Presse et revues
8 pages
Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1932-12-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 décembre 1932 01 décembre 1932
Description : 1932/12/01 (N1472). 1932/12/01 (N1472).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9617649
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
1 er Décembre 1932
N° 1472 — 29 e Année
35 CENTIMES
A, FAYARD et C", Editeurs
18 et 20
ns du Si-Gotbard, PAflIS (14*)
Chèque postal 888-84
à
Images
35 CENBHBS
ABONNEMENTS:
France ; Un an.» 17.50
— Six mois 9.50
Étranger: Un an. 30fr.
Chèque postal 388-84
Alexandre III, duc de Castigliano, prince fastueux
et grand ami des arts, avait sa cour peuplée d’artistes,
parmi lesquels le vieux sculpteur Marco Torelli se
maintenait au premier rang, bien plus encore par son
esprit d’intrigue et sa flagornerie que par son talent,
d’ailleurs fort suranné, mais qui ne voulait point
admettre de rival. Aucun nouvel artiste n’était intro
duit auprès du souverain...
...qu'il n'eût obtenu l’agrément préalable de Torelli.
Or, un jeune statuaire toscan, Andrea Fiorimonte,
déjà en renom à Florence, étant venu se fixer à Casti
gliano, crut devoir solliciter le patronage du vieux
maître. Mais celui-ci, qui connaissait la réputation
naissante de Fiorimonte, comprenant quel redoutable
concurrent il se créerait en accueillant le récipien
daire, s'efforça de le décourager, assurant avec dédain...
Votre fille! — Pourquoi pas? ht belle, encore,
si tu veux en juger, car tu m’accompagnes, n’est-ce
pas ? — Sans doute, en cas d’autre fâcheuse ren
contre. » Tout en causant, et Fiorimonte ayant dit
qui il était, et ses déboires, les deux compagnons
arrivèrent en une coquette villa où une gracieuse
enfant les accueillit, joyeuse. * Bonjour, ma Colomba I
s’écria le nabot, transfiguré. Je t'amène un ami,
un sauveur 1 >
Et Gobbaccio présenta Andrea,
ment troublé de cette radieuse apparition : le père
ne l’avait pas trompé! Mais comment un être aussi
disgracié avait-il pu donner le jour à cette merveille
de grâce ingénue ? Puis, tandis que Colomba leur
servait des rafraîchissements, Gobbo (on l’appelait
aussi de ce nom et encore Baccio, par dérision), raconta
sa mésaventure à sa fille et le rôle d'Andrea, ce qui
acheva de rendre le jeune artiste sympathique...
...qu’d vît s’acharner lâchement après un pauvre
petit bonhomme tout contrefait, criblé, par la mar
maille cruelle, de quolibets et de détritus. Le mal
heureux n’osait se défendre autrement qu’en hâtant
le pas autant que le lui permettaient ses courtes
jambes toiles. Mais un des plus hardis parmi les
polissons eut l’idée d'insinuer un bâton entre les
genoux du nabot, qui tomba, entraînant le garne
ment ’ ’ *
Celui-ci, le nez saignant, se mit à pousser des piail-
leries à croire qu’on l’écorchait, ce qui ameuta les
passants contre le bossu, désigné par les gamins
comme leur persécuteur. Aussi les badauds auraient-
ils fait au pauvre diable un mauvais parti si Andrea
n’était intervenu énergiquement pour expliquer
comment les choses s’étaient passées, à la confusion
des petits malandrins. • Mon cher ami,...
...la palme. — Oui, mais, avoua Andrea, rougissant,
je suis... sans... » Gobbo devina et, allant à un bahut,
il en sortit une poignée d’or qu’il tendit au jeune
artiste. « Si, si, prends, je te dois bien plusl Et, si
mon offre te gêne, accepte-la à titre de prêt. Je suis
tellement sûr de ton succès! En outre, tu trouveras
sur ces pièces le profil qui t’intéresse. » De vrai,
Alexandre, osant rompre avec la coutume qui...
...faisait de Torelli son sculpteur attitré, avait, pour
cc bas-relief, fait appel à tous les ciseleurs du pays.
Encouragé par Gobbo, Andrea se mit à l’ouvrage et,
après maint essai, réalisa une œuvre qui le satisfit ainsi
que son ami, et il l’envoya au palais. Le jour du juge
ment, le prince, avec sa cour, son bouffon et Torelli,
ce dernier institué par déférence chef du jury, vint
examiner les envois.
YÏV1ER
...qu’il ne lui reconnaissait pas la capacité suffisante
pour avoir accès auprès du duc. Andrea fut cruelle
ment désappointé de cet échec car, s'il se sentait sûr
de son talent, il se trouvait sans ressource et obligé
de ravaler son ciseau à une besogne de manœuvre.
Comme il regagnait tristement sa demeure en un
faubourg éloigné, une clameur joyeuse attira son
...dit alors le bossu en prenant familièrement le bras
de son sauveur, tu m’as tiré d’un bien mauvais pas,
car ces forcenés allaient me jeter à l’eau, foi de Gobbac
cio! — Gobbaccio! s’exclama Andrea stupéfait.
Seriez-vous le... -— Le fou du duc? H n'y a aucun
doute! ricana le gnome. C’est pour n’être point
reconnu — si tant est qu’il me le soit possible, bâti
comme je suis — que je me déguise en vilain quand
je vais voir ma fille.
...à Colomba. « Mon ami, disait le boutfon, je veux
faire ta fortune. H y a au palais un méchant bîrbe de
sculpteur que tu dois supplanter. — Torelli ? — Lui-
même. — Mais comment ? — J'en fais mon affaire.
Justement, Monseigneur a mis au concours — et
c’est déjà une première disgrâce pour Torelli — un
bas-relief représentant son auguste profil. Tu connais
les traits du duc? — Certes. — Eh bien, tu dois
concourir et remporter...
Son goût le fit s’arrêter avec un vif intérêt devant
un des médaillons où l’énergie de ses traits était
admirablement, mais sincèrement caractérisée, alors
que les autres artistes n’avaient recherché qu’une
grâce maniérée. • Eh bien, Baccio, que t'en semble ?
fit ironiquement le duc. — Monseigneur, déclara le
bonflon en désignant cette œuvre, qui était d’Andrea,
cc travail me paraît hors de pair. (Voir suite p. 2)
N° 1472 — 29 e Année
35 CENTIMES
A, FAYARD et C", Editeurs
18 et 20
ns du Si-Gotbard, PAflIS (14*)
Chèque postal 888-84
à
Images
35 CENBHBS
ABONNEMENTS:
France ; Un an.» 17.50
— Six mois 9.50
Étranger: Un an. 30fr.
Chèque postal 388-84
Alexandre III, duc de Castigliano, prince fastueux
et grand ami des arts, avait sa cour peuplée d’artistes,
parmi lesquels le vieux sculpteur Marco Torelli se
maintenait au premier rang, bien plus encore par son
esprit d’intrigue et sa flagornerie que par son talent,
d’ailleurs fort suranné, mais qui ne voulait point
admettre de rival. Aucun nouvel artiste n’était intro
duit auprès du souverain...
...qu'il n'eût obtenu l’agrément préalable de Torelli.
Or, un jeune statuaire toscan, Andrea Fiorimonte,
déjà en renom à Florence, étant venu se fixer à Casti
gliano, crut devoir solliciter le patronage du vieux
maître. Mais celui-ci, qui connaissait la réputation
naissante de Fiorimonte, comprenant quel redoutable
concurrent il se créerait en accueillant le récipien
daire, s'efforça de le décourager, assurant avec dédain...
Votre fille! — Pourquoi pas? ht belle, encore,
si tu veux en juger, car tu m’accompagnes, n’est-ce
pas ? — Sans doute, en cas d’autre fâcheuse ren
contre. » Tout en causant, et Fiorimonte ayant dit
qui il était, et ses déboires, les deux compagnons
arrivèrent en une coquette villa où une gracieuse
enfant les accueillit, joyeuse. * Bonjour, ma Colomba I
s’écria le nabot, transfiguré. Je t'amène un ami,
un sauveur 1 >
Et Gobbaccio présenta Andrea,
ment troublé de cette radieuse apparition : le père
ne l’avait pas trompé! Mais comment un être aussi
disgracié avait-il pu donner le jour à cette merveille
de grâce ingénue ? Puis, tandis que Colomba leur
servait des rafraîchissements, Gobbo (on l’appelait
aussi de ce nom et encore Baccio, par dérision), raconta
sa mésaventure à sa fille et le rôle d'Andrea, ce qui
acheva de rendre le jeune artiste sympathique...
...qu’d vît s’acharner lâchement après un pauvre
petit bonhomme tout contrefait, criblé, par la mar
maille cruelle, de quolibets et de détritus. Le mal
heureux n’osait se défendre autrement qu’en hâtant
le pas autant que le lui permettaient ses courtes
jambes toiles. Mais un des plus hardis parmi les
polissons eut l’idée d'insinuer un bâton entre les
genoux du nabot, qui tomba, entraînant le garne
ment ’ ’ *
Celui-ci, le nez saignant, se mit à pousser des piail-
leries à croire qu’on l’écorchait, ce qui ameuta les
passants contre le bossu, désigné par les gamins
comme leur persécuteur. Aussi les badauds auraient-
ils fait au pauvre diable un mauvais parti si Andrea
n’était intervenu énergiquement pour expliquer
comment les choses s’étaient passées, à la confusion
des petits malandrins. • Mon cher ami,...
...la palme. — Oui, mais, avoua Andrea, rougissant,
je suis... sans... » Gobbo devina et, allant à un bahut,
il en sortit une poignée d’or qu’il tendit au jeune
artiste. « Si, si, prends, je te dois bien plusl Et, si
mon offre te gêne, accepte-la à titre de prêt. Je suis
tellement sûr de ton succès! En outre, tu trouveras
sur ces pièces le profil qui t’intéresse. » De vrai,
Alexandre, osant rompre avec la coutume qui...
...faisait de Torelli son sculpteur attitré, avait, pour
cc bas-relief, fait appel à tous les ciseleurs du pays.
Encouragé par Gobbo, Andrea se mit à l’ouvrage et,
après maint essai, réalisa une œuvre qui le satisfit ainsi
que son ami, et il l’envoya au palais. Le jour du juge
ment, le prince, avec sa cour, son bouffon et Torelli,
ce dernier institué par déférence chef du jury, vint
examiner les envois.
YÏV1ER
...qu’il ne lui reconnaissait pas la capacité suffisante
pour avoir accès auprès du duc. Andrea fut cruelle
ment désappointé de cet échec car, s'il se sentait sûr
de son talent, il se trouvait sans ressource et obligé
de ravaler son ciseau à une besogne de manœuvre.
Comme il regagnait tristement sa demeure en un
faubourg éloigné, une clameur joyeuse attira son
...dit alors le bossu en prenant familièrement le bras
de son sauveur, tu m’as tiré d’un bien mauvais pas,
car ces forcenés allaient me jeter à l’eau, foi de Gobbac
cio! — Gobbaccio! s’exclama Andrea stupéfait.
Seriez-vous le... -— Le fou du duc? H n'y a aucun
doute! ricana le gnome. C’est pour n’être point
reconnu — si tant est qu’il me le soit possible, bâti
comme je suis — que je me déguise en vilain quand
je vais voir ma fille.
...à Colomba. « Mon ami, disait le boutfon, je veux
faire ta fortune. H y a au palais un méchant bîrbe de
sculpteur que tu dois supplanter. — Torelli ? — Lui-
même. — Mais comment ? — J'en fais mon affaire.
Justement, Monseigneur a mis au concours — et
c’est déjà une première disgrâce pour Torelli — un
bas-relief représentant son auguste profil. Tu connais
les traits du duc? — Certes. — Eh bien, tu dois
concourir et remporter...
Son goût le fit s’arrêter avec un vif intérêt devant
un des médaillons où l’énergie de ses traits était
admirablement, mais sincèrement caractérisée, alors
que les autres artistes n’avaient recherché qu’une
grâce maniérée. • Eh bien, Baccio, que t'en semble ?
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cc travail me paraît hors de pair. (Voir suite p. 2)
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