Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1933-12-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 décembre 1933 10 décembre 1933
Description : 1933/12/10 (N1575). 1933/12/10 (N1575).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9634748
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/05/2013
10 Décembre 1933.'— No 1575
36 Centimes
Hebdomadaire. — 31 e année
La Jeunesse illustrée
a
« Mon enfant, disait l’oncle Nettunio à son neveu
Pélage, tu sais, comme je te l’ai enseigné depuis
longtemps d’après les théories transformistes, que
l’homme vient de la mer. C’est dans la mer que sont
apparus les premiers êtres vivants, et c’est là qu’ils
doivent retourner. En attendant, la plus belle carrière
qui s’offre à toi, est celle d’officier dans les sous-marins ».
et Pélage, convaincu, prépara l’Ecole navale.
Il n’avait jamais songé à discuter les ordres de son
oncle, ce vieillard à barbe d’algue, que les paysans
et les marins des environs traitaient d’illuminé!
Il habitait, sur une presqu’île, un château battu par
les flots. Il y vivait seul avec son neveu, son valet
~ Triton, et sa nièce, la jeune Amphitrite, la seule de
la famille qui n’eût jamais montré aucun goût pour
les choses de la mer, au grand désespoir de Nettunio,...
fut reçu à l’Ecole navale et obtint de passer
à bord du submersible Le Neptune. Cette nouvelle
causa au vieillard pne telle joie qu’il écrivit à son
neveu : « La première phase de ta destinée commence
à s’accomplir : je n’ai donc plus de raison pour retar
der l’évolution de la mienne. Lorsque tu reviendras
au château, tu y seras le seul maître, car je serai
veiourné avec Amphitrite...
LA
...dans le royaume des mers, où lu viendras nous
rejoindre un jour. » Cette lettre inquiéta le jeune
homme : il pensa que son oncle était devenu réelle
ment fou, et demanda un congé pour aller voir ce qui
se passait au château. Ce fut le notaire du pays qui
lui en remit les clefs : « Votre oncle, lui dit-il, avant
de partir pour un long voyage, dont vous connaissez,
paraît-il, la destination,...
• VUtio ci Luil UCI1 Civ/ ùUII Llldlcdu CL UC oto UOIIIdlllCb»
Pélage, bouleversé, fouilla la vieille demeure de fond
en comble, pensant y trouver quelque indication sur
le sort de ses anciens habitants. Ce fut peine perdue.
Son inquiétude se tourna vers le sort d’Amphitrite :
la malheureuse enfant avait-elle été victime de la
dangereuse marotte du vieillard ?... Son congé
expiré...
...le jeune officier retourna à bord du Neptune. Le
hasard voulut que le submersible, envoyé de la Manche
dans la Méditerranée, passât justement en vue du
château de l’oncle Nettunio. A ce moment-là, une
fausse manoeuvre amena la plongée avant que le
capot fût fermé, et l’eau s’engouffra dans le sous-
marin, d’autant plus rapidement qu’un accident sur
venu au mécanisme,...
...empêcha radicalement la fermeture de s’accomplir.
Le navire coula par trente mètres de fond. Il n’était
pas encore muni des nouveaux appareils respira
toires, destinés à permettre à l’équipage l’évacuation
d’un sous-marin coulé. Refoulés par les eaux dans
la dernière chambre où l’air comprimé pouvait encore
être renouvelé par l’oxygène en réserve, les hommes
comprirent qu’ils étaient perdus : « Me voilà revenu,...
...pensa amèrement le lieutenant Pélage, dans le sein
de la mer d’où mon oncle prétendait que toute vie
est sortie, il nous est impossible d’espérer un secours
extérieur quel qu’il soit. Aucun navire n’était en vue
lorsque nous avons coulé : nous n’avons même pas
eu le temps d’envoyer le S. O. S. ». Comme l’équipage,
résigné, se préparait à la mort, des coups frappés
contre la paroi extérieure du sous-marin les firent...
...tous sursauter, et bientôt il n’y eut plus à en douter :
on venait à leur secours! Un dialogue s’échangea
à coups de marteau alternatifs sur la paroi extérieure
entre les sinistrés et leurs sauveteurs. Et bientôt,
par le capot resté ouvert, pénétraient deux scaphan
driers, jusqu’à la chambre où l’air comprimé, refoulé
par les eaux, ne permettait plus guère qu’une heure de
sursis. Lorsque les deux scaphandriers eurent pénétré...
...dans cette chambre, où les hommes étaient dans l’eau jusqu’à la poitrine, iis dévissèrent leurs masques, et le
lieutenant reconnut avec stupeur son oncle, accompagné de son fidèle valet Triton : ec Le hasard a voulu, dit l’oncle
Nettunio, que tu viennes me retrouver dans mon royaume marin. Je vais t’en faire les honneurs ainsi qu’à tes
hommes, et j’espère vous trouver tous assez évolués pour préférer ce séjour à l’exil terrestre auquel sont encore
condamnés la plupart des humains. — Où se trouve ma cousine, demanda Pélage avec inquiétude ? —- Sois
tranquille, répondit le vieillard, elle nous attend dans la cité sous-marine, où je vais vous conduire, l’un
après l’autre, car je ne possède pas le nombre voulu d’appareils de scaphandres pour vous y amener tous
à la fois. » Le lieutenant eut bientôt le mot de l’énigme, fcf maniaque, seul avec l’aide de son dévoué Triton,
et grâce à sa grande fortune...
...avait depuis longtemps établi les plans d’une
immense cloche à plongeur, dans laquelle l’air com
primé se renouvelait par la fabrication continue de
l’oxygène. Il l’avait fait établir en secret et immerger
par des spécialistes étrangers, des Italiens, anciens
fournisseurs de l’Artiglio, par une profondeur de
trente mètres, en vue de son château. Il y avait
entraîné Amphitrite à sa suite, et tous trois y vivaient
depuis,.,, (Voir la suite page 2.)
36 Centimes
Hebdomadaire. — 31 e année
La Jeunesse illustrée
a
« Mon enfant, disait l’oncle Nettunio à son neveu
Pélage, tu sais, comme je te l’ai enseigné depuis
longtemps d’après les théories transformistes, que
l’homme vient de la mer. C’est dans la mer que sont
apparus les premiers êtres vivants, et c’est là qu’ils
doivent retourner. En attendant, la plus belle carrière
qui s’offre à toi, est celle d’officier dans les sous-marins ».
et Pélage, convaincu, prépara l’Ecole navale.
Il n’avait jamais songé à discuter les ordres de son
oncle, ce vieillard à barbe d’algue, que les paysans
et les marins des environs traitaient d’illuminé!
Il habitait, sur une presqu’île, un château battu par
les flots. Il y vivait seul avec son neveu, son valet
~ Triton, et sa nièce, la jeune Amphitrite, la seule de
la famille qui n’eût jamais montré aucun goût pour
les choses de la mer, au grand désespoir de Nettunio,...
fut reçu à l’Ecole navale et obtint de passer
à bord du submersible Le Neptune. Cette nouvelle
causa au vieillard pne telle joie qu’il écrivit à son
neveu : « La première phase de ta destinée commence
à s’accomplir : je n’ai donc plus de raison pour retar
der l’évolution de la mienne. Lorsque tu reviendras
au château, tu y seras le seul maître, car je serai
veiourné avec Amphitrite...
LA
...dans le royaume des mers, où lu viendras nous
rejoindre un jour. » Cette lettre inquiéta le jeune
homme : il pensa que son oncle était devenu réelle
ment fou, et demanda un congé pour aller voir ce qui
se passait au château. Ce fut le notaire du pays qui
lui en remit les clefs : « Votre oncle, lui dit-il, avant
de partir pour un long voyage, dont vous connaissez,
paraît-il, la destination,...
• VUtio ci Luil UCI1 Civ/ ùUII Llldlcdu CL UC oto UOIIIdlllCb»
Pélage, bouleversé, fouilla la vieille demeure de fond
en comble, pensant y trouver quelque indication sur
le sort de ses anciens habitants. Ce fut peine perdue.
Son inquiétude se tourna vers le sort d’Amphitrite :
la malheureuse enfant avait-elle été victime de la
dangereuse marotte du vieillard ?... Son congé
expiré...
...le jeune officier retourna à bord du Neptune. Le
hasard voulut que le submersible, envoyé de la Manche
dans la Méditerranée, passât justement en vue du
château de l’oncle Nettunio. A ce moment-là, une
fausse manoeuvre amena la plongée avant que le
capot fût fermé, et l’eau s’engouffra dans le sous-
marin, d’autant plus rapidement qu’un accident sur
venu au mécanisme,...
...empêcha radicalement la fermeture de s’accomplir.
Le navire coula par trente mètres de fond. Il n’était
pas encore muni des nouveaux appareils respira
toires, destinés à permettre à l’équipage l’évacuation
d’un sous-marin coulé. Refoulés par les eaux dans
la dernière chambre où l’air comprimé pouvait encore
être renouvelé par l’oxygène en réserve, les hommes
comprirent qu’ils étaient perdus : « Me voilà revenu,...
...pensa amèrement le lieutenant Pélage, dans le sein
de la mer d’où mon oncle prétendait que toute vie
est sortie, il nous est impossible d’espérer un secours
extérieur quel qu’il soit. Aucun navire n’était en vue
lorsque nous avons coulé : nous n’avons même pas
eu le temps d’envoyer le S. O. S. ». Comme l’équipage,
résigné, se préparait à la mort, des coups frappés
contre la paroi extérieure du sous-marin les firent...
...tous sursauter, et bientôt il n’y eut plus à en douter :
on venait à leur secours! Un dialogue s’échangea
à coups de marteau alternatifs sur la paroi extérieure
entre les sinistrés et leurs sauveteurs. Et bientôt,
par le capot resté ouvert, pénétraient deux scaphan
driers, jusqu’à la chambre où l’air comprimé, refoulé
par les eaux, ne permettait plus guère qu’une heure de
sursis. Lorsque les deux scaphandriers eurent pénétré...
...dans cette chambre, où les hommes étaient dans l’eau jusqu’à la poitrine, iis dévissèrent leurs masques, et le
lieutenant reconnut avec stupeur son oncle, accompagné de son fidèle valet Triton : ec Le hasard a voulu, dit l’oncle
Nettunio, que tu viennes me retrouver dans mon royaume marin. Je vais t’en faire les honneurs ainsi qu’à tes
hommes, et j’espère vous trouver tous assez évolués pour préférer ce séjour à l’exil terrestre auquel sont encore
condamnés la plupart des humains. — Où se trouve ma cousine, demanda Pélage avec inquiétude ? —- Sois
tranquille, répondit le vieillard, elle nous attend dans la cité sous-marine, où je vais vous conduire, l’un
après l’autre, car je ne possède pas le nombre voulu d’appareils de scaphandres pour vous y amener tous
à la fois. » Le lieutenant eut bientôt le mot de l’énigme, fcf maniaque, seul avec l’aide de son dévoué Triton,
et grâce à sa grande fortune...
...avait depuis longtemps établi les plans d’une
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primé se renouvelait par la fabrication continue de
l’oxygène. Il l’avait fait établir en secret et immerger
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fournisseurs de l’Artiglio, par une profondeur de
trente mètres, en vue de son château. Il y avait
entraîné Amphitrite à sa suite, et tous trois y vivaient
depuis,.,, (Voir la suite page 2.)
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