Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1913-03-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 mars 1913 09 mars 1913
Description : 1913/03/09 (N524). 1913/03/09 (N524).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k962698t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2013
N° 524. — 11* Année.
lO Centimes -
9 Mars 1913.
La Jeunesse illustrée
UjSlE TRAGÉDIE NOYADE (6* Suite), par Georges OJVI^Y
« Aussi le roi est-il revenu furieux. — J’en sais quel
que chose. - Or, à ce moment il recevait en ambas
sade le fameux duc d’Albe. Nul n’ignore quelle haine
celui-ci porte aux hérétiques. Il n’eut pas de mal à
prouver au roi que ces dits hérétiques n’avaient d’au
tre but que de détruire son autorité royale...
Quand vint le jour, Brusquet laissa le malade sous
la garde d’un serviteur dévoué et se dirigea vers le
Louvre. «Il n’est pas possible, pensait le bouffon, que le
roi ait conservé à mon égard sa mauvaise humeur
d’hier... » A ce moment il entendit une voix qui
l’appelait et il aperçut un garde de ses amis, qui
accourut auprès de lui.
— Mais je ne vois pas en quoi, moi... — Attendez.
En même temps le duc d’Albe s’est plaint de vous...
Vous avez fait des frasques, paraît-il, en Espagne...
Bref, l’ambassadeur vous en veut et pour mieux vous
perdre dans l’esprit du roi, il lui a fait accroire que
vous étiez secrètement attaché aux hérétiques — Dia
ble, je commence à comprendre.
— Eh 1 que diable, s’écria Brusquet, avant de mou
rir il faut vivre. Et tant qu’il y a de la vie, il y a de
l’espoir. Espérons donc. Certes, la résolution de votre
{ )ère est une satanée tuile qui tombe sur le coin de
a figure de votre bonheur, juste au moment où il
apparaissait...
Le bouffon était très inquiet et il s’alarmait de voir
chez don Carlos un état de fièvre qui allait toujours
grandissant. Il le ramena à la riche hôtellerie où le
prince était descendu. Quand ils y arrivèrent, le jeune
homme était si faible qu’on dut le coucher aussitôt.
On sait que Brusquet était un ancien chirurgien. Il
donna donc à don Carlos les remèdes usités. Mais
l’état du malade demeurait stationnaire. « Diable,
se dit le bouffon, cela tourne"à la fièvre cérébrale. Eh
bien, nous voilà dans de beaux draps! » Enfin il par
vint à endormir le prince, grâce à une potion cal
mante de sa composition.
— Vous devinez la colère d’Henri II. Votre disgrâce
fut vite connue et les courtisans, toujours jaloux de la
faveur, même accordée à un bouffon, en profitèrent
pour faire sur vous mille rapports qui achevèrent de
vous perdre dans l’esprit royal. Bref, le roi a ordonné
qu’on vous saisisse dès que vous vous présenterez au
Louvre... (Voir la suite page 2A
— Quoi! s’écria Brusquet, Philippe II veut épouser
la princesse Elisabeth, une toute jeune fille? — Il est
vrai, dit don Pietro, que le roi d’Espagne a déjà l’as
pect d’un vieillard, il n’a cependant pas quarante
ans. (Il était fort jeune lors de son premier mariage et
il n’avait pas vingt ans quand don Carlos naquit.)
« Sa prétention n’a donc rien de ridicule. •— Et je
comprends fort bien, murmura don Carlos, qu’à la
vue du portrait d’Elisabeth, il soit demeuré ébloui.
Aussi, pour obtenir sa main, va-t-il employer toute
l’énergie de son esprit opiniâtre et violent. Puis-je
lutter contre un tel rival ? Je vois qu’il ne me reste
plus qu’à mourir.
— Malheureux, dit le garde, n’allez pas au Louvre,
ou vous êtes perdu. — Et pourquoi ? — Le roi a résolu
votre perte. — Comment cela ? — Voilà: vous savez
qu’hier le roi a été insulté en plein Parlement par un
de ces hommes affiliés à une religion nouvelle, inven
tée par des sectaires qu’on appelle protestants ou
hérétiques...
... Mais enfin vous avez l’amour d’Elisabeth pour
vous et, de plus, ma protection. L’amour et la folie
n’ont-ils pas toujours conduit le monde ? Adoncques,
laissez-moi faire et tout s’arrangera. >> Mais à part
lui, Brusquet pensait: « Je plaisante, mais au fond
je suis très embêté. » Et il entraîna le prince.
i§Éf
IIP
■j
fi // \\
Il passa la nuit au chevet du malade dont l’état
n’empira pas. « Je crois, pensa Brusquet, que tout
danger est écarté. Néanmoins il faudrait lui éviter les
émotions. Aussi faut-il que ses affaires s’arrangent au
plus vite. Et ça n’est pas commode. Le plus simple
est de courir au Louvre et de mettre le roi au cou
rant. »
lO Centimes -
9 Mars 1913.
La Jeunesse illustrée
UjSlE TRAGÉDIE NOYADE (6* Suite), par Georges OJVI^Y
« Aussi le roi est-il revenu furieux. — J’en sais quel
que chose. - Or, à ce moment il recevait en ambas
sade le fameux duc d’Albe. Nul n’ignore quelle haine
celui-ci porte aux hérétiques. Il n’eut pas de mal à
prouver au roi que ces dits hérétiques n’avaient d’au
tre but que de détruire son autorité royale...
Quand vint le jour, Brusquet laissa le malade sous
la garde d’un serviteur dévoué et se dirigea vers le
Louvre. «Il n’est pas possible, pensait le bouffon, que le
roi ait conservé à mon égard sa mauvaise humeur
d’hier... » A ce moment il entendit une voix qui
l’appelait et il aperçut un garde de ses amis, qui
accourut auprès de lui.
— Mais je ne vois pas en quoi, moi... — Attendez.
En même temps le duc d’Albe s’est plaint de vous...
Vous avez fait des frasques, paraît-il, en Espagne...
Bref, l’ambassadeur vous en veut et pour mieux vous
perdre dans l’esprit du roi, il lui a fait accroire que
vous étiez secrètement attaché aux hérétiques — Dia
ble, je commence à comprendre.
— Eh 1 que diable, s’écria Brusquet, avant de mou
rir il faut vivre. Et tant qu’il y a de la vie, il y a de
l’espoir. Espérons donc. Certes, la résolution de votre
{ )ère est une satanée tuile qui tombe sur le coin de
a figure de votre bonheur, juste au moment où il
apparaissait...
Le bouffon était très inquiet et il s’alarmait de voir
chez don Carlos un état de fièvre qui allait toujours
grandissant. Il le ramena à la riche hôtellerie où le
prince était descendu. Quand ils y arrivèrent, le jeune
homme était si faible qu’on dut le coucher aussitôt.
On sait que Brusquet était un ancien chirurgien. Il
donna donc à don Carlos les remèdes usités. Mais
l’état du malade demeurait stationnaire. « Diable,
se dit le bouffon, cela tourne"à la fièvre cérébrale. Eh
bien, nous voilà dans de beaux draps! » Enfin il par
vint à endormir le prince, grâce à une potion cal
mante de sa composition.
— Vous devinez la colère d’Henri II. Votre disgrâce
fut vite connue et les courtisans, toujours jaloux de la
faveur, même accordée à un bouffon, en profitèrent
pour faire sur vous mille rapports qui achevèrent de
vous perdre dans l’esprit royal. Bref, le roi a ordonné
qu’on vous saisisse dès que vous vous présenterez au
Louvre... (Voir la suite page 2A
— Quoi! s’écria Brusquet, Philippe II veut épouser
la princesse Elisabeth, une toute jeune fille? — Il est
vrai, dit don Pietro, que le roi d’Espagne a déjà l’as
pect d’un vieillard, il n’a cependant pas quarante
ans. (Il était fort jeune lors de son premier mariage et
il n’avait pas vingt ans quand don Carlos naquit.)
« Sa prétention n’a donc rien de ridicule. •— Et je
comprends fort bien, murmura don Carlos, qu’à la
vue du portrait d’Elisabeth, il soit demeuré ébloui.
Aussi, pour obtenir sa main, va-t-il employer toute
l’énergie de son esprit opiniâtre et violent. Puis-je
lutter contre un tel rival ? Je vois qu’il ne me reste
plus qu’à mourir.
— Malheureux, dit le garde, n’allez pas au Louvre,
ou vous êtes perdu. — Et pourquoi ? — Le roi a résolu
votre perte. — Comment cela ? — Voilà: vous savez
qu’hier le roi a été insulté en plein Parlement par un
de ces hommes affiliés à une religion nouvelle, inven
tée par des sectaires qu’on appelle protestants ou
hérétiques...
... Mais enfin vous avez l’amour d’Elisabeth pour
vous et, de plus, ma protection. L’amour et la folie
n’ont-ils pas toujours conduit le monde ? Adoncques,
laissez-moi faire et tout s’arrangera. >> Mais à part
lui, Brusquet pensait: « Je plaisante, mais au fond
je suis très embêté. » Et il entraîna le prince.
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Il passa la nuit au chevet du malade dont l’état
n’empira pas. « Je crois, pensa Brusquet, que tout
danger est écarté. Néanmoins il faudrait lui éviter les
émotions. Aussi faut-il que ses affaires s’arrangent au
plus vite. Et ça n’est pas commode. Le plus simple
est de courir au Louvre et de mettre le roi au cou
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