Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1930-02-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 13 février 1930 13 février 1930
Description : 1930/02/13 (N1326). 1930/02/13 (N1326).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961621g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Marcassin essaya bien de résister à cette nouvelle fan
taisie de son hôte, mais la poigne solide du domestique
Baptiste le cloua sur place et il dut se laisser ailubler de
deux ailes ridicules qui le firent ressembler à un de ces
phénomènes monstrueux fabriqués de tontes pièces que
l’on exhibe dans les fêtes foraines pour l’émerveillement
des badauds. Il dut aussi subir un nouveau discours du
professeur : * Avec mes ailes, tout le monde oiseau! Plus
de piétons ni d’automobilistes : rien que des aviateurs!...
qtu croyait déjà voir son sujet s envoler et se perdre dans
les nues. Ce n’était qu’une fausse alerte. Mais Marcassin
ne perdait rien pour attendre, car, d’une poussée, le domes-
Çque le fit basculer. Les ailes de l’homme-oiseau, loin de
l'aider à s’envoler, ne lui furent d’aucun secours. Il tomba
comme une pierre sur le pavé de la cour, aux pieds du
professeur Pilouface. Chose curieuse, il ne se fit aucun mal !
Comme il en exprimait un certain étonnement, l’inventeur
lui répliqua : « Parbleu !...
infortuné Marcassin! Pauvre illettré victime de la
rcience! Victime surtout de la fatalité qui l’avait fait entrer
avec confiance dans cette maison oü il servait, depuis une
heure, de sujet d’expérience à un vieil inventeur plus ou
moins génial, aux désirs duquel il était impossible de résis
ter, parce qu’ii était secondé par un valet de chambre
athlétique chargé de faire exécuter ses ordres. Donc Mar
cassin, tpii s’était introduit bien malgré lui dans ce complet
métallique, n’en menait pas large. Il attendait stoïquement
les événements. Le professeur Pilouface dit à son domes
tique, en désignant Marcassin : « Ote-lui un petit moment
son casque, j’ai quelque chose à lui dire. »
La tète ahurie du jeune homme sc montra hors de son
faux-col métallique. Le vieillard l’apostropha ainsi :
« Tout d’abord, je tiens à vous remercier, cher ami, de
votre complaisance à endosser ce complet de mon invention,
ce complet que j’ai appelé le Brise-auto. Si jq lui ai donné
ce nom, ce n’est pas au hasard, croyez-le bien. Ce vêtement
en acier chromé est destiné aux, infortunés piétons qui
veulent éviter d’être écrabouillés par les automobiles
meurtrières. Est-il -assez résistant ? Je le suppose, mais je
n’en suis pas certain. D’où la nécessité d’une expérience
concluante. Surtout, quoi qu’il arrive, ne vous affolez
pas! Je vais monter dans ma petite 5 C. V. et...
Le vieillard n’était pas pesant. Il décrivit dans l’espace
une courbe gracieuse et mit presque autant de temps qu’une
piume pour arriver à terre. Il ne se fit donc aucun mal et
se reçut mollement sur tes mains. Du reste, il était telle
ment ravi de voir comment son invention s’était comportée,
qu’il sauta au cou de Marcassin et lui donna l’accolade.
Marcassin reçut très froidement...
...cet embrassement. D'autant plus froidement qu'il venait
de voir le colossal valet de chambre sauter dans une impo
sante voiture et se lancer à sa poursuite à travers la cour.
« Cette fois, je suis un homme mort! pensa le pauvre
garçon. Revêtu de ce complet métallique qui me gêne aux
entournures, comment voulez-vous que je manoeuvre de
façon à éviter cette énorme auto qui cherche...
...foncer sur vous à la vitesse moyenne d’un taxi. 11 y
aura peut-être de la casse. C’est même probable. Mais,
que voulez-vous ? On ne fait pas d’omelette sans casser des
œufs! — Si ça ne vous faisait rien, je préférerais faire une
omelette! insinua Marcassin qui n'en menait pas largt,
mais que la faim tenaillait. — Trêve de plaisanteries!
Soyons sérieux! » coupa l’inventeur en sautant dans sa
voiture. Il fonça sur l'homme qui lui servait de sujet d’ex
périence. Protégé par le Brise-auto, celui-ci ne broncha pas.
Sous le choc de la rencontre, ce fut la petite 5 C.V. r qui fut
écrabouillée. Avant d’expirer dans un grand bruit de ferraille,
elle fit voltiger son conducteur.
KB
...Allons! C’est l’heure d’expérimenter cet appareil. Les
oiseaux viennent de se coucher et c’est préférable, car ils
eussent été jaloux du succès que vous allez obtenir en voll
Baptiste occupe-toi de monsieur 1 » Le domestique n’atten
dait que cet ordre. Il prit Marcassin dans ses bras mus
clés et ic.porta sur le toit de la maison où il le jucha sur
le faîte d’une cheminée. « Et maintenant, sautez! * com
manda l’inventeur qui était resté en bas, .dans la cour. En
temps ordinaire, Marcassin était un garçon obéissant.
...c’était prévu! Vous ne voyez donc pas que cette cour
est pavée en caoutchouc ? » Marcassin restait bouche-bée,
ne semblant pas accorder à cette particularité toqte
l’attention émerveillée qu’elle comportait. Le professeur
continua : « Oui, cette cour est pavée en caoutchouc. Ainsi
seront pavées toutes les routes, toutes les rues et même les
champs, quand j’aurai fait admettre par les pouvoirs
publics cette vérité première : tout le monde aviateurI
Et, cher ami, quand tout le monde sera aviateur, il y aura
des quantités de chutes, c’est forcé! On tombera...
Tous les gens qui l’ont connu pourraient en témoigner.
Mais il se trouvait, cette fois, dans une circonstance excep
tionnelle, et aucune personne sensée ne saurait lui en
vouloir de n’avoir pas exécuté sans hésiter l’ordre bizarre
et vraiment abusif qui venait de lui être donné. Sauter dans
le vide quand dix mètres vous séparent du sol? Brrr!
Brrrr !... Pour tout dire. Marcassin n’avait aucune confiance
dans les deux plumeaux qu’il avait dans le dos. Tout à
coup, il perdit l’équilibre. *
...sur du caoutchouc et l’on ne se fera pas de mal. Tout
au plus, quand on tombera sur la tête, l’araignée qu’on a
dans le crAne aura les pattes en l’air. Car, tout le monde a
une araignée dans le cerveau. Au fait, en avez-vous une ?
C’est peu probable ! Eh bien, mais, on va vous en mettre
une! Je vais vous introduire dans la tête cette araignée de
mon invention. Ah! ah! ». A cette annonce, un éclair de
divination jaillit du cerveau obtus de Marcassin : * C’est un
fou! » s’écria-t-il. Et, récupérant son chapeau, sa canne et
sa musette, il s’enfuit «ans prendre congé, (A suivre.)
...à me bousculer? » Les sombres pensées de Marcassin
furent interrompues par un choc formidable auquel le
Brise-auto ne put résister. « Somme toute, cher ami, vous
n’avez rien de cassé. C’est l’essentiel! dit l’inventeur. Je
vois que le Brise-auto n’est pas encore tout à fait au point.
J’y pourvoirai! En attendant, rhabillez-vous et mettez
cette paire d’ailes qui vous iront comme un gant! »
No 1326 — 2?e Année
35 CENTÏMFS
A. FAYARD et C’*, Editeurs
18 et 20
m il St-Gothard, FAHIS (14*)
Cfcèquft postal 388-84
13 Février 1930
35 CEMHBS
ABONNEMENTS:
France : Un an... 17.50
— Six mois 9.50
Etranger: Un an. 30br*
Chèque postal 388-84
LES EXPLOITS DE MARCASSIN (5 e chapitre). — Brise=auto et Homme-oiseau, par THOMEN
taisie de son hôte, mais la poigne solide du domestique
Baptiste le cloua sur place et il dut se laisser ailubler de
deux ailes ridicules qui le firent ressembler à un de ces
phénomènes monstrueux fabriqués de tontes pièces que
l’on exhibe dans les fêtes foraines pour l’émerveillement
des badauds. Il dut aussi subir un nouveau discours du
professeur : * Avec mes ailes, tout le monde oiseau! Plus
de piétons ni d’automobilistes : rien que des aviateurs!...
qtu croyait déjà voir son sujet s envoler et se perdre dans
les nues. Ce n’était qu’une fausse alerte. Mais Marcassin
ne perdait rien pour attendre, car, d’une poussée, le domes-
Çque le fit basculer. Les ailes de l’homme-oiseau, loin de
l'aider à s’envoler, ne lui furent d’aucun secours. Il tomba
comme une pierre sur le pavé de la cour, aux pieds du
professeur Pilouface. Chose curieuse, il ne se fit aucun mal !
Comme il en exprimait un certain étonnement, l’inventeur
lui répliqua : « Parbleu !...
infortuné Marcassin! Pauvre illettré victime de la
rcience! Victime surtout de la fatalité qui l’avait fait entrer
avec confiance dans cette maison oü il servait, depuis une
heure, de sujet d’expérience à un vieil inventeur plus ou
moins génial, aux désirs duquel il était impossible de résis
ter, parce qu’ii était secondé par un valet de chambre
athlétique chargé de faire exécuter ses ordres. Donc Mar
cassin, tpii s’était introduit bien malgré lui dans ce complet
métallique, n’en menait pas large. Il attendait stoïquement
les événements. Le professeur Pilouface dit à son domes
tique, en désignant Marcassin : « Ote-lui un petit moment
son casque, j’ai quelque chose à lui dire. »
La tète ahurie du jeune homme sc montra hors de son
faux-col métallique. Le vieillard l’apostropha ainsi :
« Tout d’abord, je tiens à vous remercier, cher ami, de
votre complaisance à endosser ce complet de mon invention,
ce complet que j’ai appelé le Brise-auto. Si jq lui ai donné
ce nom, ce n’est pas au hasard, croyez-le bien. Ce vêtement
en acier chromé est destiné aux, infortunés piétons qui
veulent éviter d’être écrabouillés par les automobiles
meurtrières. Est-il -assez résistant ? Je le suppose, mais je
n’en suis pas certain. D’où la nécessité d’une expérience
concluante. Surtout, quoi qu’il arrive, ne vous affolez
pas! Je vais monter dans ma petite 5 C. V. et...
Le vieillard n’était pas pesant. Il décrivit dans l’espace
une courbe gracieuse et mit presque autant de temps qu’une
piume pour arriver à terre. Il ne se fit donc aucun mal et
se reçut mollement sur tes mains. Du reste, il était telle
ment ravi de voir comment son invention s’était comportée,
qu’il sauta au cou de Marcassin et lui donna l’accolade.
Marcassin reçut très froidement...
...cet embrassement. D'autant plus froidement qu'il venait
de voir le colossal valet de chambre sauter dans une impo
sante voiture et se lancer à sa poursuite à travers la cour.
« Cette fois, je suis un homme mort! pensa le pauvre
garçon. Revêtu de ce complet métallique qui me gêne aux
entournures, comment voulez-vous que je manoeuvre de
façon à éviter cette énorme auto qui cherche...
...foncer sur vous à la vitesse moyenne d’un taxi. 11 y
aura peut-être de la casse. C’est même probable. Mais,
que voulez-vous ? On ne fait pas d’omelette sans casser des
œufs! — Si ça ne vous faisait rien, je préférerais faire une
omelette! insinua Marcassin qui n'en menait pas largt,
mais que la faim tenaillait. — Trêve de plaisanteries!
Soyons sérieux! » coupa l’inventeur en sautant dans sa
voiture. Il fonça sur l'homme qui lui servait de sujet d’ex
périence. Protégé par le Brise-auto, celui-ci ne broncha pas.
Sous le choc de la rencontre, ce fut la petite 5 C.V. r qui fut
écrabouillée. Avant d’expirer dans un grand bruit de ferraille,
elle fit voltiger son conducteur.
KB
...Allons! C’est l’heure d’expérimenter cet appareil. Les
oiseaux viennent de se coucher et c’est préférable, car ils
eussent été jaloux du succès que vous allez obtenir en voll
Baptiste occupe-toi de monsieur 1 » Le domestique n’atten
dait que cet ordre. Il prit Marcassin dans ses bras mus
clés et ic.porta sur le toit de la maison où il le jucha sur
le faîte d’une cheminée. « Et maintenant, sautez! * com
manda l’inventeur qui était resté en bas, .dans la cour. En
temps ordinaire, Marcassin était un garçon obéissant.
...c’était prévu! Vous ne voyez donc pas que cette cour
est pavée en caoutchouc ? » Marcassin restait bouche-bée,
ne semblant pas accorder à cette particularité toqte
l’attention émerveillée qu’elle comportait. Le professeur
continua : « Oui, cette cour est pavée en caoutchouc. Ainsi
seront pavées toutes les routes, toutes les rues et même les
champs, quand j’aurai fait admettre par les pouvoirs
publics cette vérité première : tout le monde aviateurI
Et, cher ami, quand tout le monde sera aviateur, il y aura
des quantités de chutes, c’est forcé! On tombera...
Tous les gens qui l’ont connu pourraient en témoigner.
Mais il se trouvait, cette fois, dans une circonstance excep
tionnelle, et aucune personne sensée ne saurait lui en
vouloir de n’avoir pas exécuté sans hésiter l’ordre bizarre
et vraiment abusif qui venait de lui être donné. Sauter dans
le vide quand dix mètres vous séparent du sol? Brrr!
Brrrr !... Pour tout dire. Marcassin n’avait aucune confiance
dans les deux plumeaux qu’il avait dans le dos. Tout à
coup, il perdit l’équilibre. *
...sur du caoutchouc et l’on ne se fera pas de mal. Tout
au plus, quand on tombera sur la tête, l’araignée qu’on a
dans le crAne aura les pattes en l’air. Car, tout le monde a
une araignée dans le cerveau. Au fait, en avez-vous une ?
C’est peu probable ! Eh bien, mais, on va vous en mettre
une! Je vais vous introduire dans la tête cette araignée de
mon invention. Ah! ah! ». A cette annonce, un éclair de
divination jaillit du cerveau obtus de Marcassin : * C’est un
fou! » s’écria-t-il. Et, récupérant son chapeau, sa canne et
sa musette, il s’enfuit «ans prendre congé, (A suivre.)
...à me bousculer? » Les sombres pensées de Marcassin
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n’avez rien de cassé. C’est l’essentiel! dit l’inventeur. Je
vois que le Brise-auto n’est pas encore tout à fait au point.
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