Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1933-12-28
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 28 décembre 1933 28 décembre 1933
Description : 1933/12/28 (N1528). 1933/12/28 (N1528).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9644612
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
\
28 Décembre 1933.
TORTUES
A. FAYARD et C'*, Editeurs
IC et 20
RI do Si-fiotbard. PARIS (14*)
Chèque pcttal 388-84
eues Images
Hebdomadaire. — 30 e année
39 (ÎRRTWBS
ABONNEMENTS.
France : Un an... 17.50
— Six meic 9.50
Étranger: Un an. 30ïr.
Chèque potUl 888-34
RarLinois, l’honnête cameraman, fut un jour con
voqué par M. Papiler, son directeur, qui lui dit sans
préambule : « La firme cinématographique que
j'exploite, et dans laquelle j’ai mis tous mes capitaux,
est dans une très mauvaise passe. Les affaires ne
marchent plus — et c’est bien ma faute — pour m’être
adressé à des gens comme vous, qui n’ont aucun sens
de l'actualité, ni surtout du bluff. Vous êtes peut-
être le plus...
...piètre chasseur d’images que je connaisse. Je vous avertis que si, pour la rentrée, vous ne m’avez pas
rapporté quelque chose de sensationnel, soit comme documentaire, soit comme actualités, je me verrai oblige
de me priver .de vos services. » Sartinois partit l’oreille basse. « A quoi bon, se dit-il, aller au loin, chercher
des documents qui ne contenteront jamais M. Papifer, lequel s’en prend à moi de ses insuccès commer
ciaux ? » Et il s’en fut tout simplement faire un séjour dans le petit ^village | de la Côte d’Azur où
habitait sa famille. Il eut l’occasion d’y tourner une nouvelle nage, supérieurement pratiquée par la
famille Léonidas. C’étaient des noirs, originaires de la Martinique. Léonidas père était barman dans un
grand établissement de la côte, et passait quinze jours de villégiature dans la petite villa de style colonial que
ses économies...
...lui avaient permis de construire au bord de la mer.
Son séjour maritime permit à Sartinois de tourner
ensuite un documentaire : les mœurs de l’anguille
tic mer. Quand il rentra pour porter sa moisson
d’images au terrible M. Papifer, il eut l’intuition que
les sujets contenus dans ses rouleaux de pellicules
n’offriraient au directeur qu’un intérêt des plus rela
tifs. Il n’eut pas le courage d’assister à leur dévelop
pement devant l’écran du studio.
Sartinois prétexta donc une forte migraine pour
éviter une de ces scènes orageuses qui lui étaient
si désagréables. Il ne reparut pas au studio de toute
la journée et, le lendemain matin, resta au lit pour
prolonger son indisposition supposée. Il dut se lever
précipitamment pour aller ouvrir : on sonnait avec
insistance. M. Papifer bondit aussitôt dans sa chambre
et le serra dans ses bras : « Bravo 1 bravo î mon cher,
vous avez fait un coup de maître !...
...le film est déjà retenu par tous”les délégués des
différentes maisons qui assistaient à" la prise de vuesl
Il fera le tour du monde!M... Et dès à présent, je
double vos appointements! » Très étonne, Sartinois
se demandait si son directeur ne plaisantait pas;
mais un chèque de celui-ci lui fit voir qu’il n’en était
rien : « Il faut bien, lui dit Papifer toujours exubé
rant, que je vous indemnise du coûteux voyage que
vous avez fait aux îles Fidji,...
...où vous avez tourné les indigènes poursuivis par le monstrueux serpent de mer, dont on a si souvent nié l’exis
tence ! » Ce ne fut que le soir, devant l’écran, que Sartinois comprit ce qui s’était passé. Les fâcheuses dispositions
d’esprit dans lesquelles il se trouvait pendant son séjour à la Cote d’Azur lui avaient fait négliger ses prises de vues;
de sorte qu’il avait tourné deux fois le même rouleau et impressionné, par superposition, les mêmes pellicules.
Les évolutions de l’anguille de mer, filmées à quelques pas fie distance, s’étaient superposées aux prouesses
natatoires de la famille noire des Léonidas, prises de beaucoup plus loin. La villa de ces derniers, entourée de
cocotiers, formait le fond du décor. L’un des assistants, à la première projection du film, avait déclaré reconnaître
le tlécor d’une des îles Fidji. On fit à l’opérateur une ovation si flatteuse que celui-ci rougit de confusion.
...de voir confirmer par la photographie ses déductions
scientifiques, que miss Anabella parla aussitôt d’or
ganiser une expédition aux îles Fidji, à la recherche
du serpent de mer révélé par la photographie. Elle
demanda à Papiler que Sartinois fût du voyage, et
le directeur y consentit : c’était une belle réclame
pour sa firme. Il sut y mettre des conditions fort
avantageuses pour lui et son employé.
En attendant, le fameux film était projeté sur tous
les écrans. Cependant, les scrupules de Sartinois
avaient grandi. Tromper le monde savant après le
simple public, lui parut intolérable. Il finit par obte
nir de son directeur une entrevue particulière et
commença sa confession. Papifer, furieux, l’inter
rompit dès les premiers mots : « Malheureux 1 voua
allez tout faire crouler! Maintenant...
Comme il était foncièrement honnête, il voulut
remettre les choses au point : on ne lui en laissa pas
le loisir. Une des spectatrices, miss Anabella, Améri
caine aussi riche qu’excentriqu, avait amené, pour
cette seconde séance, le Dr Daslnas, un des pontifes
de la science européenne, auteur de plusieurs ouvrages
sur l’existence plus ou moins problématique du ser
pent de mer. Ce savant se montra si enthousiasmé...
...que la maison est lancée et que votre gloire com
mence il serait stupide d’agir de la sorte. Songez à
tous ceux de vos camarades que vous allez mettre
sur le pavé, et à moi-même que vous allez réduire à
la ruine, sans compter le ridicule qui rejaillira sur
vous) » Il sut si bien user de l’intimidation que Sarti
nois promit de se tenir coi. Mais pour être assuré de
sa discrétion et... (Voir la suite page 2.)
28 Décembre 1933.
TORTUES
A. FAYARD et C'*, Editeurs
IC et 20
RI do Si-fiotbard. PARIS (14*)
Chèque pcttal 388-84
eues Images
Hebdomadaire. — 30 e année
39 (ÎRRTWBS
ABONNEMENTS.
France : Un an... 17.50
— Six meic 9.50
Étranger: Un an. 30ïr.
Chèque potUl 888-34
RarLinois, l’honnête cameraman, fut un jour con
voqué par M. Papiler, son directeur, qui lui dit sans
préambule : « La firme cinématographique que
j'exploite, et dans laquelle j’ai mis tous mes capitaux,
est dans une très mauvaise passe. Les affaires ne
marchent plus — et c’est bien ma faute — pour m’être
adressé à des gens comme vous, qui n’ont aucun sens
de l'actualité, ni surtout du bluff. Vous êtes peut-
être le plus...
...piètre chasseur d’images que je connaisse. Je vous avertis que si, pour la rentrée, vous ne m’avez pas
rapporté quelque chose de sensationnel, soit comme documentaire, soit comme actualités, je me verrai oblige
de me priver .de vos services. » Sartinois partit l’oreille basse. « A quoi bon, se dit-il, aller au loin, chercher
des documents qui ne contenteront jamais M. Papifer, lequel s’en prend à moi de ses insuccès commer
ciaux ? » Et il s’en fut tout simplement faire un séjour dans le petit ^village | de la Côte d’Azur où
habitait sa famille. Il eut l’occasion d’y tourner une nouvelle nage, supérieurement pratiquée par la
famille Léonidas. C’étaient des noirs, originaires de la Martinique. Léonidas père était barman dans un
grand établissement de la côte, et passait quinze jours de villégiature dans la petite villa de style colonial que
ses économies...
...lui avaient permis de construire au bord de la mer.
Son séjour maritime permit à Sartinois de tourner
ensuite un documentaire : les mœurs de l’anguille
tic mer. Quand il rentra pour porter sa moisson
d’images au terrible M. Papifer, il eut l’intuition que
les sujets contenus dans ses rouleaux de pellicules
n’offriraient au directeur qu’un intérêt des plus rela
tifs. Il n’eut pas le courage d’assister à leur dévelop
pement devant l’écran du studio.
Sartinois prétexta donc une forte migraine pour
éviter une de ces scènes orageuses qui lui étaient
si désagréables. Il ne reparut pas au studio de toute
la journée et, le lendemain matin, resta au lit pour
prolonger son indisposition supposée. Il dut se lever
précipitamment pour aller ouvrir : on sonnait avec
insistance. M. Papifer bondit aussitôt dans sa chambre
et le serra dans ses bras : « Bravo 1 bravo î mon cher,
vous avez fait un coup de maître !...
...le film est déjà retenu par tous”les délégués des
différentes maisons qui assistaient à" la prise de vuesl
Il fera le tour du monde!M... Et dès à présent, je
double vos appointements! » Très étonne, Sartinois
se demandait si son directeur ne plaisantait pas;
mais un chèque de celui-ci lui fit voir qu’il n’en était
rien : « Il faut bien, lui dit Papifer toujours exubé
rant, que je vous indemnise du coûteux voyage que
vous avez fait aux îles Fidji,...
...où vous avez tourné les indigènes poursuivis par le monstrueux serpent de mer, dont on a si souvent nié l’exis
tence ! » Ce ne fut que le soir, devant l’écran, que Sartinois comprit ce qui s’était passé. Les fâcheuses dispositions
d’esprit dans lesquelles il se trouvait pendant son séjour à la Cote d’Azur lui avaient fait négliger ses prises de vues;
de sorte qu’il avait tourné deux fois le même rouleau et impressionné, par superposition, les mêmes pellicules.
Les évolutions de l’anguille de mer, filmées à quelques pas fie distance, s’étaient superposées aux prouesses
natatoires de la famille noire des Léonidas, prises de beaucoup plus loin. La villa de ces derniers, entourée de
cocotiers, formait le fond du décor. L’un des assistants, à la première projection du film, avait déclaré reconnaître
le tlécor d’une des îles Fidji. On fit à l’opérateur une ovation si flatteuse que celui-ci rougit de confusion.
...de voir confirmer par la photographie ses déductions
scientifiques, que miss Anabella parla aussitôt d’or
ganiser une expédition aux îles Fidji, à la recherche
du serpent de mer révélé par la photographie. Elle
demanda à Papiler que Sartinois fût du voyage, et
le directeur y consentit : c’était une belle réclame
pour sa firme. Il sut y mettre des conditions fort
avantageuses pour lui et son employé.
En attendant, le fameux film était projeté sur tous
les écrans. Cependant, les scrupules de Sartinois
avaient grandi. Tromper le monde savant après le
simple public, lui parut intolérable. Il finit par obte
nir de son directeur une entrevue particulière et
commença sa confession. Papifer, furieux, l’inter
rompit dès les premiers mots : « Malheureux 1 voua
allez tout faire crouler! Maintenant...
Comme il était foncièrement honnête, il voulut
remettre les choses au point : on ne lui en laissa pas
le loisir. Une des spectatrices, miss Anabella, Améri
caine aussi riche qu’excentriqu, avait amené, pour
cette seconde séance, le Dr Daslnas, un des pontifes
de la science européenne, auteur de plusieurs ouvrages
sur l’existence plus ou moins problématique du ser
pent de mer. Ce savant se montra si enthousiasmé...
...que la maison est lancée et que votre gloire com
mence il serait stupide d’agir de la sorte. Songez à
tous ceux de vos camarades que vous allez mettre
sur le pavé, et à moi-même que vous allez réduire à
la ruine, sans compter le ridicule qui rejaillira sur
vous) » Il sut si bien user de l’intimidation que Sarti
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sa discrétion et... (Voir la suite page 2.)
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