Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1933-08-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 03 août 1933 03 août 1933
Description : 1933/08/03 (N1507). 1933/08/03 (N1507).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9617997
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
N° 1507. — 3 Août 1933
Hebdomadaire.
35 CENTIMES
â. FAÏAHD et C 1 *, Editeurs
18 et 20
ms do St-Gothard, PARIS (14*)
Cbàque postal 388-81
CENTIMES
ABONNEMENTS :
France : Un an... 17.50
— Six mois 9.50
Étranger: Un an. 30fr.
Chèque postal 388-84
aventurer si loin à la chasse sous la
conduite de Coco, disait à sa fille Janica, l’adminis
trateur colonial Darlain. — Mais, père, répondit la
jeune chasseresse, tu sais bien que Coco n’est pas un
noir comme les autres. Il a reçu une certaine éduca
tion et c’est le petit-fils de l’ancien roi du pays. »
L’administrateur, qui ne savait résister à aucune des
volontés de sa fille, n’insista pas.
Qu’aurait-il dit s’il avait entendu, vers le soir,
certaine conversation entre le prince Coco et le vieux
sorcier Ouampa, le dernier survivant de la cour du
roi son grand-père : * Tu n’as pas honte, disait le
vieillard, de vivre avec les blancs, d'être à leur service
et de te faire le porteur de la fille d’un de leurs fonc
tionnaires ? Toi qui devrais être le roi. — Ne juge pas
sur les apparences, répondit Coco. Si j’ai été...
...à l’école des blancs et si je suis devenu leur employé,
c’est pour m’initier à leurs secrets, afin de pouvoir
arriver un jour à les combattre par leur propres armes
lorsque je serai devenu aussi savant qu’eux. » Ouampa
haussa les épaules : « Tu n’arriveras jamais à posséder
entièrement leur science; mais sache que nous sommes
encore quelques-uns dans la forêt à posséder les
secrets...
.“..qui doivent nous débarrasser des blancs. Nous hési
tions à t’en parler, à toi, le descendant de nos rois,
parce qu’on te croyait devenu leur ami. Apprends que
si le roi ton grand-père a été vaincu par eux, c’est
que sa capitale a été détruite par leurs canons à
longue distance, avant que nos guerriers aient pu
seulement approcher leurs hommes à la portée d’une
flèche empoisonnée. Mais, maintenant qu’ils sont
installés dans le pays,...
...quand le jour sera venu, ces flèches auront beaucoup
moins de trajet à faire pour nous débarrasser d'eux
individuellement. — Je croyais, reprit Coco, que le
secret de ces flèches était perdu. — Je le possède
encore, reprit Ouampa, mais il est certains ingré
dients qu'on ne peut se procurer que dans la région
des montagnes. Cinq sorciers doivent faire bouillir,
avec le strophantus, une plante grimpante que je
suis seul à connaître,...
...il faut la récolter les nuits de pleine lune; y ajouter
des tiges d’euphorbe, de l’écorce de cailcédrat, de la
racine de conkou et la pierre sanbéré qui est trans
lucide et qu’on ne trouve que dans les montagnes,
a quinze jours de marche d’ici. » Coco annonça au
sorcier que justement, l’administrateur Darlain était
en train de préparer une expédition vers la région en
question. « Toi et les quatre autres sorciers, dit Coco
a Ouampa,...
...vous n’avez qu’à vous engager comme porteurs,
dans sa troupe, et une fois dans le pays, il vous sera
facile de trouver la pierre sanbéré et la plante grim
pante. » Ainsi fut fait. Avant d’arriver au pays mon
tagneux, l’expédition traversa une région marécageuse
et Coco, piqué par la mouche tsé-tse, ne tarda pas à
éprouver les Ipremiers symptômes de la maladie du
sommeil, ce terrible mal que,...
...seuls, les blancs savent guérir. Le docteur de l’expé
dition, aidé de Janica comme infirmière, lui prodigua
des soins si judicieux, qu’avant la fin de la semaine,
il pouvait se considérer comme hors de danger. Du
coup, sa haine des blancs s’en trouva fort atténuée;
il eut même l’occasion, un soir, de rendre à son infir
mière, la monnaie de sa pièce, en détournant un cro
codile qui fonçait sur elle à l’abreuvoir.
Ouampa avait assisté à cette dernière scène et lui
en fit d’amers reproches, quand il le vit seul à seul.
Coco se défendit mollement et prétexta qu’il avait
tenu à payer sa dette de reconnaissance à celle qui
l’avait soigné, mais ajouta que maintenant ils sc
trouvaient quittes. Ni l’un ni l’autre des interlocuteurs
n’en dit plus long ce soir-là, mais leur conversation
avait été entendue par la jeune fille.
Très affectée de ce qu’elle appelait l’ingratitude de
Coco, elle se promit de le surveiller désormais et ne
tarda pas à se rendre compte que le jeune noir avait,
tous les soirs, des conciliabules mystérieux dans la
forêt avec certains des porteurs qui revêtaient, à
cette occasion, d’étranges costumes. C’étaient les
cinq sorciers. Sous les ordres de Ouampa, ils avaient
réussi à récolter...
...la pierre Sanbéré et la plante grimpante fatidique.
En entonnant les incantations rituelles, ils avaient
commencé la fabrication des flèches empoisonnées.
Une belle nuit, Janica qui ne dormait pas, aperçut
par la fente de sa tente, Coco qui se glissait hors du
campement pour aller rejoindre ses mystérieux
complices. Voulant en avoir le cœur net, elle le suivit.
Fâcheuse inspirât ion 1
Ouampa et les sorciers l’aperçurent qui se faufilait
parmi les lianes de la forêt vierge, à la suite de Coco.
' Quand ils s’emparèrent d’elle, elle poussa un cri
perçant, mais fut immédiatement bâillonnée. Coco
se retourna au cri et la vit au pouvoir des sorciers :
« Il serait maladroit de notre part, dit-il, de lui faire le
moindre mal, car c’est la fille de l’administrateur et...
(Dessina de VAL.) (Voir la suite pü B e 2.)
Hebdomadaire.
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conduite de Coco, disait à sa fille Janica, l’adminis
trateur colonial Darlain. — Mais, père, répondit la
jeune chasseresse, tu sais bien que Coco n’est pas un
noir comme les autres. Il a reçu une certaine éduca
tion et c’est le petit-fils de l’ancien roi du pays. »
L’administrateur, qui ne savait résister à aucune des
volontés de sa fille, n’insista pas.
Qu’aurait-il dit s’il avait entendu, vers le soir,
certaine conversation entre le prince Coco et le vieux
sorcier Ouampa, le dernier survivant de la cour du
roi son grand-père : * Tu n’as pas honte, disait le
vieillard, de vivre avec les blancs, d'être à leur service
et de te faire le porteur de la fille d’un de leurs fonc
tionnaires ? Toi qui devrais être le roi. — Ne juge pas
sur les apparences, répondit Coco. Si j’ai été...
...à l’école des blancs et si je suis devenu leur employé,
c’est pour m’initier à leurs secrets, afin de pouvoir
arriver un jour à les combattre par leur propres armes
lorsque je serai devenu aussi savant qu’eux. » Ouampa
haussa les épaules : « Tu n’arriveras jamais à posséder
entièrement leur science; mais sache que nous sommes
encore quelques-uns dans la forêt à posséder les
secrets...
.“..qui doivent nous débarrasser des blancs. Nous hési
tions à t’en parler, à toi, le descendant de nos rois,
parce qu’on te croyait devenu leur ami. Apprends que
si le roi ton grand-père a été vaincu par eux, c’est
que sa capitale a été détruite par leurs canons à
longue distance, avant que nos guerriers aient pu
seulement approcher leurs hommes à la portée d’une
flèche empoisonnée. Mais, maintenant qu’ils sont
installés dans le pays,...
...quand le jour sera venu, ces flèches auront beaucoup
moins de trajet à faire pour nous débarrasser d'eux
individuellement. — Je croyais, reprit Coco, que le
secret de ces flèches était perdu. — Je le possède
encore, reprit Ouampa, mais il est certains ingré
dients qu'on ne peut se procurer que dans la région
des montagnes. Cinq sorciers doivent faire bouillir,
avec le strophantus, une plante grimpante que je
suis seul à connaître,...
...il faut la récolter les nuits de pleine lune; y ajouter
des tiges d’euphorbe, de l’écorce de cailcédrat, de la
racine de conkou et la pierre sanbéré qui est trans
lucide et qu’on ne trouve que dans les montagnes,
a quinze jours de marche d’ici. » Coco annonça au
sorcier que justement, l’administrateur Darlain était
en train de préparer une expédition vers la région en
question. « Toi et les quatre autres sorciers, dit Coco
a Ouampa,...
...vous n’avez qu’à vous engager comme porteurs,
dans sa troupe, et une fois dans le pays, il vous sera
facile de trouver la pierre sanbéré et la plante grim
pante. » Ainsi fut fait. Avant d’arriver au pays mon
tagneux, l’expédition traversa une région marécageuse
et Coco, piqué par la mouche tsé-tse, ne tarda pas à
éprouver les Ipremiers symptômes de la maladie du
sommeil, ce terrible mal que,...
...seuls, les blancs savent guérir. Le docteur de l’expé
dition, aidé de Janica comme infirmière, lui prodigua
des soins si judicieux, qu’avant la fin de la semaine,
il pouvait se considérer comme hors de danger. Du
coup, sa haine des blancs s’en trouva fort atténuée;
il eut même l’occasion, un soir, de rendre à son infir
mière, la monnaie de sa pièce, en détournant un cro
codile qui fonçait sur elle à l’abreuvoir.
Ouampa avait assisté à cette dernière scène et lui
en fit d’amers reproches, quand il le vit seul à seul.
Coco se défendit mollement et prétexta qu’il avait
tenu à payer sa dette de reconnaissance à celle qui
l’avait soigné, mais ajouta que maintenant ils sc
trouvaient quittes. Ni l’un ni l’autre des interlocuteurs
n’en dit plus long ce soir-là, mais leur conversation
avait été entendue par la jeune fille.
Très affectée de ce qu’elle appelait l’ingratitude de
Coco, elle se promit de le surveiller désormais et ne
tarda pas à se rendre compte que le jeune noir avait,
tous les soirs, des conciliabules mystérieux dans la
forêt avec certains des porteurs qui revêtaient, à
cette occasion, d’étranges costumes. C’étaient les
cinq sorciers. Sous les ordres de Ouampa, ils avaient
réussi à récolter...
...la pierre Sanbéré et la plante grimpante fatidique.
En entonnant les incantations rituelles, ils avaient
commencé la fabrication des flèches empoisonnées.
Une belle nuit, Janica qui ne dormait pas, aperçut
par la fente de sa tente, Coco qui se glissait hors du
campement pour aller rejoindre ses mystérieux
complices. Voulant en avoir le cœur net, elle le suivit.
Fâcheuse inspirât ion 1
Ouampa et les sorciers l’aperçurent qui se faufilait
parmi les lianes de la forêt vierge, à la suite de Coco.
' Quand ils s’emparèrent d’elle, elle poussa un cri
perçant, mais fut immédiatement bâillonnée. Coco
se retourna au cri et la vit au pouvoir des sorciers :
« Il serait maladroit de notre part, dit-il, de lui faire le
moindre mal, car c’est la fille de l’administrateur et...
(Dessina de VAL.) (Voir la suite pü B e 2.)
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