Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1934-02-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 22 février 1934 22 février 1934
Description : 1934/02/22 (N1536). 1934/02/22 (N1536).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961827c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/04/2013
...obtint, auprès de la foule, un succès considérable.
On bissa, on trissa l’original danseur comique. Alors,
celui-ci improvisa, exagéra encore son intermède
chorégraphique. Mais si l’on eût pu voir ce qui se
passait dans le masque béatement hilare qui dissi
mulait ses traits, on eût été effrayé de la crispation
furibonde de celui qui amusait ainsi la foule. Les
applaudissements crépitaient. Tout à coup, un spec*
tatcur cria : « On ne voit pas bien,...
...du deuxième rang! Grimpez donc sur le char, qu’on
puisse vous voir mieux 1 » Aussitôt, une foule de
masques empoigna notre homme et le hissa, bon gré
mal gré, sur le char de Y automobile préhistorique.
Maître Décujusse respira car il était épuisé par cet
exercice tout à fait nouveau pour lui. Et puis on
l’avait assis sur le volant de l’automobiliste en carton
qui formait la figure principale dudit char. Il pouvait
se reposer. Mais on criait d’en bas : « Allons 1 dan-
sezl... >
« Je danserai tout à l’heure! hurla le tabellion sous
sa carapace de carton, je suis un peu fatigué 1 —
Alors dites-nous un monologue! » cria un spectateur
{ >lein d’imagination. Le notaire blêmit : un mono-
ogue ? Jamais il n’avait appris pareille chose ! Il
se rappelait bien quelques réminiscences de ses études
grecques, autrefois, au collège... mais tout à coup,
il se souvint des vers de mirliton, surpris dans la
buvard de son clerc.
(Dessins de S. PANIA.) {Voir la suite p. 2.)
« A la première récidive, monsieur Sandarac, ce
sera la porte! Oui, la porte II Je vous chasserai de mon
étude ! A-t-on idée d’un clerc de notaire qui se permet
d’écrire des vers (et quels vers !) au lieu de copier
des actes ! 1 Honte ! Trois fois honte ! « Et maître
Décujusse, notaire à Nice (Alpes-Maritimes), regagna
son bureau, après avoir, en un geste réprobateur,
chiffonné et jeté aux papiers la production lyrique ( ?)
de son subordonné.
Guindé, renfrogné, très distant, il passait dans
toute la ville pour l’être le plus ennuyeux et le plus
ridiculement pompeux. Un jour du mois de mars
dernier, il reçut dans l’après-midi, une communica
tion téléphonique l’appelant d’urgence auprès d’un
de ses clients qui voulait, sans tarder d’une heure,
faire son testament. Maître Décujusse s’en fut illico
où le devoir l’appelait,...
...e’est-à-dire au 714 bis, de la rue de la Préfecture.
Mais comme il allait pénétrer dans ladite rue, il vit
une foule compacte qui encombrait cette artère.
« Au fait, se dit maître Décujusse, c’est le carnaval et
la rue de la Préfecture est livrée, de deux heures à
quatre, aux saturnales grotesques des masques et
des jeteurs de confetti. Neanmoins, je dois me rendre
où le devoir m’appelle. Requérons les bons offices de
la police. »
22 Février 1934;
35 CENTIMES
â. FAYARD et C’*, Editeurs
18 et 20
m du St-Gotbïîd, FUIS (14*)
Chèque postal 388-94
...de ccs ridicules confetti, il faut avoir un masque et
je ne me suis pas muni de cet objet aussi grotesque
qu’indispensable. Et pourtant, un moribond m’attendl
Tout juste au milieu de cette maudite rue! Comment
faire? Ah! Une Idée. Voici un porteur de grosse tête
burlesque, qui, pour une honnête rétribution, se fera
une joie de me prêter son ridicule accessoire 1 *
L’homme consentit et.maître Décujusse (oh, horreurl)
se coiffa de la tête...
...pour défiler, tenez, derrière le char de Vautomobile préhistorique. Ici et pas ailleurs! Et puis, je vais vous dire
une bonne chose, car vous m’avez l’air d’un farceur : moi, j’ai horreur des resquilleursl Les resquilleurs, je les
mate, je les brise! Entendez-vous, nom d’une pipe? » Maître Décujusse n’avait pas l’habitude qu'on lui pariât
sur ce ton. Mais il n’avait pas l’habitude, non plus, lui le grave tabellion, de se promener dans les rues de la
cité avec un masque grimaçant d’un mètre de haut sur la tête. Il prit donc philosophiquement son mal en
patience. Il passerait bien, avec le cortège, devant le numéro 714 bis et alors, il saurait bien brûler la politesse
aux masques et aux managers. Mais décidément, Jules Lebidon avait une dent contre celui qu’il avait traité de
resquilleur. « Et puis, déclara sur un ton hargneux l’irascible manager, on vous a payé pour être rigolo,...
...remuez-vous, trémoussez-vous! Dansez! Sautczl
Cabriolez! Entendez-vous, espèce de moule? » Maître
Décujusse rongea son frein. Il eût pourtant bien voulu
envoyer promener cet insolent, mais que fût devenue
sa dignité notariale s’il eût dégagé son vrai visage
d’un masque ridicule ? Il fallait s’exécuter; le tabellion
s'exécuta. II se livra à une chorégrap
nouvelle pour lui mais qui, par son il
hie tout à fait
ncohérence...
L’agent requis ne put qu’opposer le cas de force
majeure : pendant deux heures, la rue de la Préfec
ture était livrée aux masques. De plus, la cavalcade
allait passer, il fallait se débrouiller de son mieux,
lui n’y pouvait rien. Le notaire essaya de jouer des
.coudes pour se frayer passage, mais il reçut en pleine
figure une poignée de confetti de plâtre qui lui cingla
cruellement le visage. « C’est vrai 1 se dit le tabellion,
pour éviter la douleur cuisante...
...de carton. « Ainsi camouflé, s'était-i] dit, je pour
rai pénétrer aisément dans l’espace laissé libre pour
le passage de la cavalcade et, sans difficulté, me
rendre, en toute hâte, auprès du moribond 1 » Oui,
mais le faux masque n’avait pas pensé à Jules
Lebidon qui, la figure dissimulée sous un masque gro
tesque, veillait au bon ordre de ses hommes, « Hepl
Où allez-vous si vite, le sportsman 1934! C’est ici qu’i
faut prendre place...
Hebdomadaire. — 31® armée
35 CENTIMES /C
ABONNEMENTS:
France i Un an...
—» -Six mois
Etranger: Un
Chèqn» postal 388-84
On bissa, on trissa l’original danseur comique. Alors,
celui-ci improvisa, exagéra encore son intermède
chorégraphique. Mais si l’on eût pu voir ce qui se
passait dans le masque béatement hilare qui dissi
mulait ses traits, on eût été effrayé de la crispation
furibonde de celui qui amusait ainsi la foule. Les
applaudissements crépitaient. Tout à coup, un spec*
tatcur cria : « On ne voit pas bien,...
...du deuxième rang! Grimpez donc sur le char, qu’on
puisse vous voir mieux 1 » Aussitôt, une foule de
masques empoigna notre homme et le hissa, bon gré
mal gré, sur le char de Y automobile préhistorique.
Maître Décujusse respira car il était épuisé par cet
exercice tout à fait nouveau pour lui. Et puis on
l’avait assis sur le volant de l’automobiliste en carton
qui formait la figure principale dudit char. Il pouvait
se reposer. Mais on criait d’en bas : « Allons 1 dan-
sezl... >
« Je danserai tout à l’heure! hurla le tabellion sous
sa carapace de carton, je suis un peu fatigué 1 —
Alors dites-nous un monologue! » cria un spectateur
{ >lein d’imagination. Le notaire blêmit : un mono-
ogue ? Jamais il n’avait appris pareille chose ! Il
se rappelait bien quelques réminiscences de ses études
grecques, autrefois, au collège... mais tout à coup,
il se souvint des vers de mirliton, surpris dans la
buvard de son clerc.
(Dessins de S. PANIA.) {Voir la suite p. 2.)
« A la première récidive, monsieur Sandarac, ce
sera la porte! Oui, la porte II Je vous chasserai de mon
étude ! A-t-on idée d’un clerc de notaire qui se permet
d’écrire des vers (et quels vers !) au lieu de copier
des actes ! 1 Honte ! Trois fois honte ! « Et maître
Décujusse, notaire à Nice (Alpes-Maritimes), regagna
son bureau, après avoir, en un geste réprobateur,
chiffonné et jeté aux papiers la production lyrique ( ?)
de son subordonné.
Guindé, renfrogné, très distant, il passait dans
toute la ville pour l’être le plus ennuyeux et le plus
ridiculement pompeux. Un jour du mois de mars
dernier, il reçut dans l’après-midi, une communica
tion téléphonique l’appelant d’urgence auprès d’un
de ses clients qui voulait, sans tarder d’une heure,
faire son testament. Maître Décujusse s’en fut illico
où le devoir l’appelait,...
...e’est-à-dire au 714 bis, de la rue de la Préfecture.
Mais comme il allait pénétrer dans ladite rue, il vit
une foule compacte qui encombrait cette artère.
« Au fait, se dit maître Décujusse, c’est le carnaval et
la rue de la Préfecture est livrée, de deux heures à
quatre, aux saturnales grotesques des masques et
des jeteurs de confetti. Neanmoins, je dois me rendre
où le devoir m’appelle. Requérons les bons offices de
la police. »
22 Février 1934;
35 CENTIMES
â. FAYARD et C’*, Editeurs
18 et 20
m du St-Gotbïîd, FUIS (14*)
Chèque postal 388-94
...de ccs ridicules confetti, il faut avoir un masque et
je ne me suis pas muni de cet objet aussi grotesque
qu’indispensable. Et pourtant, un moribond m’attendl
Tout juste au milieu de cette maudite rue! Comment
faire? Ah! Une Idée. Voici un porteur de grosse tête
burlesque, qui, pour une honnête rétribution, se fera
une joie de me prêter son ridicule accessoire 1 *
L’homme consentit et.maître Décujusse (oh, horreurl)
se coiffa de la tête...
...pour défiler, tenez, derrière le char de Vautomobile préhistorique. Ici et pas ailleurs! Et puis, je vais vous dire
une bonne chose, car vous m’avez l’air d’un farceur : moi, j’ai horreur des resquilleursl Les resquilleurs, je les
mate, je les brise! Entendez-vous, nom d’une pipe? » Maître Décujusse n’avait pas l’habitude qu'on lui pariât
sur ce ton. Mais il n’avait pas l’habitude, non plus, lui le grave tabellion, de se promener dans les rues de la
cité avec un masque grimaçant d’un mètre de haut sur la tête. Il prit donc philosophiquement son mal en
patience. Il passerait bien, avec le cortège, devant le numéro 714 bis et alors, il saurait bien brûler la politesse
aux masques et aux managers. Mais décidément, Jules Lebidon avait une dent contre celui qu’il avait traité de
resquilleur. « Et puis, déclara sur un ton hargneux l’irascible manager, on vous a payé pour être rigolo,...
...remuez-vous, trémoussez-vous! Dansez! Sautczl
Cabriolez! Entendez-vous, espèce de moule? » Maître
Décujusse rongea son frein. Il eût pourtant bien voulu
envoyer promener cet insolent, mais que fût devenue
sa dignité notariale s’il eût dégagé son vrai visage
d’un masque ridicule ? Il fallait s’exécuter; le tabellion
s'exécuta. II se livra à une chorégrap
nouvelle pour lui mais qui, par son il
hie tout à fait
ncohérence...
L’agent requis ne put qu’opposer le cas de force
majeure : pendant deux heures, la rue de la Préfec
ture était livrée aux masques. De plus, la cavalcade
allait passer, il fallait se débrouiller de son mieux,
lui n’y pouvait rien. Le notaire essaya de jouer des
.coudes pour se frayer passage, mais il reçut en pleine
figure une poignée de confetti de plâtre qui lui cingla
cruellement le visage. « C’est vrai 1 se dit le tabellion,
pour éviter la douleur cuisante...
...de carton. « Ainsi camouflé, s'était-i] dit, je pour
rai pénétrer aisément dans l’espace laissé libre pour
le passage de la cavalcade et, sans difficulté, me
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mais le faux masque n’avait pas pensé à Jules
Lebidon qui, la figure dissimulée sous un masque gro
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Où allez-vous si vite, le sportsman 1934! C’est ici qu’i
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