Titre : Bulletin du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Éditeur : Siège social (Paris)
Date d'édition : 1896-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728215s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1896 01 mars 1896
Description : 1896/03/01 (A6,N32)-1896/04/30. 1896/03/01 (A6,N32)-1896/04/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9615806b
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2015
6e ANNÉE — N° 32. Mars-Avril 1896
BULLETIN
DU
1
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, rue des Petits-Carreaux, 1.4. — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Siège social
Le BULLETIN est envoyé gratis aux Syndiqués
Jusqu'à nouvel ol'dl'e, le BULLETIN paJ'aitl'a tous les deux mois
LA CLASSE BOURGEOISE
ET LA QUESTION SOCIALE
Question sociale, question ouvrière : ces mots paraissent
aujourd'hui pour beaucoup de personnes absolument
synonymes et l'on restreint trop souvent le problème
économique contemporain au cas des travailleurs ma-
nuels. Le prolétariat, surtout le prolétariat industriel,
s'agite fortement et le bruit qu'il cause, oblige tout le
monde à se préoccuper de lui. Les socialistes, prétendus
redresseurs de torts, bâtisseurs patentés de sociétés
idéales, s'intitulent parti ouvrier et considèrent en
ennemis tous ceux qui ne vivent pas du travail de leurs
bras. Ils ont partagé la société en deux classes : d'un
côté le peuple travailleur, de l'autre, la bourgeoisie jouis-
seuse et ils lancent le premier contre la seconde. Montrer
que cette thèse est erronnée dans ses prémisses et dans
ses conclusions, qu'il est faux de croire que seuls, les
ouvriers, souffrent de la crise économique actuelle et que,
d'autre part, la conservation des classes moyennes, de
ce que l'on nomme habituellement la bourgeoisie, est
indispensable dans une bonne société : tel est notre but.
Les dénonciateurs du libéralisme économique contem-
porain nous montrent l'ouvrier, incapable de discuter
librement les conditions de son travail, obligé d'accepter
celles qu'on lui dicte, menacé à chaque instant d'un
chômage ou d'une diminution de salaire. Est-ce que les
mêmes causes, dans les mêmes conditions, n'atteignent
pas les employés? Peut-on établir une différence radicale
entre les travailleurs manuels et les travailleurs intellec-
tuels. Des deux côtés, le capital ou le patron les engage
par le même procédé : dans l'un et l'autre cas, c'est la loi
de l'offre et de la demande qui est la seule règle.
Que sert alors de discuter si les individus de l'une des
catégories sont plus ou moins heureux, plus ou moins
malheureux que ceux de l'autre ; les mêmes causes
doivent produire les mêmes effets et si des influences
secondaires ou locales en modifient l'intensité avec les
temps et les lieux, les dangers n'en sont pas moins les
mêmes; des deux côtés, le devoir est le même de chercher
à résoudre pacifiquement le problème économique.
On admet assez facilement que les intérêts des ouvriers
et ceux des employés soient semblables et qu'ils puissent
faire cause commune dans les discussions sociales ; mais
d'autres catégories de citoyens semblent avoir des intérêts
contraires, et l'état de lutte entre ces divers groupes paraît
fatal aux yeux de quelques-uns. Le commerçant, l'ingé-
nieur, l'avocat, le médecin, le professeur sont, doit-on
croire, dans des conditions économiques tout à fait diffé-
rentes de celles des salariés à la journée ou au mois, et
ils ne peuvent faire cause commune avec eux.
Le Souverain-Pontife, dans son encyclique sur la con-
dition des ouvriers, signalait comme causes économiques
de la crise sociale actuelle : la disparition des corpora-
tions, la concurrence effrénée, l'usure, le monopole du
travail et du commerce qui fait que « un petit nombre
de riches et d'opulents imposent un joug presque servile
à l'infinie multitude des prolétaires. » Or, c'est une
erreur de croire que les ouvriers seuls subissent l'in-
fluence de ces causes : tous en souffrent ou en sont
menacés, à l'exception du petit nombre qui en profite.
Toutes les classes sociales sont solidaires, toutes sont
atteintes quand l'une d'entre elles souffre : les alliances,
les parentés, les ascensions ou les déclassements sont
des causes qui troublent l'équilibre. De plus, quand une
profession traverse une crise, moins nombreux sont ceux
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LA CLASSE BOURGEOISE
ET LA QUESTION SOCIALE
Question sociale, question ouvrière : ces mots paraissent
aujourd'hui pour beaucoup de personnes absolument
synonymes et l'on restreint trop souvent le problème
économique contemporain au cas des travailleurs ma-
nuels. Le prolétariat, surtout le prolétariat industriel,
s'agite fortement et le bruit qu'il cause, oblige tout le
monde à se préoccuper de lui. Les socialistes, prétendus
redresseurs de torts, bâtisseurs patentés de sociétés
idéales, s'intitulent parti ouvrier et considèrent en
ennemis tous ceux qui ne vivent pas du travail de leurs
bras. Ils ont partagé la société en deux classes : d'un
côté le peuple travailleur, de l'autre, la bourgeoisie jouis-
seuse et ils lancent le premier contre la seconde. Montrer
que cette thèse est erronnée dans ses prémisses et dans
ses conclusions, qu'il est faux de croire que seuls, les
ouvriers, souffrent de la crise économique actuelle et que,
d'autre part, la conservation des classes moyennes, de
ce que l'on nomme habituellement la bourgeoisie, est
indispensable dans une bonne société : tel est notre but.
Les dénonciateurs du libéralisme économique contem-
porain nous montrent l'ouvrier, incapable de discuter
librement les conditions de son travail, obligé d'accepter
celles qu'on lui dicte, menacé à chaque instant d'un
chômage ou d'une diminution de salaire. Est-ce que les
mêmes causes, dans les mêmes conditions, n'atteignent
pas les employés? Peut-on établir une différence radicale
entre les travailleurs manuels et les travailleurs intellec-
tuels. Des deux côtés, le capital ou le patron les engage
par le même procédé : dans l'un et l'autre cas, c'est la loi
de l'offre et de la demande qui est la seule règle.
Que sert alors de discuter si les individus de l'une des
catégories sont plus ou moins heureux, plus ou moins
malheureux que ceux de l'autre ; les mêmes causes
doivent produire les mêmes effets et si des influences
secondaires ou locales en modifient l'intensité avec les
temps et les lieux, les dangers n'en sont pas moins les
mêmes; des deux côtés, le devoir est le même de chercher
à résoudre pacifiquement le problème économique.
On admet assez facilement que les intérêts des ouvriers
et ceux des employés soient semblables et qu'ils puissent
faire cause commune dans les discussions sociales ; mais
d'autres catégories de citoyens semblent avoir des intérêts
contraires, et l'état de lutte entre ces divers groupes paraît
fatal aux yeux de quelques-uns. Le commerçant, l'ingé-
nieur, l'avocat, le médecin, le professeur sont, doit-on
croire, dans des conditions économiques tout à fait diffé-
rentes de celles des salariés à la journée ou au mois, et
ils ne peuvent faire cause commune avec eux.
Le Souverain-Pontife, dans son encyclique sur la con-
dition des ouvriers, signalait comme causes économiques
de la crise sociale actuelle : la disparition des corpora-
tions, la concurrence effrénée, l'usure, le monopole du
travail et du commerce qui fait que « un petit nombre
de riches et d'opulents imposent un joug presque servile
à l'infinie multitude des prolétaires. » Or, c'est une
erreur de croire que les ouvriers seuls subissent l'in-
fluence de ces causes : tous en souffrent ou en sont
menacés, à l'exception du petit nombre qui en profite.
Toutes les classes sociales sont solidaires, toutes sont
atteintes quand l'une d'entre elles souffre : les alliances,
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