Mars 1943 .45 .
Note sur quelques Insectes habitant la tige des rosiers
par Robert HARDOUIN
Les Rosacées ont en commun suffisamment de caractères physiologiques et :de
constituants chimiques pour attirer une faune entomologique qui leur est relati-
vement inféodée.
Par exemple, la Ronce, l'Aubépine, le Prunellier, l'Églantier, systématiquement
voisins, réalisent un milieu biologique où évolue une faune qui leur est particulière
et parfois même spécifique.
Toutefois, le Rosier cultivé, peut-être grâce à sa haute teneur en tannin et à ses
glucosides, est un végétal sur lequel se concentre un peuplement entomologique
considérable méritant une étude approfondie. Il est probable que la culture, l'hy-
bridation, en modifiant son chimisme ont augmenté son pouvoir attractif. Son
feuillage, ses pousses, ses organes floraux, hébergent une faune propre à chacune
de ces parties ; ses parties ligneuses sont aussi exploitées par plusieurs Insectes pous-
sés par un chimiotropisme positif.
En une vingtaine de jours, aux mois de mai-juin de cette année, outre la Coche-
nille Aulacaspis rosae Bouché qui pullule en colonies sur l'écorce, j'ai pu suivre le
comportement de 5 espèces d'Insectes appartenant à 3 ordres différents, vivant à
l'intérieur des tiges ; je ne fournirai à ce sujet que des renseignements nouveaux ou
restés jusqu'alors trop imprécis : .
Goroebus rubi Lin. [COL. BUPRESTIDAE] . — L'imago de cet Agriline rubicole
broute le feuillage et sa larve creuse dans le cambium, à la base de la tige maîtresse,
des galeries spiralées. GENIEYS a bien observé ce Coroebe ; néanmoins, en 1937,
ayant repris après lui l'étude de l'animal à Antibes (celui-ci ayant des origines litto-
rales méditerranéennes), j'ai pu contrôler le géotropisme positif de la larve émi-
grant vers les racines ; en effet, en renversant la plante, feuillage en bas, la larve
s'arrête de vriller dans le sens primitif, tente de redescendre et, gênée par les déjec-
tions qui encombrent les galeries, meurt en quelques jours.
En 1942, évitant cette fois d'interrompre le cycle évolutif, j'ai suivi, dans ses
détails; la nymphose de sujets provenant de Cannes. La dernière phase de la trans-
formation nympho-imaginale a été observée en fendant la tige, en mettant à nu
les nymphes dans leur loge ovalaire, puis en raccordant le's deux parties pour per-
mettre des investigations répétées.
Du 28 mai au 8 juin, les nymphes, d'abord blanc ivoire avec les yeux rosés, s'as-
sombrissent rapidement, en commençant par les angles rebordés du pronotum, les-
quels sont toujours rehaussés de nuances plus vives, noir bleuté, puis bronzé à
reflets mordorés, en même temps que la forme définitive s'affirme.
Agrilus viridis Lin. [COL. BUPRESTIDAE] ..— Au Mont-Dore et à la Bourboule,
je l'ai vu attaquer Rosa arvensis Hudson, espèce indigène. A Grasse, à Cagnes-sur-
Mer, à Saint-Laurent-du-Var, il commet des dégâts au Rosier cultivé pour la fleur
à parfum.
Il est curieux de constater que les larves des deux seuls Buprestides inféodés à
ce végétal ont des caractères généraux communs, dont le principal est la dilatation
du céphalothorax bien plus réduite que chez les autres larves de la famille, ce qui
leur donne un aspect plus rectiligne.
