Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1931-08-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 août 1931 09 août 1931
Description : 1931/08/09 (N1453). 1931/08/09 (N1453).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k963301d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/06/2013
No 1453 — 29® Année
9 Août 1931
35 Centimes, (
La Jeunesse illustrée
Vers »e mois de mai 1876, dans la région du haut
Ogooué, au pays des Pahouins, deux chasseurs
blancs, et leurs serviteurs indigènes, parcouraient
la forêt équatoriale, à la recherche d’un gibier de
choix. Une troupe d’éléphants avait récemment
dévasté les plantations des noirs. * 11 importe, disait
le chef blanc à ses hommes, de frapper l’imagination
de ces Pahouins, encore mal disposés pour nous...
...Nos prouesses de chasse les intimideront en leur montrant le pouvoir redoutable de nos armes. Elles les
séduiront aussi eh leur faisant voir tout le parti qu’ils peuvent tirer de notre aide et de la protection de la
France. » Sur son ordre, les chasseurs se séparèrent en deux groupes : le docteur Ballay s’éloigna avec un
laptot, et lui-même restait avec l’interprète Diétuma, de façon à prendre entre deux feux un énorme éléphant
qui, déjà, donnait certains signes d’inquiétude. « Garde à vous, monsieur de Brazza 1 cria soudain l'inter
prète, ranimai fond sur vous 1 » Le chef blanc épaula et pressa sur la gâchette de sa carabine. Il s’aperçut
alors qu’il avait oublié de la charger. Mais, au même moment, deux coups de fusil partaient de deux côtés
différents, et le monstre tombait foudroyé.
facilement anéanti. Le chef Mainiaca, dont M. de
Brazza et scs compagnons étaient en ce moment les
hôtes, étaient cette fois accompagnés de Naaman,
chef de Bingimili, dont la protection seule pouvait
assurer à 1a mission la suite du voyage dans la haute
vallée. Les blancs jugèrent que le moment était
décisif...
...avant d’être atteint par nos balles la conquête du
haut Ogooué eût été, du coup, fort compromise.
— S’il est parfois si distrait, répondit Marche, c’est
qu’il se laisse souvent détourner des contingences
matérielles par l’idée fixe du but à atteindre. Songeant
nuit et jour à doter la France d’un vaste empire
africain, il lui arrive parfois d’oublier de charger sa
carabine. »
Sa qualité de Français récemment acquise, lui
enlevait le grade obtenu par un service de six années.
Mais de Brazza ne se laissa pas décourager. Un
moyen lui restait d’arriver à réaliser de nouveau scs
rêves d’exploration : c’était de passer l’examen de
capitaine au long cours. Ce titre une fois obtenu lui
donnait droit à une nomination d’enseigne auxiliaire.
U put commencer ses préparatifs de voyage...
...pour convoquer les chefs à une palabre solennelle,
en profitant de l’effet produit. M. de Brazza se pré
senta en tenant d’une main un ballot de marchan
dises, et de l’autre, une balle de fusil : « Le blanc,
dit-il, a deux mains : l’une, pleine de cadeaux pour
scs amis, l’autre, qui foudroie scs ennemis. Nous
allons remonter le fleuve, soit en convoquant les
riverains à des échanges avantageux pour eux, soit,
s’il y a lieu, en balayant les rives,...
n en avait toujours été ainsi; déjà au collège de
l’observatoire à Rome, le père Secchi avait eu à
réprimander maintes fois l’élève Savorgnan de Brazza,
qui entremêlait ses traductions de Cornélius Nepos
et de Cicéron de récits de voyages, où le capitaine
Cook et Dumont-Durville faisaient une apparition inat-
tendue au milieu des héros de l’antiquitéI L’amiral
français de Montaignac,...
Scs camarades plaisantaient volontiers son enthou
siasme, et l’avaient représenté en costume de Tar-
tarin, prisonnier des Pahouins, qui se préparaient à
le faire bouillir dans une gigantesque marmite. « Je
suis trop maigre, leur dit-il. pour être mangé, et les
cannibales me trouveront l’aspect trop coriace pour
avoir seulement envie de me goûter. » Enfin, grâces
...avec le feu de nos armes, qui tirent toujours
et tuent de si loin. » Cette harangue énergique eut
un plein succès : c’était la route du haut Ogooué,
jusqu’alors fermée aux blancs, qui s’ouvrait libre
devant M. de Brazza et ses compagnons. L’explorateur
avait su profiter de l’impression profonde produite par
les prouesses des chasseurs européens. « N’empêche,
dit le docteur Ballay à son camarade Marche, que
si l’éléphant avait foncé droit sur ce grand distrait,,,.
...étant venu en mission à Rome, le jeune écolier
se précipita chez lui et le supplia naïvement de le
délivrer de ses persécuteurs latins et grecs, en obte
nant de ses parents l’autorisation de se faire marin:
ce qui lui lût accordé. A, vingt et un ans, il était
enseigne, et peu de temps après, recevait ses lettres
de naturalisation française. Mais une déception atten
dait ce jour-là ce grand distrait.
...à l’appui de M. de Montaignac et de la Société de
géographie de Paris, Savorgnan de Brazza obtint l’au
torisation officielle de départ, pour remonter l’Ogooué.
Il avait sous ses ordres le docteur Ballay et Alfred
Marche, ainsi que'de nombreux laptots et interprètes.
Après des difficultés avec certains chefs de l’intérieur, 1
il réussit à remonter le grand fleuve africain jusqu’au
pays des Okotas... (Voir j a suite page 2.) '
9 Août 1931
35 Centimes, (
La Jeunesse illustrée
Vers »e mois de mai 1876, dans la région du haut
Ogooué, au pays des Pahouins, deux chasseurs
blancs, et leurs serviteurs indigènes, parcouraient
la forêt équatoriale, à la recherche d’un gibier de
choix. Une troupe d’éléphants avait récemment
dévasté les plantations des noirs. * 11 importe, disait
le chef blanc à ses hommes, de frapper l’imagination
de ces Pahouins, encore mal disposés pour nous...
...Nos prouesses de chasse les intimideront en leur montrant le pouvoir redoutable de nos armes. Elles les
séduiront aussi eh leur faisant voir tout le parti qu’ils peuvent tirer de notre aide et de la protection de la
France. » Sur son ordre, les chasseurs se séparèrent en deux groupes : le docteur Ballay s’éloigna avec un
laptot, et lui-même restait avec l’interprète Diétuma, de façon à prendre entre deux feux un énorme éléphant
qui, déjà, donnait certains signes d’inquiétude. « Garde à vous, monsieur de Brazza 1 cria soudain l'inter
prète, ranimai fond sur vous 1 » Le chef blanc épaula et pressa sur la gâchette de sa carabine. Il s’aperçut
alors qu’il avait oublié de la charger. Mais, au même moment, deux coups de fusil partaient de deux côtés
différents, et le monstre tombait foudroyé.
facilement anéanti. Le chef Mainiaca, dont M. de
Brazza et scs compagnons étaient en ce moment les
hôtes, étaient cette fois accompagnés de Naaman,
chef de Bingimili, dont la protection seule pouvait
assurer à 1a mission la suite du voyage dans la haute
vallée. Les blancs jugèrent que le moment était
décisif...
...avant d’être atteint par nos balles la conquête du
haut Ogooué eût été, du coup, fort compromise.
— S’il est parfois si distrait, répondit Marche, c’est
qu’il se laisse souvent détourner des contingences
matérielles par l’idée fixe du but à atteindre. Songeant
nuit et jour à doter la France d’un vaste empire
africain, il lui arrive parfois d’oublier de charger sa
carabine. »
Sa qualité de Français récemment acquise, lui
enlevait le grade obtenu par un service de six années.
Mais de Brazza ne se laissa pas décourager. Un
moyen lui restait d’arriver à réaliser de nouveau scs
rêves d’exploration : c’était de passer l’examen de
capitaine au long cours. Ce titre une fois obtenu lui
donnait droit à une nomination d’enseigne auxiliaire.
U put commencer ses préparatifs de voyage...
...pour convoquer les chefs à une palabre solennelle,
en profitant de l’effet produit. M. de Brazza se pré
senta en tenant d’une main un ballot de marchan
dises, et de l’autre, une balle de fusil : « Le blanc,
dit-il, a deux mains : l’une, pleine de cadeaux pour
scs amis, l’autre, qui foudroie scs ennemis. Nous
allons remonter le fleuve, soit en convoquant les
riverains à des échanges avantageux pour eux, soit,
s’il y a lieu, en balayant les rives,...
n en avait toujours été ainsi; déjà au collège de
l’observatoire à Rome, le père Secchi avait eu à
réprimander maintes fois l’élève Savorgnan de Brazza,
qui entremêlait ses traductions de Cornélius Nepos
et de Cicéron de récits de voyages, où le capitaine
Cook et Dumont-Durville faisaient une apparition inat-
tendue au milieu des héros de l’antiquitéI L’amiral
français de Montaignac,...
Scs camarades plaisantaient volontiers son enthou
siasme, et l’avaient représenté en costume de Tar-
tarin, prisonnier des Pahouins, qui se préparaient à
le faire bouillir dans une gigantesque marmite. « Je
suis trop maigre, leur dit-il. pour être mangé, et les
cannibales me trouveront l’aspect trop coriace pour
avoir seulement envie de me goûter. » Enfin, grâces
...avec le feu de nos armes, qui tirent toujours
et tuent de si loin. » Cette harangue énergique eut
un plein succès : c’était la route du haut Ogooué,
jusqu’alors fermée aux blancs, qui s’ouvrait libre
devant M. de Brazza et ses compagnons. L’explorateur
avait su profiter de l’impression profonde produite par
les prouesses des chasseurs européens. « N’empêche,
dit le docteur Ballay à son camarade Marche, que
si l’éléphant avait foncé droit sur ce grand distrait,,,.
...étant venu en mission à Rome, le jeune écolier
se précipita chez lui et le supplia naïvement de le
délivrer de ses persécuteurs latins et grecs, en obte
nant de ses parents l’autorisation de se faire marin:
ce qui lui lût accordé. A, vingt et un ans, il était
enseigne, et peu de temps après, recevait ses lettres
de naturalisation française. Mais une déception atten
dait ce jour-là ce grand distrait.
...à l’appui de M. de Montaignac et de la Société de
géographie de Paris, Savorgnan de Brazza obtint l’au
torisation officielle de départ, pour remonter l’Ogooué.
Il avait sous ses ordres le docteur Ballay et Alfred
Marche, ainsi que'de nombreux laptots et interprètes.
Après des difficultés avec certains chefs de l’intérieur, 1
il réussit à remonter le grand fleuve africain jusqu’au
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