Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1910-03-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 mars 1910 20 mars 1910
Description : 1910/03/20 (N369). 1910/03/20 (N369).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k962589j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
N° 369. — 8 e Années
ÎO Centimes
20 Mars 1910.
La Jeunesse illustrée
Ii’ESPlO]^ t>U CAJ^DrflAL* (u* Suite et FinJ, pat* Georges OJVIl^Y
Richelieu fixa ses yeux terribles sur le mousque
taire et lui dit : « — Monsieur de Flambergeac,
que disait-on de moi, tandis que vous parcouriez les
rues annonçant la nouvelle de ma mort?— C’est assez
difficile à dire, répondit le Gascon embarrassé.
• Puis, son regard étant revenu vers le mousquetaire,
il sembla sortir d’un songe. « — Pourquoi, demanda-t-
il, êtes-vous seul ? Pourquoi Grilïouine et ses prison
niers ne sont-ils pas là eux aussi? — Monseigneur,
répondit le mousquetaire, ils en ont été empêchés. —
Par qui ? — Par moi... »
— Dites la vérité. — Eh bien, monseigneur, on ne
plaignait pas votre Eminence. On disait même :
« C’est bien son tour. Il en a assez fait périr», et mille
propos du même genre !... Richelieu resta songeur et
murmura : « Voilà toute mon oraison funèbre chez
le peuple...
Et il raconta tout ce qui s’était passé. Le visage de
Richelieu avait repris son expression terrible. « — Est-
ce pour me conter vos exploits que vous vous pré
sentez devant moi ? s’écria-t-il. — Non, monseigneur.
— Et pourquoi donc? — Pour solliciter de votre Emi
nence la grâce du comte de Chantenay et de sa fille... »
« Et le roi, pour qui j’ai tant fait, croyant lui aussi
à mon trépas, a simplement dit : « — Voilà un grand
politique mort ! » Et ce fut tout... on oublie les ser
vices rendus à ma patrie, on ne se souvient que de
ma dureté I » Et le visage empreint d’une grande tris
tesse, le cardinal tomba dans une profonde rêverie.
Le cardinal resta lin moment interloqué. —Quof,
dit-il, vous faites courir le bruit de ma mort, un pri
sonnier d’Etat et sa complice s’évadent grâce à vous,
vous tuez ou à peu près deux de mes émissaires... El
vous osez me demander ce que je n’ai jamais accordé.
C’est bien là l’audace d’un mousquetaire !...
« Monsieur de Flambergeac, vous allez être immé
diatement conduit à la Bastille, une commission
spéciale vous jugera sommairement, et avant huit
jours vous serez décapité !... » Et prenant une plume,
Richelieu commença à écrire, en murmurant : « Me
demander une grâce, à moi !... » Et il partit d’un rire
nerveux...
Quand il fut complètement revenu ù lui, il exigea
que de nouveau on le laissât seul avec le mousque
taire. Alors, sans dire un mot, il déchira le papier
commencé. Il en prit un autre et écrivit fébrilement.
Puis il cacheta de son sceau particulier et le Lendit
au mousquetaire en disant simplement: « —Voici la
grâce de M. Chantenay et de sa fille. »
Mais ce rire était affreux... il ressemblait à des
hoquets d’agonisant... Soudain la tête du ministre
retomba en arrière !... « — Grand Dieu ! s’écria Flam-
bergèac affolé. Il se meurt!... » Il se souvint du
remède dont le médecin avait parlé, il le saisit,
entr’ouvrit les mâchoires déjà serrées du cardinal et
versa la potion, tout en appelant à l’aide.
Et comme Flambergeac voulait le remercier, Riche
lieu l’arrêta : « — Il y a à cette grâce une condition,
dit-il. Je vous condamne à une captivité perpétuelle.
— C’est justice, monseigneur. — Et j’exige de
Mlle de Chantenay que ce soit elle-même qui vous
remette entre les mains de l’officiel' Chargé de vous
notifier cet arrêt.
Le médecin accourut aussitôt. Il examina Riche
lieu, puisse tournant vers le mousquetaire : «— Mon
sieur, dit-il, votre promptitude a sauvé la vie du car
dinal. Le remède donné une seconde plus tard eut
été inefficace... » A ce moment, Richelieu reprenait
ses sens et il lança à notre ami un regard indéfinis
sable...
— Monseigneur, songez combien ce sera pénible
pour cette pauvre jeune fille. — Vous ne connaissez pas
les femmes, interrompit brusquement Richelieu. Allez
lui porter cette grâce et qu’ensuite elle m’obéisse. »
Et d’un geste froid il congédia Flambergeac, tandis
qu’il murmurait: « Et maintenant, quand je mourrai,
quelqu’un me pleurera! »
(Voir ia suite pagre 2.)
ÎO Centimes
20 Mars 1910.
La Jeunesse illustrée
Ii’ESPlO]^ t>U CAJ^DrflAL* (u* Suite et FinJ, pat* Georges OJVIl^Y
Richelieu fixa ses yeux terribles sur le mousque
taire et lui dit : « — Monsieur de Flambergeac,
que disait-on de moi, tandis que vous parcouriez les
rues annonçant la nouvelle de ma mort?— C’est assez
difficile à dire, répondit le Gascon embarrassé.
• Puis, son regard étant revenu vers le mousquetaire,
il sembla sortir d’un songe. « — Pourquoi, demanda-t-
il, êtes-vous seul ? Pourquoi Grilïouine et ses prison
niers ne sont-ils pas là eux aussi? — Monseigneur,
répondit le mousquetaire, ils en ont été empêchés. —
Par qui ? — Par moi... »
— Dites la vérité. — Eh bien, monseigneur, on ne
plaignait pas votre Eminence. On disait même :
« C’est bien son tour. Il en a assez fait périr», et mille
propos du même genre !... Richelieu resta songeur et
murmura : « Voilà toute mon oraison funèbre chez
le peuple...
Et il raconta tout ce qui s’était passé. Le visage de
Richelieu avait repris son expression terrible. « — Est-
ce pour me conter vos exploits que vous vous pré
sentez devant moi ? s’écria-t-il. — Non, monseigneur.
— Et pourquoi donc? — Pour solliciter de votre Emi
nence la grâce du comte de Chantenay et de sa fille... »
« Et le roi, pour qui j’ai tant fait, croyant lui aussi
à mon trépas, a simplement dit : « — Voilà un grand
politique mort ! » Et ce fut tout... on oublie les ser
vices rendus à ma patrie, on ne se souvient que de
ma dureté I » Et le visage empreint d’une grande tris
tesse, le cardinal tomba dans une profonde rêverie.
Le cardinal resta lin moment interloqué. —Quof,
dit-il, vous faites courir le bruit de ma mort, un pri
sonnier d’Etat et sa complice s’évadent grâce à vous,
vous tuez ou à peu près deux de mes émissaires... El
vous osez me demander ce que je n’ai jamais accordé.
C’est bien là l’audace d’un mousquetaire !...
« Monsieur de Flambergeac, vous allez être immé
diatement conduit à la Bastille, une commission
spéciale vous jugera sommairement, et avant huit
jours vous serez décapité !... » Et prenant une plume,
Richelieu commença à écrire, en murmurant : « Me
demander une grâce, à moi !... » Et il partit d’un rire
nerveux...
Quand il fut complètement revenu ù lui, il exigea
que de nouveau on le laissât seul avec le mousque
taire. Alors, sans dire un mot, il déchira le papier
commencé. Il en prit un autre et écrivit fébrilement.
Puis il cacheta de son sceau particulier et le Lendit
au mousquetaire en disant simplement: « —Voici la
grâce de M. Chantenay et de sa fille. »
Mais ce rire était affreux... il ressemblait à des
hoquets d’agonisant... Soudain la tête du ministre
retomba en arrière !... « — Grand Dieu ! s’écria Flam-
bergèac affolé. Il se meurt!... » Il se souvint du
remède dont le médecin avait parlé, il le saisit,
entr’ouvrit les mâchoires déjà serrées du cardinal et
versa la potion, tout en appelant à l’aide.
Et comme Flambergeac voulait le remercier, Riche
lieu l’arrêta : « — Il y a à cette grâce une condition,
dit-il. Je vous condamne à une captivité perpétuelle.
— C’est justice, monseigneur. — Et j’exige de
Mlle de Chantenay que ce soit elle-même qui vous
remette entre les mains de l’officiel' Chargé de vous
notifier cet arrêt.
Le médecin accourut aussitôt. Il examina Riche
lieu, puisse tournant vers le mousquetaire : «— Mon
sieur, dit-il, votre promptitude a sauvé la vie du car
dinal. Le remède donné une seconde plus tard eut
été inefficace... » A ce moment, Richelieu reprenait
ses sens et il lança à notre ami un regard indéfinis
sable...
— Monseigneur, songez combien ce sera pénible
pour cette pauvre jeune fille. — Vous ne connaissez pas
les femmes, interrompit brusquement Richelieu. Allez
lui porter cette grâce et qu’ensuite elle m’obéisse. »
Et d’un geste froid il congédia Flambergeac, tandis
qu’il murmurait: « Et maintenant, quand je mourrai,
quelqu’un me pleurera! »
(Voir ia suite pagre 2.)
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