Presse et revues
8 pages
Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1931-08-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11188 Nombre total de vues : 11188
Description : 30 août 1931 30 août 1931
Description : 1931/08/30 (N1456). 1931/08/30 (N1456).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9633035
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/06/2013
N° 1456 — 29® Année
35 Centimes
30 Août 1931
La Jeunesse illustrée
DRAMATIQUE TRAVERSÉE, par JUD
Le 13 juin 1856, le voilier américain Neptune’s Car
(Le Char de Neptune) avait quitté Sydney à desti
nation de San Francisco. Outre son commandant,
M. Patten, l'équipage comprenait un lieutenant,
M. Brown, un « maître », M. Dickson, et une douzaine
de matelots, de nationalités diverses. Mrs Patten,
qui avait été passer quelques mois chez sa sœur,
mariée à un éleveur de la Nouvelle Galles du Sud,
accompagnait son mari.
La cargaison se composait en totalité de laine
d'Australie; mais, le jour même de l’appareillage,
deux hommes étaient venus apporter au capitaine
une caisse métallique soigneusement cadenassée, que
M. Patten avait aussitôt enfermée sous triple verrou
dans le coffre de sa cabine. Ces précautions inusitées
avaient naturellement éveillé la curiosité de l’équipage
et une légende n'avait pas tardé à se créer, suivant
laquelle...
...le mystérieux colis devait contenir soit de l’or,
soit des pierres précieuses. Or, si la majorité des mate
lots du Neptune’s Car étaient de braves gens, il y
avait néanmoins dans le nombre trois ou quatre gail
lards sujets à -caution et qui n'attendaient qu’une
occasion pour faire un mauvais coup. Cette occasion,
le lieutenant Brown se chargea de la faire naître : il
détestait son commandant...
...avec qui il s'était déjà plusieurs fois violemment
disputé et qui lui avait annoncé son intention de le
faire congédier par les armateurs dès l’arrivée à San
Francisco. Le second officier s’aboucha avec les
matelots qui lui parurent susceptibles d'entrer dans
ses vues. Après d’assez longs pourparlers, les misé
rables finirent par se mettre d’accord. Il fut convenu
que Brown, qui mangeait à la table du capitaine,...
...en compagnie de Dickson, empoisonnerait Mr et
Mrs Patten, ainsi que le maître d’équipage, qu’on
savait tout dévoué au commandant. Une fois debar
rassés de Pétnt-major, les conjurés se faisaient forts
de mater la résistance possible de leurs camarades.
Ils se partageraient le contenu de la caisse mysté
rieuse, iraient vendre la cargaison quelque part en
Amérique du Sud, et, par la suite,...
au commerce des
esclaves, sans négliger la piraterie, trafic plus, fruc
tueux encore... Quand Ici
P. 1
g»)
Quand leurs dispositions furent
arrêtées dans tous leurs détails, les mutins ne tardèrent
Ê as un instant à agir. Le 20 juillet, à l’heure du souper,
rown versa dans la bouteille de vin destinée à la
table du commandant une pincée d’une poudre
brune qu'il avait acheté à un sorcier Indigène lors...
foudroyant. Un incident imprévu vint contrarier les
plans du gredin. La sœur de Mrs Patten lui avait donné
un petit singe auquel la femme du capitaine tenait
beaucoup et qu’elle gâtait outrageusement. A peine la
bouteille de vin eut-elle été posée sur la table que le
quadrumane, à qui tout était permis, s’en empara pres
tement et en avala quelques gorgées. Tout aussitôt,...
...11 poussa un cri plaintif, laissa échapper la lioutcille
qui se brisa ; le pauvre animal se roula convulsivement
sur le pont et se raidit enfin dans une terrifiante immo
bilité. « Voilà qui est étrange I » murmura le capitaine.
Et ses regards soupçonneux firent le tour de la table.
La contenance hypocrite de Brown fut pour M. Patten
un trait de lumière. « Misérable! gronda-t-il, c’est vous
qui avez tenté de nous empoisonner. »
Se voyant démasqué, le lieutenant saisit son revol
ver et tira précipitamment sur son chef en criant :
« A moi, les amis! » Mais Mrs Patten avait prévu le
geste meurtrier et avait relevé le bras du criminel.
La balle, qui aurait dû frapper le capitaine en pleine
f ioitrine, ne fit que lui labourer le sommet du crâne,
ui causant cependant une blessure assez dangereuse;
il perdit connaissance et...
'affala sur le pont. Dickson n’étalt pas demeuré
spectateur inactif du drame. Au moment où l’assassin,
fou de rage, dirigeait le canon de son arme vers
Mrs Patten, il lui sauta à la gorge, l’étrangla d’une
r ligne solide, le renversa sur le plancher et appela
1 aide. Voyant que leurs affaires menaçaient de
prendre mauvaise tournure, les complices de Brown
ugèrent plus prudent de ne pas se compromettre et...
r.
...restèrent sagement à leur poste, comme s'ils n’avaient
rien entendu, tandis que leurs camarades, accourant
bravement à la rescousse, aidaient le maître d'équi
page à ligoter le criminel. Pendant que deux matelots
transportaient le lieutenant dans sa cabine, le ligo
taient sur son cadre et le gardaient à vue, on s’em
pressa auprès de l'infortuné commandant. Sous
l’influence des soins qui lui furent prodigués,...
...il ne tarda pas à reprendre connaissance; mais à
peine eut-il ouvert les yeux qu’il demanda d’une voix
mal assurée : « Où suis-je?... Qu’est-il arrivé? » Sa
femme lui raconta brièvement les péripéties qui
s’étalent déroulées depuis le moment où il avait été
frappé. « Mais, reprit le blessé, comment se fait-il
que tout soit noir autour de nous ?...
(Voir la suite page 2.)
35 Centimes
30 Août 1931
La Jeunesse illustrée
DRAMATIQUE TRAVERSÉE, par JUD
Le 13 juin 1856, le voilier américain Neptune’s Car
(Le Char de Neptune) avait quitté Sydney à desti
nation de San Francisco. Outre son commandant,
M. Patten, l'équipage comprenait un lieutenant,
M. Brown, un « maître », M. Dickson, et une douzaine
de matelots, de nationalités diverses. Mrs Patten,
qui avait été passer quelques mois chez sa sœur,
mariée à un éleveur de la Nouvelle Galles du Sud,
accompagnait son mari.
La cargaison se composait en totalité de laine
d'Australie; mais, le jour même de l’appareillage,
deux hommes étaient venus apporter au capitaine
une caisse métallique soigneusement cadenassée, que
M. Patten avait aussitôt enfermée sous triple verrou
dans le coffre de sa cabine. Ces précautions inusitées
avaient naturellement éveillé la curiosité de l’équipage
et une légende n'avait pas tardé à se créer, suivant
laquelle...
...le mystérieux colis devait contenir soit de l’or,
soit des pierres précieuses. Or, si la majorité des mate
lots du Neptune’s Car étaient de braves gens, il y
avait néanmoins dans le nombre trois ou quatre gail
lards sujets à -caution et qui n'attendaient qu’une
occasion pour faire un mauvais coup. Cette occasion,
le lieutenant Brown se chargea de la faire naître : il
détestait son commandant...
...avec qui il s'était déjà plusieurs fois violemment
disputé et qui lui avait annoncé son intention de le
faire congédier par les armateurs dès l’arrivée à San
Francisco. Le second officier s’aboucha avec les
matelots qui lui parurent susceptibles d'entrer dans
ses vues. Après d’assez longs pourparlers, les misé
rables finirent par se mettre d’accord. Il fut convenu
que Brown, qui mangeait à la table du capitaine,...
...en compagnie de Dickson, empoisonnerait Mr et
Mrs Patten, ainsi que le maître d’équipage, qu’on
savait tout dévoué au commandant. Une fois debar
rassés de Pétnt-major, les conjurés se faisaient forts
de mater la résistance possible de leurs camarades.
Ils se partageraient le contenu de la caisse mysté
rieuse, iraient vendre la cargaison quelque part en
Amérique du Sud, et, par la suite,...
au commerce des
esclaves, sans négliger la piraterie, trafic plus, fruc
tueux encore... Quand Ici
P. 1
g»)
Quand leurs dispositions furent
arrêtées dans tous leurs détails, les mutins ne tardèrent
Ê as un instant à agir. Le 20 juillet, à l’heure du souper,
rown versa dans la bouteille de vin destinée à la
table du commandant une pincée d’une poudre
brune qu'il avait acheté à un sorcier Indigène lors...
foudroyant. Un incident imprévu vint contrarier les
plans du gredin. La sœur de Mrs Patten lui avait donné
un petit singe auquel la femme du capitaine tenait
beaucoup et qu’elle gâtait outrageusement. A peine la
bouteille de vin eut-elle été posée sur la table que le
quadrumane, à qui tout était permis, s’en empara pres
tement et en avala quelques gorgées. Tout aussitôt,...
...11 poussa un cri plaintif, laissa échapper la lioutcille
qui se brisa ; le pauvre animal se roula convulsivement
sur le pont et se raidit enfin dans une terrifiante immo
bilité. « Voilà qui est étrange I » murmura le capitaine.
Et ses regards soupçonneux firent le tour de la table.
La contenance hypocrite de Brown fut pour M. Patten
un trait de lumière. « Misérable! gronda-t-il, c’est vous
qui avez tenté de nous empoisonner. »
Se voyant démasqué, le lieutenant saisit son revol
ver et tira précipitamment sur son chef en criant :
« A moi, les amis! » Mais Mrs Patten avait prévu le
geste meurtrier et avait relevé le bras du criminel.
La balle, qui aurait dû frapper le capitaine en pleine
f ioitrine, ne fit que lui labourer le sommet du crâne,
ui causant cependant une blessure assez dangereuse;
il perdit connaissance et...
'affala sur le pont. Dickson n’étalt pas demeuré
spectateur inactif du drame. Au moment où l’assassin,
fou de rage, dirigeait le canon de son arme vers
Mrs Patten, il lui sauta à la gorge, l’étrangla d’une
r ligne solide, le renversa sur le plancher et appela
1 aide. Voyant que leurs affaires menaçaient de
prendre mauvaise tournure, les complices de Brown
ugèrent plus prudent de ne pas se compromettre et...
r.
...restèrent sagement à leur poste, comme s'ils n’avaient
rien entendu, tandis que leurs camarades, accourant
bravement à la rescousse, aidaient le maître d'équi
page à ligoter le criminel. Pendant que deux matelots
transportaient le lieutenant dans sa cabine, le ligo
taient sur son cadre et le gardaient à vue, on s’em
pressa auprès de l'infortuné commandant. Sous
l’influence des soins qui lui furent prodigués,...
...il ne tarda pas à reprendre connaissance; mais à
peine eut-il ouvert les yeux qu’il demanda d’une voix
mal assurée : « Où suis-je?... Qu’est-il arrivé? » Sa
femme lui raconta brièvement les péripéties qui
s’étalent déroulées depuis le moment où il avait été
frappé. « Mais, reprit le blessé, comment se fait-il
que tout soit noir autour de nous ?...
(Voir la suite page 2.)
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