Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1910-01-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 janvier 1910 09 janvier 1910
Description : 1910/01/09 (N359). 1910/01/09 (N359).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
N° 359. — 8 e Année.
- ÎO Centimes -
9 Janvier 1910.
La Jeunesse illustrée
L’ESPION DU CARDINAL (r Suite), par Georges OJVIpY
Malgré sa précipitation à reboucher le flacon, Flam-
bergeac ressentit à la tête une lourdeur étrange :
« Mordioux, murmura-t-il, je me suis laissé jouer
comme un enfant par ce rusé Griffouine qui a réussi
à me faire respirer un narcotique!... » Le mousque
taire ouvrit la fenêtre, aspirant l’air frais à pleins
poumons.
Une sorle'"' de vertige l’envahissait et il tomba lour
dement sur le parquet, mais heureusement il était
près de la fenêtre et la fraîcheur qui lui venait sur la
tête l’empêcha de s’endormir complètement. Il était
néanmoins dans une torpeur si absolue que son corps
lui semblait sans vie et son cerveau vide. Il put néan
moins voir, comme dans un brouillard, les deux duel
listes se relever aussitôt qu’il fut tombé.
En un tour de main ils furent habillés. « — Par pru
dence, dit Griffouine, il faudrait enlever l’épée au
mousquetaire. » La Buscàdé essaya, mais Flamber
geac, par une dernière force de volonté, crispa si
nerveusement la main sur la garde de sa rapière que
le colosse, malgré sa vigueur, n’y put parvenir.
« — Tant pis, dit Griffouine, laisse-la lui, ce maudit
Gascon ne nous a déjà fait perdre que trop de temps.
Dans l’autre main il tient le flacon de narcotique,
faut-il le lui enlever?— Tu n’y réussirais pas mieux,
et si tu le brisais, nous pourrions être endormis,
nous aussi. D’ailleurs, j’en ai un autre. — Y en aura-
t-il assez pour endormir les domestiques?...
— Mais oui, quelques gouttes renversées
dans chaque chambre, et pendant douze heures aucun
bruit ne pourra réveiller ces braves gens.—Et alors?
— Alors, il n’y aura plus que Mlle Solange et nous
deux d’éveillés dans le manoir. — Et elle sera bien
forcée de nous révéler son secret. — Je crois que
cela ne sera pas si aisé. Aussi agissons avec pru
dence! » Les deux hommes sortirent doucement de la
chambre.
Flambergeac avait tout entendu mais sans com
prendre, tant ses idées étaient obscures. Cependant
son sang, en quelque sorte figé par le narcotique,
recommençait à circuler peu à peu, et en même temps.
la mémoire lui revenait. Quand il retrouva enfin
toute sa vigueur, il se redressa et s’écria : « — Ah !
misérables, je ne sais si vous connaîtrez le secret de
Mlle Solange, mais vous allez savoir celui qui est au
A ce moment, il lui sembla entendre au dehors un
léger bruit. Le mousquetaire regarda par la fenêtre
et aperçut un homme qui rampait le long de la gout
tière avec une habileté extraordinaire. Malgré l’obscu
rité, Flambergeac reconnut la silhouette de Grif
fouine. Il se dirigeait vers une fenêtre éclairée.
C’était la chambre de Solange. « — Mille millions
de mordioux, dit le jeune homme...
...ce coquinasse a l’âme et l’agilité d’un chat, mais,
grâce à Dieu, moi je suis Gascon et comme tel, peu
embarrassé. Ce coquin est un chat, moi je serai un
lion! » Et mettant machinalement le flacon de nar
cotique dans sa poche, l’épée à la main, il sortit de la
chambre, et marchant doucement, suivit le couloir
qui conduisait à l’appartement de Solange. Mais il
avança avec 'plus de précaution encore, car...
... devant lui il venait d’apercevoir la haute stature
de La Buscade. Au même instant, la chambre de
Solange s’entr’ouvrit à peine. La jeune fille avait
sans doute entendu du bruit, et inquiète, elle regar
dait. Apercevant le colosse, elle referma vivement la
porte et poussa les verrous. « — Très bien, made
moiselle, cria Flambergeac, et maintenant gare à la
fenêtre. D’ailleurs, je suis là! »
Entendant la voix du Gascon, La Buscade, qui
allait s’élancer sur la porte pour l’enfoncer, s’arrêta
net, regardant le mousquetaire avec des yeux effarés.
« — Tu ne comprends pas, gros éléphant, lui dit-il.
Minute, avec la pointe de mon épée, je te mettrai
les points sur les i, mai6 je vais d’abord couper les
griffes à la vilaine fouine qu’est ton ami Griffouine.»
Et ouvrant une fenêtre, Flambergeac s’élança à son
tour sur la gouttière. La Buscade était si furieux
qu’il voulait l’y poursuivre, mais le chemin était vrai
ment trop étroit pour lui, et il revint à la porte. En
digne enfant de la montagne, le mousquetaire glis
sait avec une rare habileté le long du chéneau. Mais
Griffouine avait de l’avance et arriva à la fenêtre
avant lui.
Solange aperçut son ombre à travers les carreaux
et, prise de peur, elle souffla la lumière. Griffouine
poussa la fenêtre, qui s'ouvrit, et sauta dans la
chambre. Presque en même temps, Flambergeac y
arrivait à son tou". « — Courage, mademoiselle,
s’écria-t-il. Et toi, misérable Griffouine, si tu fais un
pas, ma rapière te coupera en rondelles comme du
saucisson... » (Voir la suite page 2.)
- ÎO Centimes -
9 Janvier 1910.
La Jeunesse illustrée
L’ESPION DU CARDINAL (r Suite), par Georges OJVIpY
Malgré sa précipitation à reboucher le flacon, Flam-
bergeac ressentit à la tête une lourdeur étrange :
« Mordioux, murmura-t-il, je me suis laissé jouer
comme un enfant par ce rusé Griffouine qui a réussi
à me faire respirer un narcotique!... » Le mousque
taire ouvrit la fenêtre, aspirant l’air frais à pleins
poumons.
Une sorle'"' de vertige l’envahissait et il tomba lour
dement sur le parquet, mais heureusement il était
près de la fenêtre et la fraîcheur qui lui venait sur la
tête l’empêcha de s’endormir complètement. Il était
néanmoins dans une torpeur si absolue que son corps
lui semblait sans vie et son cerveau vide. Il put néan
moins voir, comme dans un brouillard, les deux duel
listes se relever aussitôt qu’il fut tombé.
En un tour de main ils furent habillés. « — Par pru
dence, dit Griffouine, il faudrait enlever l’épée au
mousquetaire. » La Buscàdé essaya, mais Flamber
geac, par une dernière force de volonté, crispa si
nerveusement la main sur la garde de sa rapière que
le colosse, malgré sa vigueur, n’y put parvenir.
« — Tant pis, dit Griffouine, laisse-la lui, ce maudit
Gascon ne nous a déjà fait perdre que trop de temps.
Dans l’autre main il tient le flacon de narcotique,
faut-il le lui enlever?— Tu n’y réussirais pas mieux,
et si tu le brisais, nous pourrions être endormis,
nous aussi. D’ailleurs, j’en ai un autre. — Y en aura-
t-il assez pour endormir les domestiques?...
— Mais oui, quelques gouttes renversées
dans chaque chambre, et pendant douze heures aucun
bruit ne pourra réveiller ces braves gens.—Et alors?
— Alors, il n’y aura plus que Mlle Solange et nous
deux d’éveillés dans le manoir. — Et elle sera bien
forcée de nous révéler son secret. — Je crois que
cela ne sera pas si aisé. Aussi agissons avec pru
dence! » Les deux hommes sortirent doucement de la
chambre.
Flambergeac avait tout entendu mais sans com
prendre, tant ses idées étaient obscures. Cependant
son sang, en quelque sorte figé par le narcotique,
recommençait à circuler peu à peu, et en même temps.
la mémoire lui revenait. Quand il retrouva enfin
toute sa vigueur, il se redressa et s’écria : « — Ah !
misérables, je ne sais si vous connaîtrez le secret de
Mlle Solange, mais vous allez savoir celui qui est au
A ce moment, il lui sembla entendre au dehors un
léger bruit. Le mousquetaire regarda par la fenêtre
et aperçut un homme qui rampait le long de la gout
tière avec une habileté extraordinaire. Malgré l’obscu
rité, Flambergeac reconnut la silhouette de Grif
fouine. Il se dirigeait vers une fenêtre éclairée.
C’était la chambre de Solange. « — Mille millions
de mordioux, dit le jeune homme...
...ce coquinasse a l’âme et l’agilité d’un chat, mais,
grâce à Dieu, moi je suis Gascon et comme tel, peu
embarrassé. Ce coquin est un chat, moi je serai un
lion! » Et mettant machinalement le flacon de nar
cotique dans sa poche, l’épée à la main, il sortit de la
chambre, et marchant doucement, suivit le couloir
qui conduisait à l’appartement de Solange. Mais il
avança avec 'plus de précaution encore, car...
... devant lui il venait d’apercevoir la haute stature
de La Buscade. Au même instant, la chambre de
Solange s’entr’ouvrit à peine. La jeune fille avait
sans doute entendu du bruit, et inquiète, elle regar
dait. Apercevant le colosse, elle referma vivement la
porte et poussa les verrous. « — Très bien, made
moiselle, cria Flambergeac, et maintenant gare à la
fenêtre. D’ailleurs, je suis là! »
Entendant la voix du Gascon, La Buscade, qui
allait s’élancer sur la porte pour l’enfoncer, s’arrêta
net, regardant le mousquetaire avec des yeux effarés.
« — Tu ne comprends pas, gros éléphant, lui dit-il.
Minute, avec la pointe de mon épée, je te mettrai
les points sur les i, mai6 je vais d’abord couper les
griffes à la vilaine fouine qu’est ton ami Griffouine.»
Et ouvrant une fenêtre, Flambergeac s’élança à son
tour sur la gouttière. La Buscade était si furieux
qu’il voulait l’y poursuivre, mais le chemin était vrai
ment trop étroit pour lui, et il revint à la porte. En
digne enfant de la montagne, le mousquetaire glis
sait avec une rare habileté le long du chéneau. Mais
Griffouine avait de l’avance et arriva à la fenêtre
avant lui.
Solange aperçut son ombre à travers les carreaux
et, prise de peur, elle souffla la lumière. Griffouine
poussa la fenêtre, qui s'ouvrit, et sauta dans la
chambre. Presque en même temps, Flambergeac y
arrivait à son tou". « — Courage, mademoiselle,
s’écria-t-il. Et toi, misérable Griffouine, si tu fais un
pas, ma rapière te coupera en rondelles comme du
saucisson... » (Voir la suite page 2.)
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