Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1933-06-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11188 Nombre total de vues : 11188
Description : 11 juin 1933 11 juin 1933
Description : 1933/06/11 (N1549). 1933/06/11 (N1549).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k963448r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/05/2013
11 Juin 1933
N° 1549 — 31 e aimée
35 Centimes
La Jeunesse illustrée
ROvNi
Dans un pensionnat de jeune filles, à
Lyon, une nouvelle était arrivée. A son accent
méridional, les pensionnaires devinèrent une
Provençale. « Parfaitemaing ! fit la nouvelle.
Je suis des Bouches -du-Ronne ! Olivette
Galéjade, de Marseille, té! — Oh alors, tu
as entendu parler de la sardine qui...
...bouchait l’entrée du port de Marseille ?
firent les jeunes élèves, moqueuses. — Il
y a ezzagérationne, repartit Olivette: c'était
une baleine! » Et sortant une photo, elle
la montra en disant : « Elle n’a pas bou
ché le port de Marseille parce que je
l’avais pêchée avangue! Té! Regardez ! Me
voilà sur la
plage...
...des Calalarcgues avé la baleine capturée
} >ar moi! Il faut vous dire que je pêchais
e poissongue bien tranquillemain sur la
plage, quand, tout à coup, je sentis que
mon appât avait été mordu. Mais aux
secousses que je ressentais, je compris
que ça n’était pas un fretin, esquille ou
bien rascasse. Et
tout à coup,...
...j’aperçus une forme monstrueuse. C’était
une baleine, pas moinsse, qui avait happé
mon ver de terre! Il n’y avait, me direz-
vous, qu’à lâcher ligne et appât et à renon
cer à la capture de mon poissongue. Vé, je
n’y pensai pas une segonncle ! Je me cram
ponnai à mon roseau... et je fus entraînée...
...irrésistiblemain vers la mer. Ma ligne se brisa,
mais moi tenace, je saisis le bout de fil et ne
îe lâchai pas. Et alors, ma coquinnc de baleine,
ayant imprimé une saccade à mon fil, je fus
projetée comme la boule d’un bilboquet sur le
dos du monstre marein ! Vous dire que je fus
surprise où interloquée, vous ne me croiriez
pas! je retombai sur la peau huileuse...
...du cétacé sur lequel je m’assis, pour
me reposer un instang. Puis je me dis :
« La baleine, ça plonge toutes les cinq
minutes, après avoir pris de l’air à 1 ’essté-
rieur, puisque c’est un mammifère,...
...pas moinsse! Celui-là va repiquer une
tête et m’entraîner dans les profondeurs
marines... à moins que je l’en empêche,
toutefois. Et tout de suite, une idée me
vint : je bouchai avec mes deux mains,...
...les évents qui permettaient sa plongée. Un
peu suffoquée, la baleine se dit qu’elle
serait asphyxiée si elle plongeait à nouveau
et absorbait une eau dont elle ne pourrait
çlus se débarrasser, puisque ses évents
étaient bouchés. Elle décida donc de rester
en surface. Moi, je piquai dans la mer en
tenant...
...toujours le fil de ma ligne, fil auquel était
accrochée la baleine. J’atterris sur la plage
et je me mis à rendre du fil ou à tirer dessus,
selon que mon poisson (tue s’éloignait ou reve
nait vers moi. A la fin, ce manège épuisa
ma baleine qui ne se débattait plus que...
...mollemainl, ses soubressauts devinrent
moins rudes et, la marée basse survenant,
elle resta tout bêtement échouée sur la
plage! J’avoue que cette lutte giganntes-
que, livrée par la jeune fille que je suis,
contre le monstre marein,...
...m’avait légèrement fatiguée. Mais en
fin, j’avais eu le dernier mot et j’avais
empêché la baleine d : aller boucher l’entrée
du port de Marseille! Vé! Aussi, quand un
photographe de passage me proposa do
me tirer en portrait, j’asseptai. »
On se passa la photo de main en main.
Tout à coup, Cécile^ une des pensionnaires,
s’écria : « Oh! C’est vieux, cette photo, j’en ai
une épreuve, mais tirée par mon cousin qui
voyageait cet été. Seulement, lui, il l’a prise
dans l’autre sens...
.. La voici!,— Olivette, ma chère, tu t’es moquée de nous.
Tu avais pris un poisson ordinaire. Ton photographe ayant
placé son objectif presque sur le poisson l’a tiré géant,
et toi, plus éloignée, toute petite. Mon cousin, lui, t’a
photographiée très grande et ton poisson, plus éloigné,
tout petit. — Eh ! fit Olivette avec aplomb, attendez !
Je n’ai pas fini mon récit. Brisée de fatigue, j’ai bâillé....
...Le bâillement est communicatif, la baleine, aussi, elle a bâillé,
pas moinsse ! Et de sa gueule s’est échappé le petit poisson qu’elle
avait happé et qui tenait mon appât! Elle, la baleine, la marée hotte
l’avait emportée quand les photographes m’ont prise, chacun de
son côté. Et voilà, péchère ! » Mais Cécile était vraiment d’une
humeur contrariante. « Tu dis que la baleine avait été déposée sur
la plage par la marée basse et emportée par la marée haute ?
— Parfaitemaing,jeledissel...—Eh bien, à Marseille,
il n’y a pas de marées ! — Té, où avais-jc la tête, fit Oli
vette, je disais Marseille et c’était à Toulongue ! —Mais,
nigaude, Toulon aussi est sur la Méditerranée, mer qui
n’a pas de marées! — Eh! Comment voulez-vous que
je sache, abdiqua la menteuse, j’ai quitté Marseille à
six mois et j’ai toujours vécu à Draguignannel »
N° 1549 — 31 e aimée
35 Centimes
La Jeunesse illustrée
ROvNi
Dans un pensionnat de jeune filles, à
Lyon, une nouvelle était arrivée. A son accent
méridional, les pensionnaires devinèrent une
Provençale. « Parfaitemaing ! fit la nouvelle.
Je suis des Bouches -du-Ronne ! Olivette
Galéjade, de Marseille, té! — Oh alors, tu
as entendu parler de la sardine qui...
...bouchait l’entrée du port de Marseille ?
firent les jeunes élèves, moqueuses. — Il
y a ezzagérationne, repartit Olivette: c'était
une baleine! » Et sortant une photo, elle
la montra en disant : « Elle n’a pas bou
ché le port de Marseille parce que je
l’avais pêchée avangue! Té! Regardez ! Me
voilà sur la
plage...
...des Calalarcgues avé la baleine capturée
} >ar moi! Il faut vous dire que je pêchais
e poissongue bien tranquillemain sur la
plage, quand, tout à coup, je sentis que
mon appât avait été mordu. Mais aux
secousses que je ressentais, je compris
que ça n’était pas un fretin, esquille ou
bien rascasse. Et
tout à coup,...
...j’aperçus une forme monstrueuse. C’était
une baleine, pas moinsse, qui avait happé
mon ver de terre! Il n’y avait, me direz-
vous, qu’à lâcher ligne et appât et à renon
cer à la capture de mon poissongue. Vé, je
n’y pensai pas une segonncle ! Je me cram
ponnai à mon roseau... et je fus entraînée...
...irrésistiblemain vers la mer. Ma ligne se brisa,
mais moi tenace, je saisis le bout de fil et ne
îe lâchai pas. Et alors, ma coquinnc de baleine,
ayant imprimé une saccade à mon fil, je fus
projetée comme la boule d’un bilboquet sur le
dos du monstre marein ! Vous dire que je fus
surprise où interloquée, vous ne me croiriez
pas! je retombai sur la peau huileuse...
...du cétacé sur lequel je m’assis, pour
me reposer un instang. Puis je me dis :
« La baleine, ça plonge toutes les cinq
minutes, après avoir pris de l’air à 1 ’essté-
rieur, puisque c’est un mammifère,...
...pas moinsse! Celui-là va repiquer une
tête et m’entraîner dans les profondeurs
marines... à moins que je l’en empêche,
toutefois. Et tout de suite, une idée me
vint : je bouchai avec mes deux mains,...
...les évents qui permettaient sa plongée. Un
peu suffoquée, la baleine se dit qu’elle
serait asphyxiée si elle plongeait à nouveau
et absorbait une eau dont elle ne pourrait
çlus se débarrasser, puisque ses évents
étaient bouchés. Elle décida donc de rester
en surface. Moi, je piquai dans la mer en
tenant...
...toujours le fil de ma ligne, fil auquel était
accrochée la baleine. J’atterris sur la plage
et je me mis à rendre du fil ou à tirer dessus,
selon que mon poisson (tue s’éloignait ou reve
nait vers moi. A la fin, ce manège épuisa
ma baleine qui ne se débattait plus que...
...mollemainl, ses soubressauts devinrent
moins rudes et, la marée basse survenant,
elle resta tout bêtement échouée sur la
plage! J’avoue que cette lutte giganntes-
que, livrée par la jeune fille que je suis,
contre le monstre marein,...
...m’avait légèrement fatiguée. Mais en
fin, j’avais eu le dernier mot et j’avais
empêché la baleine d : aller boucher l’entrée
du port de Marseille! Vé! Aussi, quand un
photographe de passage me proposa do
me tirer en portrait, j’asseptai. »
On se passa la photo de main en main.
Tout à coup, Cécile^ une des pensionnaires,
s’écria : « Oh! C’est vieux, cette photo, j’en ai
une épreuve, mais tirée par mon cousin qui
voyageait cet été. Seulement, lui, il l’a prise
dans l’autre sens...
.. La voici!,— Olivette, ma chère, tu t’es moquée de nous.
Tu avais pris un poisson ordinaire. Ton photographe ayant
placé son objectif presque sur le poisson l’a tiré géant,
et toi, plus éloignée, toute petite. Mon cousin, lui, t’a
photographiée très grande et ton poisson, plus éloigné,
tout petit. — Eh ! fit Olivette avec aplomb, attendez !
Je n’ai pas fini mon récit. Brisée de fatigue, j’ai bâillé....
...Le bâillement est communicatif, la baleine, aussi, elle a bâillé,
pas moinsse ! Et de sa gueule s’est échappé le petit poisson qu’elle
avait happé et qui tenait mon appât! Elle, la baleine, la marée hotte
l’avait emportée quand les photographes m’ont prise, chacun de
son côté. Et voilà, péchère ! » Mais Cécile était vraiment d’une
humeur contrariante. « Tu dis que la baleine avait été déposée sur
la plage par la marée basse et emportée par la marée haute ?
— Parfaitemaing,jeledissel...—Eh bien, à Marseille,
il n’y a pas de marées ! — Té, où avais-jc la tête, fit Oli
vette, je disais Marseille et c’était à Toulongue ! —Mais,
nigaude, Toulon aussi est sur la Méditerranée, mer qui
n’a pas de marées! — Eh! Comment voulez-vous que
je sache, abdiqua la menteuse, j’ai quitté Marseille à
six mois et j’ai toujours vécu à Draguignannel »
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