Titre : Bulletin du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Éditeur : Siège social (Paris)
Date d'édition : 1898-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728215s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1898 01 avril 1898
Description : 1898/04/01 (A8,N48)-1898/04/30. 1898/04/01 (A8,N48)-1898/04/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k96157987
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2015
8e ANNÉE — N° 48. Avril 1898.
BULLETIN
DU
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, rue des Petits-Carreaux, 14. — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Siège social
Le BULLETIN est envoyé gratis aux Syndiqués
Le BULLETIN parait tous les mois.
PERSONNALITÉ CIVILE DES SYNDICATS
Dans la séance académique du 10 mars 1898, M. le
comte d'Haussonville, répondant au magistral discours
de l'illustre récipiendaire, M. le comte Albert de Mun, a
salué avec une sympathique émotion les souffrances
profondes de ceux qui, travaillant avec une extrême
fatigue, ne parviennent pas à gagner leur pain de cha-
que jour: « Je partage votre compassion, a dit le direc-
« leur de l'Académie, pour les misères dont vos enquêtes
« vous ont rendu trop souvent témoin. Oui, la pensée
« que loin de nous, au-dessous de nous, cachée à nos
« yeux distraits par le voile brillant de la civilisation,
« toute une foule d'êtres humains végète dans l'obscu-
« rité et dans la tristesse; qu'à ces êtres innombrables,
« nos plaisirs sont inconnus, comme nous sont incon-
« nues leurs épreuves; que pour eux, nos joies les plus
« pures sont des anxiétés, tandis que nos privations
« seraient du bonheur, et que nous n'avons de commun
« avec eux que ces deux éternelles souffrances de l'hu-
« manité : la maladie et la mort, une telle pensée est
« insupportable. Quand elle a pénétré dans une âme,
« elle n'en sort plus : elle obsède la conscience, elle gâte
« les jouissances, elle trouble la paix des jours et le
« repos des nuits. Ce sera l'honneur de notre fin de siè-
« cle d'en avoir été émue plus qu'aucune autre époque. »
Si noble qu'elle soit, l'émotion des intellectuels sera
forcément stérile tant qu'elle restera dans l'ordre pure-
ment spéculatif et qu'elle ne se traduira pas par des dis-
positions législatives, capables de donner à l'activité cor-
porative une base solide et une garantie véritablement
sérieuse. Croire que la charité peut, d'une façon beaucoup
plus efficace que la législation, tempérer par son action
incessante la dureté des lois économiques et opposer aux
conséquences brutales de l'offre et de la demande
« l'obligation morale du juste salaire, n'abusant point de
la détresse de l'ouvrier et tenant compte de ses besoins
légitimes », c'est, je crois, se bercer dans une agréable
illusion, n'apporter aucun remède préventif à la pénible
situation des travailleurs et faire bien peu de chose pour
leur rendre moins rude la phase douloureuse de l'impé-
cuniosité.
D'une influence essentiellement limitée, l'institution
pieuse ou charitable peut soulager des misères indivi-
duelles et corriger certains maux; elle est radicalement
impuissante à les prévenir et à les réprimer. La véritable
charité, d'ailleurs, a-t-on dit avec beaucoup de raison,
implique d'abord la justice pour la dépasser ensuite.
N'arrive-t-il pas trop souvent que l'aumône faite par un
patron à ses ouvriers n'est pas. autre chose que le pal-
liatif ou l'antidote d'une injustice antérieurement con-
sommée?
Tels qu'ils sont établis, à l'heure actuelle, les rapports
du capital et du travail nous montrent une force extrême
à côté d'une extrême faiblesse. « Le corps social, a dit
Léon XIII, est divisé en deux classes: d'une part, la
toute-puissance dans l'opulence : une faction qui, maî-
tresse absolue de l'industrie et du commerce, détourne
le cours des richesses et en fait affluer en elle toutes les
sources; faction, d'ailleurs, qui tient dans sa main plus
d'un ressort de l'administration publique. De l'autre,
faiblesse dans l'indigence : une multitude, l'âme ulcérée,
toujours prête au désordre. »
Ce régime, ainsi qu'il est facile de le comprendre,
exclut nécessairement l'équité ; l'association s'inspirant
des principes de l'encyclique Rerum novarum, vraie
charte dogmatique de l'économie sociale chrétienne,
pourra seule la réintégrer.
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Dans la séance académique du 10 mars 1898, M. le
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salué avec une sympathique émotion les souffrances
profondes de ceux qui, travaillant avec une extrême
fatigue, ne parviennent pas à gagner leur pain de cha-
que jour: « Je partage votre compassion, a dit le direc-
« leur de l'Académie, pour les misères dont vos enquêtes
« vous ont rendu trop souvent témoin. Oui, la pensée
« que loin de nous, au-dessous de nous, cachée à nos
« yeux distraits par le voile brillant de la civilisation,
« toute une foule d'êtres humains végète dans l'obscu-
« rité et dans la tristesse; qu'à ces êtres innombrables,
« nos plaisirs sont inconnus, comme nous sont incon-
« nues leurs épreuves; que pour eux, nos joies les plus
« pures sont des anxiétés, tandis que nos privations
« seraient du bonheur, et que nous n'avons de commun
« avec eux que ces deux éternelles souffrances de l'hu-
« manité : la maladie et la mort, une telle pensée est
« insupportable. Quand elle a pénétré dans une âme,
« elle n'en sort plus : elle obsède la conscience, elle gâte
« les jouissances, elle trouble la paix des jours et le
« repos des nuits. Ce sera l'honneur de notre fin de siè-
« cle d'en avoir été émue plus qu'aucune autre époque. »
Si noble qu'elle soit, l'émotion des intellectuels sera
forcément stérile tant qu'elle restera dans l'ordre pure-
ment spéculatif et qu'elle ne se traduira pas par des dis-
positions législatives, capables de donner à l'activité cor-
porative une base solide et une garantie véritablement
sérieuse. Croire que la charité peut, d'une façon beaucoup
plus efficace que la législation, tempérer par son action
incessante la dureté des lois économiques et opposer aux
conséquences brutales de l'offre et de la demande
« l'obligation morale du juste salaire, n'abusant point de
la détresse de l'ouvrier et tenant compte de ses besoins
légitimes », c'est, je crois, se bercer dans une agréable
illusion, n'apporter aucun remède préventif à la pénible
situation des travailleurs et faire bien peu de chose pour
leur rendre moins rude la phase douloureuse de l'impé-
cuniosité.
D'une influence essentiellement limitée, l'institution
pieuse ou charitable peut soulager des misères indivi-
duelles et corriger certains maux; elle est radicalement
impuissante à les prévenir et à les réprimer. La véritable
charité, d'ailleurs, a-t-on dit avec beaucoup de raison,
implique d'abord la justice pour la dépasser ensuite.
N'arrive-t-il pas trop souvent que l'aumône faite par un
patron à ses ouvriers n'est pas. autre chose que le pal-
liatif ou l'antidote d'une injustice antérieurement con-
sommée?
Tels qu'ils sont établis, à l'heure actuelle, les rapports
du capital et du travail nous montrent une force extrême
à côté d'une extrême faiblesse. « Le corps social, a dit
Léon XIII, est divisé en deux classes: d'une part, la
toute-puissance dans l'opulence : une faction qui, maî-
tresse absolue de l'industrie et du commerce, détourne
le cours des richesses et en fait affluer en elle toutes les
sources; faction, d'ailleurs, qui tient dans sa main plus
d'un ressort de l'administration publique. De l'autre,
faiblesse dans l'indigence : une multitude, l'âme ulcérée,
toujours prête au désordre. »
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