Titre : Bulletin du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Éditeur : Siège social (Paris)
Date d'édition : 1897-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728215s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1897 01 mars 1897
Description : 1897/03/01 (A7,N38)-1897/04/30. 1897/03/01 (A7,N38)-1897/04/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9615809k
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2015
7e ANNÉE — N° 38. Mars-Avril 1897.
BULLETIN
DU
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
&
DU COMMERCE & DE L INDUSTRIE
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, rue des Petits-Carreaux, 1.4. — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Siège social
Le BULLETIN est envoyé gratis aux Syndiqués
Jusqu'à nouvel o¡'d¡'e, le BULLETIN paraîtra tous les deux mois
LE SALAIRE
Toute peine mérite salaire, dit Je fabuliste. A ce compte-là,
la rémunération d'un service quelconque peut s'appeler
salaire, et c'est en effet, l'acception ordinaire du mot. Nous
le prendrons au cours de cette étude dans un sens plus
étroit ; celui de rémunération accordée aux ouvriers.
Trois traits, à notre avis, distinguent le salaire : les élé-
ments qui servent à le déterminer sont fixés d'avance; les
ouvriers le reçoivent avant la liquidation des produits et à
cause de cela même, il est indépendant du résultat de l'entre-
prise. Les ouvriers ne sont pas les associés du patron, ils
sont ses créanciers et même aux termes de la loi française,
ses créanciers privilégiés.
Quelques idées simples d'équité expliqueront les caractères
que nous venons de reconnaître au salaire. Servons-nous de
Iii proposition même qui commence cet article. Il y a échange,
nous sernble-t-il, entre le patron et l'ouvrier, eh bien, il est
juste qu'aucun des coéchangistes ne perde ce à quoi il a
droit. Or il est facile d'évaluer ce que l'ouvrier fournira au
patron : tel nombre d'heures de travail, telle quantité d'ou-
vrage. Pourquoi ne fixerions-nous pas alors le salaire à for-
fait '? L'ouvrier, sa besogne une fois accomplie, n'a plus rien à
faire pour le succès de l'entreprise ; il ne l'avait pas préparée
non plus. Le patron a dû se procurer les matières premières;
il a du surveiller ses ouvriers pour qu'ils tirent bon parti de
l'outillage et des machines; il lui appartient de trouver des
acheteurs et de passer des marchés pour l'écoulement de ses
produits. Dans ces diverses opérations, il lui a fallu faire
preuve d'initiative et d'expérience prudente ; son travail de
direction, pour intellectuel qu'il soit, n'a peut-être pas été
moins intense que celui de ses ouvriers; il risque ses biens
et son honneur ; il est juste que toutes dépenses une fois
payées, les bénéfices lui restent à lui seul : toute peine mérite
salaire. Ce qu'il importe d'établir, c'est qu'à ce profit, les
ouvriers n'ont pas de droit. Quel qu'ait été le résultat de
l'eutreprise, qu'elle ait réussi ou périclité, leur somme de
travail est la mème, le succès ou la perte ne doit en rien
affecter leur salaire. Ils se plaindraient à juste titre de le voir
compromis par les imprudences du patron, ou même par des
accidents de force majeure. Qu'ils ne se plaignent pas de ne
pas participer aux bénéfices produits par une heureuse com-
binaison, amenée par des recherches patientes et peut-être
après bien des tentatives malheureuses. Le profit est pour
le patron son salaire de direction et la compensation,
médiocre encore, des chances mauvaises.
Les besoins mêmes de l'ouvrier exigent que le salaire lui
soit payé par fractions, avant la vente des produits ; il manque
d'avances et ne peut attendre.
Les ouvriers, avons-nous dit, ne sont pas les associés du
patron, mais ses créanciers : expliquons ce point. Les déve-
loppements qui précèdent peuvent suffire, car 0 n' est
l'associé de quelqu'un qu'à condition de partager avec lui
le résultat de l'opération entreprise de concert. Cependant s'il
y a opération entreprise de concert, efforts combinés en vue
d'un même objet à produire, à ce point de vue plus élevé, on
peut dire que le patron et l'ouvrier sont associés, mais le
contrat de salaire donne à cette association un caractère
spécial, bien conforme à l'intérêt public.
Puisque le patron est seul responsable de la fin de l'entre-
prise, il a toute liberté pour l'organiser. Il distribue à chacun
la tâche pour laquelle il a capacité; il divise le travail, et en
multiplie ainsi l'effet ; il fait profiter ses ouvriers de ses
installations, de ses machines ; il fait converger tous les efforts
vers un même but, il peut appliquer des découvertes et des
combinaisons productives ; employer enfin ces procédés de
comptabilité, qu'on appelle la « conscience de l'industrie » dont
ils assurent la prospérité, mais qui exigent de l'industriel
des qualités d'instruction et d'ordre.
Tout cela aurait-il lieu dans un régime de production
autonome, c'est-à-dire de producteurs travaillant chacun
pour soi?. Non certes, que d'efforts perdus, que d'aptitudes
mal employées ! et puis souvenons-nous qu'une invention
est toujours l'œuvre d'un seul, mais d'un seul qui réunisse
sous ses ordres de nombreux instruments de travail. Et
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Toute peine mérite salaire, dit Je fabuliste. A ce compte-là,
la rémunération d'un service quelconque peut s'appeler
salaire, et c'est en effet, l'acception ordinaire du mot. Nous
le prendrons au cours de cette étude dans un sens plus
étroit ; celui de rémunération accordée aux ouvriers.
Trois traits, à notre avis, distinguent le salaire : les élé-
ments qui servent à le déterminer sont fixés d'avance; les
ouvriers le reçoivent avant la liquidation des produits et à
cause de cela même, il est indépendant du résultat de l'entre-
prise. Les ouvriers ne sont pas les associés du patron, ils
sont ses créanciers et même aux termes de la loi française,
ses créanciers privilégiés.
Quelques idées simples d'équité expliqueront les caractères
que nous venons de reconnaître au salaire. Servons-nous de
Iii proposition même qui commence cet article. Il y a échange,
nous sernble-t-il, entre le patron et l'ouvrier, eh bien, il est
juste qu'aucun des coéchangistes ne perde ce à quoi il a
droit. Or il est facile d'évaluer ce que l'ouvrier fournira au
patron : tel nombre d'heures de travail, telle quantité d'ou-
vrage. Pourquoi ne fixerions-nous pas alors le salaire à for-
fait '? L'ouvrier, sa besogne une fois accomplie, n'a plus rien à
faire pour le succès de l'entreprise ; il ne l'avait pas préparée
non plus. Le patron a dû se procurer les matières premières;
il a du surveiller ses ouvriers pour qu'ils tirent bon parti de
l'outillage et des machines; il lui appartient de trouver des
acheteurs et de passer des marchés pour l'écoulement de ses
produits. Dans ces diverses opérations, il lui a fallu faire
preuve d'initiative et d'expérience prudente ; son travail de
direction, pour intellectuel qu'il soit, n'a peut-être pas été
moins intense que celui de ses ouvriers; il risque ses biens
et son honneur ; il est juste que toutes dépenses une fois
payées, les bénéfices lui restent à lui seul : toute peine mérite
salaire. Ce qu'il importe d'établir, c'est qu'à ce profit, les
ouvriers n'ont pas de droit. Quel qu'ait été le résultat de
l'eutreprise, qu'elle ait réussi ou périclité, leur somme de
travail est la mème, le succès ou la perte ne doit en rien
affecter leur salaire. Ils se plaindraient à juste titre de le voir
compromis par les imprudences du patron, ou même par des
accidents de force majeure. Qu'ils ne se plaignent pas de ne
pas participer aux bénéfices produits par une heureuse com-
binaison, amenée par des recherches patientes et peut-être
après bien des tentatives malheureuses. Le profit est pour
le patron son salaire de direction et la compensation,
médiocre encore, des chances mauvaises.
Les besoins mêmes de l'ouvrier exigent que le salaire lui
soit payé par fractions, avant la vente des produits ; il manque
d'avances et ne peut attendre.
Les ouvriers, avons-nous dit, ne sont pas les associés du
patron, mais ses créanciers : expliquons ce point. Les déve-
loppements qui précèdent peuvent suffire, car 0 n' est
l'associé de quelqu'un qu'à condition de partager avec lui
le résultat de l'opération entreprise de concert. Cependant s'il
y a opération entreprise de concert, efforts combinés en vue
d'un même objet à produire, à ce point de vue plus élevé, on
peut dire que le patron et l'ouvrier sont associés, mais le
contrat de salaire donne à cette association un caractère
spécial, bien conforme à l'intérêt public.
Puisque le patron est seul responsable de la fin de l'entre-
prise, il a toute liberté pour l'organiser. Il distribue à chacun
la tâche pour laquelle il a capacité; il divise le travail, et en
multiplie ainsi l'effet ; il fait profiter ses ouvriers de ses
installations, de ses machines ; il fait converger tous les efforts
vers un même but, il peut appliquer des découvertes et des
combinaisons productives ; employer enfin ces procédés de
comptabilité, qu'on appelle la « conscience de l'industrie » dont
ils assurent la prospérité, mais qui exigent de l'industriel
des qualités d'instruction et d'ordre.
Tout cela aurait-il lieu dans un régime de production
autonome, c'est-à-dire de producteurs travaillant chacun
pour soi?. Non certes, que d'efforts perdus, que d'aptitudes
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