Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1930-03-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 20 mars 1930 20 mars 1930
Description : 1930/03/20 (N1331). 1930/03/20 (N1331).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961626c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
y$o 1331 — 27 e Annfe
CENTIMES
fi. FAYARD et C u , Editeurs
18 et 20
m Chèque postal 38S-S4
LES EXPLOITS DE MARCASSIN. — Marcassin est armé chevalier, par THOMEN
i i ■ ■*- i_ r ■ ■ » »» — ni j .. 1 ■ * ff " 1 !! ■naÉgMaw ■■ WMn >'** 1
20 Mars 1930
CENTIMES
ABONNEMENTS: -
France : Un an..; 17;E0
— Six mois 9.50
Etrangeri Un an. 30 m
Chèque postal S88-84
-il—- .ia
Nous avous laissé Marcassin en tête-à-tête avec un homme
«Tune maigreur extrême, vêtu en seigneur du temps de
Louis XIII, et qui le saluait avec autant de grâce et de désin
volture que s’ils s’étaient trouvés dans la Galerie des Glaces
du Palais de Versailles, au lieu d’être dans une cave humide
du château ruiné des Seigneurs de Pimprenelle. Ce salut
figé finit par agacer Marcassin. D’un revers de canne,
il fit sauter le chapeau de ce personnage qui poussait la
froideur jusqu’à ne pas répondre à ses questions.
Ce qu’il vit, alors, lui fit pousser un cri de frayeur.
La Cave était une oubliette et le seigneur Louis XIII
datait bien de cette époque lointaine. Un fer, qui l’enchaî
nait par le pied au cachot, démontrait clairement qu’il
s’agissait d’un ennemi du Chevalier de Pimprenelle que ce
dernier avait fait jeter là pour y périr d’ennui et de toutes
sortes de privations. Et le salut, figé par la mort, était celui
que l’infortuné avait esquissé en hommage au trépas libé
rateur. Marcassin était trop peu renseigné sur l’histoire
des siècles révolus...
...pour se rendre compte du drame qui s’était joué jadis
dans ce souterrain. Il ne voyait qu’une chose : c’est qu’il se
trouvait seul avec * une esquelette » dans les entrailles de la
terre. Il n’en fallait pas plus pour faire passer, dans ses
entrailles à lui, un frisson d’épouvante. Il s’empressa de
quitter cette horrifique société en passant dans la pièce à
côté, grâce à une brèche faite dans le muraille. La seconde
cave où il venait de pénétrer était encore plus humide que
l’autre. Et, à peine Marcassin y était-il entré, qu’il était
couvert de champignons des pieds à la tète.
Ces champignons, dont les murs et le sol du souterrain
— et Marcassin lui-même — étaient recouverts, avaient
toute l’apparence du champignon de couche. Par consé
quent, il y avait 9D {chances sur 100 pour qu’ils fussent
comestibles. Marcassin s’empressa d’en cueillir de quoi
remplir sa musette et ses poches. Au bout de cinq minutes,
ce jeu ne l’amusa plus. « Je ne serais pas fâché de revoir
ta lumière du jour et de respirer un peu d’air pur! s’écria-
t-il tout à coup. Et puis, l’esqueiette dans la chambre à
côté m’a jeté...
...un froid que
chons-nous de
tention d’y moisir... orrrî... » il ne Taisait pas
ce souterrain. Mais Marcassin avait des yeux de. chat.
11 ne tarda pas à découvrir une porte bardée de fer, agré
mentée d’une serrure énorme, qui était fort heureusement
munie de sa clé. Marcassin fit jouer la clé dans la serrure et
la porte s’ouvrit. Ce que notre héros vit alors fut si inat
tendu qu’un grand frisson de tout son corps le débarrassa
des champignons...
...dont il était couvert. Un chevalier moyenâgeux, revêtu de
son armure, s’avançait d’un pas majestueux au-devant de
ce visiteur inattendu. « Ça y est ! C’est un de ceux dont m’a
parlé la vieille paysanne! » s’écria Marcassin plus saisi
qu'effrayé. Du reste, pour bien montrer qu’il n’avait pas
]>eur d’une ombre, il interpella directement l’homme
d’armes : « C’est-y point vous qu’êtes le fantôme du Che
valier de Pimprenelle? — Lui-même! » répondit l'inter
pellé en sériant Marcassin dans ses bras.
Un auteur a le privilège de reconnaître, sous quelque dégui
sement qu’il leur plaît de s’afîubler, les personnages qu’il
a créés. Nous avons donc reconnu celui qui se cachait sous
celte armure pour faire croire au crédule Marcassin qu’il
était le spectre de feu le Chevalier de Pimprenelle. C’était,
en chair et en os, un des deux individus qui, du haut des
créneaux guettaient sa venue. Si son embrassement était
un peu froid, c’est que l’acier l’est naturellement ; si sa voix
était caverneuse, voire sépulcrale, c’est qu’il le devait à
l’abus des boissons alcoolisées. Marcassin n’allait pas tarder
à faire connaissance...
...avec le second fantôme. * Jeune homme, lui dit le cheva
lier, si tu daignes me suivre, je vais te présenter à feu mon
fidèle écuyer Lancelot de Vichy qui nous attend dans la
Salle des Gardes. — Bée... heu... si vous voulez... * acquiesça
le jeune nigaud. La virile poignée de main du second
fantôme arracha à Marcassin cette réflexion : « Bée... heu...
comment serrait-il la main de son vivant ! » Sur un signe du
Chevalier de Pimprenelle, le trio monta l’escalier et se
trouva bientôt au sommet du donjon. « Mon garçon, dit
. l’homme à l’armure, les nobles traditions de la Chevalerie
se perdent. Nous qui ne sommes plus...
...que des ombres, il nous est interdit de revenir sur terre
mettre notre épée au service du droit et des faibles. Aussi
comptons-nous sur toi pour nous remplacer. Tu es beau,
fort, intelligent, tu feras très bien l’affaire. Mon écuyer
va t’armer chevalier. Emporte cette lance, elle te servira
pour te défendre et même attaquer, au cours de ta mission.
Le port des armes étant interdit à l’heure actuelle, nous
allons te i>asser cette lance dans les manches de ton veston.
C’est fait, tu es armé chevalier. Je ne t’embrasse pas, mais
le cœur y est. A présent, monte sur ce créneau et descends
sur terre accomplir ta sainte mission. Adieu! »
D’une poussée. Marcassin fut précipité dans le vide. Il
poussa un cri de frayeur qui fut entendu, paraît-il, à
quarante kilomètres à la ronde. Il avait tort de s’alarmer
ainsi. Les deux malandrins ne voulaient pas sa mort. Us
désiraient seulement lui ôter l’envie de jamais remettre les
pieds «lans ces ruines abandonnées où iis s’étaient aménagé
une demeure confortable, et une retraite que leur Imposait
leur existence...
...de bandits dp grands chemins, toujours en bulle aux re
cherches de la maréchaussée. Ayant procédé déjà plusieurs
fois de cette manière avec des visiteurs importuns, la
légende s’était accréditée que le château ruiné était hanté
et qu'il ne fallait s’en approcher sons aucun prétexte. Donc,
Marcassin, retenu par des cordes solides, descendit tranquil
lement en vol plané, comme s’il avait été soutenu par
un parachute.
Arrivé au pied du donjon, le nouveau chevalier se débar
rassa des cordes et s’en alla, fier comme Artaban et tout
pénétré de sa mission, sous les quolibets des deux farceurs
qui répétaient en s’esclaffant : « Est-il bête! non, mais,
est-il bête!!! » Marcassin arriva à l’orée d’un bois. Il allait
y pénétrer, quand il fut arrêté par deux enfants en larmes
qui lui crièrent : « M’sietir! Au secours! Y a un homme des
bois qui veut nous faire du mal!... * (A suivre.)
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18 et 20
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20 Mars 1930
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Nous avous laissé Marcassin en tête-à-tête avec un homme
«Tune maigreur extrême, vêtu en seigneur du temps de
Louis XIII, et qui le saluait avec autant de grâce et de désin
volture que s’ils s’étaient trouvés dans la Galerie des Glaces
du Palais de Versailles, au lieu d’être dans une cave humide
du château ruiné des Seigneurs de Pimprenelle. Ce salut
figé finit par agacer Marcassin. D’un revers de canne,
il fit sauter le chapeau de ce personnage qui poussait la
froideur jusqu’à ne pas répondre à ses questions.
Ce qu’il vit, alors, lui fit pousser un cri de frayeur.
La Cave était une oubliette et le seigneur Louis XIII
datait bien de cette époque lointaine. Un fer, qui l’enchaî
nait par le pied au cachot, démontrait clairement qu’il
s’agissait d’un ennemi du Chevalier de Pimprenelle que ce
dernier avait fait jeter là pour y périr d’ennui et de toutes
sortes de privations. Et le salut, figé par la mort, était celui
que l’infortuné avait esquissé en hommage au trépas libé
rateur. Marcassin était trop peu renseigné sur l’histoire
des siècles révolus...
...pour se rendre compte du drame qui s’était joué jadis
dans ce souterrain. Il ne voyait qu’une chose : c’est qu’il se
trouvait seul avec * une esquelette » dans les entrailles de la
terre. Il n’en fallait pas plus pour faire passer, dans ses
entrailles à lui, un frisson d’épouvante. Il s’empressa de
quitter cette horrifique société en passant dans la pièce à
côté, grâce à une brèche faite dans le muraille. La seconde
cave où il venait de pénétrer était encore plus humide que
l’autre. Et, à peine Marcassin y était-il entré, qu’il était
couvert de champignons des pieds à la tète.
Ces champignons, dont les murs et le sol du souterrain
— et Marcassin lui-même — étaient recouverts, avaient
toute l’apparence du champignon de couche. Par consé
quent, il y avait 9D {chances sur 100 pour qu’ils fussent
comestibles. Marcassin s’empressa d’en cueillir de quoi
remplir sa musette et ses poches. Au bout de cinq minutes,
ce jeu ne l’amusa plus. « Je ne serais pas fâché de revoir
ta lumière du jour et de respirer un peu d’air pur! s’écria-
t-il tout à coup. Et puis, l’esqueiette dans la chambre à
côté m’a jeté...
...un froid que
chons-nous de
tention d’y moisir... orrrî... » il ne Taisait pas
ce souterrain. Mais Marcassin avait des yeux de. chat.
11 ne tarda pas à découvrir une porte bardée de fer, agré
mentée d’une serrure énorme, qui était fort heureusement
munie de sa clé. Marcassin fit jouer la clé dans la serrure et
la porte s’ouvrit. Ce que notre héros vit alors fut si inat
tendu qu’un grand frisson de tout son corps le débarrassa
des champignons...
...dont il était couvert. Un chevalier moyenâgeux, revêtu de
son armure, s’avançait d’un pas majestueux au-devant de
ce visiteur inattendu. « Ça y est ! C’est un de ceux dont m’a
parlé la vieille paysanne! » s’écria Marcassin plus saisi
qu'effrayé. Du reste, pour bien montrer qu’il n’avait pas
]>eur d’une ombre, il interpella directement l’homme
d’armes : « C’est-y point vous qu’êtes le fantôme du Che
valier de Pimprenelle? — Lui-même! » répondit l'inter
pellé en sériant Marcassin dans ses bras.
Un auteur a le privilège de reconnaître, sous quelque dégui
sement qu’il leur plaît de s’afîubler, les personnages qu’il
a créés. Nous avons donc reconnu celui qui se cachait sous
celte armure pour faire croire au crédule Marcassin qu’il
était le spectre de feu le Chevalier de Pimprenelle. C’était,
en chair et en os, un des deux individus qui, du haut des
créneaux guettaient sa venue. Si son embrassement était
un peu froid, c’est que l’acier l’est naturellement ; si sa voix
était caverneuse, voire sépulcrale, c’est qu’il le devait à
l’abus des boissons alcoolisées. Marcassin n’allait pas tarder
à faire connaissance...
...avec le second fantôme. * Jeune homme, lui dit le cheva
lier, si tu daignes me suivre, je vais te présenter à feu mon
fidèle écuyer Lancelot de Vichy qui nous attend dans la
Salle des Gardes. — Bée... heu... si vous voulez... * acquiesça
le jeune nigaud. La virile poignée de main du second
fantôme arracha à Marcassin cette réflexion : « Bée... heu...
comment serrait-il la main de son vivant ! » Sur un signe du
Chevalier de Pimprenelle, le trio monta l’escalier et se
trouva bientôt au sommet du donjon. « Mon garçon, dit
. l’homme à l’armure, les nobles traditions de la Chevalerie
se perdent. Nous qui ne sommes plus...
...que des ombres, il nous est interdit de revenir sur terre
mettre notre épée au service du droit et des faibles. Aussi
comptons-nous sur toi pour nous remplacer. Tu es beau,
fort, intelligent, tu feras très bien l’affaire. Mon écuyer
va t’armer chevalier. Emporte cette lance, elle te servira
pour te défendre et même attaquer, au cours de ta mission.
Le port des armes étant interdit à l’heure actuelle, nous
allons te i>asser cette lance dans les manches de ton veston.
C’est fait, tu es armé chevalier. Je ne t’embrasse pas, mais
le cœur y est. A présent, monte sur ce créneau et descends
sur terre accomplir ta sainte mission. Adieu! »
D’une poussée. Marcassin fut précipité dans le vide. Il
poussa un cri de frayeur qui fut entendu, paraît-il, à
quarante kilomètres à la ronde. Il avait tort de s’alarmer
ainsi. Les deux malandrins ne voulaient pas sa mort. Us
désiraient seulement lui ôter l’envie de jamais remettre les
pieds «lans ces ruines abandonnées où iis s’étaient aménagé
une demeure confortable, et une retraite que leur Imposait
leur existence...
...de bandits dp grands chemins, toujours en bulle aux re
cherches de la maréchaussée. Ayant procédé déjà plusieurs
fois de cette manière avec des visiteurs importuns, la
légende s’était accréditée que le château ruiné était hanté
et qu'il ne fallait s’en approcher sons aucun prétexte. Donc,
Marcassin, retenu par des cordes solides, descendit tranquil
lement en vol plané, comme s’il avait été soutenu par
un parachute.
Arrivé au pied du donjon, le nouveau chevalier se débar
rassa des cordes et s’en alla, fier comme Artaban et tout
pénétré de sa mission, sous les quolibets des deux farceurs
qui répétaient en s’esclaffant : « Est-il bête! non, mais,
est-il bête!!! » Marcassin arriva à l’orée d’un bois. Il allait
y pénétrer, quand il fut arrêté par deux enfants en larmes
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