Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1911-10-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 octobre 1911 15 octobre 1911
Description : 1911/10/15 (N451). 1911/10/15 (N451).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9626258
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
N° 451. — 9 e Année. - ÎO Centimes - 15 Octobre 1911.
La Jeunesse illustrée
L’AUBERGE DU MYSTÈRE, (9 e Suite) par Georges OMRY
L’enfant répondit d'une voix douce et mélan
colique : « — Je suis le fils de l’infortuné roi
Louis XVI et ma pauvre maman était Marie»
Antoinette ! — Hein ! quoi ! suffoqua le père Moreau,
tu es... diable de diable !... tu es... Quelle aven
ture !... lu serais... le petit Dauphin? — Non ! dit
l’enfant d’une voix grave...
... je ne suis plus le petit Dauphin. — Ouf ! dit le
père Moreau en respirant, tu as voulu plaisanter.
— Je suis maintenant le roi Louis XVII, rectifia le
jeune prince. — Encore ! glapit le médecin en tom
bant anéanti dans un fauteuil, mais... puisque...
En effet! sapristi de sapristi... Voyons, mon petit:
Louis XVII est mort !
— On le dit. — Comment, on le dit ! Mais loutes
les gazettes en ont parlé, il y a trois mois à peine.
Ça a fait assez de bruit, diable de diable... Il est
mort, et bien mort, à la prison du Temple... mort
et enterré. — Oui, mais ce n’était pas le vrai
Louis XVII. C’était un pauvre enfant scrofuleux
qu’on avait mis à ma place dans la prison...
— Mais les gazettes... — Tandis que moi j’avais
été sauvé. — Sauvé 1 Mais, diable de diable, ça se
serait su. -7- C’était en pleine Terreur, la femme
Simon, ma geôlière, était complice. Le jour où
elle déménagea du Temple, un homme, sous pré
texte d’offrir un jouet au petit prisonnier, entra
dans la prison avec un cheval-jupon...
a Dans ce cheval un enfant malade était caché,
on le mit à ma place et moi on me dissimula dans
un panier à linge. C’est ainsi que je sortis du
Temple. — Ma parole, je n’y comprends rien... je
ne veux pas comprendre. — L’homme qui m’avait
ainsi sauvé s’appelait Ojardias.
« Il me cacha dans une maison où je fus encore
plus prisonnier qu’au Temple. Jamais il ne me
laissa voir à personne. — Pourquoi ? — Les républi
cains,me disait-il, et surtout un certain Barras,cher
chaient à me ravir pour me remettre en prison. Et
pour l’éviter, je restai captif chez Ojardias.
(Voir la suite page 2.)
« — Grand Dieu ! serait-il mort ? » s’écria le
père Moreau. Il se pencha sur l’enfant et s’aperçut
qu’il n’était qu’évanoui. Il le ranima et bientôt le
peiit inconnu ouvrit les yeux. Il regarda autour de
lui avec effarement et dit : « — Pourquoi suis-je
ici ?
— Pourquoi? répondit le pauvre médecin. Ah!
fichtre, je n’en sais rien! Sapristi de sapristi, en
voilà une aventure ! » L’enfant passa la main sur
son front. « — Ah! oui, c’est vrai, dit-il, j’étais
enfermé dans le cheval-jupon. — Comment, mon
petit, tu étais enfermé dans ce jouet?
— Oui, j’y tenais très bien ; mes pieds aboutis
saient dans la tête, j’étais assis dans le corps et je
pouvais respirer grâce à l’air qui arrivait par les
volants à demi fermés. — Comment ! Comment 1
s’écria le père Moreau suffoqué; mais que diable
faisais-tu là-dedans ?
— Je dormais, répondit l’enfant, puisque j’avais
été endormi. — Endormi? — Oui, avec un nar
cotique. — Ah ! en effet, c’est très possible, » mur
mura le médecin, chez qui l’habitude du métier
reparaissait. Quand le patient se réveille, il étouffe
et râle légèrement. L’homme de la voiture aura
eu peur...
... que cet enfant ne fût gravement malade et c’est
pourquoi on est venu me chercher. — Ce sont les
coups de pistolet qui m’ont réveillé tout à fait,
reprit l’enfant. J’ai eu peur et suis sorti de mon
cheval-prison. Je vous ai vu et vous ai pris la main,
mais je n’avais plus la force de parler...
... et, sans doute par l’effet de l’air, j’ai senti que
je m’évanouissais... mes jambes ne voulaient plus
me porter... D’ailleurs mes pauvres jambes sont
bien faibles depuis que j’ai été en prison. — En
prison ! sursauta le docteur, mais, sapristi de
sapristi, qui donc es-tu, mon pauvre petit? »
La Jeunesse illustrée
L’AUBERGE DU MYSTÈRE, (9 e Suite) par Georges OMRY
L’enfant répondit d'une voix douce et mélan
colique : « — Je suis le fils de l’infortuné roi
Louis XVI et ma pauvre maman était Marie»
Antoinette ! — Hein ! quoi ! suffoqua le père Moreau,
tu es... diable de diable !... tu es... Quelle aven
ture !... lu serais... le petit Dauphin? — Non ! dit
l’enfant d’une voix grave...
... je ne suis plus le petit Dauphin. — Ouf ! dit le
père Moreau en respirant, tu as voulu plaisanter.
— Je suis maintenant le roi Louis XVII, rectifia le
jeune prince. — Encore ! glapit le médecin en tom
bant anéanti dans un fauteuil, mais... puisque...
En effet! sapristi de sapristi... Voyons, mon petit:
Louis XVII est mort !
— On le dit. — Comment, on le dit ! Mais loutes
les gazettes en ont parlé, il y a trois mois à peine.
Ça a fait assez de bruit, diable de diable... Il est
mort, et bien mort, à la prison du Temple... mort
et enterré. — Oui, mais ce n’était pas le vrai
Louis XVII. C’était un pauvre enfant scrofuleux
qu’on avait mis à ma place dans la prison...
— Mais les gazettes... — Tandis que moi j’avais
été sauvé. — Sauvé 1 Mais, diable de diable, ça se
serait su. -7- C’était en pleine Terreur, la femme
Simon, ma geôlière, était complice. Le jour où
elle déménagea du Temple, un homme, sous pré
texte d’offrir un jouet au petit prisonnier, entra
dans la prison avec un cheval-jupon...
a Dans ce cheval un enfant malade était caché,
on le mit à ma place et moi on me dissimula dans
un panier à linge. C’est ainsi que je sortis du
Temple. — Ma parole, je n’y comprends rien... je
ne veux pas comprendre. — L’homme qui m’avait
ainsi sauvé s’appelait Ojardias.
« Il me cacha dans une maison où je fus encore
plus prisonnier qu’au Temple. Jamais il ne me
laissa voir à personne. — Pourquoi ? — Les républi
cains,me disait-il, et surtout un certain Barras,cher
chaient à me ravir pour me remettre en prison. Et
pour l’éviter, je restai captif chez Ojardias.
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« — Grand Dieu ! serait-il mort ? » s’écria le
père Moreau. Il se pencha sur l’enfant et s’aperçut
qu’il n’était qu’évanoui. Il le ranima et bientôt le
peiit inconnu ouvrit les yeux. Il regarda autour de
lui avec effarement et dit : « — Pourquoi suis-je
ici ?
— Pourquoi? répondit le pauvre médecin. Ah!
fichtre, je n’en sais rien! Sapristi de sapristi, en
voilà une aventure ! » L’enfant passa la main sur
son front. « — Ah! oui, c’est vrai, dit-il, j’étais
enfermé dans le cheval-jupon. — Comment, mon
petit, tu étais enfermé dans ce jouet?
— Oui, j’y tenais très bien ; mes pieds aboutis
saient dans la tête, j’étais assis dans le corps et je
pouvais respirer grâce à l’air qui arrivait par les
volants à demi fermés. — Comment ! Comment 1
s’écria le père Moreau suffoqué; mais que diable
faisais-tu là-dedans ?
— Je dormais, répondit l’enfant, puisque j’avais
été endormi. — Endormi? — Oui, avec un nar
cotique. — Ah ! en effet, c’est très possible, » mur
mura le médecin, chez qui l’habitude du métier
reparaissait. Quand le patient se réveille, il étouffe
et râle légèrement. L’homme de la voiture aura
eu peur...
... que cet enfant ne fût gravement malade et c’est
pourquoi on est venu me chercher. — Ce sont les
coups de pistolet qui m’ont réveillé tout à fait,
reprit l’enfant. J’ai eu peur et suis sorti de mon
cheval-prison. Je vous ai vu et vous ai pris la main,
mais je n’avais plus la force de parler...
... et, sans doute par l’effet de l’air, j’ai senti que
je m’évanouissais... mes jambes ne voulaient plus
me porter... D’ailleurs mes pauvres jambes sont
bien faibles depuis que j’ai été en prison. — En
prison ! sursauta le docteur, mais, sapristi de
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