Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1925-07-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11188 Nombre total de vues : 11188
Description : 19 juillet 1925 19 juillet 1925
Description : 1925/07/19 (N1137). 1925/07/19 (N1137).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k962986n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
No 1137. — 23 e Année,
19 Juillet 1925,
30 Centimes
La Jeunesse illustrée
LA PÉNICHE
Lo peintre Gastoby habitait avant la guerre un
vaste atelier au dernier étage de l’immeuble de
M. Vultur, rue des Vautours. Celui-ci avait l’in
tention d’augmenter considérablement ses locataires
lorsque la guerre éclata. A la fin des hostilités, la loi
sur les loyers le mit dans l’impossibilé de réaliser
oes beaux projets. Il plaida contre Gastoby qui
refusait de quitter râtelier, et perdit; lo tribunal
lui imposa son locataire jusqu’en 1925...
...décida, un beau jour, d’aller habiter sur la Seine,
dans une péniche. Mais comme il était aussi têtu
que M. Vultur, il ne voulut pas renoncor à son
atelier ot y laissa une partie de ses meubles, conti
nuant à lui payer, avec une régularité exaspérante,
le loyer qui avait été fixé par les tribunaux. M. Vul
tur ôtait joué. « N’avant pu avoir lo dernier mot
avec ce barbouilleur,fie me vengerai, s’écria-t-il, et il
faudra...
...lui avait appris que les péfjiches et autres embar
cations ou navires du port do Paris étaient sou-
misos A uno réglementation spéciale : elles devaient
renouveler tous les quinze Jours leur demande d’au
torisation ù stationner dans les eaux parisiennes.
Gastoby avait obtenu, A doux reprises, le renou
vellement nécessaire. Quand il fit pour la troisième
fois la demande obligatoire, Trivulee, par ses amis
do la préfecture, obtint qu’elle lui fût refusée. Lo
peintre en reçut la nouvelle...
...à la chasse et à la pèche. Des deux Américains,
l’un, Harry, qui était de tempérament actif et plutôt
violent, partait souvent en expédition avec sa cara
bine tandis que lo plus Jeune, Jim, doux et paisible
do caractère, restait souvent dos heures rt attendre
que le poisson mordit. Mais lo succès qu’BVolt
obtonu précédemment In péniche à Paris avait été
trop grand pour n’ôtre pas durable; ot les Journaux
publièrent encore des échos do sa randonnée au
pays morvandiuu.
DU PEINTRE, par
...moyennant une légère majoration du prix du
loyer. L’irascible M. Vultur manqua d’en avoir un
qoup de sang. Ayant rencontré le peintre dans l’es-
éalier, il eut avec lui une explication des plus
acerbes qui se termina par des voies de fait: tous
doux dégringolèrent les marches jusqu’à la porto de
la loge de la concierge. Le propriétaire se retira en
serrant les poings ot en jurant qu'il serait débar
rassé de son locataire...
VALVÉRANE
...avant un mois, dût-il pour cela démolir sa maison.
Il n’alla pas jusqu’à cette extrémité, mais peu s’en
fallut: il mit les maçons dans tous les locaux de son
immeuble, de façon à encombrer les escaliers de
gravats, de briques et de ciment. Des manœuvres, 1
payés par lui pour cela, s’ingéniaient à renverser
sur la tête de Gastoby lo contenu de leurs sacs de
plâtre. Bref, il lit la vie si dure au peintre, que
celui-ci...
‘gTposIriQN
a Dp
lÉjj
II
fiif
...que ma vengeance soit éclatante ! » Et il décida de consulter tous les membres de sa famille pour en trouver
une iqédite et péremptoire. Cependant, Gastoby avait, par son industrie, aménagé dans sa péniche un vaste
atelior et un petit appartement des plus confortables. Il sculpta lui-môme ses meubles, il eut l’idée d’y faire uno
oxposition de ses œuvres, et envoya des cartes d’invitation un peu partout. La chose fut trouvée originale et les
visiteurs affluèrent. Non seulement le succès de l’exposition fut très grand, mais un peu partout, dans les
grands journaux d’information aussi bien que dans les revues et magazines, on publia des vues photogra
phiques de la péniche du peintre et de son atelier flottant. Suprême consécration ! le cinéma, sous la rubrique
m actualités », lit revivre sur tous les écrans les diverses péripéties de l’existence aquatique de Gastoby, devenu
èélôbre.Mais Vultur tenait sa vengeance: son fils aîné Trivulee Vultur qui était fonctionnaire à la préfecture...
...iustoment le jour où son exposition, qui avait été
pécuniairement des plus rémunératrices, arrivait à
clôture. Le matin môme, deux riches Américains,
amateurs de peinture, étaient venus lui demander
de les prendre comme élèves afin d’étudier, sous sa
direction, la Seine,et ses bords, par des éclairages
infiniment variés, qu’y produisent tour à tour la
brume, le soleil, ou la grisaille des journées plu
vieuses. « C’est entendu, leur dit Gastoby, mais
comme je dois quitter Paris...
...nous irons, si vous voulez bien, peindre la Seine ot
ses bords dans sa vallée supérieure, et nous pous
serons môme jusque dans ses affluents. » Comme les
Américains payaient uno pension assez élevée, le
peintre put faire les frais a’un attelage de chevaux
de halage. L’atelier flottant remonta la vallée de
l’Yonne jusque dans le Morvan, où les deux élèves
et leur maître, tout en traduisant les splendeurs do
l’automne dans cette région boisée, se livraient
entre temps...
Gastoby ne cessait pour cola de payor régulière
ment son terme à M. Vultur, afin de continuer à
l'êmpôchor de louer à d’autres son atelier à un prix
supérieur. La rago du propriétaire augmentait de
Jour en Jour. Ayant appris, par les Journaux, à quoi
endroit se trouvait la péniche de son ennemi. Il
dépécha son fils auprès du charretier qui louait A
Gastoby sos services et ceux do ses chevaux de
halage. Les billots do banque à la main, Trivulee
déolda cot homme...
...à planter là le peintre ét sa péniche, les condam
nant ainsi à une immobilité qui commença à leur
peser quand la saison se fut refroidie. Gastoby eut
alors ridée de s’aboucher avec les mariniers qui
convoyaient des trains de bois qu’on dirige du
Morvan sur Paris. Il signa, avec les propriétaires de
cos bois, un traité qui l’assimilait aux convoyeurs et
lit route avec eux. La préfecture ne pouvait refuser
à ces convoyeurs l’autorisation de séjourner...
(Voir la suite page 2.)
19 Juillet 1925,
30 Centimes
La Jeunesse illustrée
LA PÉNICHE
Lo peintre Gastoby habitait avant la guerre un
vaste atelier au dernier étage de l’immeuble de
M. Vultur, rue des Vautours. Celui-ci avait l’in
tention d’augmenter considérablement ses locataires
lorsque la guerre éclata. A la fin des hostilités, la loi
sur les loyers le mit dans l’impossibilé de réaliser
oes beaux projets. Il plaida contre Gastoby qui
refusait de quitter râtelier, et perdit; lo tribunal
lui imposa son locataire jusqu’en 1925...
...décida, un beau jour, d’aller habiter sur la Seine,
dans une péniche. Mais comme il était aussi têtu
que M. Vultur, il ne voulut pas renoncor à son
atelier ot y laissa une partie de ses meubles, conti
nuant à lui payer, avec une régularité exaspérante,
le loyer qui avait été fixé par les tribunaux. M. Vul
tur ôtait joué. « N’avant pu avoir lo dernier mot
avec ce barbouilleur,fie me vengerai, s’écria-t-il, et il
faudra...
...lui avait appris que les péfjiches et autres embar
cations ou navires du port do Paris étaient sou-
misos A uno réglementation spéciale : elles devaient
renouveler tous les quinze Jours leur demande d’au
torisation ù stationner dans les eaux parisiennes.
Gastoby avait obtenu, A doux reprises, le renou
vellement nécessaire. Quand il fit pour la troisième
fois la demande obligatoire, Trivulee, par ses amis
do la préfecture, obtint qu’elle lui fût refusée. Lo
peintre en reçut la nouvelle...
...à la chasse et à la pèche. Des deux Américains,
l’un, Harry, qui était de tempérament actif et plutôt
violent, partait souvent en expédition avec sa cara
bine tandis que lo plus Jeune, Jim, doux et paisible
do caractère, restait souvent dos heures rt attendre
que le poisson mordit. Mais lo succès qu’BVolt
obtonu précédemment In péniche à Paris avait été
trop grand pour n’ôtre pas durable; ot les Journaux
publièrent encore des échos do sa randonnée au
pays morvandiuu.
DU PEINTRE, par
...moyennant une légère majoration du prix du
loyer. L’irascible M. Vultur manqua d’en avoir un
qoup de sang. Ayant rencontré le peintre dans l’es-
éalier, il eut avec lui une explication des plus
acerbes qui se termina par des voies de fait: tous
doux dégringolèrent les marches jusqu’à la porto de
la loge de la concierge. Le propriétaire se retira en
serrant les poings ot en jurant qu'il serait débar
rassé de son locataire...
VALVÉRANE
...avant un mois, dût-il pour cela démolir sa maison.
Il n’alla pas jusqu’à cette extrémité, mais peu s’en
fallut: il mit les maçons dans tous les locaux de son
immeuble, de façon à encombrer les escaliers de
gravats, de briques et de ciment. Des manœuvres, 1
payés par lui pour cela, s’ingéniaient à renverser
sur la tête de Gastoby lo contenu de leurs sacs de
plâtre. Bref, il lit la vie si dure au peintre, que
celui-ci...
‘gTposIriQN
a Dp
lÉjj
II
fiif
...que ma vengeance soit éclatante ! » Et il décida de consulter tous les membres de sa famille pour en trouver
une iqédite et péremptoire. Cependant, Gastoby avait, par son industrie, aménagé dans sa péniche un vaste
atelior et un petit appartement des plus confortables. Il sculpta lui-môme ses meubles, il eut l’idée d’y faire uno
oxposition de ses œuvres, et envoya des cartes d’invitation un peu partout. La chose fut trouvée originale et les
visiteurs affluèrent. Non seulement le succès de l’exposition fut très grand, mais un peu partout, dans les
grands journaux d’information aussi bien que dans les revues et magazines, on publia des vues photogra
phiques de la péniche du peintre et de son atelier flottant. Suprême consécration ! le cinéma, sous la rubrique
m actualités », lit revivre sur tous les écrans les diverses péripéties de l’existence aquatique de Gastoby, devenu
èélôbre.Mais Vultur tenait sa vengeance: son fils aîné Trivulee Vultur qui était fonctionnaire à la préfecture...
...iustoment le jour où son exposition, qui avait été
pécuniairement des plus rémunératrices, arrivait à
clôture. Le matin môme, deux riches Américains,
amateurs de peinture, étaient venus lui demander
de les prendre comme élèves afin d’étudier, sous sa
direction, la Seine,et ses bords, par des éclairages
infiniment variés, qu’y produisent tour à tour la
brume, le soleil, ou la grisaille des journées plu
vieuses. « C’est entendu, leur dit Gastoby, mais
comme je dois quitter Paris...
...nous irons, si vous voulez bien, peindre la Seine ot
ses bords dans sa vallée supérieure, et nous pous
serons môme jusque dans ses affluents. » Comme les
Américains payaient uno pension assez élevée, le
peintre put faire les frais a’un attelage de chevaux
de halage. L’atelier flottant remonta la vallée de
l’Yonne jusque dans le Morvan, où les deux élèves
et leur maître, tout en traduisant les splendeurs do
l’automne dans cette région boisée, se livraient
entre temps...
Gastoby ne cessait pour cola de payor régulière
ment son terme à M. Vultur, afin de continuer à
l'êmpôchor de louer à d’autres son atelier à un prix
supérieur. La rago du propriétaire augmentait de
Jour en Jour. Ayant appris, par les Journaux, à quoi
endroit se trouvait la péniche de son ennemi. Il
dépécha son fils auprès du charretier qui louait A
Gastoby sos services et ceux do ses chevaux de
halage. Les billots do banque à la main, Trivulee
déolda cot homme...
...à planter là le peintre ét sa péniche, les condam
nant ainsi à une immobilité qui commença à leur
peser quand la saison se fut refroidie. Gastoby eut
alors ridée de s’aboucher avec les mariniers qui
convoyaient des trains de bois qu’on dirige du
Morvan sur Paris. Il signa, avec les propriétaires de
cos bois, un traité qui l’assimilait aux convoyeurs et
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à ces convoyeurs l’autorisation de séjourner...
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