Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1929-09-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 septembre 1929 08 septembre 1929
Description : 1929/09/08 (N1353). 1929/09/08 (N1353).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9632013
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/06/2013
N« 1353 — 27» Année
Centimes
C3 O U S I IV
«F A. Fl
oous Louis XV, un jeune gentilhomme, appelé Florent
des Ronçailles, se mit en tête d’être peintre, et de faire
œuvre de ses dix doigts autrement qu’en tenant l’épée,
chose déshonorante pour la noblesse d’alors. Toute sa
famille s’y opposa. Le j'eune homme passa outre et se
logea dans une pauvre maison de Paris, son père lui ayant
coupé les vivras. Il y avait quelque temps qu’il y tra
vaillait assidûment, lorsqu’un soir, il vit arriver
ancien laquais, Perrin Jamiguet, qui avait conservé
lui beaucoup d’attachement.
son
pour
« Monsieur, dit ce brave garçon, M. le comte, votre
père, s’est laissé influencer par les criailleries de la famille,
et a demandé à Sa Majesté une lettre de cachet pour
vous envoyer à la Bastille jusqu’à ce que vous renonciez
à ce qu’ils appellent une insigne folie! Je sais que vous
ne céderez pas. Aussi, j’ai pensé à vous aider à quitter la
France, pendant quelque temps. Voilà mes économies,
vous me les rendrez plus tard. J’ai, d’autre part, aux
Antilles, un mien cousin, Côme Jarnjguet qui a épousé,
m’a-t-il écrit,...
...une créole, laquelle possède une bonne plantation. Il
se trouve que j’ai quelques papiers au nom de Côme
Jamiguet. Prenez-les, prenez aussi cet habit tout simple
que j*ai acheté pour vous et partez pour- La Rochelle, où
le brick l'Aquilon est en rade, te doit partir incessam
ment pour la Guadeloupe. J’ai su cela par les propos
d’un matelot, au cabaret. Si l’on vous questionne en
route, vous êtes Côme Jamiguet, mon cousin, et vous
êtes venu me voir à Paris... Voici encore une lettre
d’introduction pour mon cousin. »
Florent ne trouvant ]>as de paroles pour remercier cot
excellent garçon, l’embrassa comme un frère, et s’habilla
aussitôt en petit bourgeois. Accompagné par Perrin,
i 1 prit une chaise (1e poste et partit au grandissime galop
pour la Rochelle, après des « Adieu, mon cousin ! adieu,
Oôme! Adieu, Perrin! » retentissants! Le voyage ne fut
pas troublé... Florent arriva à La Rochelle et s’embarqua
sur l'Aquilon, qui appareilla le jour même. Or, une fois
en mer, Florent parla de sa plantation des Antilles, et
affecta un laisser-aller...
...réussi peu après à les dévaliser entièrement. Vous avez
tout enfoui dans un sac, et ce sao, attaché à un filin extrê
mement mince, fut descendu sous l’eau, le long du flanc du
navire. Quand on fouilla partout pour retrouver le bien de
vos victimes, on ne fit pas attention à ce filin, qui semblait
appartenir au gréement de la Qalathée. On ne sut donc qui
soupçonner et l’on ne retrouva rien. Arrivés au port, los
Jacobitos v descendent avec vous, et vous leur offrez do
vous fouiller. Vous vous séparez en bons termes... Peu
après, le soir venu, vous décidez un pêcheur nègre à vous...
...Je crois qu’ils sont actuellement occupés à visiter toutes
les Antilles, et comme ils n’ont pas un penny, c’est très
long! Je suis — à votre service! — un marchand de coton
nades, M. Tourtagnac, qui vais à la Guadeloupe pour mes
affaires. » Florent resta pétrifié à ce récit. Il avait donc
pris le rôle d’un voleur, circonstance que le pauvre valet
Perrin ne connaissait assurément pas! Florent n’hésita
pas à confier à Tourtagnac sa véritable histoire, mais co
personnage était lui-même très peu scrupuleux.
...tout colonial. Un soir, un passager l’appela dans un
coin du pont désert, et lui dit : « H paraît que vous vous
appelez Oôme Jamiguet, planteur à la Guadeloupe ?
— Oui, dit Florent. — Fort bien ! je suis ravi de vous voir.
J’ai entendu parler de vous par un mien ami, qui m’a
raconté comment vous aviez agi, à votre premier voyago
aux Antilles il y a deux ans, avec quelques passagers du
vaisseau qui vous emportait. — Qu’ai-je donc fait ?
s’écria Florent, étonné et inquiet de l’expression pou
rassurante du passager, rien de mal, assurément ?
...mener contre le flanc du navire dans sa pirogue. Vous
coupez le filin, vous prenez le sac et vous vous éloignez,
mais vous assommez et jetez à l’eau le batelier, qui en a
trop vu! Vous rentrez au port. Le lendemain vous repre
nez passage sur un lougre qui va à la Guadeloupe, et
avec l’argent des Jacobitos, vous achetez une concession...
Tout cola serait resté caché si le pêcheur nègre n’avait eu
le crâne assez dur pour ne pas mourir du coup reçu, et
nager en silence jusqu’à la côte. U y resta étendu sans
forces et fut recueilli à l’aube par un des Ecossais,...
Loin de songer à remettre le voleur entre les mains de
ses victimes, comme le pensait Florent, Tourtagnac avait
l’intention de le faire « chanter »! Il pensait se faire faire
une donation de tout ou partie de la plantation, moyen
nant quoi, Côme Jamiguet pourrait aller se faire pendre
ailleurs. Il ne crut guère ce que lui disait Florent, mais il lui
dit tout haut que s’il n’était qu’un jeune nobleayant déplu
à sa famille et fuyant une lettre de cachet, son devoir à lui,
Tourtagnac, était de tout dire au capitaine, qui était...
— Rien de mal ? cela dépend des consciences! reprit
l’autre d’un air goguenard. Vous semblez croire que je
ne suis pas bien au courant. Eh bien! jugez-en. Vous avez
voyagé, il y a deux ans, sur la Galathée, qui s’arrêtait
à l’île Saint-Domingue. D y avait sur ce navire, deux
gentilshommes écossais, des Jacobites, exilés pour avoir
soutenu le prétendant Charles-Edouard. Ces pauvres
gens avaient emporté le peu d’argent et de bijoux qu’on
leur avait laissés, afin d’acheter des terres à Saint-
Domingue. Vous vous êtes liés avec eux et vous avez...
...celui qui était mon ami. Ayant questionné le nègre, il
comprit votre détestable stratagème. Les deux Jacobites
et le batelier, assoiffés de vengeance, apprirent que vous
aviez gagné la Guadeloupe, mais durent travailler comme
débardeur^ assez longtemps pournqydtfBMk passage dans
cette île. Vous avez dû les voipÉ^ffr, ca^ls trouvèrent
la plantation vide. N’ayant mfcs"d’aUtres .preuves contre
vous que les dires du nègre/ ils né 'purent^iru^rèssef le
gouverneur à leur affaire Æ décidèrent dfc .vous chercher
eux-mêmes partout, mon jjtii nv écrivit tout cela ensuite...
...très sévère. Florent serait mis auxfers, ramené en Franco
au retour du brick et livré à qui de droit, sauf, bien
entendu, s’il payait assez cher pour que Tourtagnac se
tût. « Je n’ai qu’une maigre somme! » s’écria Florent
désespéré, et si épouvanté à l’idée de revenir et d’être
embastillé, qu’il préféra reprendre l’odieux rôle de Côme
Jamiguet, car, dans ce cas, Tourtagnac l’accompagnait à
la Guadeloupe, et là, il saurait bien lui fausser compagnie !
L’essentiel était de gagner du temps et...
(Voir la suite page Z.)
Centimes
C3 O U S I IV
«F A. Fl
oous Louis XV, un jeune gentilhomme, appelé Florent
des Ronçailles, se mit en tête d’être peintre, et de faire
œuvre de ses dix doigts autrement qu’en tenant l’épée,
chose déshonorante pour la noblesse d’alors. Toute sa
famille s’y opposa. Le j'eune homme passa outre et se
logea dans une pauvre maison de Paris, son père lui ayant
coupé les vivras. Il y avait quelque temps qu’il y tra
vaillait assidûment, lorsqu’un soir, il vit arriver
ancien laquais, Perrin Jamiguet, qui avait conservé
lui beaucoup d’attachement.
son
pour
« Monsieur, dit ce brave garçon, M. le comte, votre
père, s’est laissé influencer par les criailleries de la famille,
et a demandé à Sa Majesté une lettre de cachet pour
vous envoyer à la Bastille jusqu’à ce que vous renonciez
à ce qu’ils appellent une insigne folie! Je sais que vous
ne céderez pas. Aussi, j’ai pensé à vous aider à quitter la
France, pendant quelque temps. Voilà mes économies,
vous me les rendrez plus tard. J’ai, d’autre part, aux
Antilles, un mien cousin, Côme Jarnjguet qui a épousé,
m’a-t-il écrit,...
...une créole, laquelle possède une bonne plantation. Il
se trouve que j’ai quelques papiers au nom de Côme
Jamiguet. Prenez-les, prenez aussi cet habit tout simple
que j*ai acheté pour vous et partez pour- La Rochelle, où
le brick l'Aquilon est en rade, te doit partir incessam
ment pour la Guadeloupe. J’ai su cela par les propos
d’un matelot, au cabaret. Si l’on vous questionne en
route, vous êtes Côme Jamiguet, mon cousin, et vous
êtes venu me voir à Paris... Voici encore une lettre
d’introduction pour mon cousin. »
Florent ne trouvant ]>as de paroles pour remercier cot
excellent garçon, l’embrassa comme un frère, et s’habilla
aussitôt en petit bourgeois. Accompagné par Perrin,
i 1 prit une chaise (1e poste et partit au grandissime galop
pour la Rochelle, après des « Adieu, mon cousin ! adieu,
Oôme! Adieu, Perrin! » retentissants! Le voyage ne fut
pas troublé... Florent arriva à La Rochelle et s’embarqua
sur l'Aquilon, qui appareilla le jour même. Or, une fois
en mer, Florent parla de sa plantation des Antilles, et
affecta un laisser-aller...
...réussi peu après à les dévaliser entièrement. Vous avez
tout enfoui dans un sac, et ce sao, attaché à un filin extrê
mement mince, fut descendu sous l’eau, le long du flanc du
navire. Quand on fouilla partout pour retrouver le bien de
vos victimes, on ne fit pas attention à ce filin, qui semblait
appartenir au gréement de la Qalathée. On ne sut donc qui
soupçonner et l’on ne retrouva rien. Arrivés au port, los
Jacobitos v descendent avec vous, et vous leur offrez do
vous fouiller. Vous vous séparez en bons termes... Peu
après, le soir venu, vous décidez un pêcheur nègre à vous...
...Je crois qu’ils sont actuellement occupés à visiter toutes
les Antilles, et comme ils n’ont pas un penny, c’est très
long! Je suis — à votre service! — un marchand de coton
nades, M. Tourtagnac, qui vais à la Guadeloupe pour mes
affaires. » Florent resta pétrifié à ce récit. Il avait donc
pris le rôle d’un voleur, circonstance que le pauvre valet
Perrin ne connaissait assurément pas! Florent n’hésita
pas à confier à Tourtagnac sa véritable histoire, mais co
personnage était lui-même très peu scrupuleux.
...tout colonial. Un soir, un passager l’appela dans un
coin du pont désert, et lui dit : « H paraît que vous vous
appelez Oôme Jamiguet, planteur à la Guadeloupe ?
— Oui, dit Florent. — Fort bien ! je suis ravi de vous voir.
J’ai entendu parler de vous par un mien ami, qui m’a
raconté comment vous aviez agi, à votre premier voyago
aux Antilles il y a deux ans, avec quelques passagers du
vaisseau qui vous emportait. — Qu’ai-je donc fait ?
s’écria Florent, étonné et inquiet de l’expression pou
rassurante du passager, rien de mal, assurément ?
...mener contre le flanc du navire dans sa pirogue. Vous
coupez le filin, vous prenez le sac et vous vous éloignez,
mais vous assommez et jetez à l’eau le batelier, qui en a
trop vu! Vous rentrez au port. Le lendemain vous repre
nez passage sur un lougre qui va à la Guadeloupe, et
avec l’argent des Jacobitos, vous achetez une concession...
Tout cola serait resté caché si le pêcheur nègre n’avait eu
le crâne assez dur pour ne pas mourir du coup reçu, et
nager en silence jusqu’à la côte. U y resta étendu sans
forces et fut recueilli à l’aube par un des Ecossais,...
Loin de songer à remettre le voleur entre les mains de
ses victimes, comme le pensait Florent, Tourtagnac avait
l’intention de le faire « chanter »! Il pensait se faire faire
une donation de tout ou partie de la plantation, moyen
nant quoi, Côme Jamiguet pourrait aller se faire pendre
ailleurs. Il ne crut guère ce que lui disait Florent, mais il lui
dit tout haut que s’il n’était qu’un jeune nobleayant déplu
à sa famille et fuyant une lettre de cachet, son devoir à lui,
Tourtagnac, était de tout dire au capitaine, qui était...
— Rien de mal ? cela dépend des consciences! reprit
l’autre d’un air goguenard. Vous semblez croire que je
ne suis pas bien au courant. Eh bien! jugez-en. Vous avez
voyagé, il y a deux ans, sur la Galathée, qui s’arrêtait
à l’île Saint-Domingue. D y avait sur ce navire, deux
gentilshommes écossais, des Jacobites, exilés pour avoir
soutenu le prétendant Charles-Edouard. Ces pauvres
gens avaient emporté le peu d’argent et de bijoux qu’on
leur avait laissés, afin d’acheter des terres à Saint-
Domingue. Vous vous êtes liés avec eux et vous avez...
...celui qui était mon ami. Ayant questionné le nègre, il
comprit votre détestable stratagème. Les deux Jacobites
et le batelier, assoiffés de vengeance, apprirent que vous
aviez gagné la Guadeloupe, mais durent travailler comme
débardeur^ assez longtemps pournqydtfBMk passage dans
cette île. Vous avez dû les voipÉ^ffr, ca^ls trouvèrent
la plantation vide. N’ayant mfcs"d’aUtres .preuves contre
vous que les dires du nègre/ ils né 'purent^iru^rèssef le
gouverneur à leur affaire Æ décidèrent dfc .vous chercher
eux-mêmes partout, mon jjtii nv écrivit tout cela ensuite...
...très sévère. Florent serait mis auxfers, ramené en Franco
au retour du brick et livré à qui de droit, sauf, bien
entendu, s’il payait assez cher pour que Tourtagnac se
tût. « Je n’ai qu’une maigre somme! » s’écria Florent
désespéré, et si épouvanté à l’idée de revenir et d’être
embastillé, qu’il préféra reprendre l’odieux rôle de Côme
Jamiguet, car, dans ce cas, Tourtagnac l’accompagnait à
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