Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1908-01-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 janvier 1908 05 janvier 1908
Description : 1908/01/05 (N254). 1908/01/05 (N254).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9625550
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
No 254. — 6 e Année. - ÎO Centimes - 5 janvier 1908.
La Jeunesse illustrée
UN COMPLOT SOUS BONAPARTE f/ re Suite), par Georges OMRY
Michel avait aperçu Elisabeth et en resta tout
interdit. Un sentiment inconnu s’était glissé dans
son cœur. « — Quoi, serait-ce possible, se disait-
il, que je devinsse amoureux ! Moi! oh! non, je
n’oserais jamais ! » Il retourna au magasin.
Le grand-père était toujours avec Dcnoizon
qui lui disait : « — Ainsi, monsieur Lebois... c’est
bien ainsi que vous m’avez dit vous nommer? —
Oui. — ...Ainsi, monsieur Lebois, vous avez fait
venir à Paris votre petite-fille pour la distraire.
— Oui et puis... je songe aussi à la marier...
Michel redressa la tète et devint pâle. M. Lebois,
qui l’observait du coin de l’œil, se dit : « Décidé
ment, j’avais calculé juste! » Puis, se retournant
vers Denoizon, il ajouta tout haut : « D’ailleurs,
nous n’avons fait aucun choix. Jp voudrais, pour
Elisabeth, un jeune homme intelligent, doux et
modeste...
« — Ça peut se trouver, s’écria Denoizon, au
besoin je vous y aiderai. J’adore les idylles. Car,
quoique tailleur, j’ai l’àme d’un poète ! » Et il
lit un grand geste inspiré. Cependant voyant
M. Lebois redevenu froid, il dit : « — Je vais
prendre vos mesures. Voulez-vous passer au salon
d’essayagel »
Ils traversèrent un assez long couloir et se
trouvèrent dans une petite salle que le vieillard
examina avec une attention singulière. Il sem
blait chercher quelque chose. Apercevant un
grand placard, il s’y dirigea et l’ouvrit comme
par inadvertance. Des costumes bizarres y étaient
accrochés.
« — Qu’est-ce que fcela? demanda-t-il. — Ah!
dit Denoizon en riant, ce sont les inventions de
M. Bompard!... » Le vieillard tressaillit.
« — Qu’est-ce que Bompard, un client? — Oui,
et le plus original que j’aie jamais vu, Je l’ai
connu d’une façon bizarre. C’est presque une
histoire, je vais vous la raconter :
« Un soir je vis passer devant mon magasin
un petit homme qu’accompagnait une espèce
d’Arabe. Ce petit homme portait si drôlement son
chapeau, et semblait si peu habitué à son habit,
que je ne pus m’empêcher de murmurer tout
haut : « — Heureusement que ce n’est pas moi qui
l’habille, il 11e fait pas honneur à son tailleur! »
« Quoiqu’il fût cependant assez loin, il m’avait
entendu. Il fit brusquement demi-tour et vint
vers moi au pas de charge. Je rentrai vivement
dans ma boutique, il m’y suivit. L’Arabe resta à
la porte. Alors le petit homme me jeta un
regard terrible et me dit d’une voix cassante :
« — On ne se moque pas de moi impunément...
...Vous méritez un châtiment... Voici votre
mètre... prenez mes mesures... Vous allez me
faire un habit sur-le-champ !... » Interdit, dominé
par cette voix autoritaire, j’obéis machinalement.
Tout à coup je me relevai et lui dis : « — Un habit
ne vous ira jamais!... »
« — Comment cela? — J’aime mieux vous le
dire franchement. Avec votre taille, votre port,
votre air, il vous faudrait quel Il est dommage que nous ne soyons plus au temps
de l’ancienne Rome, la toge vous irait parfaite
ment.! » A ces mots le visage du petit homme se
dérida.
« — Vous avez raison », dit-il d'un ton étrange...
« Et brusquement il me commanda un costume
de forme bizarre, chamarré d’or et de broderies.
Après m’avoir payé d’avance, il partit. Assez
étonné, j’exécutai le costume. 11 vint l’essayer un
soir. Mais dès qu’il l’eut endossé, il l’arracha et le
piétina...
« — Ce n’est pas cela, s’écria-t-il, ça ne produirait
qu’un effet théâtral. » Alors il me commanda
un costume militaire fantaisiste avec panache.
« —Un costume militaire, jin’écriai-je en riant.
Vous n’avez cependant guère l’air dini soldat. » Il
haussa les épaules et dit : « — C’est une fantaisie. »
(Voir la suite pagre 2.)
La Jeunesse illustrée
UN COMPLOT SOUS BONAPARTE f/ re Suite), par Georges OMRY
Michel avait aperçu Elisabeth et en resta tout
interdit. Un sentiment inconnu s’était glissé dans
son cœur. « — Quoi, serait-ce possible, se disait-
il, que je devinsse amoureux ! Moi! oh! non, je
n’oserais jamais ! » Il retourna au magasin.
Le grand-père était toujours avec Dcnoizon
qui lui disait : « — Ainsi, monsieur Lebois... c’est
bien ainsi que vous m’avez dit vous nommer? —
Oui. — ...Ainsi, monsieur Lebois, vous avez fait
venir à Paris votre petite-fille pour la distraire.
— Oui et puis... je songe aussi à la marier...
Michel redressa la tète et devint pâle. M. Lebois,
qui l’observait du coin de l’œil, se dit : « Décidé
ment, j’avais calculé juste! » Puis, se retournant
vers Denoizon, il ajouta tout haut : « D’ailleurs,
nous n’avons fait aucun choix. Jp voudrais, pour
Elisabeth, un jeune homme intelligent, doux et
modeste...
« — Ça peut se trouver, s’écria Denoizon, au
besoin je vous y aiderai. J’adore les idylles. Car,
quoique tailleur, j’ai l’àme d’un poète ! » Et il
lit un grand geste inspiré. Cependant voyant
M. Lebois redevenu froid, il dit : « — Je vais
prendre vos mesures. Voulez-vous passer au salon
d’essayagel »
Ils traversèrent un assez long couloir et se
trouvèrent dans une petite salle que le vieillard
examina avec une attention singulière. Il sem
blait chercher quelque chose. Apercevant un
grand placard, il s’y dirigea et l’ouvrit comme
par inadvertance. Des costumes bizarres y étaient
accrochés.
« — Qu’est-ce que fcela? demanda-t-il. — Ah!
dit Denoizon en riant, ce sont les inventions de
M. Bompard!... » Le vieillard tressaillit.
« — Qu’est-ce que Bompard, un client? — Oui,
et le plus original que j’aie jamais vu, Je l’ai
connu d’une façon bizarre. C’est presque une
histoire, je vais vous la raconter :
« Un soir je vis passer devant mon magasin
un petit homme qu’accompagnait une espèce
d’Arabe. Ce petit homme portait si drôlement son
chapeau, et semblait si peu habitué à son habit,
que je ne pus m’empêcher de murmurer tout
haut : « — Heureusement que ce n’est pas moi qui
l’habille, il 11e fait pas honneur à son tailleur! »
« Quoiqu’il fût cependant assez loin, il m’avait
entendu. Il fit brusquement demi-tour et vint
vers moi au pas de charge. Je rentrai vivement
dans ma boutique, il m’y suivit. L’Arabe resta à
la porte. Alors le petit homme me jeta un
regard terrible et me dit d’une voix cassante :
« — On ne se moque pas de moi impunément...
...Vous méritez un châtiment... Voici votre
mètre... prenez mes mesures... Vous allez me
faire un habit sur-le-champ !... » Interdit, dominé
par cette voix autoritaire, j’obéis machinalement.
Tout à coup je me relevai et lui dis : « — Un habit
ne vous ira jamais!... »
« — Comment cela? — J’aime mieux vous le
dire franchement. Avec votre taille, votre port,
votre air, il vous faudrait quel
de l’ancienne Rome, la toge vous irait parfaite
ment.! » A ces mots le visage du petit homme se
dérida.
« — Vous avez raison », dit-il d'un ton étrange...
« Et brusquement il me commanda un costume
de forme bizarre, chamarré d’or et de broderies.
Après m’avoir payé d’avance, il partit. Assez
étonné, j’exécutai le costume. 11 vint l’essayer un
soir. Mais dès qu’il l’eut endossé, il l’arracha et le
piétina...
« — Ce n’est pas cela, s’écria-t-il, ça ne produirait
qu’un effet théâtral. » Alors il me commanda
un costume militaire fantaisiste avec panache.
« —Un costume militaire, jin’écriai-je en riant.
Vous n’avez cependant guère l’air dini soldat. » Il
haussa les épaules et dit : « — C’est une fantaisie. »
(Voir la suite pagre 2.)
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