Titre : Holàhée ! : journal des étudiants : chroniques estudiantines : littéraires, artistiques, sportives et tribune libre politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-01-01
Contributeur : Foucher-Créteau, Roger (1911-2002). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32787076f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 126 Nombre total de vues : 126
Description : 01 janvier 1934 01 janvier 1934
Description : 1934/01/01 (N20)-1934/01/31. 1934/01/01 (N20)-1934/01/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k964498r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-20887
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/06/2013
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ELAN-PUBLICITE
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CENTRAL 16-32
REDACTION
ADMINISTRATION
2, rue Anatole-de-la-Forge
PARIS (XVIP)
(Téléphone : Etoile 46-65)
PERMANENCE : 8, av. de la Grande-Armée
holàmée!
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(Mauui^ frSCU+y fLA^urt__
NON! ST A VISK\
N’EST VAS MOR Tl
CAR
NUMERO SPECIAL : 20.
O fr. 50
3' année. — Janvier 1934.
Holàhée !
Ah ! si j’eusse estudié au temps de ma jeunesse folle !
François Villon.
Directeur-Rédacteur en chef î ROGER FOUCHER-CRETEAU.
JOURNAL MEN
... Pour nous,
et paysans, la
pour la jeunesse qui vient : étudiants, jeunes ouvriers
disparition de Stavisky consacre et incarnera toujours
l’apothéose de l’escroquerie et de la corruption
au sein d’une génération pourrie!...
IB
Le nom de " Stavisky ” restera éternellement attaché au souvenir de la génération qu'illustrèrent
les scandales financiers : Hanau, Oustric, Aéropostale ; les scandales de mœurs : Dufrenne et Violette Nozières,
ainsi que les catastrophes : Georges-Philippar, Atlantique, Lagny et autres...
î: a i
rai
AVERTISSEMENT
De tous côtés, les jeunes sont venus à nous pour nous prier, nous supplier
d'élever la voix en leur nom par l’intermédiaire de « Holàhée ! ».
Nous avons longtemps hésité à prendre position dans cette lamentable af
faire, où nous nous trouvons avoir à juger ceux-là mêmes que nous remplacerons
demain ou aujourd’hui peut-être.
Nous nous décidons cependant à intervenir, car il faut que le monde sache
que les nouvelles générations qui montent ne permettront pas qu’on étouffe un
scandale dont les responsables sont connus et que l’on se refuse à désigner ou
vertement.
Nous intervenons parce que, pour nous, jeune génération sacrifiée, qui se
débat en vain devant un avenir incertain, il est malsain d’assister au triomphe de
la malhonnêteté, de la turpitude et de l’escroquerie, parce que ce scandale, si l'on
cherchait à l’étouffer, serait pour nous, qui aurons à peiner et à souffrir pour
VIVRE, le plus dangereux des exemples à suivre. Et il serait suivi !
Dans un remarquable article intitulé « Il faut tout savoir », notre confrère
« Police-Magazine » s’élève avec force contre la possibilité d'étouffement de
l’affaire. Il écrit notamment :
L’affaire Stavisky est autre chose qu’un scandale qui passe. C’est le
signe terrible et profond d’une décomposition qui atteint certaines
couches sociales. Il a tout touché, tout sali : Parlement, finances, justice.
A tort peut-être. Car il reste tant d’honnêtes gens parmi ceux qui légi
fèrent, qui administrent, qui jugent !
Mais les autres ? Les autres, seraient-ils les plus puissants, seront-ils
encore épargnés ?
Il ne faut pas.
Il ne faut pas, surtout, que, sous des prétextes de politique, on veuille
sauver les uns ou même accabler les autres.
« La répression sera vigoureuse et ferme », dit un communiqué offi
ciel dont nous pouvons déjà mesurer l’inanité...
Hélas ! cette inanité soulignée par « Police-Magazine » nous est confirmée
par un placard intitulé « Des Dat(t)es », paru dans « Le Canard Enchaîné »
du 10 janvier :
DES DATTES . . .
Le 5 décembre 1928, déclaration de M. Raymond Poincaré
au sujet de l’affaire Hanau :
« Le gouvernement ne reculera devant aucune sanc
tion justifiée et les coupables, quels qu’ils soient, seront
frappés. »
Le 28 novembre 1930, déclaration de M. André Tardieu au
sujet de l’affaÏre Oustric :
« Nous ferons la lumière entière et totale. La jus
tice suivra son cours. V
Le 3 JANVIER 1934, déclaration de M. CAMILLE CHAUTEMPS
au sujet de L'AFFAIRE Stavisky :
« La justice suivra son cours avec une inflexible
rigueur et ne s’arrêtera à aucune considération de
personnes. »
(Le Canard Enchaîné, 10 janvier 1934.)
A la Chambre des députés, M. Camille Chautemps a renouvelé son affirma
tion du 3 janvier et a ajouté qu’il agirait fermement, même s’il devait en coûter
« à son amitié ou à son affection ».
Nous ne voulons pas douter de la bonne foi de M. Chautemps, mais les
exemples des 5 décembre 1928 et 28 octobre 1930 sont là ! M. Maurice Maréchal
a su judicieusement nous rappeler ces dates dans « Le Canard Enchaîné » et
c’est pourquoi nous saurons, nous, les jeunes, exiger que les véritables respon
sables soient châtiés sans tenir compte des partis politiques de la vieille généra-
tion. 11 ne suffit pas de faire disparaître tel témoin ou tel inculpé qui en sait trop
long sur l’affaire, il faudra que tout se passe au grand jour, les deux générations
l’une en face de l’autre, et alors...
Précisons encore ici que « Holàhée ! » se défend de faire de la politique,
que ceux qui sont venus à nous pour solliciter l’édition d’un numéro spécial con
sacré à l’affaire Stavisky sont tous des jeunes et que, quoique appartenant à
différents partis politiques : camelots du roi, jeunesses patriotes, jeunesses bona
partistes, jeunesses radicales et radicales-socialistes, jeunesses socialistes ou jeu
nesses communistes, ils n’en sont pas moins animés les uns et les autres de l’ar
deur magnifique que donne seule la jeunesse et que, formant le front commun de
la jeune génération, ils sauront faire passer l’intérêt général au-dessus de leurs
querelles de partis et, se dressant d’un seul bloc, face à ceux qui les ont précédés,
ils leur crieront tout leur mépris, résumé dans ces quelques mots : « Arrière
assassins ! arrière escrocs ! L’heure de l'expiation a sonné ; choisissez vos avo
cats, nous sommes le ministère public ! »
V « HOLAHEE ! »,
pour la nouvelle génération.
ENTRE NOUS
Les Stavisky
ou l’exemple dangereux
de nos devanciers
Notre génération, maintenant, a le
droit de parler haut et de relever ferme
ment la tête devant des hommes pou
vant être nos pères et nos grands-pères
qui, au lieu de nous donner l’exemple
de la probité, de la propreté morale,
nous offrent le scandale pour exploit et
le dédain pour aide.
La jeunesse entière se lève d’indi
gnation et réclame hautement à la
F rance le droit de se préserver de la
guerre, des vols et de l’assassinat or
ganisé.
La jeunesse française est étouffée par
la foule de ceux qui les écartent avec
crainte pour pouvoir accomplir sans
témoins leurs louches trafics.
Dans l’impossibilité de vivre maté
riellement, ne voyant plus d’avenir de
vant lui, le jeune se ronge dans l’inac
tion et veut, par tous les moyens, obte
nir du pays la confiance dont il n’abu
sera jamais.
Notre génération ne tolère plus dé
sormais la morgue des vieilles généra
tions. Elle porte en elle des qualités, et
le dégoût que les Stavisky lui inspirent
est la preuve de son honnêteté.
La jeunesse étrangère a fait l’Alle
magne, l’Italie, la Russie soviétique; la
jeunesse française saura bientôt donner
l’exemple de la propreté à la génération
des Stavisky.
Maurice du TREVOU.
Il y a scandale et scandale,
il y a politique et génération
Le scandale Stavisky dépasse de
loin tout ce qui a pu se faire dans ce
genre depuis des siècles.
Les « Hanau, Oustric et consorts »
sont des débutants en face d’un Sta
visky.
Vouloir ramener le scandale Sta
visky à une simple affaire de parti,
c’est méconnaître l’envergure de
l’homme, ses relations considérables
et variées ; c’est, enfin, ne voir en
lui qu’un instrument alors qu’il était
un chef.
Mettre l’affaire Stavisky sur ■ le
plan politique, c’est commettre la
plus grave des erreurs. Non que nous
voulions soutenir ici le parti radical
ou les partis de la majorité, mais
parce que la corruption et la pourri
ture ne sauraient s’arrêter aux fron
tières d’un parti ou d’une secte; nous
estimons, nous, les jeunes, que toute.
une génération se trouve entraînée
dans le tourbillon de boue et de
sang.
Si telle est notre opinion, c’est
parce que nous savons lire entre les
lignes des communiqués des grands
quotidiens et que nous nous rendons
compte que si une solidarité de gé
nération n’existait pas entre ceux
qui connurent et approchèrent Sta
visky, il y a longtemps que le scan
dale aurait pris des proportions au
trement considérables.
Mais le bloc des vieux est formé,
et bien formé. Ils savent se défen
dre, ils savent se donner la main et
se taire ; ils ont l’expérience pour
eux.
Eh bien ! messieurs nos aînés,
cette expérience, que bien souvent
vous nous donnez en exemple, nous
vous la laissons et ne la désirons
point, eu égard à l’utilisation que
vous en faites.
Certes, il faut de l’expérience pour
être un habile escroc. Cette expé
rience nous ne l’avons pas encore.
Puissions-nous ne jamais l’avoir !
L’exemple, cet « exemple » que
vous donnez aux jeunes générations
que vous êtes chargés d’éduquer,
permettez-moi de vous dire que
nous aimerions mieux nous en
passer.
R. F.-C.
Provocation ou bêtise
Une certaine librairie de l’Avenue de
la Grande-Armée, dont on parle abon
damment dans ce numéro, avait affiché
en vitrine les journaux L'Humanité et
L’Action Française, le lendemain du
« suicide » de Stavisky.
Les manchettes des journaux en ques
tion étaient rédigées de telle manière
qu'un petit groupe de badauds s’était
formé devant la vitrine et lisait.
A ce moment, un individu entra dans
la boutique et s’adressant à la vendeuse :
— Si vous ne voulez pas vous atti
rer d’ennuis, mademoiselle, retirez ces
chiffons de papier de la vitrine; c’est un
conseil que je vous donne... et il s’en fut
comme il était venu.
Bêtise ? Agent provocateur ?
On ne le saura jamais...
OUI, LA JEUNESSE!...
Lettre ouverte a Louis-Ferdinand Céline
par REX-RICKARD
Vous écrivez, Céline que j’admire, vous écrivez que
la jeunesse, au sens romantique du mot, n’existe pas. « Je
ne vois en fait de jeunesse qu’une mobilisation d’ardeurs
apéritives, sportives, spectaculaires, automobiles, mais
rien de neuf. » Bourrage de crâne six jours sur sept, le
ciné, le stade ou les filles et, au bout de quelques années
de ce régime, le diplôme qui vous marque au coin comme
une méchante pièce de cent sous pur nickel, tel est le
sort des étudiants, devez-vous penser. Le ciné mis à part,
ça s’est toujours passé comme ça, on a toujours dit que
la nouvelle génération allait tout chambarder, tout chan
ger, et la nouvelle génération est devenue la vieille géné
ration à la barbe du malheur, sans oser y toucher. Bien
extravagants sont ceux qui comptent sur la jeunesse pour
opérer un relèvement que personne n’a jamais défini,
mais dont tout le monde parle. La panacée universelle de
la jeunesse est un mythe qui a assez duré... Vous êtes le
seul à vous exprimer ainsi ou à peu près, Céline, et c’est
pourquoi c’est à vous que je m’adresse.
Quand le ministre Chéron a suspendu le recrutement
des fonctionnaires, les soi-disant défenseurs de la jeu
nesse ont écrit de longues tartines intitulées : le drame
de la nouvelle génération. « La jeunesse peut changer
la face du monde, lisait-on, mais il faut lui en donner les
moyens et ne pas l’empêcher de s’établir aux postes
qu’elle mérite... » Quelle erreur !... Dès qu’un étudiant,
devenu rond-de-cuir, est casé dans un petit trou de pro
vince, c’en est fini des espoirs de changement. Le poste,
c’est une assurance pour le statu que. Si tous les Alle
mands avaient eu des postes, Hitler serait encore peintre
en bâtiments. Le manque de postes, voyez-vous, Céline, ça
c’est du nouveau pour la jeunesse d’aujourd’hui. J’ai bien
peur qu’il n’en résulte du vilain, mais en tout cas, encore
quelques décrets Chéron et le changement ne tardera pas
à se produire.
Sans doute, direz-vous qu’il n’y a là qu’un réflexe de
malheureux crevant de faim, qui lutte pour son beefsteak
et qui se déclare prêt à tout abandonner à partir du mo
ment où il n’a plus rien à perdre. « Rien de neuf. » Or,
je veux précisément vous montrer qu’il y a quelque chose
de nouveau dans cette attitude.
Ce fameux drame de la jeunesse d’aujourd’hui, dont
on nous rebat les oreilles, n’est pas seulement une ques
tion d’ a Arbeit und Brot », de travail et de pain, de chô
mage en col blanc, il y faut voir l’expression d’un profond
dégoût, auquel vous n’avez fait que contribuer, Céline, dé
goût à l’égard de la petite popote du médecin, du rece
veur de l’enregistrement ou du professeur chahuté Jadis
la place, le poste, la situation, la position, la carrière, on
ne voyait pas plus loin que cela... Le bureau, les pantou
fles, la robe de chambre, le tramway quatre fois par jour,
puis, plus tard, quand on serait « arrivé », la voiture par
ticulière, la redingote, la Légion d’honneur, la petite
épouse et le petit enfant... Voilà tout ce que l’étudiant
pouvait rêver dans sa mansarde, au temps où Murger
écrivait le Pays latin. Aujourd’hui Marius a crié : « J’ai
envie d’ailleurs », et les jeunes aussi pensent qu’ils ont
envie d’ailleurs. Quand les portes des administrations se
sont fermées devant eux, ils ont hurlé comme des loups,
mais au fond, que diable allaient-ils faire dans cette
galère puisqu’ils avaient envie d’ailleurs ? Tout le drame
de la jeunesse, c’est qu’elle ne sait pas où est cet ailleurs.
(Voir la suite en deuxième page.)
JEUNES!
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N’EST VAS MOR Tl
CAR
NUMERO SPECIAL : 20.
O fr. 50
3' année. — Janvier 1934.
Holàhée !
Ah ! si j’eusse estudié au temps de ma jeunesse folle !
François Villon.
Directeur-Rédacteur en chef î ROGER FOUCHER-CRETEAU.
JOURNAL MEN
... Pour nous,
et paysans, la
pour la jeunesse qui vient : étudiants, jeunes ouvriers
disparition de Stavisky consacre et incarnera toujours
l’apothéose de l’escroquerie et de la corruption
au sein d’une génération pourrie!...
IB
Le nom de " Stavisky ” restera éternellement attaché au souvenir de la génération qu'illustrèrent
les scandales financiers : Hanau, Oustric, Aéropostale ; les scandales de mœurs : Dufrenne et Violette Nozières,
ainsi que les catastrophes : Georges-Philippar, Atlantique, Lagny et autres...
î: a i
rai
AVERTISSEMENT
De tous côtés, les jeunes sont venus à nous pour nous prier, nous supplier
d'élever la voix en leur nom par l’intermédiaire de « Holàhée ! ».
Nous avons longtemps hésité à prendre position dans cette lamentable af
faire, où nous nous trouvons avoir à juger ceux-là mêmes que nous remplacerons
demain ou aujourd’hui peut-être.
Nous nous décidons cependant à intervenir, car il faut que le monde sache
que les nouvelles générations qui montent ne permettront pas qu’on étouffe un
scandale dont les responsables sont connus et que l’on se refuse à désigner ou
vertement.
Nous intervenons parce que, pour nous, jeune génération sacrifiée, qui se
débat en vain devant un avenir incertain, il est malsain d’assister au triomphe de
la malhonnêteté, de la turpitude et de l’escroquerie, parce que ce scandale, si l'on
cherchait à l’étouffer, serait pour nous, qui aurons à peiner et à souffrir pour
VIVRE, le plus dangereux des exemples à suivre. Et il serait suivi !
Dans un remarquable article intitulé « Il faut tout savoir », notre confrère
« Police-Magazine » s’élève avec force contre la possibilité d'étouffement de
l’affaire. Il écrit notamment :
L’affaire Stavisky est autre chose qu’un scandale qui passe. C’est le
signe terrible et profond d’une décomposition qui atteint certaines
couches sociales. Il a tout touché, tout sali : Parlement, finances, justice.
A tort peut-être. Car il reste tant d’honnêtes gens parmi ceux qui légi
fèrent, qui administrent, qui jugent !
Mais les autres ? Les autres, seraient-ils les plus puissants, seront-ils
encore épargnés ?
Il ne faut pas.
Il ne faut pas, surtout, que, sous des prétextes de politique, on veuille
sauver les uns ou même accabler les autres.
« La répression sera vigoureuse et ferme », dit un communiqué offi
ciel dont nous pouvons déjà mesurer l’inanité...
Hélas ! cette inanité soulignée par « Police-Magazine » nous est confirmée
par un placard intitulé « Des Dat(t)es », paru dans « Le Canard Enchaîné »
du 10 janvier :
DES DATTES . . .
Le 5 décembre 1928, déclaration de M. Raymond Poincaré
au sujet de l’affaire Hanau :
« Le gouvernement ne reculera devant aucune sanc
tion justifiée et les coupables, quels qu’ils soient, seront
frappés. »
Le 28 novembre 1930, déclaration de M. André Tardieu au
sujet de l’affaÏre Oustric :
« Nous ferons la lumière entière et totale. La jus
tice suivra son cours. V
Le 3 JANVIER 1934, déclaration de M. CAMILLE CHAUTEMPS
au sujet de L'AFFAIRE Stavisky :
« La justice suivra son cours avec une inflexible
rigueur et ne s’arrêtera à aucune considération de
personnes. »
(Le Canard Enchaîné, 10 janvier 1934.)
A la Chambre des députés, M. Camille Chautemps a renouvelé son affirma
tion du 3 janvier et a ajouté qu’il agirait fermement, même s’il devait en coûter
« à son amitié ou à son affection ».
Nous ne voulons pas douter de la bonne foi de M. Chautemps, mais les
exemples des 5 décembre 1928 et 28 octobre 1930 sont là ! M. Maurice Maréchal
a su judicieusement nous rappeler ces dates dans « Le Canard Enchaîné » et
c’est pourquoi nous saurons, nous, les jeunes, exiger que les véritables respon
sables soient châtiés sans tenir compte des partis politiques de la vieille généra-
tion. 11 ne suffit pas de faire disparaître tel témoin ou tel inculpé qui en sait trop
long sur l’affaire, il faudra que tout se passe au grand jour, les deux générations
l’une en face de l’autre, et alors...
Précisons encore ici que « Holàhée ! » se défend de faire de la politique,
que ceux qui sont venus à nous pour solliciter l’édition d’un numéro spécial con
sacré à l’affaire Stavisky sont tous des jeunes et que, quoique appartenant à
différents partis politiques : camelots du roi, jeunesses patriotes, jeunesses bona
partistes, jeunesses radicales et radicales-socialistes, jeunesses socialistes ou jeu
nesses communistes, ils n’en sont pas moins animés les uns et les autres de l’ar
deur magnifique que donne seule la jeunesse et que, formant le front commun de
la jeune génération, ils sauront faire passer l’intérêt général au-dessus de leurs
querelles de partis et, se dressant d’un seul bloc, face à ceux qui les ont précédés,
ils leur crieront tout leur mépris, résumé dans ces quelques mots : « Arrière
assassins ! arrière escrocs ! L’heure de l'expiation a sonné ; choisissez vos avo
cats, nous sommes le ministère public ! »
V « HOLAHEE ! »,
pour la nouvelle génération.
ENTRE NOUS
Les Stavisky
ou l’exemple dangereux
de nos devanciers
Notre génération, maintenant, a le
droit de parler haut et de relever ferme
ment la tête devant des hommes pou
vant être nos pères et nos grands-pères
qui, au lieu de nous donner l’exemple
de la probité, de la propreté morale,
nous offrent le scandale pour exploit et
le dédain pour aide.
La jeunesse entière se lève d’indi
gnation et réclame hautement à la
F rance le droit de se préserver de la
guerre, des vols et de l’assassinat or
ganisé.
La jeunesse française est étouffée par
la foule de ceux qui les écartent avec
crainte pour pouvoir accomplir sans
témoins leurs louches trafics.
Dans l’impossibilité de vivre maté
riellement, ne voyant plus d’avenir de
vant lui, le jeune se ronge dans l’inac
tion et veut, par tous les moyens, obte
nir du pays la confiance dont il n’abu
sera jamais.
Notre génération ne tolère plus dé
sormais la morgue des vieilles généra
tions. Elle porte en elle des qualités, et
le dégoût que les Stavisky lui inspirent
est la preuve de son honnêteté.
La jeunesse étrangère a fait l’Alle
magne, l’Italie, la Russie soviétique; la
jeunesse française saura bientôt donner
l’exemple de la propreté à la génération
des Stavisky.
Maurice du TREVOU.
Il y a scandale et scandale,
il y a politique et génération
Le scandale Stavisky dépasse de
loin tout ce qui a pu se faire dans ce
genre depuis des siècles.
Les « Hanau, Oustric et consorts »
sont des débutants en face d’un Sta
visky.
Vouloir ramener le scandale Sta
visky à une simple affaire de parti,
c’est méconnaître l’envergure de
l’homme, ses relations considérables
et variées ; c’est, enfin, ne voir en
lui qu’un instrument alors qu’il était
un chef.
Mettre l’affaire Stavisky sur ■ le
plan politique, c’est commettre la
plus grave des erreurs. Non que nous
voulions soutenir ici le parti radical
ou les partis de la majorité, mais
parce que la corruption et la pourri
ture ne sauraient s’arrêter aux fron
tières d’un parti ou d’une secte; nous
estimons, nous, les jeunes, que toute.
une génération se trouve entraînée
dans le tourbillon de boue et de
sang.
Si telle est notre opinion, c’est
parce que nous savons lire entre les
lignes des communiqués des grands
quotidiens et que nous nous rendons
compte que si une solidarité de gé
nération n’existait pas entre ceux
qui connurent et approchèrent Sta
visky, il y a longtemps que le scan
dale aurait pris des proportions au
trement considérables.
Mais le bloc des vieux est formé,
et bien formé. Ils savent se défen
dre, ils savent se donner la main et
se taire ; ils ont l’expérience pour
eux.
Eh bien ! messieurs nos aînés,
cette expérience, que bien souvent
vous nous donnez en exemple, nous
vous la laissons et ne la désirons
point, eu égard à l’utilisation que
vous en faites.
Certes, il faut de l’expérience pour
être un habile escroc. Cette expé
rience nous ne l’avons pas encore.
Puissions-nous ne jamais l’avoir !
L’exemple, cet « exemple » que
vous donnez aux jeunes générations
que vous êtes chargés d’éduquer,
permettez-moi de vous dire que
nous aimerions mieux nous en
passer.
R. F.-C.
Provocation ou bêtise
Une certaine librairie de l’Avenue de
la Grande-Armée, dont on parle abon
damment dans ce numéro, avait affiché
en vitrine les journaux L'Humanité et
L’Action Française, le lendemain du
« suicide » de Stavisky.
Les manchettes des journaux en ques
tion étaient rédigées de telle manière
qu'un petit groupe de badauds s’était
formé devant la vitrine et lisait.
A ce moment, un individu entra dans
la boutique et s’adressant à la vendeuse :
— Si vous ne voulez pas vous atti
rer d’ennuis, mademoiselle, retirez ces
chiffons de papier de la vitrine; c’est un
conseil que je vous donne... et il s’en fut
comme il était venu.
Bêtise ? Agent provocateur ?
On ne le saura jamais...
OUI, LA JEUNESSE!...
Lettre ouverte a Louis-Ferdinand Céline
par REX-RICKARD
Vous écrivez, Céline que j’admire, vous écrivez que
la jeunesse, au sens romantique du mot, n’existe pas. « Je
ne vois en fait de jeunesse qu’une mobilisation d’ardeurs
apéritives, sportives, spectaculaires, automobiles, mais
rien de neuf. » Bourrage de crâne six jours sur sept, le
ciné, le stade ou les filles et, au bout de quelques années
de ce régime, le diplôme qui vous marque au coin comme
une méchante pièce de cent sous pur nickel, tel est le
sort des étudiants, devez-vous penser. Le ciné mis à part,
ça s’est toujours passé comme ça, on a toujours dit que
la nouvelle génération allait tout chambarder, tout chan
ger, et la nouvelle génération est devenue la vieille géné
ration à la barbe du malheur, sans oser y toucher. Bien
extravagants sont ceux qui comptent sur la jeunesse pour
opérer un relèvement que personne n’a jamais défini,
mais dont tout le monde parle. La panacée universelle de
la jeunesse est un mythe qui a assez duré... Vous êtes le
seul à vous exprimer ainsi ou à peu près, Céline, et c’est
pourquoi c’est à vous que je m’adresse.
Quand le ministre Chéron a suspendu le recrutement
des fonctionnaires, les soi-disant défenseurs de la jeu
nesse ont écrit de longues tartines intitulées : le drame
de la nouvelle génération. « La jeunesse peut changer
la face du monde, lisait-on, mais il faut lui en donner les
moyens et ne pas l’empêcher de s’établir aux postes
qu’elle mérite... » Quelle erreur !... Dès qu’un étudiant,
devenu rond-de-cuir, est casé dans un petit trou de pro
vince, c’en est fini des espoirs de changement. Le poste,
c’est une assurance pour le statu que. Si tous les Alle
mands avaient eu des postes, Hitler serait encore peintre
en bâtiments. Le manque de postes, voyez-vous, Céline, ça
c’est du nouveau pour la jeunesse d’aujourd’hui. J’ai bien
peur qu’il n’en résulte du vilain, mais en tout cas, encore
quelques décrets Chéron et le changement ne tardera pas
à se produire.
Sans doute, direz-vous qu’il n’y a là qu’un réflexe de
malheureux crevant de faim, qui lutte pour son beefsteak
et qui se déclare prêt à tout abandonner à partir du mo
ment où il n’a plus rien à perdre. « Rien de neuf. » Or,
je veux précisément vous montrer qu’il y a quelque chose
de nouveau dans cette attitude.
Ce fameux drame de la jeunesse d’aujourd’hui, dont
on nous rebat les oreilles, n’est pas seulement une ques
tion d’ a Arbeit und Brot », de travail et de pain, de chô
mage en col blanc, il y faut voir l’expression d’un profond
dégoût, auquel vous n’avez fait que contribuer, Céline, dé
goût à l’égard de la petite popote du médecin, du rece
veur de l’enregistrement ou du professeur chahuté Jadis
la place, le poste, la situation, la position, la carrière, on
ne voyait pas plus loin que cela... Le bureau, les pantou
fles, la robe de chambre, le tramway quatre fois par jour,
puis, plus tard, quand on serait « arrivé », la voiture par
ticulière, la redingote, la Légion d’honneur, la petite
épouse et le petit enfant... Voilà tout ce que l’étudiant
pouvait rêver dans sa mansarde, au temps où Murger
écrivait le Pays latin. Aujourd’hui Marius a crié : « J’ai
envie d’ailleurs », et les jeunes aussi pensent qu’ils ont
envie d’ailleurs. Quand les portes des administrations se
sont fermées devant eux, ils ont hurlé comme des loups,
mais au fond, que diable allaient-ils faire dans cette
galère puisqu’ils avaient envie d’ailleurs ? Tout le drame
de la jeunesse, c’est qu’elle ne sait pas où est cet ailleurs.
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