Presse et revues
8 pages
Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1933-07-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 juillet 1933 30 juillet 1933
Description : 1933/07/30 (N1556). 1933/07/30 (N1556).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k963455z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/05/2013
N°1556
Hebdomadaire. — 31 e année
35 Centimes
. — 30 Juillet 1933
La Jeunesse illustrée
Olive Galéjade, le fils de Marius, causait sport avec quelques amis. « Le tour de
France cycliste 1 s’écria-t-il, mais c’est moi qui l’ai virtuellement gagné et c’est moi
qui ai presque tout le temps été détenteur réel du maillot jaune...! — Mais jamais ton
nom n’a paru comme coureur dans cette épreuve...! risqua un ami.. — Evidemment
bieng sûr ! » riposta Olive. Un concours inouï de circonstances... Ecoutez plutôt.
Vous saturez que Numa Bouligard, mon ami intime, était engagé pour l’épreuve;...
...j’avais assisté à son départ dans l’énorme peloton. Tout à coup, je m’aperçus
qu’il avait par mégarde, gardé dans son porte-monnaie mon ticket de retour à Mar
seille, en chemin de fer. Il me fallait rattraper Numa. Je louai une bécane et je me
mis a pédaler ferme. J’avais fait un détour pour éviter l’encombrement de la route et
je voulais aller atteindre le peloton des coureurs pour appeler Numa et ravoir mon
billet. Malheureusement, dans ma course vertigineuse, je soulevais...
...une telle poussière qu’au carrefour des Bergèi-es, je ne vis pas que je m’engageais
sur une route mauvaise. Un coup de vent ayant dissipé la poussière qui m’environnait,
je parcourus l’horizon du regard. Un paysan s’enquit de ce que je cherchais et m’indi
qua le chemin que parcourait le peloton des concurrents du tour. Je repartis. J’atteignis
la bifurcation qui m’avait fait tromper. Un coureur, assis sur le côté de la route,...
...me confirma le bon itinéraire.^ J’en ai assez, me dit-il. Je cale! Mais je ne peux pas
me balader en coureur, je serais ridicule, pour aller prendre le train. — Changez de
tenue avec moi, fis-je. » L’autre accepta, me passa costume et bicyclette. Il prit mon
complet, ma bécane de louage et me donna rendez-vous pour faire l’échange, le soir
même, à Paris. Moi, je repris ma course pour rattraper Numa.
J’avais troqué ma tenue contre celle du coureur fatigué pour me faufiler dans le
peloton des concurrents. En tenue de Tour de France, je ne risquais pas d’être évincé.
Au bout de quelques instants, je rattrapai les coureurs et je les dépassai après les
avoir examinés au passage. Malheureusement, comme ils avaient tous la tête penchée
sur leur guidon.'et qu’en outre, la poussière était gênante, je renonçai bien vite à
découvrir Numa sur la route. C’est ainsi qu’après un parcours de haut style, j’arrivai
à Caen (Calvados). J’avais fait...
.. .tellement vite que personne n’attendait encore les coureurs. J’allais pouvoir prendre
un bock, faire un tour et revenir guetter'mon Numa, au débotté. Mais un agent, qui
se trouvait près du contrôle, m’adressa force félicitations en me tendant le registre
pour y apposer mon nom. Machinalement, je traçai un paraphe illisible. « J’ai un pli
à envoyer au contrôle de Dinan, me dit l’agent. L’ennui, c’est que demain il sera trop
tard. Que faire ? — Conflez-le moi », dis-je. Et, reprenant la route, j’arrivais bientôt à
Dinan. « Bah!...
...m’étais-je dit : à Caen ou à Dinan, peu m’importe pour rattraper Numa. Et comme
je connais des amis à Dinan, les Bonicard, cela me donnera l’occasion de leur faire
une petite visite. C’était justement M. Bonicarc’ à qui le pli dont je m’étais chargé était
destiné. « Vous venez de Paris, me dit Mlle Bonicard, avec le Tour de France ? Merveil
leux! vous êtes en avance d’une étape 1 Permettez-moi de vous remettre un maillot
jaune, tricoté par moi, pour être offert au vainqueur de l’étape Caen-Dinan! » Ma foi,...
...j’ai accepté, j’ai revêtu le maillot jaune. Je passai la nuit chez les Bonicard et, dès
quatre heures du matin, j’étais au contrôle pour pouvoir guetter Numa à son arxivée,
quand une foule matinale, enthousiaste à la vue du maillot jaune, m’acclama! Mais
vous savez si j’ai hoiTeur des manifestations bruyantes. Je ne fis ni une ni deux :
j’enfourchai ma bécane et j’échappai ainsi à l’enthousiasme populaire. Je pris la
route de Brest pour aller, dans ce port de mer, troisième étape du tour, attendre...
...tranqxxillement Numa et reconquérir mon ticket de retour à Marseille. Mais voilà
qu’un fil de mon maillot jaune s’accrocha à ma roue arrière et, sentant une gêne dans
ma marche, je m’arrêtai et constatai que tout le tricot s’était défait et enroulé à ladite
roue! Ne plus arborer le maillot jaune me semblait une déchéance. D’autant que
j’espérais épater Numa. Je pris donc une chambre à l’auberge, le long de la route et
quand, le lendemain, je vis le peloton, je repris ma course et...
...fus tellement supérieur à tous, qu’au contrôle de Brest on me décerna un magni
fique maillot jaune. J’attendis en vain Numa, je passai la nuit à Brest et, le lendemain,
j’allai au contrôle m’enquérir de la venue de mon homme. Il n’avait pas rejoint
Brest, certainement, il avait renoncé! Alors, pour défendre la gloire de Marseille, je
décidai de me substituer à ce pauvre Numa. C’est ainsi que, lorsqu’on donna le départ»
je pris immédiatement la tête du peloton. Chose curieuse,... (Voir la suite p. 8.)
Hebdomadaire. — 31 e année
35 Centimes
. — 30 Juillet 1933
La Jeunesse illustrée
Olive Galéjade, le fils de Marius, causait sport avec quelques amis. « Le tour de
France cycliste 1 s’écria-t-il, mais c’est moi qui l’ai virtuellement gagné et c’est moi
qui ai presque tout le temps été détenteur réel du maillot jaune...! — Mais jamais ton
nom n’a paru comme coureur dans cette épreuve...! risqua un ami.. — Evidemment
bieng sûr ! » riposta Olive. Un concours inouï de circonstances... Ecoutez plutôt.
Vous saturez que Numa Bouligard, mon ami intime, était engagé pour l’épreuve;...
...j’avais assisté à son départ dans l’énorme peloton. Tout à coup, je m’aperçus
qu’il avait par mégarde, gardé dans son porte-monnaie mon ticket de retour à Mar
seille, en chemin de fer. Il me fallait rattraper Numa. Je louai une bécane et je me
mis a pédaler ferme. J’avais fait un détour pour éviter l’encombrement de la route et
je voulais aller atteindre le peloton des coureurs pour appeler Numa et ravoir mon
billet. Malheureusement, dans ma course vertigineuse, je soulevais...
...une telle poussière qu’au carrefour des Bergèi-es, je ne vis pas que je m’engageais
sur une route mauvaise. Un coup de vent ayant dissipé la poussière qui m’environnait,
je parcourus l’horizon du regard. Un paysan s’enquit de ce que je cherchais et m’indi
qua le chemin que parcourait le peloton des concurrents du tour. Je repartis. J’atteignis
la bifurcation qui m’avait fait tromper. Un coureur, assis sur le côté de la route,...
...me confirma le bon itinéraire.^ J’en ai assez, me dit-il. Je cale! Mais je ne peux pas
me balader en coureur, je serais ridicule, pour aller prendre le train. — Changez de
tenue avec moi, fis-je. » L’autre accepta, me passa costume et bicyclette. Il prit mon
complet, ma bécane de louage et me donna rendez-vous pour faire l’échange, le soir
même, à Paris. Moi, je repris ma course pour rattraper Numa.
J’avais troqué ma tenue contre celle du coureur fatigué pour me faufiler dans le
peloton des concurrents. En tenue de Tour de France, je ne risquais pas d’être évincé.
Au bout de quelques instants, je rattrapai les coureurs et je les dépassai après les
avoir examinés au passage. Malheureusement, comme ils avaient tous la tête penchée
sur leur guidon.'et qu’en outre, la poussière était gênante, je renonçai bien vite à
découvrir Numa sur la route. C’est ainsi qu’après un parcours de haut style, j’arrivai
à Caen (Calvados). J’avais fait...
.. .tellement vite que personne n’attendait encore les coureurs. J’allais pouvoir prendre
un bock, faire un tour et revenir guetter'mon Numa, au débotté. Mais un agent, qui
se trouvait près du contrôle, m’adressa force félicitations en me tendant le registre
pour y apposer mon nom. Machinalement, je traçai un paraphe illisible. « J’ai un pli
à envoyer au contrôle de Dinan, me dit l’agent. L’ennui, c’est que demain il sera trop
tard. Que faire ? — Conflez-le moi », dis-je. Et, reprenant la route, j’arrivais bientôt à
Dinan. « Bah!...
...m’étais-je dit : à Caen ou à Dinan, peu m’importe pour rattraper Numa. Et comme
je connais des amis à Dinan, les Bonicard, cela me donnera l’occasion de leur faire
une petite visite. C’était justement M. Bonicarc’ à qui le pli dont je m’étais chargé était
destiné. « Vous venez de Paris, me dit Mlle Bonicard, avec le Tour de France ? Merveil
leux! vous êtes en avance d’une étape 1 Permettez-moi de vous remettre un maillot
jaune, tricoté par moi, pour être offert au vainqueur de l’étape Caen-Dinan! » Ma foi,...
...j’ai accepté, j’ai revêtu le maillot jaune. Je passai la nuit chez les Bonicard et, dès
quatre heures du matin, j’étais au contrôle pour pouvoir guetter Numa à son arxivée,
quand une foule matinale, enthousiaste à la vue du maillot jaune, m’acclama! Mais
vous savez si j’ai hoiTeur des manifestations bruyantes. Je ne fis ni une ni deux :
j’enfourchai ma bécane et j’échappai ainsi à l’enthousiasme populaire. Je pris la
route de Brest pour aller, dans ce port de mer, troisième étape du tour, attendre...
...tranqxxillement Numa et reconquérir mon ticket de retour à Marseille. Mais voilà
qu’un fil de mon maillot jaune s’accrocha à ma roue arrière et, sentant une gêne dans
ma marche, je m’arrêtai et constatai que tout le tricot s’était défait et enroulé à ladite
roue! Ne plus arborer le maillot jaune me semblait une déchéance. D’autant que
j’espérais épater Numa. Je pris donc une chambre à l’auberge, le long de la route et
quand, le lendemain, je vis le peloton, je repris ma course et...
...fus tellement supérieur à tous, qu’au contrôle de Brest on me décerna un magni
fique maillot jaune. J’attendis en vain Numa, je passai la nuit à Brest et, le lendemain,
j’allai au contrôle m’enquérir de la venue de mon homme. Il n’avait pas rejoint
Brest, certainement, il avait renoncé! Alors, pour défendre la gloire de Marseille, je
décidai de me substituer à ce pauvre Numa. C’est ainsi que, lorsqu’on donna le départ»
je pris immédiatement la tête du peloton. Chose curieuse,... (Voir la suite p. 8.)
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