Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1933-07-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11188 Nombre total de vues : 11188
Description : 02 juillet 1933 02 juillet 1933
Description : 1933/07/02 (N1552). 1933/07/02 (N1552).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k963451f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/05/2013
N<> 1552 — 31 e année
2 Juillet 1933
3S' 1, Centimes
La Jeunesse illustrée
Comme la vie paraissait triste à Florestan, dans là petite! Sous-préfecture, perdue en
une lointaine province, où il étudiait la littérature! Elle était d’autant plus lugubre
qu’il lisait les journaux de Paris où l’on racontait la joyeuse existence des étudiante, au
quartier latin. Florestan y avait des amis : Rodolphe et Marcel, qui étudiaient, l’un
la littérature, l’autre la peinture. Leurs lettres étaient gaies, insouciantes. N’y tenant
plus, Elorestan laissa pousser sa barbe et ses cheveux, pour avoir l’air d’un vrai bohème,
prit toutes ses économies, fit le voyage en diligence et débarqua, un beau soir, chez ses
amis, rue Saint-Jacques. « Quel heureux hasard t’amène ? fit Marcel. —■ Eh bien,
chers amis, repartit Florestan, je veux, maintenant, être des vôtres!...
...Je m’étiolais, là-bas, eh province. N’ayant que fort peu d’argent, j’avais obtenu, pour
vivre, une place de maître d’étude au lycée de Beaune-la-Rolande. Mais voyez-vous ma
jeunesse se morfondre dans une prison scolaire? Non! je veux, moi aussi, mener la
joyeuse vie de bohème, comme vous! — Mais... de l’argent ?... insinua Marcel. — Eh! on en
trouve! et puis, on vit de chansons, de gaîté, s’enthousiasma Florestan, lyrique. Et comme
j’ai, sur moi, le montant de mes économies, je veux payer ma bienvenue. Mais j’ai assez
de ma tenue odieusement bourgeoise. Il est tard, les magasins sont fermés, Marcel, veux-tu
échanger tes habite avec les miens ? » Marcel consentit au troc et Florestan ne se sentit pas
d’aise quand il eut l’air d’un vrai bohème. « Qu’aviez-vous décidé de faire ce soir?...
...l’opulence (relative), cela leur conve
nait parfaitement. La troupe joyeuse
descendit donc la rue Saint-Jacques, en
chantant, en riant, en dansant. Flores
tan, ivre de liberté et de joie était...
P‘
réjouissantes et barytonnait même si fort,
que deux sergents de ville le prièrent de se
taire. Le jeune provincial avait peur de l’au
torité : aussi suggéra-t-il de se rendre au café
Guerbois, proposition qui remporta un suf-
rage unanime. « Garçon! hurla le nouveau
bohème, des liqueurs fortes! des vins fins...
...au provincial qu’en réalité, la vie d’étu
diant était fort pénible et précaire. La
proposition que leur fit Florestan les
combla d’aise. Aller au café, dîner de
hors et passer une soirée dans...
...s’enquit-il auprès de ses amis. — Ma foi,
rien! » répliqua Marcel, après’avoir lancé à Ro
dolphe un regard qui voulait en dire long. Et
la raison de cette réponse négative, c’est que
les deux jeunes gens n’avaient que quelques
sous vaillants. Mais comme, dans leurs lettres
à Florestan, ils ne parlaient que de vie joyeuse
et insouciante, ils eurent honte d’avouer...
...Marcel roula à terre : « Il est ivre-mort! » s’écria quelqu’un. Florestan entendit seulement
le second mot et, dans son ivresse, il eut une vision tragique : « Mort! mort! s’écria-t-il
en sanglotant, une congestion, sans doute! » Rodolphe qui était à jeun, eut l’idée d’utiliser
cette situation : « Malheureux! dit-il d’une voix blanche à Florestan, qu’as-tu fait? tu
l’as tué! La police va te rechercher! Mais dépiste-la. Va vite chez Anatole, le coiffeur, qui
est encore ouvert. Tu feras couper tes cheveux et ta barbe pour qu’on ne...
...comme s’il en pleuvait! ! buvez! mangez! c’est moi qui paye.» Florestan fit bien les choses.
Mais il buvait sec! et comme c’était la première fois de sa vie qu’il faisait comiaissance
avec les liqueurs fortes, il était bientôt abominablement gris, et se laissait aller aux
pires exagérations. Ayant remarqué que Marcel était sobre, il avait décidé de le faire
boue largement... et de le griser! Empoignant une bouteille pleine, il luienmitle
dans la bouche et le força à absorber du cognac à longs traite. L’effet fut radical et...
...te reconnaisse pas! Florestan suivit le conseil et courut chez Anatole. L’ivrogne s’assit
au fauteuil, devant la glace, demanda une coupe de cheveux et de barbe, puis, exténué,
s’assoupit. Rodolphe qui l’avait suivi de loin, pénétra à son tour, sur la pointe des pieds,
dans l’officine. Il fit signe/ à Anatole, qu’il connaissait, de lui céder sa place pour une farce.
Le coiffeur s’exécuta, Rodolphe baissa le gaz, prit un flacon de teinture et teignit en noir
d'ébène la chevelure fauve de son ami. Puis il modifia la coupe de cheveux et...
...de barbe et obtint ainsi le masque, ressemblant à s’y méprendre, de Marcel. Il céda alors
la place au coiffeur et sortit. Outre qu’il était gris, Florestan, qui était assez myope, ne vit
la reproduction de ses traite, dans la glace du coiffeur, que comme dans un brouillard.
Et l’apparition falote de celui dont il pensait avoir cause la mort, lui fit dresser les che
veux sur la tête. Il sortit de chez Anatole, en proie à une exaltation fébrile et se regarda
à nouveau dans la glace d une boutique. L’apparition fantomatique se présenta...
(Dessins S. PANIA.) (Voir la suite page 2.)
2 Juillet 1933
3S' 1, Centimes
La Jeunesse illustrée
Comme la vie paraissait triste à Florestan, dans là petite! Sous-préfecture, perdue en
une lointaine province, où il étudiait la littérature! Elle était d’autant plus lugubre
qu’il lisait les journaux de Paris où l’on racontait la joyeuse existence des étudiante, au
quartier latin. Florestan y avait des amis : Rodolphe et Marcel, qui étudiaient, l’un
la littérature, l’autre la peinture. Leurs lettres étaient gaies, insouciantes. N’y tenant
plus, Elorestan laissa pousser sa barbe et ses cheveux, pour avoir l’air d’un vrai bohème,
prit toutes ses économies, fit le voyage en diligence et débarqua, un beau soir, chez ses
amis, rue Saint-Jacques. « Quel heureux hasard t’amène ? fit Marcel. —■ Eh bien,
chers amis, repartit Florestan, je veux, maintenant, être des vôtres!...
...Je m’étiolais, là-bas, eh province. N’ayant que fort peu d’argent, j’avais obtenu, pour
vivre, une place de maître d’étude au lycée de Beaune-la-Rolande. Mais voyez-vous ma
jeunesse se morfondre dans une prison scolaire? Non! je veux, moi aussi, mener la
joyeuse vie de bohème, comme vous! — Mais... de l’argent ?... insinua Marcel. — Eh! on en
trouve! et puis, on vit de chansons, de gaîté, s’enthousiasma Florestan, lyrique. Et comme
j’ai, sur moi, le montant de mes économies, je veux payer ma bienvenue. Mais j’ai assez
de ma tenue odieusement bourgeoise. Il est tard, les magasins sont fermés, Marcel, veux-tu
échanger tes habite avec les miens ? » Marcel consentit au troc et Florestan ne se sentit pas
d’aise quand il eut l’air d’un vrai bohème. « Qu’aviez-vous décidé de faire ce soir?...
...l’opulence (relative), cela leur conve
nait parfaitement. La troupe joyeuse
descendit donc la rue Saint-Jacques, en
chantant, en riant, en dansant. Flores
tan, ivre de liberté et de joie était...
P‘
réjouissantes et barytonnait même si fort,
que deux sergents de ville le prièrent de se
taire. Le jeune provincial avait peur de l’au
torité : aussi suggéra-t-il de se rendre au café
Guerbois, proposition qui remporta un suf-
rage unanime. « Garçon! hurla le nouveau
bohème, des liqueurs fortes! des vins fins...
...au provincial qu’en réalité, la vie d’étu
diant était fort pénible et précaire. La
proposition que leur fit Florestan les
combla d’aise. Aller au café, dîner de
hors et passer une soirée dans...
...s’enquit-il auprès de ses amis. — Ma foi,
rien! » répliqua Marcel, après’avoir lancé à Ro
dolphe un regard qui voulait en dire long. Et
la raison de cette réponse négative, c’est que
les deux jeunes gens n’avaient que quelques
sous vaillants. Mais comme, dans leurs lettres
à Florestan, ils ne parlaient que de vie joyeuse
et insouciante, ils eurent honte d’avouer...
...Marcel roula à terre : « Il est ivre-mort! » s’écria quelqu’un. Florestan entendit seulement
le second mot et, dans son ivresse, il eut une vision tragique : « Mort! mort! s’écria-t-il
en sanglotant, une congestion, sans doute! » Rodolphe qui était à jeun, eut l’idée d’utiliser
cette situation : « Malheureux! dit-il d’une voix blanche à Florestan, qu’as-tu fait? tu
l’as tué! La police va te rechercher! Mais dépiste-la. Va vite chez Anatole, le coiffeur, qui
est encore ouvert. Tu feras couper tes cheveux et ta barbe pour qu’on ne...
...comme s’il en pleuvait! ! buvez! mangez! c’est moi qui paye.» Florestan fit bien les choses.
Mais il buvait sec! et comme c’était la première fois de sa vie qu’il faisait comiaissance
avec les liqueurs fortes, il était bientôt abominablement gris, et se laissait aller aux
pires exagérations. Ayant remarqué que Marcel était sobre, il avait décidé de le faire
boue largement... et de le griser! Empoignant une bouteille pleine, il luienmitle
dans la bouche et le força à absorber du cognac à longs traite. L’effet fut radical et...
...te reconnaisse pas! Florestan suivit le conseil et courut chez Anatole. L’ivrogne s’assit
au fauteuil, devant la glace, demanda une coupe de cheveux et de barbe, puis, exténué,
s’assoupit. Rodolphe qui l’avait suivi de loin, pénétra à son tour, sur la pointe des pieds,
dans l’officine. Il fit signe/ à Anatole, qu’il connaissait, de lui céder sa place pour une farce.
Le coiffeur s’exécuta, Rodolphe baissa le gaz, prit un flacon de teinture et teignit en noir
d'ébène la chevelure fauve de son ami. Puis il modifia la coupe de cheveux et...
...de barbe et obtint ainsi le masque, ressemblant à s’y méprendre, de Marcel. Il céda alors
la place au coiffeur et sortit. Outre qu’il était gris, Florestan, qui était assez myope, ne vit
la reproduction de ses traite, dans la glace du coiffeur, que comme dans un brouillard.
Et l’apparition falote de celui dont il pensait avoir cause la mort, lui fit dresser les che
veux sur la tête. Il sortit de chez Anatole, en proie à une exaltation fébrile et se regarda
à nouveau dans la glace d une boutique. L’apparition fantomatique se présenta...
(Dessins S. PANIA.) (Voir la suite page 2.)
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