
De ma fenêtre on voit là bas.
Sur les promenades sablées.
Des arbres nus, tordant leurs bras.
Se courber comme des gens las,
Joncher de feuilles les allées;
Et je me dis : hélas cela
C’est mon cœur, ce vivant problème ;
Une de ci, une de là,
Elles s’en vont, et puis, voilà
Que fuit l’illusion suprême !
LE
La publication de M. J. Reinach d’un
article sur les dernières grandes manœu
vres, où certaines critiques étaient formu
lées à propos du recrutement des hauts
cadres delà cavalerie, a donné lieu à une
polémique assez vive. M. Reinach ayant
répondu à ceux qui le blâmaient qu’il
n’avait publié son article qu’après en
avoir obtenu l’autorisation du ministre de
la guerre, la question, au moins en ce qui
le concernait se trouvait tranchée. Mais
il en a immédiatement surgi une autre,
d’ordre général celle-là, et qui vise l’auto
risation même donnée par le ministre.
Convient-il, s’est-on demandé, qu’un
journaliste libéré il est vrai de l’armée
active, mais soumis encore aux obliga
tions de la loi de 1875 et momentanément
attaché à un état-major, soit autorisé à
faire publiquement la critique de manœu
vres auxquelles il a pris part, et à utiliser
au besoin contre ses chefs les observations
et les renseignements qu’il a recueillis
durant son service ?
A notre avis, la réponse n’est pas dou
teuse. Le journaliste a les mêmes droits
que tout le monde, notamment celui
d’échapper aux règlements militaires une
fois qu’il a satisfait à la loi. S’il était admis
que les exigences de la discipline doivent,
pour les écrivains, se prolonger au-delà
des périodes d’instruction, il n’y aurait
pas de raison pour que demain on
n’essayât pas d’étendre l’exception à
d’autres professions et la loi de 1875 de
viendrait bientôt un moyen do vexations
dont les bureaux de la guorre joueraient
à leur gré ! A tous les points de vue, il
serait déplorable qu’il en fût ainsi.
Les intérêts do l’armée et de la défense
nationalo qu’on invoque n’ont d’ailleurs
rien à voir on cette affaire. Il est bien clair
que le droit de l’écrivain s’arrête au droit
d’appréciation et qu’il ne va pas jusqu’à
publier des renseignements sur l’organi
sation de la défense du territoire, destinés
à demeurer secrets, et qu’il aurait pu sa
procurer dans l’exercice de ses fonctions
militaires. Il va de soi que l’écrivain de
profession est astreint aux mêmes devoirs
de discrétion que tous les français ; mais
pour le resto, il est libre, aussi libre do
ses écrits et de ses dires dans l’intervalle
de sos périodes de services, que s’il n’avait
pas encore servi ou ne servait plus.
Et que parle-t-on d’obligation particu
lière à un officier faisant partie d’un état-
major ? La loi ne connaît pas ces distinc
tions. Si on interdit aux officiers de réserve
et de territoriale de parler des choses
militaires, comment ne Pinterdirait-on pas
aux simples soldats ? L’interdiction de
vrait donc s’étendre à Lus les hommes
tienne absolument de’traiter les questions
intéressant l'armée, ou prétend-t-on en
réserver le privilège aux enfants, qui ne
la connaissent pas encore, ou aux vioil—
lards, qui ne la connaissent plus ? Le
système n’est pas soutenable. Il n’y a
pourtant qu’un moyen d’y échapper, c’est
de laisser tout le monde, dans les limites
que trace le patriotisme, écrire et parler
comme il l’entend. Ceux qui en gémissent
et qui disent qu’il faudrait prendre des
mesures, modifier le mode de recrutement
des officiers de réserve, no s’aperçoivent
pas qu’ils ne font que répéter en se l’appro
priant le mot fameux de Ramollot :
» Rien ne marchera, tant qu’on s’obsti
nera à recruter l’armée dans le civil, »
NOUVELLE MiLiTÂIRE
LES
necessaires
L’ARBITRAGE
On commence à être fixé sur le projet
de transformation du matériel de 1 artil
lerie allemande.
Le nouveau canon de campagne que
nos voisins vont construire entraînera la
dépense d’un premier crédit de 51 millions
de francs à dépenser pendant l’exercice
1892-1893.
Il est en acier, au calibre de 70 milli
mètres, plus léger que le canon de 80
millimètres qui arme nos batteries divi
sionnaires.
Depuis longtemps l’Allemagne recher
che l’unité de projectiles pour simplifier
les approvisionnements de munitions.
Tous les modèles do projectiles actuel
lement en service seront remplacés par un
obus réuni à une gargousse métallique.
L’obus pèse seulement 6 k. 5.
Dans la nouvelle artillerie de campa
gne allemande, les affûts à freins puis
sants, les avant trains, tes caissons sont
entièrement métalliques et d’une grande
légèreté de construction.
La pièce comporte une fermeture Gru-
son. Tirant très aisément, elle peut être
considérée comme un canon à tir rapide
avec portée utile de 4,000 mètres.
L’ensemble du crédit nécessaire à la
transformation de l’artillerie de campa
gne allemande est de 133 millions de
francs.
La détermination que prend l’Allema
gne dé changer son matériel de campa
gne exercera une influence décisive sur
les décisions de cette nature,que les prin
cipales puissances européennes envisa
gent déjà depuis quelques années.
La grève formidable déclarée dans
les bassins houillers du Pas-de-Calais
est sûrement une des plus considéra
bles de celles dont notre époque aura
gardé le souvenir — Peut-être même
est-elle la plus importante de toutes —
Raison de plus pour qu’on y apporte,
même dans les centres les plus désin-
léressés — dans notre région, par
exemple — toute l’attention désirable.
Nous avons assez souvent déclaré
dans ce journal combien nous trouvions
juste sinon équitable le droit à la
grève. En face de l’aristocratie du ca
pital, on ne saurait dépouiller le misé
rable ouvrier de la dernière ressource
qui lui reste ; celle de se coaliser, de
s’entendre avec d’autres sacrifiés pour
refuser tout travail jusqu’à l’examen
sérieux et réfléchi des revendications
qu’il formule.
Evidemment, partout comme dans
la greve à laquelle nous laisoùs allu
sion, il y a et il y aura des exagéra
tions. Mais on ne s’engage pas croyons-
nous pour rien et nulle part on n’a
fait de grèves sans qu’au fond des mo
tifs légitimes et honorables n’y aient
poussé les travailleurs. Pour toute
personne désintéressée, une grève
n’est qu’une succession d’articles plus
ou moins bourrés de nouvelles ou de
répétitions. C’est de la matière à re
portage. C’est de « l'intéressant » jeté
à profusion dans les colonnes assez
insipides d’ordinaire du journal à un
sou. Pour les compagnies,ce sont des
pertes énormes, pour l’ouvrier c’est
une longue succession de journées,
quelquefois de semaines, pendant les
quelles s’en vont les ma'gres écono
mies, c’est le mobilier vendu, ce sont
les hardes engagées chez des brocan
teurs peu scrupuleux, c’est d’abord la
gêne, ensuite la misère noire, épou
vantable, entre les quatre murs d’uu
taudis malpropre et nu.
En pareille occurence,comment sup
poser qu’il ne se produira pas de ces
exagérations dont nous parlions tout
à l’heure et qu’au lieu de l’apaisement
rêvé on n’aboutira pas aux mesures
extrêmes. Personne ne pourra jamais
empêcher les amateurs de popularité
facile de pousser à la résistance dans
un but intéressé. Plus d’un ouvrier
naïf comme les jeunes écoliers sacrifie
tout pour les principes sans voir mal
heureusement ceux qui se servent de
ces mêmes principes pour arriver, pour
parvenir à la situation que convoite
leur ambition. Sans compter encore
tant d’autres dont les mobiles sont
moins délicats.
Allez donc empêcher les Allemands
ou Anglais de soudoyer des hommes
Je paille, des orateurs de cabaret qui
feront durer une situation profitable à
l’étranger.
Puis, pendant que le meurt-de-faim
crèvera la misère dans son logis sans
feu, lebeau parleur, le parvenu, comme
cela est encore arrivé récemment à
i
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