Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1929-09-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1929 15 septembre 1929
Description : 1929/09/15 (N1354). 1929/09/15 (N1354).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k963202g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/06/2013
JV° 1354 — 27 e Année
35 Centimes
15 Septembre 3929
La Jeunesse illustrée
...l’ayant vu, accourut à lui. « Laurent ? l'interpella-t-ello
à voix contenue. Tu pauses bien fier! » Tressaillant, le
£ âtro s’arrêta. « Jo no vous avais point vue, demoisello
éoilo : excusez, fit-il. — Comme tu dois pâtir, là-haut!
As-tu du bois, dos vivres î — Rien no mo manque, pré
tendit fièrement lo solitaire. — Tiens, va, dit néanmoins
la bonne fille en puisant dans son tablier : prends ces œufs
frais pondus quo jo viens de lover. — Merci, demoiselle,
refusa Laurent. Vous êtes trop bonne; et...
Il y avait certainement au moins trente ans que nul
n’avait plus entendu parler do loups dans la région dos
Alpes provençales, où se trouve le hameau de Vorclar,
quand, au quartier de la Pérusnière, assez haut dans la
montagno, ces terribles fauves reparurent. C’était au plus
fort de l’hiver dernier, qui fut si long et rigoureux, sur
tout sur ces hauteurs. Ce matin-là le berger Laurent Ver-
gnoux, qui possédait...
. Laurent ramasse l*agneau et court vers l’étable où reten
tissent les clameurs des bêtes en panique. Deux autres
loups on surgissent, hérissés, furieux, uno bave sanglante
écumant h leurs babines altérées. Les deux fauves se
jettent sur le pâtro qui a à peine le temps do lâcher
l’agneau pour se mettre sur la défensive. Toupet, retenu
après le premier loup ne pouvait lui venir en aide. Par
bonheur le geste de Laurent abandonnant l’agneau le
sauva,...
C’est ce que constata Laurent qui s’efforça do se mieux
fortifier contre les retours probables des carnassiers
Ï ffriandés par ce premier festin. Il répara vaille que vaille
» brèches pratiquées par les assaillants, renforça les
planches des rondins qu’il venait d’apporter. Mais il so
rendait compte que oos précautions étaient bien précaires
si l’ennemi revenait en nombre, ce qui était à craindre,
les loups connaissant lo chemin et ayant pris goût
au carnage. Il songea alors aux bergeries de la Pcrussière,...
.un petit troupeau à son compte, voulut descendre au
iliage. Bloqué par la neige depuis quinze jours, U nepou-
fdt se rendre au pâturage, et ses maigres provisions,
ivres et bois de chauffage, Be trouvaient épuisées. Cet
umble troupeau était tout son avoir avec la pauvre
liaison, à peine une grange, qu’il tenait de ses parents
défunts... Il ferma tant bien que mal la porte aux ais
disjoints de l’étable et,...
...que dirait le maître. Et puis, de vrai, je n’ai besoin
de rien. Adieu! » Et, reprenant sa marche, non sans faire
violcnco à son cœur, fe pâtre disparut, laissant Céoilo
Argelas attristée. Ayant fait sa provision de pain au
pays, le berger remonta vers son gîte. Mais, avant d’y
arriver, il s’arrêta à quelque distance afin d’abattre un
fagot do bois mort, car il avait emporté sa hachetto. Il
remarqua bientôt Toupet qui, depuis un moment, don
nait des signes d’inquietude, grognant, flairant,...
...car les brutes voraces se détournèrent sur cette tendre
proie. Laurent brandit sa hachette, arme peu redoutable,
mais qui atteignit l’un des loups assez rudement pour
qu’il battît en retraite, suivi de l’autre, vers une combe,
où le jeune homme jugea téméraire de les poursuivre,
trop heureux d’en être délivré. Il était sauf, mais l’alerte
avait été vive. Deux brebis gisaient, saignées à blanc;
d’autres étaient blessées; quant à l’agneau, il n’avait pas
subi grand dommage.
...vastes, bien closes, aérées. Quo seraient quelques bêtes
de plus, en cet asile sûr ? Persuadé du moins que les
redoutables visiteurs n’allaient pas revenir de sitôt,
Laurent chargea les deux brebis pantelantes sur une
brouette et descendit à Verclar pour les vendre au boucher.
De retour, le pâtro s’arrêta devant la Pérussière et, ras
semblant son courage, il entra chez maître Argelas. a q’oi
ici ? sursaut» le fermier, qui lui ouvrit lui-même. Ne t’ai-je
pas interdit ma porte ?
...suivi de Toupet, son chien, il prit le sentier que sa longue
habitude lui faisait discerner sous la neige. En passant
devant la Pérussière, la plantureuse ferme de maître
Toussaint Argelas, le berger eut un coup d’œil assombri
vers la confortable demeure. « Ah ! soupira-t-il en voyant
un panache de fumée sortir de la cheminée. Ils ne souffrent
guère du froid, eux ! » Et il pressa le pas. Mais à ce moment
survenait une jeune fille qui...
...s’élançant, revenant toujours dans la direction de la
maison du pâtre. Celui-ci hâta sa récolte et noua vive
ment son fagot pour regagner son logis. Le chien l’y pré
céda à grands abois, et soudain, Laurent en vit sortir...
était-ce possible ? Mais oui ! un loup énorme, traînant
un agneau hors de l’étable béante. Toupet le suivait,
gémissant et tremblant. Le berger s’élance et, du bâton*
de la hachette, fait lâcher prise au ravisseur, sanglant*
sur lequel s’acharna Toupet.
Les loups, chassés des hauteurs par les froids inusités
qui y régnaient, dépeuplant ces lieux de leurs proies
habituelles, avaient quitté leurs forts, affamés par un
long jeûne, pour s’aventurer jusqu’en ces parages, attirés
S ar les relents et bêlements du bétail. Rôdant avidement
evant l’étable de Laurent absent, ils n’avaient trouvé
pour tout obstacle les séparant de ces victimes sans
défense, qu’une porte branlante et vermoulue qui n’avait
guère résisté à leurs assauts furieux.
— Maître, fit humblement le berger, les loups sont
venus, m’ont tué deux brebis et déchiré mainte autre ; ils
reviendront pour sûr. — Hé ! Qu’y puis-je ? — Ma
grange est mal close, et j’ai pensé qu’en vos grandes
étables... — Tu as compté sans l’hôte, garçon! Je ne sms
point commis à la garde de tes bêtes. Défends-toi comme
tu pourras, il m’importe peu ! » Et poussant Laurent
dehors, Toussaint referma sur lui sa porte. « Père, fit
alors la douce Cécile,... (Voir la suite page 2.)
35 Centimes
15 Septembre 3929
La Jeunesse illustrée
...l’ayant vu, accourut à lui. « Laurent ? l'interpella-t-ello
à voix contenue. Tu pauses bien fier! » Tressaillant, le
£ âtro s’arrêta. « Jo no vous avais point vue, demoisello
éoilo : excusez, fit-il. — Comme tu dois pâtir, là-haut!
As-tu du bois, dos vivres î — Rien no mo manque, pré
tendit fièrement lo solitaire. — Tiens, va, dit néanmoins
la bonne fille en puisant dans son tablier : prends ces œufs
frais pondus quo jo viens de lover. — Merci, demoiselle,
refusa Laurent. Vous êtes trop bonne; et...
Il y avait certainement au moins trente ans que nul
n’avait plus entendu parler do loups dans la région dos
Alpes provençales, où se trouve le hameau de Vorclar,
quand, au quartier de la Pérusnière, assez haut dans la
montagno, ces terribles fauves reparurent. C’était au plus
fort de l’hiver dernier, qui fut si long et rigoureux, sur
tout sur ces hauteurs. Ce matin-là le berger Laurent Ver-
gnoux, qui possédait...
. Laurent ramasse l*agneau et court vers l’étable où reten
tissent les clameurs des bêtes en panique. Deux autres
loups on surgissent, hérissés, furieux, uno bave sanglante
écumant h leurs babines altérées. Les deux fauves se
jettent sur le pâtro qui a à peine le temps do lâcher
l’agneau pour se mettre sur la défensive. Toupet, retenu
après le premier loup ne pouvait lui venir en aide. Par
bonheur le geste de Laurent abandonnant l’agneau le
sauva,...
C’est ce que constata Laurent qui s’efforça do se mieux
fortifier contre les retours probables des carnassiers
Ï ffriandés par ce premier festin. Il répara vaille que vaille
» brèches pratiquées par les assaillants, renforça les
planches des rondins qu’il venait d’apporter. Mais il so
rendait compte que oos précautions étaient bien précaires
si l’ennemi revenait en nombre, ce qui était à craindre,
les loups connaissant lo chemin et ayant pris goût
au carnage. Il songea alors aux bergeries de la Pcrussière,...
.un petit troupeau à son compte, voulut descendre au
iliage. Bloqué par la neige depuis quinze jours, U nepou-
fdt se rendre au pâturage, et ses maigres provisions,
ivres et bois de chauffage, Be trouvaient épuisées. Cet
umble troupeau était tout son avoir avec la pauvre
liaison, à peine une grange, qu’il tenait de ses parents
défunts... Il ferma tant bien que mal la porte aux ais
disjoints de l’étable et,...
...que dirait le maître. Et puis, de vrai, je n’ai besoin
de rien. Adieu! » Et, reprenant sa marche, non sans faire
violcnco à son cœur, fe pâtre disparut, laissant Céoilo
Argelas attristée. Ayant fait sa provision de pain au
pays, le berger remonta vers son gîte. Mais, avant d’y
arriver, il s’arrêta à quelque distance afin d’abattre un
fagot do bois mort, car il avait emporté sa hachetto. Il
remarqua bientôt Toupet qui, depuis un moment, don
nait des signes d’inquietude, grognant, flairant,...
...car les brutes voraces se détournèrent sur cette tendre
proie. Laurent brandit sa hachette, arme peu redoutable,
mais qui atteignit l’un des loups assez rudement pour
qu’il battît en retraite, suivi de l’autre, vers une combe,
où le jeune homme jugea téméraire de les poursuivre,
trop heureux d’en être délivré. Il était sauf, mais l’alerte
avait été vive. Deux brebis gisaient, saignées à blanc;
d’autres étaient blessées; quant à l’agneau, il n’avait pas
subi grand dommage.
...vastes, bien closes, aérées. Quo seraient quelques bêtes
de plus, en cet asile sûr ? Persuadé du moins que les
redoutables visiteurs n’allaient pas revenir de sitôt,
Laurent chargea les deux brebis pantelantes sur une
brouette et descendit à Verclar pour les vendre au boucher.
De retour, le pâtro s’arrêta devant la Pérussière et, ras
semblant son courage, il entra chez maître Argelas. a q’oi
ici ? sursaut» le fermier, qui lui ouvrit lui-même. Ne t’ai-je
pas interdit ma porte ?
...suivi de Toupet, son chien, il prit le sentier que sa longue
habitude lui faisait discerner sous la neige. En passant
devant la Pérussière, la plantureuse ferme de maître
Toussaint Argelas, le berger eut un coup d’œil assombri
vers la confortable demeure. « Ah ! soupira-t-il en voyant
un panache de fumée sortir de la cheminée. Ils ne souffrent
guère du froid, eux ! » Et il pressa le pas. Mais à ce moment
survenait une jeune fille qui...
...s’élançant, revenant toujours dans la direction de la
maison du pâtre. Celui-ci hâta sa récolte et noua vive
ment son fagot pour regagner son logis. Le chien l’y pré
céda à grands abois, et soudain, Laurent en vit sortir...
était-ce possible ? Mais oui ! un loup énorme, traînant
un agneau hors de l’étable béante. Toupet le suivait,
gémissant et tremblant. Le berger s’élance et, du bâton*
de la hachette, fait lâcher prise au ravisseur, sanglant*
sur lequel s’acharna Toupet.
Les loups, chassés des hauteurs par les froids inusités
qui y régnaient, dépeuplant ces lieux de leurs proies
habituelles, avaient quitté leurs forts, affamés par un
long jeûne, pour s’aventurer jusqu’en ces parages, attirés
S ar les relents et bêlements du bétail. Rôdant avidement
evant l’étable de Laurent absent, ils n’avaient trouvé
pour tout obstacle les séparant de ces victimes sans
défense, qu’une porte branlante et vermoulue qui n’avait
guère résisté à leurs assauts furieux.
— Maître, fit humblement le berger, les loups sont
venus, m’ont tué deux brebis et déchiré mainte autre ; ils
reviendront pour sûr. — Hé ! Qu’y puis-je ? — Ma
grange est mal close, et j’ai pensé qu’en vos grandes
étables... — Tu as compté sans l’hôte, garçon! Je ne sms
point commis à la garde de tes bêtes. Défends-toi comme
tu pourras, il m’importe peu ! » Et poussant Laurent
dehors, Toussaint referma sur lui sa porte. « Père, fit
alors la douce Cécile,... (Voir la suite page 2.)
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