Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1931-03-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 mars 1931 22 mars 1931
Description : 1931/03/22 (N1433). 1931/03/22 (N1433).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k963281v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/06/2013
!
N° 1433 — 29 e Annéo
3B Centimes
22 Mars 1931
La Jeunesse illustrée
A quelque distance du village de Tournés se trouvait
une hauteur dénudée qu’on appelait la Butte-aux-
Corbeaux. Aride et depuis longtemps déserte, seules
des ruines noircies et embroussaillées attestaient
? u’autrefois une habitation, un manoir, s’érigeait là.
,'endroit passait pour maudit, à cause de quelque
crime reste mystérieux. La légende voulait aussi...
...qu’un trésor y fût enfoui. Mais la réprobation pesant
sur les lieux en avait toujours interdit l’approche aux
plus avides Tournésois, et seuls les corbeaux les fré
quentaient, innombrables, ajoutant encore au carac
tère sinistre du paysage. Cependant un garçon du
pays, Auguste Chalabert, dit le Guston, sans grands
scrupules et plus hardi, s’était juré d’avoir le trésor, si...
...trésor il y avait. Depuis la mort de sa mère, dont
il avait fait le désespoir, il vivait seul dans sa maison,
qui était la moins éloignée du lugubre monticule.
De tout temps obsédé par ce voisinage, il en avait
observé l’aspect et savait bien que rien ne s'y produi
sait que de très ordinaire. Paresseux, dégoûte de la
terre, il passait son temps au cabaret ou à la chasse.
Plus d’une fois, et s'en approchant de plus en plus,
H avait lire sur les corbeaux de la Butte, pour s’en
faire gloire ensuite devant ses conciloyeitf. « AU,
Guston 1 s’exclamaient ceux-ci avec effarement. Prends
garde, les corbeaux se vengeront! » Mais il se moquait
de ces superstitions stupides. Cependant ses terres
restaient incultes, et il dut commencer à les mettre
en vente, ..
...dilapidant un des plus beaux héritages du pays.
Hélas! sa pauvre mère qui avait rêvé pour ce fils
unique une alliance avec les Loubier, d’autres gros
propriétaires de Tournés, ce à quoi ceux-ci se mon
traient favorables! Mais, alors, Guston se souciait
bien de Germaine Loubier! Or voici, maintenant, qu’il
y songea, se voyant seul, incapable de gérer les restes
de son bien...
...alors que la fille des Loubier, si vaillante et experte,
eût tout mené à bien. En outre elle était devenue si
charmante, cette Germaine qu’il avait dédaignée,
et puis, sa dot était plus attrayante encore... Fort des
vagues projets d’autrefois, Guston se présenta donc
à la Luseitc, chez les Loubier, et il fit sa demande.’
« Trop tard, mon garçon! lui répondit sèchement le
père...
...Maintenant que tu as dissipé les trois quarts de ton
bien à boire et à flâner, tu voudrais les terres et la
fille du bonhomme'Loubier ? Non point! Je n’aurai
? u’un gendre riche et travailleur. Adieu! » Le ton
tait Irrévocable, il n’y avait pas à s’abuser. Mais,
Infatué de son physique — car il se savait le plus beau
gars du pays — Guston crut qu’il lui suffirait que
Germaine se sût recherchée par lui pour la conquérir.
Il l’aborda donc avec suffisance. Mais la jeune
fille, connaissant sa réputation décriée, lui tourna le
dos quand il voulut lui rappeler leur amitié d’enfance
et les rêves de la maman Chalabert touchant leur
mariage. Guston en resta pantois. « Ah! se diit-il. Je
suis trop pauvre, on ne veut plus de moi ? Oh verra
bien! » Plus que jamais la hantise du trésor le posséda.
Mais il se rendait bien compte...
...qu’il ne pouvait agir seul dans les fouilles et déblais
des décombres accumulés, quitte à partager le profit.
D’autre part, il savait bien ne pouvoir faire appel à
quelque gars du village, tous des poules mouillées qui
tremblaient et se signaient au seul nom de la Butte-
aux-Corbeaux. Or, depuis peu, les Loubier avaient un
jeune maître-valet. Honnête, travailleur, de conduite
et d’éducation parfaites, il s’appelait Paul Aubran.
Venu de ioin, on l’avait engagé au passage pour l'es
moissons, où il avait accompli la besogne de quatre.
Aussi le maître le considérait comme de la maison,
le faisant manger à sa table et lui donnant double
salaire, ce qui excitait la jalousie des simples valets.
Germaine, elle-même, s’était prise d’une vive estime
pour ce garçon sérieux et d’un si bon maintien, trop
réservé même, car, dans la droiture de son ûme,
Paul sentait bien que jamais...
...ia liflc, si accomplie, d’un maître sJ riche, ne pouvait
être pour lui, et il refoulait au fond de son cœur ses
propres sentiments. Poussant la délicatesse à l’ex
trême, il évitait la jeune fille, restait le moins possible
à la ferme et passait ses loisirs au café du village,
cherchant l’oubli dans la boisson, mais sans intempé
rance. Alors Germaine devint triste, se cachant pour
P leurer, ce dont s’aperçut son père qui, inquiet,
interrogea.
Sincèrement, Germaine finit par lui dévoiler l’état
de son cœur, à la grande irritation du paysan. Oh!
oh! il n’était que temps d’aviser! Aussi, sans traîner,
le riche fermier régla Paul Aubran et lui signifia
d’aller chercher du travail au loin. Hélas! le pauvre
garçon s’attendait à ce dénoûment, et, le cœur déchi
ré, mais sans protestation, il quitta la Lusette. En
traversant le village...
(Voir la suit* page 2.)
I
N° 1433 — 29 e Annéo
3B Centimes
22 Mars 1931
La Jeunesse illustrée
A quelque distance du village de Tournés se trouvait
une hauteur dénudée qu’on appelait la Butte-aux-
Corbeaux. Aride et depuis longtemps déserte, seules
des ruines noircies et embroussaillées attestaient
? u’autrefois une habitation, un manoir, s’érigeait là.
,'endroit passait pour maudit, à cause de quelque
crime reste mystérieux. La légende voulait aussi...
...qu’un trésor y fût enfoui. Mais la réprobation pesant
sur les lieux en avait toujours interdit l’approche aux
plus avides Tournésois, et seuls les corbeaux les fré
quentaient, innombrables, ajoutant encore au carac
tère sinistre du paysage. Cependant un garçon du
pays, Auguste Chalabert, dit le Guston, sans grands
scrupules et plus hardi, s’était juré d’avoir le trésor, si...
...trésor il y avait. Depuis la mort de sa mère, dont
il avait fait le désespoir, il vivait seul dans sa maison,
qui était la moins éloignée du lugubre monticule.
De tout temps obsédé par ce voisinage, il en avait
observé l’aspect et savait bien que rien ne s'y produi
sait que de très ordinaire. Paresseux, dégoûte de la
terre, il passait son temps au cabaret ou à la chasse.
Plus d’une fois, et s'en approchant de plus en plus,
H avait lire sur les corbeaux de la Butte, pour s’en
faire gloire ensuite devant ses conciloyeitf. « AU,
Guston 1 s’exclamaient ceux-ci avec effarement. Prends
garde, les corbeaux se vengeront! » Mais il se moquait
de ces superstitions stupides. Cependant ses terres
restaient incultes, et il dut commencer à les mettre
en vente, ..
...dilapidant un des plus beaux héritages du pays.
Hélas! sa pauvre mère qui avait rêvé pour ce fils
unique une alliance avec les Loubier, d’autres gros
propriétaires de Tournés, ce à quoi ceux-ci se mon
traient favorables! Mais, alors, Guston se souciait
bien de Germaine Loubier! Or voici, maintenant, qu’il
y songea, se voyant seul, incapable de gérer les restes
de son bien...
...alors que la fille des Loubier, si vaillante et experte,
eût tout mené à bien. En outre elle était devenue si
charmante, cette Germaine qu’il avait dédaignée,
et puis, sa dot était plus attrayante encore... Fort des
vagues projets d’autrefois, Guston se présenta donc
à la Luseitc, chez les Loubier, et il fit sa demande.’
« Trop tard, mon garçon! lui répondit sèchement le
père...
...Maintenant que tu as dissipé les trois quarts de ton
bien à boire et à flâner, tu voudrais les terres et la
fille du bonhomme'Loubier ? Non point! Je n’aurai
? u’un gendre riche et travailleur. Adieu! » Le ton
tait Irrévocable, il n’y avait pas à s’abuser. Mais,
Infatué de son physique — car il se savait le plus beau
gars du pays — Guston crut qu’il lui suffirait que
Germaine se sût recherchée par lui pour la conquérir.
Il l’aborda donc avec suffisance. Mais la jeune
fille, connaissant sa réputation décriée, lui tourna le
dos quand il voulut lui rappeler leur amitié d’enfance
et les rêves de la maman Chalabert touchant leur
mariage. Guston en resta pantois. « Ah! se diit-il. Je
suis trop pauvre, on ne veut plus de moi ? Oh verra
bien! » Plus que jamais la hantise du trésor le posséda.
Mais il se rendait bien compte...
...qu’il ne pouvait agir seul dans les fouilles et déblais
des décombres accumulés, quitte à partager le profit.
D’autre part, il savait bien ne pouvoir faire appel à
quelque gars du village, tous des poules mouillées qui
tremblaient et se signaient au seul nom de la Butte-
aux-Corbeaux. Or, depuis peu, les Loubier avaient un
jeune maître-valet. Honnête, travailleur, de conduite
et d’éducation parfaites, il s’appelait Paul Aubran.
Venu de ioin, on l’avait engagé au passage pour l'es
moissons, où il avait accompli la besogne de quatre.
Aussi le maître le considérait comme de la maison,
le faisant manger à sa table et lui donnant double
salaire, ce qui excitait la jalousie des simples valets.
Germaine, elle-même, s’était prise d’une vive estime
pour ce garçon sérieux et d’un si bon maintien, trop
réservé même, car, dans la droiture de son ûme,
Paul sentait bien que jamais...
...ia liflc, si accomplie, d’un maître sJ riche, ne pouvait
être pour lui, et il refoulait au fond de son cœur ses
propres sentiments. Poussant la délicatesse à l’ex
trême, il évitait la jeune fille, restait le moins possible
à la ferme et passait ses loisirs au café du village,
cherchant l’oubli dans la boisson, mais sans intempé
rance. Alors Germaine devint triste, se cachant pour
P leurer, ce dont s’aperçut son père qui, inquiet,
interrogea.
Sincèrement, Germaine finit par lui dévoiler l’état
de son cœur, à la grande irritation du paysan. Oh!
oh! il n’était que temps d’aviser! Aussi, sans traîner,
le riche fermier régla Paul Aubran et lui signifia
d’aller chercher du travail au loin. Hélas! le pauvre
garçon s’attendait à ce dénoûment, et, le cœur déchi
ré, mais sans protestation, il quitta la Lusette. En
traversant le village...
(Voir la suit* page 2.)
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