Titre : Bulletin du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Éditeur : Siège social (Paris)
Date d'édition : 1898-06-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728215s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juin 1898 01 juin 1898
Description : 1898/06/01 (A8,N50)-1898/06/30. 1898/06/01 (A8,N50)-1898/06/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9615792r
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2015
Be ANNÉE - No 50. Juin 1898.
BULLETIN
DU
SYNDICAT DES EMPLOYES
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
FONDÉ, EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, rue des Petits-Carreaux, 14. - — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
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1 LE MOUVEMENT SYNDICAL
Un jurisconsulte éminent rapportait naguère, dans l'une de
ses conférences publiques, ce mot d'un grand personnage
russe qui causait un jour avec lui des différents gouverne-
ments du monde entier : « Je partage en trois catégories,
disait ce célèbre diplomate, les gouvernements que j'ai pu
voir de près et étudier à fond dans ma longue carrière : les
uns sont, franchement autoritaires el despotiques, c'est le mien,
c'est le gouvernement turc; d'autres, en très petit nombre,
sont ou plutôt ont été jusqu'à ce jour franchement libéraux :
l'Angleterre, les Etats-Unis; quant aux autres, parmi les-
quels je compte la France, l'Allemagne, l'Italie, ils ont non
pas précisément la liberté, mais.... l'hypocrisie de la liberté. »
Que cet étranger avait raison! Basé sur le principe de la
souveraineté nationale, notre droit constitutionnel semble
ouvrir les fenêtres et nous promettre l'air vivifiant de la
liberté ; le droit administratif avec son cortège de prohibi-
tions se hâte de les fermer et vient remplacer aussitôt la
réalité par une séduisante illusion.
On faisait une proclamation retentissante des droits de
l'homme, et les premières lois administratives sonnaient le
glas de la liberté! La loi des 2-27 juin 1791 débute ainsi :
« L'anéantissement de toutes les espèces de corporations de
citoyens de même état et profession éiant une des bases de
la Constitution française, il est défendu de les rétablir de fait
sous quelque prétexte *et quelque forme que ce soit. » De
son côté, le fameux article 291 du Code pénal reste toujours
en vigueur et plane, comme une épée de Damoclès, sur la tête
des associations dont l'acte de naissance n'est pas officielle-
ment homologué par le Conseil d'Etat. « Nulle association,
dit ce texte, de plus de 20 personnes, dont le but sera de se
réunir tous les jours ou à certains jours marqués pour s'oc-
cuper d'objets religieux, littéraires, politiques ou autres, ne
pourra se former qu'avec l'agrément du gouvernement', et
sous les conditions qu'il plaira à l'autorité publique d'im-
poser à la société. »
Et c'est ainsi que pendant près d'un siècle, tandis que le
nom de la liberté était inscrit sur le frontispice de notre
Constitution, le pouvoir législatif s'est appliqué à façonner
des entraves et les Français ont vécu, pour employer une
expression de Leroy-Beaulieu, comme des grenouilles heu-
reuses de coasser dans le marais du statu quo.
La loi sur les syndicats a détruit, il y a déjà quatorze ans,
la déposition odieuse de la loi de juin 1791; espérons qu'une
loi nouvelle sur les'associations, faite dans le sens de la
liberté, fera disparaître aussi et à tout jamais l'article 291 de
notre Code pénal.
Trop longtemps déjà, les Français sont restés inactifs et
comme prisonniers de leur propre égoïsme. Aussi bien que
les autres peuples, ils sont capables cependant d'en sortir
pour le bien commun et de montrer, par des faits nombreux
et des créations heureuses, que l'initiative privée et l'énergie
individuelle sont le premier facteur de la civilisation et le
grand ressort de tout progrès social.
Au lieu d'y mettre des entraves, le législateur doit dévelop-
per les initiatives et favoriser tous les groupements utiles. Le
mouvement syndical a prouvé, à un certain point de vue, que
l'abus de laliberté est moins à redouter que l'abus du pouvoir.
On peut corrigpr la liberté du mal par la liberté du bien en
opposant le courage des uns à l'audace des autres. Mais
comment remédier au despotisme d'un pouvoir sectaire et
absolu?
Après la promulgation de la loi du 21 mars 1884, qui
établissait la possibilité de créer des syndicats, il s'est pro-
duit un double courant. D'un côté, les gens d'une extrême
prudence et d'une sage-se qui ne se compromet jamais, ceux
qui, il y a cinquante ans, auraient voulu des bateaux sans
voiles, parce que le vent peut faire chavirer le navire et qui
redoutent aujourd'hui la vapeur, parce que la machine en
éclatant peut ouvrir une voie d'eau, étaient plongés dans une
inquiétude profonde. D'un autre côté, les politiciens, fomell-
teurs de troubles et exploiteurs de popularité y virent un
merveilleux in-trument de propagande et se hâtèrent d'en
profiter. Tandis que les uns, aux allures prudhommesques,
tout entiers à leur pessimisme, se lamentaient sur les consé-
quences néfastes de la loi, les autres plus avisés, se mirent
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ments du monde entier : « Je partage en trois catégories,
disait ce célèbre diplomate, les gouvernements que j'ai pu
voir de près et étudier à fond dans ma longue carrière : les
uns sont, franchement autoritaires el despotiques, c'est le mien,
c'est le gouvernement turc; d'autres, en très petit nombre,
sont ou plutôt ont été jusqu'à ce jour franchement libéraux :
l'Angleterre, les Etats-Unis; quant aux autres, parmi les-
quels je compte la France, l'Allemagne, l'Italie, ils ont non
pas précisément la liberté, mais.... l'hypocrisie de la liberté. »
Que cet étranger avait raison! Basé sur le principe de la
souveraineté nationale, notre droit constitutionnel semble
ouvrir les fenêtres et nous promettre l'air vivifiant de la
liberté ; le droit administratif avec son cortège de prohibi-
tions se hâte de les fermer et vient remplacer aussitôt la
réalité par une séduisante illusion.
On faisait une proclamation retentissante des droits de
l'homme, et les premières lois administratives sonnaient le
glas de la liberté! La loi des 2-27 juin 1791 débute ainsi :
« L'anéantissement de toutes les espèces de corporations de
citoyens de même état et profession éiant une des bases de
la Constitution française, il est défendu de les rétablir de fait
sous quelque prétexte *et quelque forme que ce soit. » De
son côté, le fameux article 291 du Code pénal reste toujours
en vigueur et plane, comme une épée de Damoclès, sur la tête
des associations dont l'acte de naissance n'est pas officielle-
ment homologué par le Conseil d'Etat. « Nulle association,
dit ce texte, de plus de 20 personnes, dont le but sera de se
réunir tous les jours ou à certains jours marqués pour s'oc-
cuper d'objets religieux, littéraires, politiques ou autres, ne
pourra se former qu'avec l'agrément du gouvernement', et
sous les conditions qu'il plaira à l'autorité publique d'im-
poser à la société. »
Et c'est ainsi que pendant près d'un siècle, tandis que le
nom de la liberté était inscrit sur le frontispice de notre
Constitution, le pouvoir législatif s'est appliqué à façonner
des entraves et les Français ont vécu, pour employer une
expression de Leroy-Beaulieu, comme des grenouilles heu-
reuses de coasser dans le marais du statu quo.
La loi sur les syndicats a détruit, il y a déjà quatorze ans,
la déposition odieuse de la loi de juin 1791; espérons qu'une
loi nouvelle sur les'associations, faite dans le sens de la
liberté, fera disparaître aussi et à tout jamais l'article 291 de
notre Code pénal.
Trop longtemps déjà, les Français sont restés inactifs et
comme prisonniers de leur propre égoïsme. Aussi bien que
les autres peuples, ils sont capables cependant d'en sortir
pour le bien commun et de montrer, par des faits nombreux
et des créations heureuses, que l'initiative privée et l'énergie
individuelle sont le premier facteur de la civilisation et le
grand ressort de tout progrès social.
Au lieu d'y mettre des entraves, le législateur doit dévelop-
per les initiatives et favoriser tous les groupements utiles. Le
mouvement syndical a prouvé, à un certain point de vue, que
l'abus de laliberté est moins à redouter que l'abus du pouvoir.
On peut corrigpr la liberté du mal par la liberté du bien en
opposant le courage des uns à l'audace des autres. Mais
comment remédier au despotisme d'un pouvoir sectaire et
absolu?
Après la promulgation de la loi du 21 mars 1884, qui
établissait la possibilité de créer des syndicats, il s'est pro-
duit un double courant. D'un côté, les gens d'une extrême
prudence et d'une sage-se qui ne se compromet jamais, ceux
qui, il y a cinquante ans, auraient voulu des bateaux sans
voiles, parce que le vent peut faire chavirer le navire et qui
redoutent aujourd'hui la vapeur, parce que la machine en
éclatant peut ouvrir une voie d'eau, étaient plongés dans une
inquiétude profonde. D'un autre côté, les politiciens, fomell-
teurs de troubles et exploiteurs de popularité y virent un
merveilleux in-trument de propagande et se hâtèrent d'en
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