La Jeunesse illustrée

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12 pages

Titre : La Jeunesse illustrée

Éditeur : A. Fayard (Paris)

Date d'édition : 1912-05-19

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868

Type : texte texte

Type : publication en série imprimée publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 19 mai 1912 19 mai 1912

Description : 1912/05/19 (N482). 1912/05/19 (N482).

Droits : Consultable en ligne

Identifiant : ark:/12148/bpt6k962656p

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 27/02/2013

N° 482. — 10 e Année,

19 Mai 1912,

- lO Centimes -

La Jeunesse illustrée

Marius et les trois Crocodiles, par Benjamin Rabier

Marius profite d’un gai soleil pour aller faire un
tour sur les bords du Nil. « — Faites attention aux
crocodiles, lui a-t-on dit. — Pécaïre, a répondu
Marius, je me moque bien des crocodiles !

« J’ai ce qu’il me faut ponr leur répondre. » En
effet, Marius emportait dans sa promenade une
valise et un carton à dessins. Soudain un grogne
ment se fait entendre, et un énorme crocodile se
dresse devant notre ami.

« — Bonjour, pitcboun, dit Marius, tu as faim
ce matin... Alors avale ça. » Et le voyageur jeta
entre les dents de l’animal son petit carton à des
sins.

Le crocodile ferma la gueule pour saisir l’objet.
Dans ce mouvement, ses cent vingt-deux dents s’in
crustèrent dans le carton et quand il fit jouer ses
mâchoires, le cartable s’ouvrit et se referma, for
mant une gueule factice, dont il ne se débarrassa
qu’avec peine.

C’était un piège à renard caché dans la valise, et
qui se refermait, emprisonnant entre ses dents
d’acier acérées les mandibules du monstre.

Le crocodile ouvrit une large gueule et voulut
fondre, sur Marius. Aussitôt un concert assourdis
sant, une cacophonie intense s’échappa de la gueule
du musicien.

Marius profita de l'embarras du crocodile pour
continuer son chemin. Il n’avait pas fait cinquante
pas qu’il en aperçut un second sommeillant paisible
ment sur le bord de la rivière.

Marius eut beau marcher sur la pointe des pieds,
l’amphibie se dressa et bondit sur' le voyageur qui
n’eut que le temps d’ouvrir sa valise et d’.y rece
voir la tête de l’animal. Tout à coup un petit bruit
se fait entendre : clic !

Trois kilomètres plus loin, presque arrivé au
terme de son voyage, Marius rencontra un troi
sième crocodile qui lui souhaita le bonjour en fai
sant claquer ses dents, ce qui est un fâcheux indice
de férocité.

Deux minutes de ce concert et le crocodile était
fou. Il finit par se débarrasser de l’instrument et
plongea vivement au fond du fleuve.

Le voyageur sortit de sa valise un accordéon et,
s’approchant de l’animal, il accrocha adroitement,
au moyen des poignées, l’instrument de musique à
l’extrémité des mâchoires, en criant : « Miousic ! »

Marius acheva tranquillement son voyage.
« — Pécaïre, dit-il, les crocodiles du Nil se sou
viendront de Marius ! »

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