Presse et revues
8 pages
Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1932-05-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 mai 1932 05 mai 1932
Description : 1932/05/05 (N1442). 1932/05/05 (N1442).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9617348
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
5 Mai 1032
N° 1442 — 29 e Année
3S CENTIMES
à. FAYARD et (T, Editeur»
18 et 20
m ds St-Sothird, FUIS (U*)
Chèque postal 888-84
3SABONNEMENTS:
France : Un en... 17.50
— Six mois 9.50
Étranger: Un an. 30fr;
Chèque portai 388-84
Roland dirigeait en Indochine les comptoirs
d une importante maison de commerce, et les avait
fait admirablement prospérer depuis sa gestion. Il
avait sa résidence particulière à Saïgon où, il était
en relations avec les principales fa.milles du pays. Il
venait de se fiancer à Elyane, la fille d’un haut fonc
tionnaire, quand de fâcheuses circonstances vinrent
mettre à néant ses proiets. Un scandale...
...venait d’éclater à propos d’un vol avec effraction
commis dans une grande banque de Saïgon, deux auto
mobilistes masqués, terrorisant le personnel sous la
menace de leurs revolvers, s'étaient emparés de tout
l’argent liquide et avaient pris la fuite. Cet audacieux
attentat s’etait produit juste au moment du carnaval ;
l’un des bandits portait le masque vénitien et le do
mino noir. C’était aussi le costume...
...qu’avait adopté Roland pour les fêtes. Cette coïnci
dence n’aurait attiré l’attention de personne s’il n’y
avait eu une dénonciation formelle de Soun-Sen, le
gardien chinois de la banque, serviteur réputé intègre
et jusqu’ici au-dessus de tout soupçon. Roland eut
beau se défendre énergiquement, il fut arrêté. Le
procès dura longtemps. Comme il n’y avait eu contre
lui que cette dénonciation, formelle il est vrai,...
...il bénéficia du doute, en cour d’assises, et fut acquitté. Mais sa situation à Saïgon était devenu impossible, aussi
b ; en auprès de la société, que vis-à-vis de ses employés. Son mariage fut naturellement rompu, malgré les
protestations d’Elyane, qui demeurait persuadée de son innocence. Il dut résilier ses fonctions, et partit un
beau matin, complètement ruiné, pour essayer de gagner sa vie comme chasseur de tigres, dans les forêts de
l’Annam. Elyane eut de loin en loin, et d’une façon tout à fait indirecte, de ses nouvelles, par le principal
fourreur de Saïgon et l'empailleur de l'établissement zoologique. Elle chercha à lui faire parvenir ses encouragements,
en l'assurant qu'elle n'ajoutait aucune foi aux accusations dont il avait été l’objet, et en le suppliant de tenter
de se réhabiliter aux yeux de scs accusateurs.
Mais ces missives ne l’atteignirent pas. Le chasseur
de tigres avait été pris par des pirates chinois, qui
terrorisaient la région montagneuse. Quelques déclas
sés européens s’étaient joints à eux ; entre autres un
nommé Zigomir, évadé de prison, où il purgeait une
condamnation pour cambriolage. Les pirates allaient
mettre à mort Roland, après l'avoir dépouillé, quand
Zigomir s’interposa.
« Vous feriez mieux, leur dit-il, de le garder à votre service ; outre que c est un chasseur remarquable, 11 est
très savant parmi les Français de Cochinchine. On dit même qu’il a fait ses études médicales. Enfin, ce pourrait
être une excellente recrue, et peut-être, un jour, un chef pour nous : s'il consent lui aussi à faire le pirate. » Ces
déclarations firent impression sur les pirates. Ils offrirent la vie sauve à leur prisonnier et lui proposèrent, pour
débuter, de se joindre à eux comme chasseur et comme médecin. Roland allait refuser avec indignation, mais
Zigomir le prit à part : « Il sera toujours temps Je nous fausser compagnie, lui dit-il, quand vous serez
devenu un de nos chefs, ce qui ne pourra manquer. En attendant, faites semblant d’accepter sans répugnance,
et commencez par nous donner des soins...
...car j’ai attrapé de mauvaises fièvres, ces temps,
derniers. Mais surtout, n’ayez pas l’air de désap
prouver, ni de critiquer notre conduite ; il en résulte
rait les plus grands inconvénients, et tout serait
perdu. » Roland se résigna et le traitement qu’il
appliqua à Zigomir produisit de si heureux effets,
que du coup, sa situation fut établie auprès des
pirates. Ceux-ci avaient établi...
...leur repaire dans une région complètement inex
plorée, à peu de distance d’une rivière bordée d’arbres
géants, et infestée de caïmans. De temps en temps,
quelques-uns des bandits partaient en expédition,
pour revenir chargés d'un butin plus ou moins consi
dérable. Plusieurs fois Zigomir fit partie de ces ran
données. Un jour, on signala dans la région un jeune
explorateur, dont la capture fut décidée : « Je
demande, dit Zigomir, à commander l’expédition. .
Devant l’attitude réprobatrice de Roland, il crut
devoir lui donner une explication : « Quand il s’agit
d'indigènes, lui dit-il, vous comprenez que ce qui peut
leur arriver m’est parfaitement égal. Mais lorsqu’il
s’agit d’Européens, il est toujours préférable que je
sois de l’affaire, quand ce ne serait que pour empêcher
l’irréparable. Il y a parmi ces pirates des gens sans
aucun scrupule, qui seraient bien capables de tuer
tout le monde sans aucune formalité. »
Ii partit avec scs hommes et arriva au bord de la
rivière juste au moment où l’explorateur, un tout
jeune homme, venait de chavirer avec sa pirogue et
allait être la proie d’un crocodile. Zigomir foudroya
la bête et ramena sur la riVe le naufragé, qui le remercia
avec effusion : « Ne me remerciez pas trop, répondit
l’ancien cambrioleur, il vaut mieux que vous sachiez
tout de suite que nous sommes des pirates. Laissez-
vous conduire au camp où on vous fouillera. »
(Voir la suite paçe 2.)
N° 1442 — 29 e Année
3S CENTIMES
à. FAYARD et (T, Editeur»
18 et 20
m ds St-Sothird, FUIS (U*)
Chèque postal 888-84
3S
France : Un en... 17.50
— Six mois 9.50
Étranger: Un an. 30fr;
Chèque portai 388-84
Roland dirigeait en Indochine les comptoirs
d une importante maison de commerce, et les avait
fait admirablement prospérer depuis sa gestion. Il
avait sa résidence particulière à Saïgon où, il était
en relations avec les principales fa.milles du pays. Il
venait de se fiancer à Elyane, la fille d’un haut fonc
tionnaire, quand de fâcheuses circonstances vinrent
mettre à néant ses proiets. Un scandale...
...venait d’éclater à propos d’un vol avec effraction
commis dans une grande banque de Saïgon, deux auto
mobilistes masqués, terrorisant le personnel sous la
menace de leurs revolvers, s'étaient emparés de tout
l’argent liquide et avaient pris la fuite. Cet audacieux
attentat s’etait produit juste au moment du carnaval ;
l’un des bandits portait le masque vénitien et le do
mino noir. C’était aussi le costume...
...qu’avait adopté Roland pour les fêtes. Cette coïnci
dence n’aurait attiré l’attention de personne s’il n’y
avait eu une dénonciation formelle de Soun-Sen, le
gardien chinois de la banque, serviteur réputé intègre
et jusqu’ici au-dessus de tout soupçon. Roland eut
beau se défendre énergiquement, il fut arrêté. Le
procès dura longtemps. Comme il n’y avait eu contre
lui que cette dénonciation, formelle il est vrai,...
...il bénéficia du doute, en cour d’assises, et fut acquitté. Mais sa situation à Saïgon était devenu impossible, aussi
b ; en auprès de la société, que vis-à-vis de ses employés. Son mariage fut naturellement rompu, malgré les
protestations d’Elyane, qui demeurait persuadée de son innocence. Il dut résilier ses fonctions, et partit un
beau matin, complètement ruiné, pour essayer de gagner sa vie comme chasseur de tigres, dans les forêts de
l’Annam. Elyane eut de loin en loin, et d’une façon tout à fait indirecte, de ses nouvelles, par le principal
fourreur de Saïgon et l'empailleur de l'établissement zoologique. Elle chercha à lui faire parvenir ses encouragements,
en l'assurant qu'elle n'ajoutait aucune foi aux accusations dont il avait été l’objet, et en le suppliant de tenter
de se réhabiliter aux yeux de scs accusateurs.
Mais ces missives ne l’atteignirent pas. Le chasseur
de tigres avait été pris par des pirates chinois, qui
terrorisaient la région montagneuse. Quelques déclas
sés européens s’étaient joints à eux ; entre autres un
nommé Zigomir, évadé de prison, où il purgeait une
condamnation pour cambriolage. Les pirates allaient
mettre à mort Roland, après l'avoir dépouillé, quand
Zigomir s’interposa.
« Vous feriez mieux, leur dit-il, de le garder à votre service ; outre que c est un chasseur remarquable, 11 est
très savant parmi les Français de Cochinchine. On dit même qu’il a fait ses études médicales. Enfin, ce pourrait
être une excellente recrue, et peut-être, un jour, un chef pour nous : s'il consent lui aussi à faire le pirate. » Ces
déclarations firent impression sur les pirates. Ils offrirent la vie sauve à leur prisonnier et lui proposèrent, pour
débuter, de se joindre à eux comme chasseur et comme médecin. Roland allait refuser avec indignation, mais
Zigomir le prit à part : « Il sera toujours temps Je nous fausser compagnie, lui dit-il, quand vous serez
devenu un de nos chefs, ce qui ne pourra manquer. En attendant, faites semblant d’accepter sans répugnance,
et commencez par nous donner des soins...
...car j’ai attrapé de mauvaises fièvres, ces temps,
derniers. Mais surtout, n’ayez pas l’air de désap
prouver, ni de critiquer notre conduite ; il en résulte
rait les plus grands inconvénients, et tout serait
perdu. » Roland se résigna et le traitement qu’il
appliqua à Zigomir produisit de si heureux effets,
que du coup, sa situation fut établie auprès des
pirates. Ceux-ci avaient établi...
...leur repaire dans une région complètement inex
plorée, à peu de distance d’une rivière bordée d’arbres
géants, et infestée de caïmans. De temps en temps,
quelques-uns des bandits partaient en expédition,
pour revenir chargés d'un butin plus ou moins consi
dérable. Plusieurs fois Zigomir fit partie de ces ran
données. Un jour, on signala dans la région un jeune
explorateur, dont la capture fut décidée : « Je
demande, dit Zigomir, à commander l’expédition. .
Devant l’attitude réprobatrice de Roland, il crut
devoir lui donner une explication : « Quand il s’agit
d'indigènes, lui dit-il, vous comprenez que ce qui peut
leur arriver m’est parfaitement égal. Mais lorsqu’il
s’agit d’Européens, il est toujours préférable que je
sois de l’affaire, quand ce ne serait que pour empêcher
l’irréparable. Il y a parmi ces pirates des gens sans
aucun scrupule, qui seraient bien capables de tuer
tout le monde sans aucune formalité. »
Ii partit avec scs hommes et arriva au bord de la
rivière juste au moment où l’explorateur, un tout
jeune homme, venait de chavirer avec sa pirogue et
allait être la proie d’un crocodile. Zigomir foudroya
la bête et ramena sur la riVe le naufragé, qui le remercia
avec effusion : « Ne me remerciez pas trop, répondit
l’ancien cambrioleur, il vaut mieux que vous sachiez
tout de suite que nous sommes des pirates. Laissez-
vous conduire au camp où on vous fouillera. »
(Voir la suite paçe 2.)
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