Titre : Les Belles images
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1929-11-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327110547
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11090 Nombre total de vues : 11090
Description : 21 novembre 1929 21 novembre 1929
Description : 1929/11/21 (N1314). 1929/11/21 (N1314).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k961609t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55958
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
N a 1314 — 2ô c Année
CENTIMES
A. FAYARD et C ! *, Editeurs
18 et 20
R8 du St-ÜQtiurd. PiBB (U*)
Chèque postal 388-84
21 Novembre 1929
m ii n———^
36 CEMHES
ABONNEMENTS:
France : Un an... 17.50
— Si* mois 9.50
Étranger : Un an. 30 ir.
Chèque postal 388-84
XL. A.
IME E3 R El
Dans la grande banlieue parisienne, non loin de Brécy-
eur-Oise, il est une agglomération dite les Hameaux,
devenue importante parle nombre des villas qui s’étaient
rapidement édifiées en cette région restée agréable,
mais encore à l’écart des grandes communications.
Les boutiquiers y étaient peu nombreux, et cela faisait
l’affaire aune humble marchande, qui allait d’une
maison à l’autre, avec ses deux grands paniers chargés
d’œufs, de beurre, de volailles, etc. Elle s’approvi
sionnait...
...avec sa famille, fixée dans une masure construite
à l’aide de matériaux innombrables du quartier reculé
des Blavettes. Comment ces gens, dont elle n’ignorait
pas la détestable réputation, pouvaient-ils être les
parents de ce petit, qui paraissait si honnête ? Il disait
avoir douze ans, et s’appeler Polo Panouch. Quand la
mère Elise le rencontrait, elle feignait d’accepter avec
reconnaissance l’aide chétive que le garçonnet lui offrait,
et se laissait accompagner chez elle. Là, il y avait tou
jours pour le petit famélique quelque bonne tartine,...
...en rendant l’ouvrage, ils savaient repérer les maisons
peu défendues dont, ensuite, les vergers, les poulaillers,
les celliers, voire les meubles intérieurs, recevaient leur
visite pillarde. Le tout si adroitement accompli que
jamais les coupables n’avaient été sérieusement inquié
tés, bien que généralement soupçonnés. Ils essayèrent,
pour commencer à l’utiliser, car il se faisait grand, d’ini
tier Polo à leurs exploits. Ils voulaient le faire espion
ner dans les maisons durant ses tournées, lui arra
chaient des indications que, pour déjouer des projets...
...dans la petite maison naguère si heureuse, et rien ne
l’y retenait, pas même ce bébé souriant. Aussi, seB
patrons ayant créé une succursale en Roumanie, et
comptant sur l’intelligence et l’autorité d’André, celui-ci
ne se déroba-t-il point à leur offre brillante d’aller èn
diriger le personnel. Il ne pouvait songer à emmener
ce tout petit. Sa belle-mère n’avait pas soixante anB,
elle était alerte, vigoureuse, et si dévouée à l’enfant !
...elle-même dans les fermes des environs, où elle savait
choisir la marchandise. De même elle avait l’art de
la présenter, et ses volailles, grasses, bien plumées,
parees et troussées, paraissaient toujours plus avan-
y avait tout oe suite conquis
car on la savait honnête et serviable. On l’a;
mère Elise. Elle n’était plus jeune, et dame,
souvent bien fatiguée, le soir, après...
l’appelai
elle rent
ait la
rentrait
...une tasse de café ou de lait chaud et, tandis qu’il bo
régalait, la vieille raccoutràit et reprisait les pauvres
guenilles du gamin, tout en l’interrogeant avec intérêt.
Ah ! qu’il était malheureux dans son taudis avec ses
frères, Armand et Baptiste, et leurs parents, tous adonnéB
à l’ivrognerie, ce qui était de notoriété publique. Pour
le reste, il préférait se taire, mais il savait bien que tous
pratiquaient la maraude, la filouterie, et peut-être
pis. La mère Elise le consolait, l’exhortait à rester sage,
et, l’ayant embrassé, elle le laissait partir...
...qu’il devinait, l’enfant donnait volontairement fausses,
ce qui lui valait des coups et des privations. Une nuit,
ils prétendirent l’entraîner à une de leurs expéditions,
pour qu’il y fît le guet. Mais Polo cria le sauve-qui-peut
fort malencontreusement, faisant échec à l’entreprise
des malandrins. Bref, il n’était bon à rien, qu’à travailler
ou courir les champs pour ses cueillettes. Là seulement
l’enfant était heureux, ou auprès de la mère Elise.
En s’attachant au garçonnet, celle-ci n’était pas seule
ment captivée par les mérites et ...
Il lui laissait une bonne provision d’argent, qu’il ne
cesserait de renouveler largement. H partit donc. Certes,
la séparation fut dure, de part et d’autre. Du moins
l’aïeule gardait ce cher petit, devenu sa seule joie. Il avait
alors près d’un an. Un soir, tandis qu’elle garnissait une
lampe à essence, un faux mouvement renversa la bou
teille, qui se brisa. L’essence coula jusqu’au foyer où
couvait de la braise. En un instant, le liquide enflammé,,.
„.Bes longues marches par tous temps et chemins. Par
fois un gamin l’accompagnait, qui l’avait allégée de bod
fardeau avant de rentrer. C’était un pauvre petit loque
teux, qu’elle rencontrait en tournée, car il était mar
chand lui aussi. Il vendait, suivant la saison, tantôt du
mouron, du cresson, des escargots, de la salade ou des
fleurs des champs, toutes choses qu’il allait cueillir
lui-même à travers la campagne. Sa mine souffreteuse
et ouverte plaisait à la vieille bonne femme. Tout ce
qu’elle savait de lui, c’est qu’il vivait...
...non sans lui avoir glissé quelque pièce. Mais
n’était pas plus tôt arrivé au sordide logis des Blavettes,
que cette piece lui était soustraite par l’avidité des siens,
avec toute la monnaie résultant de sa vente. Ceux-ci pour
tant ne manquaient pas de métiers : fondeurs d*etain
et rétameurs, chiffonniers, raccommodeurs de faïence,
de parapluies, de paniers et corbeilles, tondeurs de
chiens, et quoi encore! Us n’exerçaient tout cela que
par intermittences, et pour masquer, faciliter même,
leur véritable industrie, qui était la rapine. Enquêtant,.
...misères du pauvre petit, mais aussi parce qu’elle
pensait à celui qu’elle avait perdu, et qui aurait eu
cet âge. Un drame, un mystère poignant était dans le
passé de la mère Elise. Plus de dix ans auparavant, elle
vivait, loin de Brécy, avec son gendre, déjà veuf, hélas, et
contremaître dans une usine du Nord, à Corbecque, et
un délicieux poupon, le petit Julien, qu’elle avait élevé
presque seule, car il avait perdu sa mère à trois mois.
André Delcourt, le jeune père, était resté accablé par
la mort de sa femme; tout lui était devenu pénible...
.se répandit par toute la pièce, y pror
un
_ et le feu.
Affolée, les mains brûlées, la grand’mère ne Songea
d’abord qu’à Julien qui donnait. A travers les flammes
Ï ui gagnaient les meubles, elle se précipita sur le
ereeau, en arracha l’enfant, eut encore la présence
d’esprit de s’emparer du sac contenant le petit trésor
du ménage, et, enfin, se sauva avant que tout ne fût
devenu la proie du fléau. (Voir la suite page 2.)
CENTIMES
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France : Un an... 17.50
— Si* mois 9.50
Étranger : Un an. 30 ir.
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XL. A.
IME E3 R El
Dans la grande banlieue parisienne, non loin de Brécy-
eur-Oise, il est une agglomération dite les Hameaux,
devenue importante parle nombre des villas qui s’étaient
rapidement édifiées en cette région restée agréable,
mais encore à l’écart des grandes communications.
Les boutiquiers y étaient peu nombreux, et cela faisait
l’affaire aune humble marchande, qui allait d’une
maison à l’autre, avec ses deux grands paniers chargés
d’œufs, de beurre, de volailles, etc. Elle s’approvi
sionnait...
...avec sa famille, fixée dans une masure construite
à l’aide de matériaux innombrables du quartier reculé
des Blavettes. Comment ces gens, dont elle n’ignorait
pas la détestable réputation, pouvaient-ils être les
parents de ce petit, qui paraissait si honnête ? Il disait
avoir douze ans, et s’appeler Polo Panouch. Quand la
mère Elise le rencontrait, elle feignait d’accepter avec
reconnaissance l’aide chétive que le garçonnet lui offrait,
et se laissait accompagner chez elle. Là, il y avait tou
jours pour le petit famélique quelque bonne tartine,...
...en rendant l’ouvrage, ils savaient repérer les maisons
peu défendues dont, ensuite, les vergers, les poulaillers,
les celliers, voire les meubles intérieurs, recevaient leur
visite pillarde. Le tout si adroitement accompli que
jamais les coupables n’avaient été sérieusement inquié
tés, bien que généralement soupçonnés. Ils essayèrent,
pour commencer à l’utiliser, car il se faisait grand, d’ini
tier Polo à leurs exploits. Ils voulaient le faire espion
ner dans les maisons durant ses tournées, lui arra
chaient des indications que, pour déjouer des projets...
...dans la petite maison naguère si heureuse, et rien ne
l’y retenait, pas même ce bébé souriant. Aussi, seB
patrons ayant créé une succursale en Roumanie, et
comptant sur l’intelligence et l’autorité d’André, celui-ci
ne se déroba-t-il point à leur offre brillante d’aller èn
diriger le personnel. Il ne pouvait songer à emmener
ce tout petit. Sa belle-mère n’avait pas soixante anB,
elle était alerte, vigoureuse, et si dévouée à l’enfant !
...elle-même dans les fermes des environs, où elle savait
choisir la marchandise. De même elle avait l’art de
la présenter, et ses volailles, grasses, bien plumées,
parees et troussées, paraissaient toujours plus avan-
y avait tout oe suite conquis
car on la savait honnête et serviable. On l’a;
mère Elise. Elle n’était plus jeune, et dame,
souvent bien fatiguée, le soir, après...
l’appelai
elle rent
ait la
rentrait
...une tasse de café ou de lait chaud et, tandis qu’il bo
régalait, la vieille raccoutràit et reprisait les pauvres
guenilles du gamin, tout en l’interrogeant avec intérêt.
Ah ! qu’il était malheureux dans son taudis avec ses
frères, Armand et Baptiste, et leurs parents, tous adonnéB
à l’ivrognerie, ce qui était de notoriété publique. Pour
le reste, il préférait se taire, mais il savait bien que tous
pratiquaient la maraude, la filouterie, et peut-être
pis. La mère Elise le consolait, l’exhortait à rester sage,
et, l’ayant embrassé, elle le laissait partir...
...qu’il devinait, l’enfant donnait volontairement fausses,
ce qui lui valait des coups et des privations. Une nuit,
ils prétendirent l’entraîner à une de leurs expéditions,
pour qu’il y fît le guet. Mais Polo cria le sauve-qui-peut
fort malencontreusement, faisant échec à l’entreprise
des malandrins. Bref, il n’était bon à rien, qu’à travailler
ou courir les champs pour ses cueillettes. Là seulement
l’enfant était heureux, ou auprès de la mère Elise.
En s’attachant au garçonnet, celle-ci n’était pas seule
ment captivée par les mérites et ...
Il lui laissait une bonne provision d’argent, qu’il ne
cesserait de renouveler largement. H partit donc. Certes,
la séparation fut dure, de part et d’autre. Du moins
l’aïeule gardait ce cher petit, devenu sa seule joie. Il avait
alors près d’un an. Un soir, tandis qu’elle garnissait une
lampe à essence, un faux mouvement renversa la bou
teille, qui se brisa. L’essence coula jusqu’au foyer où
couvait de la braise. En un instant, le liquide enflammé,,.
„.Bes longues marches par tous temps et chemins. Par
fois un gamin l’accompagnait, qui l’avait allégée de bod
fardeau avant de rentrer. C’était un pauvre petit loque
teux, qu’elle rencontrait en tournée, car il était mar
chand lui aussi. Il vendait, suivant la saison, tantôt du
mouron, du cresson, des escargots, de la salade ou des
fleurs des champs, toutes choses qu’il allait cueillir
lui-même à travers la campagne. Sa mine souffreteuse
et ouverte plaisait à la vieille bonne femme. Tout ce
qu’elle savait de lui, c’est qu’il vivait...
...non sans lui avoir glissé quelque pièce. Mais
n’était pas plus tôt arrivé au sordide logis des Blavettes,
que cette piece lui était soustraite par l’avidité des siens,
avec toute la monnaie résultant de sa vente. Ceux-ci pour
tant ne manquaient pas de métiers : fondeurs d*etain
et rétameurs, chiffonniers, raccommodeurs de faïence,
de parapluies, de paniers et corbeilles, tondeurs de
chiens, et quoi encore! Us n’exerçaient tout cela que
par intermittences, et pour masquer, faciliter même,
leur véritable industrie, qui était la rapine. Enquêtant,.
...misères du pauvre petit, mais aussi parce qu’elle
pensait à celui qu’elle avait perdu, et qui aurait eu
cet âge. Un drame, un mystère poignant était dans le
passé de la mère Elise. Plus de dix ans auparavant, elle
vivait, loin de Brécy, avec son gendre, déjà veuf, hélas, et
contremaître dans une usine du Nord, à Corbecque, et
un délicieux poupon, le petit Julien, qu’elle avait élevé
presque seule, car il avait perdu sa mère à trois mois.
André Delcourt, le jeune père, était resté accablé par
la mort de sa femme; tout lui était devenu pénible...
.se répandit par toute la pièce, y pror
un
_ et le feu.
Affolée, les mains brûlées, la grand’mère ne Songea
d’abord qu’à Julien qui donnait. A travers les flammes
Ï ui gagnaient les meubles, elle se précipita sur le
ereeau, en arracha l’enfant, eut encore la présence
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du ménage, et, enfin, se sauva avant que tout ne fût
devenu la proie du fléau. (Voir la suite page 2.)
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