Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1917-04-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11188 Nombre total de vues : 11188
Description : 08 avril 1917 08 avril 1917
Description : 1917/04/08 (N708). 1917/04/08 (N708).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k962761f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/05/2013
N° 708. — 15 e Année.
- ÎO Centimes -
8 Avril 1917.
La Jeunesse illustrée
LA PÉNICHE, par VALVÉRflNE
A chaque nouveau voyage, Jean et
avaient un peu plus grandi; ils se retrouvaient
chaque fois avec plaisir et le fils de l’éclusier
donnait toujours à la fille du marinier un petit
souvenir.
Julotne voyait pas cela d’un bon œil; il avait
personnellement des vues sur Mariette; il avait
formé le projet de l’épouser et caressé l’espoir de
succéder au patron Jolibois dans son commerce.
Mais il sentait que ses avances auprès de la jeune
fille étaient froidement accueillies et il flairait...
...un rival dans Jean Petitpon. C’est avec dépit
qu’il apprit un jour que Jean allait faire la des
cente jusqu’à Paris à bord de la péniche. L’éclu
sier avait des affaires à débrouiller dans la capitale
et avait décidé d’y envoyer son fils à sa place. Le
père Jolibois avait offert de l’y emmener .
L’éclusier Petitpon était un vieux camarade du
patron de la péniche. Les deux familles se réunis
saient à chaque passage. Les Jolibois avaient une
fille, nommée Mariette, et les Petitpon un fils
appelé Jean. On parlait déjà de les marier...
...lorsquils seraient en âge. ce patron joudois
avait comme aide-marinier un garçon très entendu
dans son métier, Julot. Ce Julot était sérieux et
travailleur, mais son caractère, à la fois violent et
sournois, lui avait aliéné bien des sympathies.
Le soir, on se retrouvait à la table familiale,
dans la grande cabine de la Victorine. On y par
lait métier, et c’est ainsi qu’on en vint à s’entre
tenir du grand nombre de bateliers et d’éclusiers
qui ne savaient pas nager. « — Je l’avoue à ma
honte, dit Jean, mais moi-méme, si je tombais à
l’eau, je serais incapable de me tirer d’affaire. >»
... lorsqu’il se sentit enlevé par les épaules et
jeté à terre. Jean était là, devant lui, protégeant
sa fiancée. « — Jean, dit Mariette, n’insiste pas ;
le pauvre garçon a agi dans un moment de colère.
N’en parlons plus et passons l’éponge. »
Celte phrase était restée gravée dans la tête du
vindicatif Julot. Il savait que Jean devait venir le
remplacer au gouvernail à quatre heures, et que
c’était par le plat-bord de droite qu’il avait l’habi
tude de s’y rendre. L’aide-marinier savonna ce
platrbord pour le rendre glissant. Or, ce soir-]à,
le patron Jolibois, ayant besoin de Jean...
Il n’en fut plus question entre eux. Mais Julot
n’avait rien oublié et s’était promis de se venger.
Jean avait pris place à bord. Il aidait à la ma
nœuvre et remplaçait l’aide-marinier au gouver
nail à certaines heures.
... dépêcha Mariette à Julot pour lui dire de
rester au gouvernail jusqu’à nouvel ordre. Mais,
à peine la jeune fille avait-elle fait quelques pas,
qu’elle glissa sur le plat-bord traîtreusement
savonné, et tomba à l’eau en poussant un grand
cri.
(Voir la suite page 2.J
Avant que son rival ne montât à bord, Julot
résolut d’avoir une explication avec Mariette.
Cette explication fut orageuse, Julot menaçant, la
jeune fille persistant dans son refus. A la fin,
l’aide-marinier, exaspéré, saisit les poignets de
Mariette. Il allait la rudoyer...
v La péniche la Victorine appartenait au patron
Jolibo : s. Tous les ans elle convoyait des trains de
bois depuis le Morvan jusqu’à l’embouchure de
la Seine. Et tous les ans elle s’arrêtait à l’écluse
du père Petit
- ÎO Centimes -
8 Avril 1917.
La Jeunesse illustrée
LA PÉNICHE, par VALVÉRflNE
A chaque nouveau voyage, Jean et
avaient un peu plus grandi; ils se retrouvaient
chaque fois avec plaisir et le fils de l’éclusier
donnait toujours à la fille du marinier un petit
souvenir.
Julotne voyait pas cela d’un bon œil; il avait
personnellement des vues sur Mariette; il avait
formé le projet de l’épouser et caressé l’espoir de
succéder au patron Jolibois dans son commerce.
Mais il sentait que ses avances auprès de la jeune
fille étaient froidement accueillies et il flairait...
...un rival dans Jean Petitpon. C’est avec dépit
qu’il apprit un jour que Jean allait faire la des
cente jusqu’à Paris à bord de la péniche. L’éclu
sier avait des affaires à débrouiller dans la capitale
et avait décidé d’y envoyer son fils à sa place. Le
père Jolibois avait offert de l’y emmener .
L’éclusier Petitpon était un vieux camarade du
patron de la péniche. Les deux familles se réunis
saient à chaque passage. Les Jolibois avaient une
fille, nommée Mariette, et les Petitpon un fils
appelé Jean. On parlait déjà de les marier...
...lorsquils seraient en âge. ce patron joudois
avait comme aide-marinier un garçon très entendu
dans son métier, Julot. Ce Julot était sérieux et
travailleur, mais son caractère, à la fois violent et
sournois, lui avait aliéné bien des sympathies.
Le soir, on se retrouvait à la table familiale,
dans la grande cabine de la Victorine. On y par
lait métier, et c’est ainsi qu’on en vint à s’entre
tenir du grand nombre de bateliers et d’éclusiers
qui ne savaient pas nager. « — Je l’avoue à ma
honte, dit Jean, mais moi-méme, si je tombais à
l’eau, je serais incapable de me tirer d’affaire. >»
... lorsqu’il se sentit enlevé par les épaules et
jeté à terre. Jean était là, devant lui, protégeant
sa fiancée. « — Jean, dit Mariette, n’insiste pas ;
le pauvre garçon a agi dans un moment de colère.
N’en parlons plus et passons l’éponge. »
Celte phrase était restée gravée dans la tête du
vindicatif Julot. Il savait que Jean devait venir le
remplacer au gouvernail à quatre heures, et que
c’était par le plat-bord de droite qu’il avait l’habi
tude de s’y rendre. L’aide-marinier savonna ce
platrbord pour le rendre glissant. Or, ce soir-]à,
le patron Jolibois, ayant besoin de Jean...
Il n’en fut plus question entre eux. Mais Julot
n’avait rien oublié et s’était promis de se venger.
Jean avait pris place à bord. Il aidait à la ma
nœuvre et remplaçait l’aide-marinier au gouver
nail à certaines heures.
... dépêcha Mariette à Julot pour lui dire de
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à peine la jeune fille avait-elle fait quelques pas,
qu’elle glissa sur le plat-bord traîtreusement
savonné, et tomba à l’eau en poussant un grand
cri.
(Voir la suite page 2.J
Avant que son rival ne montât à bord, Julot
résolut d’avoir une explication avec Mariette.
Cette explication fut orageuse, Julot menaçant, la
jeune fille persistant dans son refus. A la fin,
l’aide-marinier, exaspéré, saisit les poignets de
Mariette. Il allait la rudoyer...
v La péniche la Victorine appartenait au patron
Jolibo : s. Tous les ans elle convoyait des trains de
bois depuis le Morvan jusqu’à l’embouchure de
la Seine. Et tous les ans elle s’arrêtait à l’écluse
du père Petit
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