Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1918-03-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11188 Nombre total de vues : 11188
Description : 31 mars 1918 31 mars 1918
Description : 1918/03/31 (N759). 1918/03/31 (N759).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9628056
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/05/2013
N° 759. — 16 e Année.
Provisoirement : Centimes
31 Mars 1918.
La Jeunesse illustrée
Peu après, le capitaine et son escorte arrivaient au
château de Darmstadt, et le chef des uhlans faisait
son rapport au général. Ce dernier n’eut pas plus tôt
appris la capture de l’aviateur qu'il jura de faire
expier à celui-ci le récent raid de ses camarades. Le
prince hoche était si joyeux qu’il se fit amener le
soi-disant Suisse allemand et lui donna un billet de
cent marks ; puis il le questionna à son tour.
Ne pouvant se douter qu’il s’agissait là d’une comé
die ayant pour but de laisser sa liberté au mécani
cien, les uhlans mirent tranquillem ent pied à terre
et marchèrent vers les deux hommes. Ils n’en étaient
plus qu’à faible distance quand le capitaine tomba,
terrassé, tandis que Strefeld criait aux uhlans, tout
en faisant mine de maintenir son chef : « — A moi! il
cherche à m’échapper! »
... comme étant un ennemi, rien qu’en voyant la
cocarde tricolore peinte sous les ailes de l’avion.
« — Bon, répliqua le uhlan. Viens avec nous chez le
général. Son Excellence te félicitera d’autant plus
que les Français sont venus, il y a trois jours, jeter
des bombes sur Darmstadt. Tu recevras même sûre
ment une petite récompense. — MeinGott ! j’ai eu une
flère chance de passer par Mannheim aujourd’hui ! »
Naturellement, l’Alsacien répéta sa petite fable.
« — Mon garçon, lui dit alors le général, la preuve
d’amitié que tu viens de donner à 1 Allemagne n’aura
pas été vaine. Puisque tu es chauffeur, je te prends
a mon service; tu remplaceras mon ivrogne de Fritz,
que je vais envoyer à son régiment. Pour commencer,
va au garage et amène mon auto devant le perron,
tu vas me conduire à la forteresse où je compte
carder le Français...
HABILE ÉVASION, par LÉGER
Mais alors le moteur commença d’avoir des ratés ;
puis, il se tut complètement, obligeant le capitaine,
furieux de cette panne, à descendre en vol plané,
dans les environs de Mannheim. Strefeld, qui explorait
anxieusement le paysage, aperçut urr peloton de
uhlans galopant à toute bride. Vite,il s’accroupit sur
place, en disant : « — Mon capitaine, tâchez d’atterrir
derrière Je petit bois, à gauche...
... On ne me voit pas; mais, comme nous ne pouvons
échapper, je feindrai de vous capturer moi-môme,
afin de rester libre pour vous faire évader. » L’officier
jeta un regard en bas et vit, lui aussi, les uhlans qui
accouraient en trombe. «— Tu as raison, fit-il.. Du
moment que je suis pris, fais ce que tu pourras pour
éviter la captivité. » Deux minutes plus tard, l’avion
rasait ia cime des arbres et allait se poser de l’autre
côté du bois...
...où les uhlans ne tardèrent point à s’engouffrer,
sûrs maintenant que l’aviateur français, qu’ils sui
vaient avec acharnement, ne pouvait plus leur échap
per. Quand ils arrivèrent dans le champ où l’avion
avait atterri, ils eurent tous un cri de surprisé en
voyant celui qu’ils traquaient ainsi, en train de se
colleter avec un homme en veste de toile bleue, c’est-
à-dire vêtu en ouvrier.
relayer l’officier, lui demanda sa parole de ne pas
chercher à fuir. Sur un refus sec du capitaine Marmot,
le uhlan lui fit lier les mains derrière le dos et lui
iéclara qu'il allait le conduire tout d’abord au général
prince de Darmstadt, qui se trouvait justement dans
son château, que Son Excellence déciderait elle-même
lu lieu où devrait être interné le prisonnier.
Puis, le uhlan interrogea Strefeld, qui n’avait pas
prononcé une parole. L’Alsacien répondit, afin d'ex
pliquer sa compréhension de la langue allemande,
qu’il se rendait à Mayence, pour y chercher de l’ou
vrage en qualité de chauffeur ; qu’il était origi îaire
de la Suisse allemande et, détestant les Français, il
n’avait pu résister à l’envie d'aider à capturer l’avia
teur, qu’il avait tout de suite reconnu...
... dans un cachot, jusqu’à sa mort, afin qu’au moins
celui-là ne bombarde plus de ville allemande. » Peu
après, la moteur ronflait et Strefeld, par un habile
virage, venait se placer devant le perron du château.
Le général prit place dans son auto, â la suite du
capitaine, à qui il avait déjà annoncé le sort qu’il lui
réservait, mais sans obtenir de l’aviateur autre chose
qu'un regard d’écrasant mépris.
(Voir la suite pa~e 2 J
Le capitaine Marmot ayant été, en sa qualité de
;hef d’escadrille, chargé d’opérer une reconnaissance
périlleuse, son mécanicien, un jeune Alsacien nommé
Strefeld, depuis longtemps naturalisé Français, lui
offrit aussitôt de l'accompagner. « — Comprenez, mon
capitaine, lui dit-ü, une panne peut survenir et, dans
ce cas, je vous serais très utile. — Mais il y a du
langer, répliqua l'officier hésitant. — Bah ! qu’im
porte? » fit en riant le brave garçon.
ciel, filant au-dessus des lignes allemandes et bientôt
canonné avec une rage inouïe et telle que les deux
aviateurs n’avançaient plus qu’à travers des éclats
de shrapnels explosant tout autour de l’aéro. Une
heure durant, l’oiseau de France vola ainsi, puis il y
eut une accalmie; la zone la plus dangereuse' était
franchie.
Provisoirement : Centimes
31 Mars 1918.
La Jeunesse illustrée
Peu après, le capitaine et son escorte arrivaient au
château de Darmstadt, et le chef des uhlans faisait
son rapport au général. Ce dernier n’eut pas plus tôt
appris la capture de l’aviateur qu'il jura de faire
expier à celui-ci le récent raid de ses camarades. Le
prince hoche était si joyeux qu’il se fit amener le
soi-disant Suisse allemand et lui donna un billet de
cent marks ; puis il le questionna à son tour.
Ne pouvant se douter qu’il s’agissait là d’une comé
die ayant pour but de laisser sa liberté au mécani
cien, les uhlans mirent tranquillem ent pied à terre
et marchèrent vers les deux hommes. Ils n’en étaient
plus qu’à faible distance quand le capitaine tomba,
terrassé, tandis que Strefeld criait aux uhlans, tout
en faisant mine de maintenir son chef : « — A moi! il
cherche à m’échapper! »
... comme étant un ennemi, rien qu’en voyant la
cocarde tricolore peinte sous les ailes de l’avion.
« — Bon, répliqua le uhlan. Viens avec nous chez le
général. Son Excellence te félicitera d’autant plus
que les Français sont venus, il y a trois jours, jeter
des bombes sur Darmstadt. Tu recevras même sûre
ment une petite récompense. — MeinGott ! j’ai eu une
flère chance de passer par Mannheim aujourd’hui ! »
Naturellement, l’Alsacien répéta sa petite fable.
« — Mon garçon, lui dit alors le général, la preuve
d’amitié que tu viens de donner à 1 Allemagne n’aura
pas été vaine. Puisque tu es chauffeur, je te prends
a mon service; tu remplaceras mon ivrogne de Fritz,
que je vais envoyer à son régiment. Pour commencer,
va au garage et amène mon auto devant le perron,
tu vas me conduire à la forteresse où je compte
carder le Français...
HABILE ÉVASION, par LÉGER
Mais alors le moteur commença d’avoir des ratés ;
puis, il se tut complètement, obligeant le capitaine,
furieux de cette panne, à descendre en vol plané,
dans les environs de Mannheim. Strefeld, qui explorait
anxieusement le paysage, aperçut urr peloton de
uhlans galopant à toute bride. Vite,il s’accroupit sur
place, en disant : « — Mon capitaine, tâchez d’atterrir
derrière Je petit bois, à gauche...
... On ne me voit pas; mais, comme nous ne pouvons
échapper, je feindrai de vous capturer moi-môme,
afin de rester libre pour vous faire évader. » L’officier
jeta un regard en bas et vit, lui aussi, les uhlans qui
accouraient en trombe. «— Tu as raison, fit-il.. Du
moment que je suis pris, fais ce que tu pourras pour
éviter la captivité. » Deux minutes plus tard, l’avion
rasait ia cime des arbres et allait se poser de l’autre
côté du bois...
...où les uhlans ne tardèrent point à s’engouffrer,
sûrs maintenant que l’aviateur français, qu’ils sui
vaient avec acharnement, ne pouvait plus leur échap
per. Quand ils arrivèrent dans le champ où l’avion
avait atterri, ils eurent tous un cri de surprisé en
voyant celui qu’ils traquaient ainsi, en train de se
colleter avec un homme en veste de toile bleue, c’est-
à-dire vêtu en ouvrier.
relayer l’officier, lui demanda sa parole de ne pas
chercher à fuir. Sur un refus sec du capitaine Marmot,
le uhlan lui fit lier les mains derrière le dos et lui
iéclara qu'il allait le conduire tout d’abord au général
prince de Darmstadt, qui se trouvait justement dans
son château, que Son Excellence déciderait elle-même
lu lieu où devrait être interné le prisonnier.
Puis, le uhlan interrogea Strefeld, qui n’avait pas
prononcé une parole. L’Alsacien répondit, afin d'ex
pliquer sa compréhension de la langue allemande,
qu’il se rendait à Mayence, pour y chercher de l’ou
vrage en qualité de chauffeur ; qu’il était origi îaire
de la Suisse allemande et, détestant les Français, il
n’avait pu résister à l’envie d'aider à capturer l’avia
teur, qu’il avait tout de suite reconnu...
... dans un cachot, jusqu’à sa mort, afin qu’au moins
celui-là ne bombarde plus de ville allemande. » Peu
après, la moteur ronflait et Strefeld, par un habile
virage, venait se placer devant le perron du château.
Le général prit place dans son auto, â la suite du
capitaine, à qui il avait déjà annoncé le sort qu’il lui
réservait, mais sans obtenir de l’aviateur autre chose
qu'un regard d’écrasant mépris.
(Voir la suite pa~e 2 J
Le capitaine Marmot ayant été, en sa qualité de
;hef d’escadrille, chargé d’opérer une reconnaissance
périlleuse, son mécanicien, un jeune Alsacien nommé
Strefeld, depuis longtemps naturalisé Français, lui
offrit aussitôt de l'accompagner. « — Comprenez, mon
capitaine, lui dit-ü, une panne peut survenir et, dans
ce cas, je vous serais très utile. — Mais il y a du
langer, répliqua l'officier hésitant. — Bah ! qu’im
porte? » fit en riant le brave garçon.
ciel, filant au-dessus des lignes allemandes et bientôt
canonné avec une rage inouïe et telle que les deux
aviateurs n’avançaient plus qu’à travers des éclats
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