Titre : Bulletin du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Éditeur : Siège social (Paris)
Date d'édition : 1898-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728215s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 octobre 1898 01 octobre 1898
Description : 1898/10/01 (A8,N54)-1898/10/31. 1898/10/01 (A8,N54)-1898/10/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9616041b
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2015
Be ANNÉE — N° 54. Octobre 1898
BULLETIN
DU
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, rue des Petits-Carreaux, 14. — PARIS 1
1
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Siège social
Le BULLETIN est envoyé gratis aux Syndiqués
Le BULLETIN paraît tous les mois.
LE MOT ET LA CHOSE
Avez-vous quelquefois réfléchi à cette chose bizarre et des-
potique que l'on appelle la mode? Qui la dirige, qui édicte
ses lois, quelle ligne de conduite suit-elle? Personne n'en
sait rien, ou plutôt si : tout le monde sait que le caprice est
son unique guide et sa seule raison d'être, mais, comme le
mot caprice pourrait être pris pour une critique trop acerbe,
on a trouvé un autre joli mot pour le remplacer et le complé-
ter au besoin. On dit qu'on a de l'engouement pour telle ou
telle chose.
Ce qui est curieux, c'est que cet engouement, cette mode, se
manifeste dans tous les ordres d'idées, c'est-à-dire non pas
seulement en ce qui concerne notre bien-être matériel :
habillement, ameublement, mais aussi en peinture, en mu-
sique, en littérature et surtout en économie politique et
sociale. Dans ce dernier ordre d'idées, on s'attache à certains
mots, certaines phrases, certaines théories dont on serait bien
embarrassé souvent d'expliquer le sens et la raison d'être,
mais que, sans savoir pourquoi, on proclame intangibles par
engouement, par mode. Cela est d'autant plus fâcheux qu'il
s'agit ici d'intérêts matériels quelquefois considérables et que
l'omnipotence des mots sans égard aux choses contribue à
fausser les idées, à paralyser l'initiative, bref à nuire à ces
mêmes intérêts.
C'est pourquoi nous voudrions examiner quelques-unes des
idées et des théories les plus sujettes à interprétation erronée
et bien définir le point de vue auquel on doit se placer à
leur égard.
Commençons, si vous le voulez bien, par la question qui,
en somme, nous touche de plus près : celle des syndicats
professionnels.
Parce que les syndicats sont, en ce moment, une forme
relativement nouvelle d'association, il semble que cette forme
soit parfaite et définitive et qu'il n'y a plus qu'à la perfec-
tionner sur certains points de détail. Prendre ce raisonne-
ment comme point de départ, c'est méconnaître les conditions
dans lesquelles ont pris naissance les Syndicats et l'état d'es-
prit qui a présidé à leur création.
Voici quelques observations sur ces deux points :
La loi de 1791 qui avait, non seulement supprimé les asso-
ciations professionnelles, mais interdit aux travailleurs « de
se concerter pour la défense de leurs prétendus intérêts com-
muns » était, peut-on dire, une loi contre nature. L'associa-
tion, en effet, est la condition indispensable de toute entre-
prise humaine, et l'individualisme devait être d'autant plus
funeste aux travailleurs que, peu d'années après, un change-
ment important commençait à se produire dans l'organisa-
tion économique. La grande industrie, les exploitations
collectives prenaient, en effet, naissance vers le commence-
ment de ce siècle et remplaçaient peu à peu ce que l'on a
appelé avec juste raison le travail familial.
Il est évident que la condition des travailleurs (ouvriers ou
employés) s'est trouvée modifiée en même temps. Alors qu'au-
trefois ils faisaient en quelque sorte partie de la maison, ils
se trouvent maintenant au service ou bien d'une collectivité
anonyme dont la direction n'a, sauf de très nobles et très
rares exceptions,'qu'un droit et un pouvoir : faire produire
le plus possible au capital dont elle est dépositaire, ou bien
d'un patron isolé et, par- conséquent, absorbé par les diffi-
cultés quotidiennes, en butte à la concurrence et aux impré-
vus qui sont la caractéristique de la situation économique
actuelle.
Bref, ce que les travailleurs ont paru gagner en liberté, ils
l'ont perdu en sécurité et si, trompés par les beaux discours
des sophistes, ils ont paru satisfaits du changement, l'expé-
rience a prouvé que l'instinct de la conservation était plus
fort que les beaux raisonnements. En effet, les associations
professionnelles se sont, dès la première moitié de ce siècle,
reconstituées sous des noms divers et, de fait, les Syndicats
professionnels existaient bien avant la promulgation de la loi
de 1884.
Mais, nous dira-t-on, quel avantage les associations profes-
sionnelles ont-elles donc retiré de cette loi? Un avantage
énorme, chers lecteurs, car, au lieu d'être simplement tolérées
elles ont maintenant une existence légale ; il faut bien remar-
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DU
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
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Avez-vous quelquefois réfléchi à cette chose bizarre et des-
potique que l'on appelle la mode? Qui la dirige, qui édicte
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sait rien, ou plutôt si : tout le monde sait que le caprice est
son unique guide et sa seule raison d'être, mais, comme le
mot caprice pourrait être pris pour une critique trop acerbe,
on a trouvé un autre joli mot pour le remplacer et le complé-
ter au besoin. On dit qu'on a de l'engouement pour telle ou
telle chose.
Ce qui est curieux, c'est que cet engouement, cette mode, se
manifeste dans tous les ordres d'idées, c'est-à-dire non pas
seulement en ce qui concerne notre bien-être matériel :
habillement, ameublement, mais aussi en peinture, en mu-
sique, en littérature et surtout en économie politique et
sociale. Dans ce dernier ordre d'idées, on s'attache à certains
mots, certaines phrases, certaines théories dont on serait bien
embarrassé souvent d'expliquer le sens et la raison d'être,
mais que, sans savoir pourquoi, on proclame intangibles par
engouement, par mode. Cela est d'autant plus fâcheux qu'il
s'agit ici d'intérêts matériels quelquefois considérables et que
l'omnipotence des mots sans égard aux choses contribue à
fausser les idées, à paralyser l'initiative, bref à nuire à ces
mêmes intérêts.
C'est pourquoi nous voudrions examiner quelques-unes des
idées et des théories les plus sujettes à interprétation erronée
et bien définir le point de vue auquel on doit se placer à
leur égard.
Commençons, si vous le voulez bien, par la question qui,
en somme, nous touche de plus près : celle des syndicats
professionnels.
Parce que les syndicats sont, en ce moment, une forme
relativement nouvelle d'association, il semble que cette forme
soit parfaite et définitive et qu'il n'y a plus qu'à la perfec-
tionner sur certains points de détail. Prendre ce raisonne-
ment comme point de départ, c'est méconnaître les conditions
dans lesquelles ont pris naissance les Syndicats et l'état d'es-
prit qui a présidé à leur création.
Voici quelques observations sur ces deux points :
La loi de 1791 qui avait, non seulement supprimé les asso-
ciations professionnelles, mais interdit aux travailleurs « de
se concerter pour la défense de leurs prétendus intérêts com-
muns » était, peut-on dire, une loi contre nature. L'associa-
tion, en effet, est la condition indispensable de toute entre-
prise humaine, et l'individualisme devait être d'autant plus
funeste aux travailleurs que, peu d'années après, un change-
ment important commençait à se produire dans l'organisa-
tion économique. La grande industrie, les exploitations
collectives prenaient, en effet, naissance vers le commence-
ment de ce siècle et remplaçaient peu à peu ce que l'on a
appelé avec juste raison le travail familial.
Il est évident que la condition des travailleurs (ouvriers ou
employés) s'est trouvée modifiée en même temps. Alors qu'au-
trefois ils faisaient en quelque sorte partie de la maison, ils
se trouvent maintenant au service ou bien d'une collectivité
anonyme dont la direction n'a, sauf de très nobles et très
rares exceptions,'qu'un droit et un pouvoir : faire produire
le plus possible au capital dont elle est dépositaire, ou bien
d'un patron isolé et, par- conséquent, absorbé par les diffi-
cultés quotidiennes, en butte à la concurrence et aux impré-
vus qui sont la caractéristique de la situation économique
actuelle.
Bref, ce que les travailleurs ont paru gagner en liberté, ils
l'ont perdu en sécurité et si, trompés par les beaux discours
des sophistes, ils ont paru satisfaits du changement, l'expé-
rience a prouvé que l'instinct de la conservation était plus
fort que les beaux raisonnements. En effet, les associations
professionnelles se sont, dès la première moitié de ce siècle,
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professionnels existaient bien avant la promulgation de la loi
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