Presse et revues
8 pages
Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1934-12-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 13 décembre 1934 13 décembre 1934
Description : 1934/12/13 (N1578). 1934/12/13 (N1578).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961869h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/04/2013
Hebdomadaire. —*31 e année
13 Décembre 1934^_
35 CENTIMES.
JL FAYARD et C”, Editeurs
18 et 20
riU do St-Bothard, PiRIS (14*)
Chèque postal 388-84
35 CEKÏMES
ABONNEMENTS:
Fronce : Un an... 17.50
— Si* mots 9.60
Étranger: Un an. 30tr.
Chèque postal 888-84
Tous deux nés au Pérou, mais fils de Français, Tony
et Cassignol fréquentaient chez don Eusebio, le riche
propriétaire. Sa fille Mercédès préférait la conversation
de Cassignol à celle de son ami. Le premier était beau
danseur et beau parleur, mais avait le tort de passer ses
nuits au jeu. Quant à Tony, Mercédès le trouvait bizarre :
Elle appréciait peu l’ironie dont il accueillait les beaux
discours de Cassignol...
...et le récit complaisant de ses exploits cynégétiques.
Tony, pour lui, aimait si peu la chasse qu’il refusait
même ae tirer sur les petits oiseaux, et avait cherché à
détourner son ami de cet amusement qu’il qualifiait de
barbare : « Tony est un rêveur et une poule mouillée,
disait dédaigneusement Mercédès. n Son amour pour les
animaux était poussé si loin qu’il passait ses moments
de loisir à dresser des chiens et des chats...
...avec une patience et une persévérance qui donnaient
des résultants étonnants : « Vous devriez, lui dit un jour
ironiquement Mercédès, entrer dans un cirque forain :
vous y feriez merveille! — Pourquoi pas? répondit le
jeune homme. Si jamais j’étais pressé par la nécessité,
autant ce métier-là qu’un autre. » Un jour, ou plutôt une
nuit, Cassignol perdit la forte somme.
Connue il était déjà lui-même à court pour des dettes
antérieures, il eut recours à la bourse de Tony. Mais
quand l’échéance vint, il ne put le rembourser. Cette
mis, son ami se fâcha. D avait eu toute confiance en
Cassignol, et l’argent qu’il lui avait prêté lui était
maintenant indispensable. Le joueur lui demanda six mois
de délai; Tony, ne pouvant plus attendre, rompit avec
lui...
...il une façon définitive, et déclara qu’il allait, comme le
lui avait suggéré Mercédès, s’engager dans un cirque
forain où on lui proposait do beaux appointements, pour
dresser des jaguars et des pumas : « Votre ami est singulier,
dit la jeune hile, mais il faut avouer qu’il a du cran, s’il
se tire bien de ce dressage. » Affecté de la tournure aue
prenaient les événements...
...et voulant essayer de rembourser quand meme son
ami, Cassignol eut l’art d’emprunter une certaine somme
a don Eusebio qui avait un faible pour lui. 11 alla la jouer
et la perdit encore. Cette fois son hôte ne voulut plus.rien
entendre, et Mercédès elle-même lui battit froid. Déses
péré, le joueur impénitent rentra chez lui, prêt à toutes
les extrémités pour éviter le déshonneur, car il avait
perdu plus...
...que ce que don Eusébio lui avait prêté. Il y avai
plusieurs mois que Tony était parti avec le cirque
pour le Brésil, et Cassignol ne voyait plus personne à
3 ui s’adresser dans sa détresse! Vers le matin, un coup
iscret fut frappé à sa porte : un Indien silencieux lui
Ternit un paquet et s’éloigna. Cassignol l’ouvrit : oo paquet
contenait une pépite d'or, qu’il alla vendre aussitôt,
pour rembourser ses créanciers.
Apres quoi, il se dit : « Cet Indien portait le costume
des Chiriguis qui habitent la basse vallée d’un affluent
de l’Amazone. Avec l’argent qui me reste, je vais acheter
un cheval et des armes : je me rendrai dans cette région
pour éclaircir ce mystère. Il y a quelqu’un qui a découvert
une mine d’or et qui m’a porté secours : je soupçonne
que c’est Tony. 11 aura appris ma détresse. Mais avec ses
idées philosophiques sur la malfaisance de l’or...
...il est capable de vouloir garder ce secret pour lui seul,
sans en jouir lui-même, comme tout le monde aurait fait
& sa place. Il faut que je i’en dissuade et que je partage
avec lui l’exploitation de ce filon, s’il existe. Je vais donc
m’en assurer. » Mais à peine eut-il mis 1© pied sur le ter
ritoire des Chiriguis, qu’il se vit mal accueilli. On lui
vola son cheval, et on le força, à coups de flèches, à rétro
grader à pied par le même chemin qu’il avait pris.
Il escalada la montagne, et vers midi vint so reposer
dans une grotte naturelle, où il fit la sieste. Il se réveilla
en sursaut, en entendant un grognement inquiétant : un
couple de jaguars rentrait dans la grotte, et pour le mo
ment lui barrait la sortie. Cassignol, qui avait été dévalisé
par les Indiens, ne possédait plus que son revolver.
11 fit feu dans la direction des jaguars, pour les effrayer par une première détonation, ne voulant pas risquer de les blesser
et de les rendre furieux. A peine le coup eut-il retenti, que les deux tiyres comme on les appelle dans ce pays, se dressèrent
sur leurs membres postérieurs, et se mirent à faire Les beaux comme des fauves bien dressés : « Plus de doute, se dit Cassignol,
Tony a passé par là s. Je n’ai plus rien à craindre évidemment de ces jaguars, et je vais attendre chez eux l’arrivée de mon
camarade, je saurai bien lui arracher son Becret et lui faire entendre raison. Mais personne ne parut de la journée, Quand la
chaleur fut tombée, Cassignol se glissa hors de la grotte, sur une plate-forme étroite qui surplombait la vallée profonde. U
lui parut voir à travers les feuilles des cocotiers... (Dessins de VAL.) (Voir la suite page 2.)
13 Décembre 1934^_
35 CENTIMES.
JL FAYARD et C”, Editeurs
18 et 20
riU do St-Bothard, PiRIS (14*)
Chèque postal 388-84
35 CEKÏMES
ABONNEMENTS:
Fronce : Un an... 17.50
— Si* mots 9.60
Étranger: Un an. 30tr.
Chèque postal 888-84
Tous deux nés au Pérou, mais fils de Français, Tony
et Cassignol fréquentaient chez don Eusebio, le riche
propriétaire. Sa fille Mercédès préférait la conversation
de Cassignol à celle de son ami. Le premier était beau
danseur et beau parleur, mais avait le tort de passer ses
nuits au jeu. Quant à Tony, Mercédès le trouvait bizarre :
Elle appréciait peu l’ironie dont il accueillait les beaux
discours de Cassignol...
...et le récit complaisant de ses exploits cynégétiques.
Tony, pour lui, aimait si peu la chasse qu’il refusait
même ae tirer sur les petits oiseaux, et avait cherché à
détourner son ami de cet amusement qu’il qualifiait de
barbare : « Tony est un rêveur et une poule mouillée,
disait dédaigneusement Mercédès. n Son amour pour les
animaux était poussé si loin qu’il passait ses moments
de loisir à dresser des chiens et des chats...
...avec une patience et une persévérance qui donnaient
des résultants étonnants : « Vous devriez, lui dit un jour
ironiquement Mercédès, entrer dans un cirque forain :
vous y feriez merveille! — Pourquoi pas? répondit le
jeune homme. Si jamais j’étais pressé par la nécessité,
autant ce métier-là qu’un autre. » Un jour, ou plutôt une
nuit, Cassignol perdit la forte somme.
Connue il était déjà lui-même à court pour des dettes
antérieures, il eut recours à la bourse de Tony. Mais
quand l’échéance vint, il ne put le rembourser. Cette
mis, son ami se fâcha. D avait eu toute confiance en
Cassignol, et l’argent qu’il lui avait prêté lui était
maintenant indispensable. Le joueur lui demanda six mois
de délai; Tony, ne pouvant plus attendre, rompit avec
lui...
...il une façon définitive, et déclara qu’il allait, comme le
lui avait suggéré Mercédès, s’engager dans un cirque
forain où on lui proposait do beaux appointements, pour
dresser des jaguars et des pumas : « Votre ami est singulier,
dit la jeune hile, mais il faut avouer qu’il a du cran, s’il
se tire bien de ce dressage. » Affecté de la tournure aue
prenaient les événements...
...et voulant essayer de rembourser quand meme son
ami, Cassignol eut l’art d’emprunter une certaine somme
a don Eusebio qui avait un faible pour lui. 11 alla la jouer
et la perdit encore. Cette fois son hôte ne voulut plus.rien
entendre, et Mercédès elle-même lui battit froid. Déses
péré, le joueur impénitent rentra chez lui, prêt à toutes
les extrémités pour éviter le déshonneur, car il avait
perdu plus...
...que ce que don Eusébio lui avait prêté. Il y avai
plusieurs mois que Tony était parti avec le cirque
pour le Brésil, et Cassignol ne voyait plus personne à
3 ui s’adresser dans sa détresse! Vers le matin, un coup
iscret fut frappé à sa porte : un Indien silencieux lui
Ternit un paquet et s’éloigna. Cassignol l’ouvrit : oo paquet
contenait une pépite d'or, qu’il alla vendre aussitôt,
pour rembourser ses créanciers.
Apres quoi, il se dit : « Cet Indien portait le costume
des Chiriguis qui habitent la basse vallée d’un affluent
de l’Amazone. Avec l’argent qui me reste, je vais acheter
un cheval et des armes : je me rendrai dans cette région
pour éclaircir ce mystère. Il y a quelqu’un qui a découvert
une mine d’or et qui m’a porté secours : je soupçonne
que c’est Tony. 11 aura appris ma détresse. Mais avec ses
idées philosophiques sur la malfaisance de l’or...
...il est capable de vouloir garder ce secret pour lui seul,
sans en jouir lui-même, comme tout le monde aurait fait
& sa place. Il faut que je i’en dissuade et que je partage
avec lui l’exploitation de ce filon, s’il existe. Je vais donc
m’en assurer. » Mais à peine eut-il mis 1© pied sur le ter
ritoire des Chiriguis, qu’il se vit mal accueilli. On lui
vola son cheval, et on le força, à coups de flèches, à rétro
grader à pied par le même chemin qu’il avait pris.
Il escalada la montagne, et vers midi vint so reposer
dans une grotte naturelle, où il fit la sieste. Il se réveilla
en sursaut, en entendant un grognement inquiétant : un
couple de jaguars rentrait dans la grotte, et pour le mo
ment lui barrait la sortie. Cassignol, qui avait été dévalisé
par les Indiens, ne possédait plus que son revolver.
11 fit feu dans la direction des jaguars, pour les effrayer par une première détonation, ne voulant pas risquer de les blesser
et de les rendre furieux. A peine le coup eut-il retenti, que les deux tiyres comme on les appelle dans ce pays, se dressèrent
sur leurs membres postérieurs, et se mirent à faire Les beaux comme des fauves bien dressés : « Plus de doute, se dit Cassignol,
Tony a passé par là s. Je n’ai plus rien à craindre évidemment de ces jaguars, et je vais attendre chez eux l’arrivée de mon
camarade, je saurai bien lui arracher son Becret et lui faire entendre raison. Mais personne ne parut de la journée, Quand la
chaleur fut tombée, Cassignol se glissa hors de la grotte, sur une plate-forme étroite qui surplombait la vallée profonde. U
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