Titre : Bulletin du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Éditeur : Siège social (Paris)
Date d'édition : 1898-05-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728215s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mai 1898 01 mai 1898
Description : 1898/05/01 (A8,N49)-1898/05/31. 1898/05/01 (A8,N49)-1898/05/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9615796d
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2015
8e ANNÉE — N° 49. Mai 1898.
BULLETIN 1
DU
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, rue des Petits-Carreaux, 14. — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Siège social
Le BULLETIN est envoyé gratis aux Syndiqués
Le BULLETIN paraît tous les mois.
Voir à la dernière page les dates des réunions
du mois de juin.
LA DÉPOPULATION DE LA FRANCE
ET
LES RÉFORMES FISCALES PROPOSÉES POUR Y REMÉDIER
Le discours récent de lord Salisbury vient d'attirer, une fois
de plus, l'attention sur cette grave question de la dépopula-
tion. D'après l'orateur anglais, il y aurait deux espèces de
nations, les nations vivantes et les nations mourantes. Les
nations vivantes sont celles qui, tous les ans, accroissent leur
richesse et le nombre -de leurs hommes; les mourantes, au
contraire, diminuent d'année en année et se trouvent de plus
en plus dépourvues d'hommes et de capitaux. On a voulu
voir dans ce discours une allusion désobligeante à la situa-
tion de l'Espagne; mais n'y pourrait-on voir aussi une allu-
sion à la situation vers laquelle nous tendons à grands pas ?
Nous ne sommes pas mourants, grâce à Dieu; mais nous
sommes malades, le thermomètre de la statistique appliqué à
la France affirme un état morbide.
La France a actuellement 38 millions d'habitants à côté
d'une Allemagne qui en a 15 millions de plus; les « Français
perdent tous les jours une bataille », disait le Maréchal de
Moltke, bataille dans laquelle des bataillons entiers sont dé-
cimés : car la différence des naissances serait de 1,700 par
vingt-quatre heures.
Sans insister sur les conséquences qu'entraîne pour un
pays l'affaiblissement de la natalité, on peut citer, parmi les
plus évidentes, l'infériorité militaire qui met le plus faible à
la merci de ses voisins et le condamne pour ainsi dire à être
absorbé; si la nation qui baisse, par suite de circonstances
favorables, échappe à la conquête militaire grâce à l'énergie
de ses habitants ou à l'aridité d'un sol qui n'excite^pas les
convoitises, il y a un danger qu'elle ne peut éviter : la dimi-
nution de sa prospérité économique. C'est ce qui est arrivé
pour l'Espagne et le Portugal. Une invasion armée aurait peu
de chance d'y réussir et nous en avons fait l'expérience;
mais ils n'ont pu échapper à la décadence économique. Leur
commerce est faible, les quelques industries qu'ils possèdent
sont entre les mains d'étrangers, pour la plupart, et leurs
terres incultes nourrissent mal leurs habitants.
Par une conséquence fatale, quand le nombre des travail-
leurs diminue, la main-d'œuvre augmente et avec elle le prix
de revient des produits fabriqués, de sorte que l'industrie ne
se trouve plus dans des conditions de production qui lui permet-
tent de lutter avec la concurrence étrangère, et son activité
diminue avec ses débouchés (t). Et, par ce mot travailleurs,
il ne faut pas entendre seulement l'ouvrier qui tient le mar-
teau ou la pelle, mais aussi l'ingénieur qui le dirige, le com-
merçant qui met les produits entre les mains des consomma-
teurs et les employés de toute nature et de tout ordre qui
forment les rouages de ce mécanisme qui est une société
organisée.
Le danger est donc grand ; est-ce à dire qu'il faille déses-
pérer? Assurément non, et l'on doit s'efforcer de réagir. La
première solution qui se présente à l'esprit, en cas de diffi-
culté, c'est le recours à une intervention supérieure, à l'État.
Parmi les proclamations dont les nouveaux députés vien-
nent de couvrir nos murs, je n'en connais aucune qui ait
envisagé la grave question qui nous occupe, et cependant nos
députés avaient, ici, un rôle important à remplir : rétablir la
justice dans notre législation et supprimer les inégalités qui
existent aujourd'hui au détriment des familles nombreuses.
Le régime fiscal, non seulement en France, mais dans tous
les pays, présente, en effet, cette anomalie.
Notre système d'impôts a pour base l'égalité des citoyens
que le législateur s'est efforcé d'obtenir en exigeant des con-
tribuables des cotisations proportionnelles à leurs facultés.
(1) Cette diminution du nombre des travailleurs est donc une
cause d'appauvrissement; mais elle est cause aussi de l'envahisse-
ment pacifique par les travailleurs étrangers. Déjà nos maisons
industrielles et commerciales sont envahies d'Anglais, d'Italiens et
d'Allemands; aux ouvriers succèdent peu à peu les contremaîtres;
puis les ingénieurs et les chefs d'atelier viendront à leur tour.
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LA DÉPOPULATION DE LA FRANCE
ET
LES RÉFORMES FISCALES PROPOSÉES POUR Y REMÉDIER
Le discours récent de lord Salisbury vient d'attirer, une fois
de plus, l'attention sur cette grave question de la dépopula-
tion. D'après l'orateur anglais, il y aurait deux espèces de
nations, les nations vivantes et les nations mourantes. Les
nations vivantes sont celles qui, tous les ans, accroissent leur
richesse et le nombre -de leurs hommes; les mourantes, au
contraire, diminuent d'année en année et se trouvent de plus
en plus dépourvues d'hommes et de capitaux. On a voulu
voir dans ce discours une allusion désobligeante à la situa-
tion de l'Espagne; mais n'y pourrait-on voir aussi une allu-
sion à la situation vers laquelle nous tendons à grands pas ?
Nous ne sommes pas mourants, grâce à Dieu; mais nous
sommes malades, le thermomètre de la statistique appliqué à
la France affirme un état morbide.
La France a actuellement 38 millions d'habitants à côté
d'une Allemagne qui en a 15 millions de plus; les « Français
perdent tous les jours une bataille », disait le Maréchal de
Moltke, bataille dans laquelle des bataillons entiers sont dé-
cimés : car la différence des naissances serait de 1,700 par
vingt-quatre heures.
Sans insister sur les conséquences qu'entraîne pour un
pays l'affaiblissement de la natalité, on peut citer, parmi les
plus évidentes, l'infériorité militaire qui met le plus faible à
la merci de ses voisins et le condamne pour ainsi dire à être
absorbé; si la nation qui baisse, par suite de circonstances
favorables, échappe à la conquête militaire grâce à l'énergie
de ses habitants ou à l'aridité d'un sol qui n'excite^pas les
convoitises, il y a un danger qu'elle ne peut éviter : la dimi-
nution de sa prospérité économique. C'est ce qui est arrivé
pour l'Espagne et le Portugal. Une invasion armée aurait peu
de chance d'y réussir et nous en avons fait l'expérience;
mais ils n'ont pu échapper à la décadence économique. Leur
commerce est faible, les quelques industries qu'ils possèdent
sont entre les mains d'étrangers, pour la plupart, et leurs
terres incultes nourrissent mal leurs habitants.
Par une conséquence fatale, quand le nombre des travail-
leurs diminue, la main-d'œuvre augmente et avec elle le prix
de revient des produits fabriqués, de sorte que l'industrie ne
se trouve plus dans des conditions de production qui lui permet-
tent de lutter avec la concurrence étrangère, et son activité
diminue avec ses débouchés (t). Et, par ce mot travailleurs,
il ne faut pas entendre seulement l'ouvrier qui tient le mar-
teau ou la pelle, mais aussi l'ingénieur qui le dirige, le com-
merçant qui met les produits entre les mains des consomma-
teurs et les employés de toute nature et de tout ordre qui
forment les rouages de ce mécanisme qui est une société
organisée.
Le danger est donc grand ; est-ce à dire qu'il faille déses-
pérer? Assurément non, et l'on doit s'efforcer de réagir. La
première solution qui se présente à l'esprit, en cas de diffi-
culté, c'est le recours à une intervention supérieure, à l'État.
Parmi les proclamations dont les nouveaux députés vien-
nent de couvrir nos murs, je n'en connais aucune qui ait
envisagé la grave question qui nous occupe, et cependant nos
députés avaient, ici, un rôle important à remplir : rétablir la
justice dans notre législation et supprimer les inégalités qui
existent aujourd'hui au détriment des familles nombreuses.
Le régime fiscal, non seulement en France, mais dans tous
les pays, présente, en effet, cette anomalie.
Notre système d'impôts a pour base l'égalité des citoyens
que le législateur s'est efforcé d'obtenir en exigeant des con-
tribuables des cotisations proportionnelles à leurs facultés.
(1) Cette diminution du nombre des travailleurs est donc une
cause d'appauvrissement; mais elle est cause aussi de l'envahisse-
ment pacifique par les travailleurs étrangers. Déjà nos maisons
industrielles et commerciales sont envahies d'Anglais, d'Italiens et
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