Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1933-12-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11188 Nombre total de vues : 11188
Description : 17 décembre 1933 17 décembre 1933
Description : 1933/12/17 (N1576). 1933/12/17 (N1576).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k963475n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/05/2013
Nia
mer
Les deux cousins, Emile Galvard et Paul Ramin, vivaient
bien médiocrement à Paris, l’un dans le commerce, l’autre dans
lés écritures, se fréquentant à peine. On juge de leur bouleverse
ment quand, chacun de son côté, ils reçurent une lettre au timbre exotique et signée
Sidoine Mercier. C’était un frère de leurs mères, dont ils soupçonnaient à peine
l’existence, celui-ci n’ayant presque p’us donné signe de vie depuis son départ pour
l’Amérique, quelque quarante ans auparavant.. Façon sensationnelle de se rappeler
à leur souvenir, l’oncle Sidoine...
...invitait tout simplement ses neveux à venir recueillir, avec son
dernier souffle, sa succession, un chiffre impressionnant de pesos or
et d’hectares de bois et prairies sis en République Argentine. Suivaient
toutes indications pratiques pour se rendre et circuler en ces lieux bénis, mais recuiés.
Bien que ne sympathisant guère, les deux cousins résolurent de faire route en
semble. L’un et l’autre s’étaient munis des quelques milliers de francs constituant
tout leur avoir. Débarqués à Buenos-Ayres, suivant les indications reçues, un
train les véhicula vingt heures à travers campos,...
...ilanos, sierras
Mozo. Là, une journée et demie de selle leur
pour atteindre, par les savanes et forêts incultes,
Santa-Cruz, le domaine agricole, ou estançia de
M. Sidoine Mercier. Selon les dispositions de celui-ci,
nos voyageurs trouvèrent à la station terminus trois
envoyés de leur oncle : le métis Joaquin Cordobal et
deux péons indiens,...
...tous hommes solides et surs, avec deux chevaux de
tout repos pour les cavaliers novices comme de
vaient l'être les Parisiens. Le soir à la première
étape, alors que ses compagnons étaient déjà couchés
afin de se trouver sur pied dès la première heure
du lendemain, Emilé Galvard s’attarda, devant une
bouteille d’aguardiente dans la salle de la posada
(auberge). Il pensait fiévreusement...
...à ces fabuleux millions de l’oncle Mercier, et, si
inespérée, si copieuse que fût, même partagée, une telle
fortune, il songeait avec une âpre convoitise que,
sans Paul Ramin, il en aurait eu la totalité. Tandis
qu’il s’abandonnait à ces obsédantes réflexions, un
groupe d’hommes, vaqueros ou. gauchos, pénétra dans
la salle. L’un d’eux, un gaillard d’allure arrogante et
déciaèe, qui s’était le .plus approché de Galvard,..,
...messes ou non, étaient emportés dans une panique
folle. Pas avant, toutefois, que, sortant de la brousse,
un cavalier — c’était le, vaquero Garbanso, — n’eût
rejoint Emile Galvard lequel était resté en arrière
des Indiens fuyant hors de vue déjà. « Bien travaillé,
Garbanso 1 lui dit Galvard dans un ricanement. Voici
ce que je t’ai promis. Tu en trouveras plus du double
sur mon compagnon. Et...
Tard dans la soirée, Emile et le vaquero, qui s’appe
lait Garbanso, burent et devisèrent. Dès l’aube,
néanmoins, Galvard était en selle avec ses compa
gnons, et les vaqueros de la veille se trouvaient déjà
loin sans doute. La petite troupe s’engagea dans la
forêt des Arenals, séjour d’enchantement excluant
toute idée de crainte ou d’embuscade, en dépit des
fourrés inextricables...
...où pullulait une vie sauvage. Une touffeur aroma
tique capiteuse en venait qui assoupissait les cavaliers.
Tout à coup, cris, hurlements, détonations. Cordobal,
qui allait en tête avec Paul Ramin, s’affaissa, le front
saignant, sur l’encolure de son cheval aussitôt em-
emballé, pour aller s’effondrer plus loin pendant que
Paul, frappé aussi, était désarçonné sur place, et que
les autres,...
...dans trois jours, viens à l’estancia où je t’en pro
mets encore autant, comme convenu. » Il disparut, lais
sant le vaquero ravi, auprès de qui gisait, sans mouve
ment ni souffle, le malheureux métis baignant dans son
sang, les yeux révulsés. Un éclair de haine repue jail
lit de ceux de Garbanso. Il retourna du pied le corps
qui ne donnait plus signe de vie, puis courut en hâte
vers l’autre, étendu à distance,...
...tout aussi inerte et muet sur les hautes herbes
rougies. Il le fouilla, s’empara de tout ce qu’il put
trouver d’intéressant sur ce corps pantelant, puis dis
parut sous le couvert rejoindre deux autres bandits
ses complices, qui s’étaient appliqués à capturer les
chevaux des victimes. Et le süence revint, lugubre,
sur ces lieux si tragiquement animés durant un instant.
Puis un long soupir s’y exhala.
(Voir la suite page 8.)
...toisant celui-ci d’un air intéressé : « Oh oh! fit-il :
un senor étranger, Français même, peut-être, qui
voyage seul et se rend, je gage, à l’estancia Santa-
Cruz! Voulez-vous un bon guide, caballero ? — Connaî
triez-vous l’estanciero ? — Hombre! qui ne connaît
le richissime senor Sidonio Mercier? —- Mais, l’ami,
asseyez-vous donc, et acceptez un verre d’aguar
diente. »
Centimes
Hebdomadaire. — 31 e année
mer
Les deux cousins, Emile Galvard et Paul Ramin, vivaient
bien médiocrement à Paris, l’un dans le commerce, l’autre dans
lés écritures, se fréquentant à peine. On juge de leur bouleverse
ment quand, chacun de son côté, ils reçurent une lettre au timbre exotique et signée
Sidoine Mercier. C’était un frère de leurs mères, dont ils soupçonnaient à peine
l’existence, celui-ci n’ayant presque p’us donné signe de vie depuis son départ pour
l’Amérique, quelque quarante ans auparavant.. Façon sensationnelle de se rappeler
à leur souvenir, l’oncle Sidoine...
...invitait tout simplement ses neveux à venir recueillir, avec son
dernier souffle, sa succession, un chiffre impressionnant de pesos or
et d’hectares de bois et prairies sis en République Argentine. Suivaient
toutes indications pratiques pour se rendre et circuler en ces lieux bénis, mais recuiés.
Bien que ne sympathisant guère, les deux cousins résolurent de faire route en
semble. L’un et l’autre s’étaient munis des quelques milliers de francs constituant
tout leur avoir. Débarqués à Buenos-Ayres, suivant les indications reçues, un
train les véhicula vingt heures à travers campos,...
...ilanos, sierras
Mozo. Là, une journée et demie de selle leur
pour atteindre, par les savanes et forêts incultes,
Santa-Cruz, le domaine agricole, ou estançia de
M. Sidoine Mercier. Selon les dispositions de celui-ci,
nos voyageurs trouvèrent à la station terminus trois
envoyés de leur oncle : le métis Joaquin Cordobal et
deux péons indiens,...
...tous hommes solides et surs, avec deux chevaux de
tout repos pour les cavaliers novices comme de
vaient l'être les Parisiens. Le soir à la première
étape, alors que ses compagnons étaient déjà couchés
afin de se trouver sur pied dès la première heure
du lendemain, Emilé Galvard s’attarda, devant une
bouteille d’aguardiente dans la salle de la posada
(auberge). Il pensait fiévreusement...
...à ces fabuleux millions de l’oncle Mercier, et, si
inespérée, si copieuse que fût, même partagée, une telle
fortune, il songeait avec une âpre convoitise que,
sans Paul Ramin, il en aurait eu la totalité. Tandis
qu’il s’abandonnait à ces obsédantes réflexions, un
groupe d’hommes, vaqueros ou. gauchos, pénétra dans
la salle. L’un d’eux, un gaillard d’allure arrogante et
déciaèe, qui s’était le .plus approché de Galvard,..,
...messes ou non, étaient emportés dans une panique
folle. Pas avant, toutefois, que, sortant de la brousse,
un cavalier — c’était le, vaquero Garbanso, — n’eût
rejoint Emile Galvard lequel était resté en arrière
des Indiens fuyant hors de vue déjà. « Bien travaillé,
Garbanso 1 lui dit Galvard dans un ricanement. Voici
ce que je t’ai promis. Tu en trouveras plus du double
sur mon compagnon. Et...
Tard dans la soirée, Emile et le vaquero, qui s’appe
lait Garbanso, burent et devisèrent. Dès l’aube,
néanmoins, Galvard était en selle avec ses compa
gnons, et les vaqueros de la veille se trouvaient déjà
loin sans doute. La petite troupe s’engagea dans la
forêt des Arenals, séjour d’enchantement excluant
toute idée de crainte ou d’embuscade, en dépit des
fourrés inextricables...
...où pullulait une vie sauvage. Une touffeur aroma
tique capiteuse en venait qui assoupissait les cavaliers.
Tout à coup, cris, hurlements, détonations. Cordobal,
qui allait en tête avec Paul Ramin, s’affaissa, le front
saignant, sur l’encolure de son cheval aussitôt em-
emballé, pour aller s’effondrer plus loin pendant que
Paul, frappé aussi, était désarçonné sur place, et que
les autres,...
...dans trois jours, viens à l’estancia où je t’en pro
mets encore autant, comme convenu. » Il disparut, lais
sant le vaquero ravi, auprès de qui gisait, sans mouve
ment ni souffle, le malheureux métis baignant dans son
sang, les yeux révulsés. Un éclair de haine repue jail
lit de ceux de Garbanso. Il retourna du pied le corps
qui ne donnait plus signe de vie, puis courut en hâte
vers l’autre, étendu à distance,...
...tout aussi inerte et muet sur les hautes herbes
rougies. Il le fouilla, s’empara de tout ce qu’il put
trouver d’intéressant sur ce corps pantelant, puis dis
parut sous le couvert rejoindre deux autres bandits
ses complices, qui s’étaient appliqués à capturer les
chevaux des victimes. Et le süence revint, lugubre,
sur ces lieux si tragiquement animés durant un instant.
Puis un long soupir s’y exhala.
(Voir la suite page 8.)
...toisant celui-ci d’un air intéressé : « Oh oh! fit-il :
un senor étranger, Français même, peut-être, qui
voyage seul et se rend, je gage, à l’estancia Santa-
Cruz! Voulez-vous un bon guide, caballero ? — Connaî
triez-vous l’estanciero ? — Hombre! qui ne connaît
le richissime senor Sidonio Mercier? —- Mais, l’ami,
asseyez-vous donc, et acceptez un verre d’aguar
diente. »
Centimes
Hebdomadaire. — 31 e année
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 89.13%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 89.13%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/7
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k963475n/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k963475n/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k963475n/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k963475n/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k963475n
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k963475n
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k963475n/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest