Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1931-05-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 07 mai 1931 07 mai 1931
Description : 1931/05/07 (N1390). 1931/05/07 (N1390).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961684p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
N° 1390 — 28* Année
35 CENTIMES
A. FAYARD et C’% Editeurs
18 et 20
ni di St-Gothard, PAO (H*)
Chèqna postal 388-84
7 Mai mi
CENTIMES
ABONNEMENTS:
France : Un an..; 17.60
— Six mois 9.50
Etranger: Un an. 30ira
Chique postal 388-84
NOS GRANDS COLONIAUX. — La reconnaissance de Jouhera, par VAL
La petite Jouhera gardait les troupeaux de son
père, sur les flancs du Djebel Siroua, dans le Sud-
marocain ; elle était souvent battue et sa grande
sœur la malmenait si, par hasard, une bête manquait
toute la région du Nord, et l’on prétendait qu'DS en
levaient les enfants pour les manger.
Aussi Jouhera tremblait-elle à leur seul nom. Elle
vint à perdre ses parents lors d’une épidémie, et sa
sœur redoubla de mauvais traitements envers elle.
Un jour, elle la conduisit à un étranger, nommé
Si-Slim, qui parcourait la région : c’était un, marchand
d’esclaves. Jouhera fut achetée pour vingt-cinq douros
et Si-Slim l'emmena avec celles qu’il conduisait à
Marrakech, pour les revendre.
Jouhera pleura beaucoup; elle redoutait surtout
d’être vendue à des Nazaréens, dont on lui avait
fait un épouvantail. Si-Slim lui interdit de pleurer,
ce qui aurait pu indisposer les acheteurs. Il essaya
de la rassurer en lui disant que les Nazaréens étaient
encore loin et n’achetaient pas les esclaves; il la
vendit finalement fort cher à urf gros négociant de
Marrakech, nommé Si-Kadour. Dans la demeure de
cet homme,...
...Jouhera était chargée de l'entretien de- la maison
et de la corvée d'eau : elle était durement traitée, et
souvent battue, car Si Kadour était brutaL II la
menaçait,, lorsqu'elle était en faute, de la donner à
manger aux Nazaréens lorsqu’ils viendraient à Mar
rakech, ce qui ne pouvait tarder;. Et, devant une
pareille menace, Jouhera trembiait L ri fort, qu’eUe ne
sentait plus les coups ni les mauvais traitements.
Un jour, les clairons et les trompettes retentirent : c’étaient les Nazaréens qui faisaient leur entrée dans
Marrakech. Tous tes gens de Si-Kadour et ses esclaves montèrent sur la terrasse pour les voir défiler, et Jouhera
avec les autres. Le chef de ces 'étrangers chevauchait à la tête de cavaliers porteurs de burnous éclatants. Lui-
même avait une coiffure ornée de feuilles d’or. « C’est, dit-on auprès de la petite esclave, le général qui
commande les forces des Nazaréens, depuis Fez, jusque dans le sud. C’est un brillant cavalier et un homme juste :
11 faudrait que tous les Roumis fussent comme lui. » Mais Si-Kadour n’eut pas à se louer de l’entrée des Français
à Marrakech, ni lui, ni le6 marchands d’esclaves. Le trafic des esclaves fut interdit. Si-Slim fut arrêté, etfcprié
d’aller exercé!: son industrie ailleurs. Les esclaves furent déclarés libres, et leurs maîtres...
...perdirent tous droits sur eux. Le général ordonna que
les enfants qui avaient été vendus par Si-Slim seraient
rendus à leurs parents. C’est ainsi que Jouhera com
parut devant le général Lyautey. Quand elle apprit
qu’on allait la reconduire chez sa sœur, elle fondit en
larmes. Le général-résident l’ayant interrogée lui-
même longuement, elle se décida à lui raconter son
histoire. « Que va-t-on faire,...
...de cette enfant ? se demandalent les officiers? — Si
vous le permettez, mon général, dit un jeune capi
taine de spahis, et si [Jouhera y consent, je la con
duirai à ma femme qui a besoin d’une cuisinière
indigène. Ce sera là une situation toute trouvée poux
l’esclave libérée. » Jouhera, qui commençait à com
prendre îa fausseté des légendes qu’on lui avait
enseignées jusque-là...
...sur les Nazaréens, finit par se laisser convaincre,
non sans une certaine appréhension au début. Mais
l’affabilité de la femme du capitaine acheva de la
conquérir, et elle voua, dès ce jour, une grande recon
naissance au général dont l’intervention l’avait
délivrée de l’esclavage. Comme elle interrogeait à son
sujet, Messaoud, l’ordonnance du capitaine, un vieux
rengagé, celui-ci lui dit :
m
« C’est un bien grand chef, le général Lyautey,
Ba 1 ba 1 baa 1 les Roumis l’ont envoyé au Maroc
parce que les choses marchaient mal, et depuis qu’il
y est, tout marche bien. Inch Allah I Je rai connu
autrefois à A’ger, il y a longtemps, quand il était lieu
tenant de hussards. En ville, fantasia besef avec lui,
mais dans le sud, bataille beaucoup.» Messaoud ajouta
que le chauffeur Rivoni et le cuisinier annamite...
...donneraient à Jouhera des renseignements encore
plus intéressants sur celui qui l’avait arrachée à l’es
clavage. Tous deux avaient connu le général à des
officier, il avait
général Galliéni,
fadagascar. C’est
à l’école de ce grand organisateur qu’il avait fait
scs premières armes, et les leçons...
...qu’il en avait reçues avaient eu sur sa carrière future
une influence décisive. Thouan, le cuisinier, avait été.
en effet, tirailleur annamite sous les ordres du chef
d’état-major Lyautey, lorsque le colonel Galliéni
réprimait la piraterie en Indo-Chine. Thouan ne taris
sait pas d’éloges sur la justice et la fermeté de ce chef.
Tout en étant affable pour les soldats et...
(Voir la suit* pava 3.)
35 CENTIMES
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— Six mois 9.50
Etranger: Un an. 30ira
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NOS GRANDS COLONIAUX. — La reconnaissance de Jouhera, par VAL
La petite Jouhera gardait les troupeaux de son
père, sur les flancs du Djebel Siroua, dans le Sud-
marocain ; elle était souvent battue et sa grande
sœur la malmenait si, par hasard, une bête manquait
toute la région du Nord, et l’on prétendait qu'DS en
levaient les enfants pour les manger.
Aussi Jouhera tremblait-elle à leur seul nom. Elle
vint à perdre ses parents lors d’une épidémie, et sa
sœur redoubla de mauvais traitements envers elle.
Un jour, elle la conduisit à un étranger, nommé
Si-Slim, qui parcourait la région : c’était un, marchand
d’esclaves. Jouhera fut achetée pour vingt-cinq douros
et Si-Slim l'emmena avec celles qu’il conduisait à
Marrakech, pour les revendre.
Jouhera pleura beaucoup; elle redoutait surtout
d’être vendue à des Nazaréens, dont on lui avait
fait un épouvantail. Si-Slim lui interdit de pleurer,
ce qui aurait pu indisposer les acheteurs. Il essaya
de la rassurer en lui disant que les Nazaréens étaient
encore loin et n’achetaient pas les esclaves; il la
vendit finalement fort cher à urf gros négociant de
Marrakech, nommé Si-Kadour. Dans la demeure de
cet homme,...
...Jouhera était chargée de l'entretien de- la maison
et de la corvée d'eau : elle était durement traitée, et
souvent battue, car Si Kadour était brutaL II la
menaçait,, lorsqu'elle était en faute, de la donner à
manger aux Nazaréens lorsqu’ils viendraient à Mar
rakech, ce qui ne pouvait tarder;. Et, devant une
pareille menace, Jouhera trembiait L ri fort, qu’eUe ne
sentait plus les coups ni les mauvais traitements.
Un jour, les clairons et les trompettes retentirent : c’étaient les Nazaréens qui faisaient leur entrée dans
Marrakech. Tous tes gens de Si-Kadour et ses esclaves montèrent sur la terrasse pour les voir défiler, et Jouhera
avec les autres. Le chef de ces 'étrangers chevauchait à la tête de cavaliers porteurs de burnous éclatants. Lui-
même avait une coiffure ornée de feuilles d’or. « C’est, dit-on auprès de la petite esclave, le général qui
commande les forces des Nazaréens, depuis Fez, jusque dans le sud. C’est un brillant cavalier et un homme juste :
11 faudrait que tous les Roumis fussent comme lui. » Mais Si-Kadour n’eut pas à se louer de l’entrée des Français
à Marrakech, ni lui, ni le6 marchands d’esclaves. Le trafic des esclaves fut interdit. Si-Slim fut arrêté, etfcprié
d’aller exercé!: son industrie ailleurs. Les esclaves furent déclarés libres, et leurs maîtres...
...perdirent tous droits sur eux. Le général ordonna que
les enfants qui avaient été vendus par Si-Slim seraient
rendus à leurs parents. C’est ainsi que Jouhera com
parut devant le général Lyautey. Quand elle apprit
qu’on allait la reconduire chez sa sœur, elle fondit en
larmes. Le général-résident l’ayant interrogée lui-
même longuement, elle se décida à lui raconter son
histoire. « Que va-t-on faire,...
...de cette enfant ? se demandalent les officiers? — Si
vous le permettez, mon général, dit un jeune capi
taine de spahis, et si [Jouhera y consent, je la con
duirai à ma femme qui a besoin d’une cuisinière
indigène. Ce sera là une situation toute trouvée poux
l’esclave libérée. » Jouhera, qui commençait à com
prendre îa fausseté des légendes qu’on lui avait
enseignées jusque-là...
...sur les Nazaréens, finit par se laisser convaincre,
non sans une certaine appréhension au début. Mais
l’affabilité de la femme du capitaine acheva de la
conquérir, et elle voua, dès ce jour, une grande recon
naissance au général dont l’intervention l’avait
délivrée de l’esclavage. Comme elle interrogeait à son
sujet, Messaoud, l’ordonnance du capitaine, un vieux
rengagé, celui-ci lui dit :
m
« C’est un bien grand chef, le général Lyautey,
Ba 1 ba 1 baa 1 les Roumis l’ont envoyé au Maroc
parce que les choses marchaient mal, et depuis qu’il
y est, tout marche bien. Inch Allah I Je rai connu
autrefois à A’ger, il y a longtemps, quand il était lieu
tenant de hussards. En ville, fantasia besef avec lui,
mais dans le sud, bataille beaucoup.» Messaoud ajouta
que le chauffeur Rivoni et le cuisinier annamite...
...donneraient à Jouhera des renseignements encore
plus intéressants sur celui qui l’avait arrachée à l’es
clavage. Tous deux avaient connu le général à des
officier, il avait
général Galliéni,
fadagascar. C’est
à l’école de ce grand organisateur qu’il avait fait
scs premières armes, et les leçons...
...qu’il en avait reçues avaient eu sur sa carrière future
une influence décisive. Thouan, le cuisinier, avait été.
en effet, tirailleur annamite sous les ordres du chef
d’état-major Lyautey, lorsque le colonel Galliéni
réprimait la piraterie en Indo-Chine. Thouan ne taris
sait pas d’éloges sur la justice et la fermeté de ce chef.
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