Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1917-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 avril 1917 01 avril 1917
Description : 1917/04/01 (N707). 1917/04/01 (N707).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9627602
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/05/2013
707e — 15 e Année,
1er Avril 1917,
- ÎO Centimes -
La Jeunesse illustrée
LES MILLIONS DU FLIBUSTIER, par LÉGER
Vers la fin du xvir siècle, une véritable armée'de
flibustiers, après s’être emparée de l’île de la Tortue,
ssituée à l’entrée de la mer des Antilles, s’était rapide
ment procuré une flotte imposante, en attaquant et
capturant les navires espagnols faisant le service
entre l’Espagne et le Pérou, la plupart chargés d’or
des mines péruviennes. A la suite de choque prise, le
butin était partagé entre tous les combattants...
La 'missive étant prête, Louis XIV fit appeler
garnirai de Pointis, le futur vainqueur de Carthagène,
et, lui remettant le pli, lui ordonna de se rendre im
médiatement à bord de sa meilleure frégate et de
faire aussitôt voile pour l’île de la Tortue, afin de por
ter à Montbars la royale lettre, dont il lui apprit le con
tenu. Après un voyage de deux mois, M. de Pointis...
L’amiral repartit donc en emportant l’assurance
que Montbars et ses millions le suivraient à Ver
sailles, de quelques jours seulement. En effet, M. de
Pointis était à peine de retour, que le chef des
flibustiers arrivait au. Havre. Après avoir laissé sa
frégate sous le commandement de son capitaine de
pavillon Vent-en-Panne, il se rendit à terre, accom
pagné de deux jeunes officiers...
Cinglé comme d’un coup de cravache, Valgas bondit
vers le gentilhomme et répliqua rudement, en lui
posant lourdement une main sur l’épaule : « — En
effet, monsieur, je n’ai point l’habitude des cours;
mais, en revanche, j’ai celle de châtier les insolents.
Veuillez donc me suivre sur-le-champ dans les jar
dins, ou je vous coupe les oreilles ! »
... mais seulement après que l’on avait prélevé la
part du roi de France, qui était aussitôt remise au
gouverneur de l’ile de Saint-Domingue, dont le ter
ritoire et les ports, grâce à cette dîme volontaire,
restaient toujours ouverts aux flibustiers, lorsque ces
derniers se trouvaient dans la nécessité d’y chercher
un refuge. Louis XIV, qui exécrait l’Espagne, tirait
donc un double avantage de cette guerre continuelle.
...jetait l’ancre à l’île de la Tortue, et allait remettre
la missive au terrible Montbars, que les Espagnols
avaient surnommé 1 ’Exterminateur. En apprenant la
qualité du messager, le flibustier fit apporter le meil
leur vin de ses caves et dit, en levant son verre :
« — A la santé du roi, monsieur! » Ce double acte
de courtoisie accompli, Montbars...
... l’Italien Forcini et le Français Valgas. Acheter
trois chevaux et filer à fond de train sur la route de
Paris fut l’affaire de quelques heures. A Versailles,
ils prirent gîte dans la plus luxueuse des hôtel
leries, puis ils firent une toilette raffinée, après quoi
Montbars et Valgas se rendirent à pied au château,
sûrs de leur importance, et la main sur la poignée
de leur épée.
Le gentilhomme porta aussitôt la main à son épée.
Mais son ami se jeta entre les deux adversaires pour
les séparer, tout en leur faisant remarquer qu’en
agissant ainsi c’était leur tête qu’ils jouaient, leur acte
équivalant à un crime de lèse-majesté. Peine perdue,
Valgas réitéra sa menace, si son insulteur ne se déci
dait à sortir immédiatement. Hors de lui...
Sachant que les flibustiers lui étaient tout dévoués,
il songea, vers 1697, à utiliser leur concours pour
s’emparer de la ville maritime de Carthagène, au sud
de la mer des Antilles. Mais, pour cette expédition,
il fallait de l’argent, et les précédentes guerres
avaient épuisé les finances de l’Etat. Le roi se résolut
donc à écrire à Montbars, chef de la Flibuste, pour
lui demander cinq millions.
...s’approcha d’une fenêtre et lut avec une grande
attention le royal message, en pesant tous les termes
et calculant instantanément les avantages que la
flibuste retirerait de ce prêt considérable fait au roi
de France; sans parler de la part de butin qui revien
drait aux flibustiers après le pillage de Carthagène,-
car Jlsnarticiperaient sûrement à la prise de la ville.
Aussitôt prévenu'de leur arrivée, l’amiral de Pointis
prit Montbars par le bras et le mena chez le roi,
tandis que Valgas demeurait dans la galerie, toisant
de. son dur regard de flibustier quelques jeunes sei
gneurs que cette arrogante attitude choqua si fort
que l’un d’eux dit à un de ses amis, et à haute voix :
« — Que voulez-vous, mon cher, ces gens-là n’ont
aucune habitude de la cour. »
... le gentilhomme oublia tout : le roi, la Bastille, le
bourreau, pour relever séance tenante le défi et l’in
jure du flibustier... Un quart d’heure après, les deux
jeunes gens ferraillaient dans une allée des jardins de
Versailles, tandis que plusieurs gentilshommes, qui les
avaient suivis, assistaient de loin, avec terreur, à cet
extraordinaire duel... (Voir la suite page 2.)
1er Avril 1917,
- ÎO Centimes -
La Jeunesse illustrée
LES MILLIONS DU FLIBUSTIER, par LÉGER
Vers la fin du xvir siècle, une véritable armée'de
flibustiers, après s’être emparée de l’île de la Tortue,
ssituée à l’entrée de la mer des Antilles, s’était rapide
ment procuré une flotte imposante, en attaquant et
capturant les navires espagnols faisant le service
entre l’Espagne et le Pérou, la plupart chargés d’or
des mines péruviennes. A la suite de choque prise, le
butin était partagé entre tous les combattants...
La 'missive étant prête, Louis XIV fit appeler
garnirai de Pointis, le futur vainqueur de Carthagène,
et, lui remettant le pli, lui ordonna de se rendre im
médiatement à bord de sa meilleure frégate et de
faire aussitôt voile pour l’île de la Tortue, afin de por
ter à Montbars la royale lettre, dont il lui apprit le con
tenu. Après un voyage de deux mois, M. de Pointis...
L’amiral repartit donc en emportant l’assurance
que Montbars et ses millions le suivraient à Ver
sailles, de quelques jours seulement. En effet, M. de
Pointis était à peine de retour, que le chef des
flibustiers arrivait au. Havre. Après avoir laissé sa
frégate sous le commandement de son capitaine de
pavillon Vent-en-Panne, il se rendit à terre, accom
pagné de deux jeunes officiers...
Cinglé comme d’un coup de cravache, Valgas bondit
vers le gentilhomme et répliqua rudement, en lui
posant lourdement une main sur l’épaule : « — En
effet, monsieur, je n’ai point l’habitude des cours;
mais, en revanche, j’ai celle de châtier les insolents.
Veuillez donc me suivre sur-le-champ dans les jar
dins, ou je vous coupe les oreilles ! »
... mais seulement après que l’on avait prélevé la
part du roi de France, qui était aussitôt remise au
gouverneur de l’ile de Saint-Domingue, dont le ter
ritoire et les ports, grâce à cette dîme volontaire,
restaient toujours ouverts aux flibustiers, lorsque ces
derniers se trouvaient dans la nécessité d’y chercher
un refuge. Louis XIV, qui exécrait l’Espagne, tirait
donc un double avantage de cette guerre continuelle.
...jetait l’ancre à l’île de la Tortue, et allait remettre
la missive au terrible Montbars, que les Espagnols
avaient surnommé 1 ’Exterminateur. En apprenant la
qualité du messager, le flibustier fit apporter le meil
leur vin de ses caves et dit, en levant son verre :
« — A la santé du roi, monsieur! » Ce double acte
de courtoisie accompli, Montbars...
... l’Italien Forcini et le Français Valgas. Acheter
trois chevaux et filer à fond de train sur la route de
Paris fut l’affaire de quelques heures. A Versailles,
ils prirent gîte dans la plus luxueuse des hôtel
leries, puis ils firent une toilette raffinée, après quoi
Montbars et Valgas se rendirent à pied au château,
sûrs de leur importance, et la main sur la poignée
de leur épée.
Le gentilhomme porta aussitôt la main à son épée.
Mais son ami se jeta entre les deux adversaires pour
les séparer, tout en leur faisant remarquer qu’en
agissant ainsi c’était leur tête qu’ils jouaient, leur acte
équivalant à un crime de lèse-majesté. Peine perdue,
Valgas réitéra sa menace, si son insulteur ne se déci
dait à sortir immédiatement. Hors de lui...
Sachant que les flibustiers lui étaient tout dévoués,
il songea, vers 1697, à utiliser leur concours pour
s’emparer de la ville maritime de Carthagène, au sud
de la mer des Antilles. Mais, pour cette expédition,
il fallait de l’argent, et les précédentes guerres
avaient épuisé les finances de l’Etat. Le roi se résolut
donc à écrire à Montbars, chef de la Flibuste, pour
lui demander cinq millions.
...s’approcha d’une fenêtre et lut avec une grande
attention le royal message, en pesant tous les termes
et calculant instantanément les avantages que la
flibuste retirerait de ce prêt considérable fait au roi
de France; sans parler de la part de butin qui revien
drait aux flibustiers après le pillage de Carthagène,-
car Jlsnarticiperaient sûrement à la prise de la ville.
Aussitôt prévenu'de leur arrivée, l’amiral de Pointis
prit Montbars par le bras et le mena chez le roi,
tandis que Valgas demeurait dans la galerie, toisant
de. son dur regard de flibustier quelques jeunes sei
gneurs que cette arrogante attitude choqua si fort
que l’un d’eux dit à un de ses amis, et à haute voix :
« — Que voulez-vous, mon cher, ces gens-là n’ont
aucune habitude de la cour. »
... le gentilhomme oublia tout : le roi, la Bastille, le
bourreau, pour relever séance tenante le défi et l’in
jure du flibustier... Un quart d’heure après, les deux
jeunes gens ferraillaient dans une allée des jardins de
Versailles, tandis que plusieurs gentilshommes, qui les
avaient suivis, assistaient de loin, avec terreur, à cet
extraordinaire duel... (Voir la suite page 2.)
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