Presse et revues
8 pages
Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1931-11-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11188 Nombre total de vues : 11188
Description : 08 novembre 1931 08 novembre 1931
Description : 1931/11/08 (N1466). 1931/11/08 (N1466).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k963344x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/05/2013
—p-
If® 1466 — 29® Année
35 Centimes
8 Novembre 1931
La Jeunesse illustrée
AUTOMATIC’ RESTAURANT, par S. PANIA
Saturnin Chabreloche est un commerçant à Y esprit
bien moderne. Son Automatic Restaurant va être la
curiosité de la sous-prélecture de Pourre-sur- Alaure.
L'établissement placé a côté de la mairie, non loin
de i hôtel des Postes et tout près des bureaux de l'En
registrement et du Timbre va permettre à tous les
employés de ces diverses institutions, de prendre
rapidement leur repas du midi.
...un verre de sa boisson préférée : de la gentiane
coupée d’eau. Jules Loupar trouva la plaisanterie
mauvaise. Il escomptait un pourboire important en plus
d’un verre. Et comme il a l'esprit tout à la fois vindi
catif et farceur le peintre en étiquettes a décidé d'en
faire une bonne. Pendant que Saturnin Chabreloche
s'empresse auprès de M. le maire qui vient étrenner
l'établissement il intervertit l'ordre des étiquettes.
La salle de consommation est large, claire, bien
aérée. Il suffît d'acheter, à la caisse, un certain nombre
de jetons métalliques. Désirez-vous manger une
pomme à l’anglaise ? vous vous placez devant l'éti
quette indiquant « pommes à l'anglaise »; dans la
! >etite fente ad hoc, vous glissez le nombre de jetons
ndiqués, vous tendez la main et vous recevez la
pomme à l’anglaise souhaitée.
Tout était prêt pour l’inauguration de VAutomatic 1
Restaurant, sauf les étiquettes indiquant le nom des
plats, mais, stimulé par les exhortations de Saturnin
Chabreloche, Jules Loupar, le peintre en étiquettes,
arriva à terminer son travail pour l’heure de rouver-
ture. «[Prenez-vous un verre, mon brave ? » lui demanda
Saturnin. Et sur l’acceptation du peintre, le patron
lui lit boire...
Muni de jetons offerts gracieusement par la direc
tion, M. le maire est amené par le patron devant les
distributeurs automatiques. « Qu’est-ce que monsieur
le maire va vouloir déguster? fait obligeamment
Saturnin Chabreloche. Qu’est-ce que monsieur le
maire dirait d'une côte de veau ? Quatre jetons dans la
fente et voilà la côte de veau demandée 1... Mais la
côte de veau...
...c’est peut-être un peu sec. Voyons... une sauce
Périgueux, c'est l'accompagnement tout indiqué de
la côte de veau. La nôtre est particulièrement soignée,
riche en petites lamelles de truffes, brune à souhait 1
un velours 1 Voyons 1 une sauce Périgueux, unel
1 jeton dans la rainure placée sous l’étiquette « sauce
Périgueux », vous tendez votre assiette et sur votre
côte de veau,...
...la sauce Périgueux onctueuse et veloutée, vient
enrober, sï |*ose dire la chair dorée et craquelante de
la côte déjà citée. Maintenant, monsieur le maire
prendra bien, • comme accompagnement, une petite
salade. En ce moment, la laitue est tout à fait moel
leuse. Une laitue: deux jetons! boumI voilà le cœur
tendre comme la rosée de la laitue I...
...mais votre laitue, monsieur le maire, n'est pas
assaisonnée. C’est tout juste : il y a des clients qui
l'aiment très vinaigrée, d'autres presque pas. Aussi
avons-nous un distributeur spécial d'assaisonnement.
Quelque chose de tout à fait raffiné, c'est l'adjonction
d’une sauce mayonnaise. Cela donne à la salade un
onctueux.... Une sauce mayonnaise : un jeton!...
...Maintenant, s! monsieur le maire veut venir déguster
sa côte de veau Périgueux et sa salade mayonnaise
sur les petites tables placées à l’usage des consom
mateurs, nous allons prendre, en passant, une crème
au chocolat et monsieur le maire va me dire ce qu’il
pense de ma cuisi... Mais quoi ? Qu’a donc monsieur
le maire ?... » M. le maire...
...n a pas pu conserver dans sa bouche ce qu’il venait
, y mettre. La côte de veau était enrobée non de
sauce périgueux mais de crème au chocolat. Quant à la
s >iade c'est de crème à la vanille qu'elle est assai
sonnée au heu de mayonnaise. La crcine au chocolat
prise par le patron, c'est de 1a moutarde. Et tout
ueia, c est dû à Jules Loupar..,
...qui profitant de ce que le patron allait'recevoir
M. i6 maire, a Interverti les étiquettes. Aussitôt qu'il
volt sa tarcc réussie, Loupar remet les dites étiquettes
en place. Mais Saturnin Chabreloche a vu îe geste. Au
fond, il n'a que ce qu’il mérite. Il devait à Loupar
je pourboire promis. Mais comme il a l'esprit de riposte,
il va à 1 office, dit un mot au sommelier et revient.
Tenez,.,.
...mon brave, fait-il à^oupar, voici quatre jetons
buvez donc à ma santé un verre de champagne. »
Jules aime le champagne, il glisse les quatre jetons
dans la rainure... et reçoit en plein dans l’œil, un bou
chon violemment projeté. « Notre champagne est un
peu seci fait Saturnin Chabreloche. Vous en boirez
une autre fois. Tenez, voilà votre pourboire et
adieu i •
If® 1466 — 29® Année
35 Centimes
8 Novembre 1931
La Jeunesse illustrée
AUTOMATIC’ RESTAURANT, par S. PANIA
Saturnin Chabreloche est un commerçant à Y esprit
bien moderne. Son Automatic Restaurant va être la
curiosité de la sous-prélecture de Pourre-sur- Alaure.
L'établissement placé a côté de la mairie, non loin
de i hôtel des Postes et tout près des bureaux de l'En
registrement et du Timbre va permettre à tous les
employés de ces diverses institutions, de prendre
rapidement leur repas du midi.
...un verre de sa boisson préférée : de la gentiane
coupée d’eau. Jules Loupar trouva la plaisanterie
mauvaise. Il escomptait un pourboire important en plus
d’un verre. Et comme il a l'esprit tout à la fois vindi
catif et farceur le peintre en étiquettes a décidé d'en
faire une bonne. Pendant que Saturnin Chabreloche
s'empresse auprès de M. le maire qui vient étrenner
l'établissement il intervertit l'ordre des étiquettes.
La salle de consommation est large, claire, bien
aérée. Il suffît d'acheter, à la caisse, un certain nombre
de jetons métalliques. Désirez-vous manger une
pomme à l’anglaise ? vous vous placez devant l'éti
quette indiquant « pommes à l'anglaise »; dans la
! >etite fente ad hoc, vous glissez le nombre de jetons
ndiqués, vous tendez la main et vous recevez la
pomme à l’anglaise souhaitée.
Tout était prêt pour l’inauguration de VAutomatic 1
Restaurant, sauf les étiquettes indiquant le nom des
plats, mais, stimulé par les exhortations de Saturnin
Chabreloche, Jules Loupar, le peintre en étiquettes,
arriva à terminer son travail pour l’heure de rouver-
ture. «[Prenez-vous un verre, mon brave ? » lui demanda
Saturnin. Et sur l’acceptation du peintre, le patron
lui lit boire...
Muni de jetons offerts gracieusement par la direc
tion, M. le maire est amené par le patron devant les
distributeurs automatiques. « Qu’est-ce que monsieur
le maire va vouloir déguster? fait obligeamment
Saturnin Chabreloche. Qu’est-ce que monsieur le
maire dirait d'une côte de veau ? Quatre jetons dans la
fente et voilà la côte de veau demandée 1... Mais la
côte de veau...
...c’est peut-être un peu sec. Voyons... une sauce
Périgueux, c'est l'accompagnement tout indiqué de
la côte de veau. La nôtre est particulièrement soignée,
riche en petites lamelles de truffes, brune à souhait 1
un velours 1 Voyons 1 une sauce Périgueux, unel
1 jeton dans la rainure placée sous l’étiquette « sauce
Périgueux », vous tendez votre assiette et sur votre
côte de veau,...
...la sauce Périgueux onctueuse et veloutée, vient
enrober, sï |*ose dire la chair dorée et craquelante de
la côte déjà citée. Maintenant, monsieur le maire
prendra bien, • comme accompagnement, une petite
salade. En ce moment, la laitue est tout à fait moel
leuse. Une laitue: deux jetons! boumI voilà le cœur
tendre comme la rosée de la laitue I...
...mais votre laitue, monsieur le maire, n'est pas
assaisonnée. C’est tout juste : il y a des clients qui
l'aiment très vinaigrée, d'autres presque pas. Aussi
avons-nous un distributeur spécial d'assaisonnement.
Quelque chose de tout à fait raffiné, c'est l'adjonction
d’une sauce mayonnaise. Cela donne à la salade un
onctueux.... Une sauce mayonnaise : un jeton!...
...Maintenant, s! monsieur le maire veut venir déguster
sa côte de veau Périgueux et sa salade mayonnaise
sur les petites tables placées à l’usage des consom
mateurs, nous allons prendre, en passant, une crème
au chocolat et monsieur le maire va me dire ce qu’il
pense de ma cuisi... Mais quoi ? Qu’a donc monsieur
le maire ?... » M. le maire...
...n a pas pu conserver dans sa bouche ce qu’il venait
, y mettre. La côte de veau était enrobée non de
sauce périgueux mais de crème au chocolat. Quant à la
s >iade c'est de crème à la vanille qu'elle est assai
sonnée au heu de mayonnaise. La crcine au chocolat
prise par le patron, c'est de 1a moutarde. Et tout
ueia, c est dû à Jules Loupar..,
...qui profitant de ce que le patron allait'recevoir
M. i6 maire, a Interverti les étiquettes. Aussitôt qu'il
volt sa tarcc réussie, Loupar remet les dites étiquettes
en place. Mais Saturnin Chabreloche a vu îe geste. Au
fond, il n'a que ce qu’il mérite. Il devait à Loupar
je pourboire promis. Mais comme il a l'esprit de riposte,
il va à 1 office, dit un mot au sommelier et revient.
Tenez,.,.
...mon brave, fait-il à^oupar, voici quatre jetons
buvez donc à ma santé un verre de champagne. »
Jules aime le champagne, il glisse les quatre jetons
dans la rainure... et reçoit en plein dans l’œil, un bou
chon violemment projeté. « Notre champagne est un
peu seci fait Saturnin Chabreloche. Vous en boirez
une autre fois. Tenez, voilà votre pourboire et
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