Presse et revues
8 pages
Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1931-05-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 mai 1931 21 mai 1931
Description : 1931/05/21 (N1392). 1931/05/21 (N1392).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961686f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
N® 1392 — 28® Année
35
IRQ
LFAYARD et C", Editeurs
s»«t so
tu do Si-Gotbard, PARIS (14*)
Chèqu» postal 388-84
21 Mai 1931
ABQNVtEMEKTS :
Franc* : Un an... 17.60
— Six mois 9.60
Ctrangor- Un an. 30 tri
Chèque postal 388-84
m
MARIUS GALÉJADE, HAUT-COMMISSAIRE A L’EXPOSITION COLONIALE, par s. pania
...une situation particulièrement brillante qui s’offrait
à lui, mais bien le modeste emploi de traîneur de
pousse-pousse pour promener les visiteurs dans l’en
ceinte de l’Exposition. Marius n’avait pas le choix :
U accepta, revêtit la tenue exotique, indispensable uni
forme, et commença son service. Après sa journée de
travail, il endossait à nouveau son élégant costume
bourgeois et se répandait sur les boulevards parisiens.
Marius Galéjade se trouvait, en ce moment-là,
dans une situation de fortune très précaire. Mais
s’il cherchait une position qui lui permît de vivre,
SI ne laissait rien deviner de sa pénurie à ses amis du
cercle de Tarascon. Son ami, le banquier Lacaussade,
lui ayant demandé s’il irait, à Paris, visiter l’Expo
sition coloniale. « Je pense bieng! s’écria Marius,
d’autant que je suis haut-commissaire...
...pour la colonie du Moyen-Gcos. J’ajouterai même,
continua-t-il, que si je vais toucher des appointe
ments considérables, je suis assez ennuyé, car j’ai peu
de disponibilités en ce moment et les frais de repré
sentation... Pourriez-vous me prêter, pour quelques
jours, dix mille francs ? — Mais comment donc, mon
cher! » fit Lacaussade qui s’exécuta. Nanti de dix mille
francs, Marius s’en vint à Paris et avisa un bureau...
Un jour qu’il faisait un petit tour sur l’asphalte,
il se buta dans Lacaussade. C’était bien la dernière
personne qu’il pensât rencontrer à Paris, car il croyait
que les affaires assez compliquées du banquier le rete
naient à Tarascon. «Lacaussade, cher ami... à Paris?
Quelle surprise! s’écria Marius. — Ehl pécaïrc quelle
chance de vous rencontrer à ma descente du train I »
riposta Lacaussade qui poursuivit
...de pari mutuel. Confiant dans son flair de sport -
mas, il joua ses dix mille francs sur un cheval qui
devait rapporter une somme considérable... mais qui ne
rapporta rien du tout. Voilà Marius réduit à quelques
francs, pour toute fortune. Il fallait vivre, n'est-ce pas ?
Un journal du soir signalait qu’à l’Exposition colo
niale, on demandait du personnel bien rétribué.
Marius s’y rendit. Hélas I ce n’était pas.,.
.. * N’ayant que deux jours à passer à Paris, j’avais
l’intention d’aller vous voir au haut-commissariat
de l’Exposition pour vous demander de me la faire
visiter. — N’en faites rien, répliqua Marius. Nous
sommes, en ces commencements d’exploitation, sur
chargés de besogne. C’est une vraie pagaye. C’est
comme notre téléphone : assiégé 1 littéralement assiégé.
Aussi, veuillez attendre un coup...
...de téléphone de moi. » Le lendemain, au bureau de
poste voisin de l'Exposition, Marius profitant d'un
moment de repos, demanda une cabine et téléphona
à l’hôtel de Lacaussade: « AIloI ici le haut-commis
sariat, section du Moyen-Gaos, vous parlez au haut-
commissaire, C'est vous, cher ami ?Un contretemps I...
je suis, aujourd’hui, surchargé de besogne et dois me
rendre au ministère, ce qui me privera du plaisir de
vous piloter. Mais un homme de confiance à moi...
...vous attendra à la porte, c’est un indigène du nom
de Ping-Pong. Je l'ai chargé de vous traîner dans son
pousse-pousse et de vous faire vjsiter en détail
toute l’Exposition. » Après son déjeuner, Lacaus
sade s'en fut au bois de Vincennes, pénétra dans
l’Exposition gt fut accosté par un pousse-pousse au
costume indigène qui, après l’avoir complimenté,
le fit monter dans son léger véhicule et commença
de lui faire voir...
...toutes les merveilles étalées aux yeux des visiteurs. 1
Marius, car c’était lui, habilement camouflé, les con
naissait comme sa poche : sa documentation, toute t
récente, à vrai dire, était riche et variée, habitué
qu’il était, depuis quelques jours, à véhiculer les
visiteurs dans toutes les parties de la merveilleuse
exhibition. C’est ainsi que notre farceur qui, contrai
rement à ce qu’on aurait pu supposer aux récits
fantaisistes...
...dont il «ivait ébloui son auditoire, là-bas, à Tarascon,
ne connaissait rien des colonies ni des colons, put
être renseigné comme pas un sur les mœurs, coutumes
et usages de nos possessions coloniales. Il ne se fit
pas faute de faire parade de sa riche documentation
à son visiteur. Il trouva habile, en même temps,
de vanter ce bon Marius, que ses soi-disant occu
pations retenaient au ministère.
« Voici, fit-il avec un geste large, un monument
indo-chinois qui a été découvert par M. Marius Galé
jade, notre distingué haut-commissaire;... comme cette
oagode siamoise de même que ce temple bouddhiste,
vhl c’est que M. Galéjade est un explorateur aussi
avisé qu’intrépide. * On arriva auprès de la mer
veille de l’Exposition la reconstitution du temple
d’Angkor.
« Sans doute encore une découverte de M. Marius
Galéjade ?» fit avec une pointe d’ironie le bon Lacaus
sade. — Mais, se rebiffa Marius-Ping-Pong, vexé un
peu, tout de même. Si M. Marius Galéjade n’a pas
découvert cette merveille de l’art khmer, il n’en a
pas moins mis personnellement à jour’des sculptures
extrêmement curieuses, cachées par une croûte de
Stuc»."
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Chèqu» postal 388-84
21 Mai 1931
ABQNVtEMEKTS :
Franc* : Un an... 17.60
— Six mois 9.60
Ctrangor- Un an. 30 tri
Chèque postal 388-84
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MARIUS GALÉJADE, HAUT-COMMISSAIRE A L’EXPOSITION COLONIALE, par s. pania
...une situation particulièrement brillante qui s’offrait
à lui, mais bien le modeste emploi de traîneur de
pousse-pousse pour promener les visiteurs dans l’en
ceinte de l’Exposition. Marius n’avait pas le choix :
U accepta, revêtit la tenue exotique, indispensable uni
forme, et commença son service. Après sa journée de
travail, il endossait à nouveau son élégant costume
bourgeois et se répandait sur les boulevards parisiens.
Marius Galéjade se trouvait, en ce moment-là,
dans une situation de fortune très précaire. Mais
s’il cherchait une position qui lui permît de vivre,
SI ne laissait rien deviner de sa pénurie à ses amis du
cercle de Tarascon. Son ami, le banquier Lacaussade,
lui ayant demandé s’il irait, à Paris, visiter l’Expo
sition coloniale. « Je pense bieng! s’écria Marius,
d’autant que je suis haut-commissaire...
...pour la colonie du Moyen-Gcos. J’ajouterai même,
continua-t-il, que si je vais toucher des appointe
ments considérables, je suis assez ennuyé, car j’ai peu
de disponibilités en ce moment et les frais de repré
sentation... Pourriez-vous me prêter, pour quelques
jours, dix mille francs ? — Mais comment donc, mon
cher! » fit Lacaussade qui s’exécuta. Nanti de dix mille
francs, Marius s’en vint à Paris et avisa un bureau...
Un jour qu’il faisait un petit tour sur l’asphalte,
il se buta dans Lacaussade. C’était bien la dernière
personne qu’il pensât rencontrer à Paris, car il croyait
que les affaires assez compliquées du banquier le rete
naient à Tarascon. «Lacaussade, cher ami... à Paris?
Quelle surprise! s’écria Marius. — Ehl pécaïrc quelle
chance de vous rencontrer à ma descente du train I »
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...de pari mutuel. Confiant dans son flair de sport -
mas, il joua ses dix mille francs sur un cheval qui
devait rapporter une somme considérable... mais qui ne
rapporta rien du tout. Voilà Marius réduit à quelques
francs, pour toute fortune. Il fallait vivre, n'est-ce pas ?
Un journal du soir signalait qu’à l’Exposition colo
niale, on demandait du personnel bien rétribué.
Marius s’y rendit. Hélas I ce n’était pas.,.
.. * N’ayant que deux jours à passer à Paris, j’avais
l’intention d’aller vous voir au haut-commissariat
de l’Exposition pour vous demander de me la faire
visiter. — N’en faites rien, répliqua Marius. Nous
sommes, en ces commencements d’exploitation, sur
chargés de besogne. C’est une vraie pagaye. C’est
comme notre téléphone : assiégé 1 littéralement assiégé.
Aussi, veuillez attendre un coup...
...de téléphone de moi. » Le lendemain, au bureau de
poste voisin de l'Exposition, Marius profitant d'un
moment de repos, demanda une cabine et téléphona
à l’hôtel de Lacaussade: « AIloI ici le haut-commis
sariat, section du Moyen-Gaos, vous parlez au haut-
commissaire, C'est vous, cher ami ?Un contretemps I...
je suis, aujourd’hui, surchargé de besogne et dois me
rendre au ministère, ce qui me privera du plaisir de
vous piloter. Mais un homme de confiance à moi...
...vous attendra à la porte, c’est un indigène du nom
de Ping-Pong. Je l'ai chargé de vous traîner dans son
pousse-pousse et de vous faire vjsiter en détail
toute l’Exposition. » Après son déjeuner, Lacaus
sade s'en fut au bois de Vincennes, pénétra dans
l’Exposition gt fut accosté par un pousse-pousse au
costume indigène qui, après l’avoir complimenté,
le fit monter dans son léger véhicule et commença
de lui faire voir...
...toutes les merveilles étalées aux yeux des visiteurs. 1
Marius, car c’était lui, habilement camouflé, les con
naissait comme sa poche : sa documentation, toute t
récente, à vrai dire, était riche et variée, habitué
qu’il était, depuis quelques jours, à véhiculer les
visiteurs dans toutes les parties de la merveilleuse
exhibition. C’est ainsi que notre farceur qui, contrai
rement à ce qu’on aurait pu supposer aux récits
fantaisistes...
...dont il «ivait ébloui son auditoire, là-bas, à Tarascon,
ne connaissait rien des colonies ni des colons, put
être renseigné comme pas un sur les mœurs, coutumes
et usages de nos possessions coloniales. Il ne se fit
pas faute de faire parade de sa riche documentation
à son visiteur. Il trouva habile, en même temps,
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« Voici, fit-il avec un geste large, un monument
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jade, notre distingué haut-commissaire;... comme cette
oagode siamoise de même que ce temple bouddhiste,
vhl c’est que M. Galéjade est un explorateur aussi
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d’Angkor.
« Sans doute encore une découverte de M. Marius
Galéjade ?» fit avec une pointe d’ironie le bon Lacaus
sade. — Mais, se rebiffa Marius-Ping-Pong, vexé un
peu, tout de même. Si M. Marius Galéjade n’a pas
découvert cette merveille de l’art khmer, il n’en a
pas moins mis personnellement à jour’des sculptures
extrêmement curieuses, cachées par une croûte de
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