Titre : Bulletin du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Éditeur : Siège social (Paris)
Date d'édition : 1898-12-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728215s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 décembre 1898 01 décembre 1898
Description : 1898/12/01 (A8,N56)-1898/12/31. 1898/12/01 (A8,N56)-1898/12/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9615787f
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2015
8e ANNÉE — N° 56. Décembre 1898
BULLETIN
DU
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
FONDÉ EN 1887 )
SIÈGE SOCIAL : 14, rue des Petits-Carreaux, 14. — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Siège social
Le BULLETIN est envoyé gratis aux Syndiqués
Le BULLETIN paraît tous les mois.
EN MARCHE !
Frédéric le Play dénonçait comme l'un des obstacles à
la réforme sociale l'abus de certains mots, et en particu-
lier du mot démocratie. Cette remarque prenait une
haute valeur, venant d'un homme qui avait voué sa1vie
à l'observation réfléchie des conditions de la vie de ses
semblables, à la grande différence de nos sociologues
amateurs, qui n'ont jamais observé que le thermomètre
des passions populaires qu'ils surchauffent et voudraient
voir éclater entre les mains des dirigeants.
A première vue, il semble que Le Play ait conclu par
trop de méfiance envers l'avenir de la démocratie fran-
çaise. L'abus du mot lui faisait nier la chose, et l'on
s'étonne qu'un esprit si large n'ait pas eu l'intuition de
l'extraordinaire mouvement qui se préparait. On est en
droit de se demander si un séjour trop prolongé dans les
détails de la doctrine ne l'empêchait pas d'avoir sur les
temps futurs le coup d'œil prophétique d'un Lamennais.
Mais l'on comprend vite les raisons que Le Play avait
d'émettre de tels doutes. Il savait que pour assurer au
régime démocratique tous ses avantages en France, la
première mesure à prendre était d'arrêter la démoralisa-
tion progressive des masses et de leur redonner le goût
de la vertu que des meneurs liberticides assassinaient
chaque jour en elles. Il savait avec Montesquieu que la
démocratie, pour subsister et ne pas dégénérer en licence,
doit puiser dans les hautes qualités morales d'un peuple
fort une sève féconde, et le spectacle offert par la France
à l'époque pu il écrivait amenait sur ses lèvres le scep-
tique sourire des hommes qui ont beaucoup vu. Que
dirait-il donc, s'il vivait à notre époque où l'abus des
mots constitue tout le Credo politique de la France, et
où des droits imprescriptibles se heurtent journellement
aux lois sectaires qui les brisent?
Et pourtant, malgré toute l'amertume réservée à ceux
qui méditent sur les malheurs qui nous menacent,
malgré l'incertitude des lendemains et l'effarement qui
nous saisit tous au crépuscule de ce siècle, de grandes
espérances ont surgi. Des clameurs de foi ont retenti
sur les âmes, et du sein de la foule tourmentée du
besoin troublant de l'Au delà, des voix ont répondu,
demandant en grâce qu'on leur rendît un idéal. Une brise
printanière de renouveau chrétien a soufflé par inter-
mittences, attiédissant l'haleine glacée d'un athéisme
incapable de combler ce désert immense qu'est devenu
le cœur de l'homme séparé de Dieu.
A ces pressentimen qui ne trompentpas et qui montrent
une jeunesse écœurée des rêves insanes, des hommes
éminents ont compris qu'une force incomparable parce
qu'elle est neuve, consciente parce qu'elle est dirigée par
ceux qui ont souffert, allait déborder et renouveler le
monde attardé dans sa désespérance; et, remerciant
hautement Dieu de toutes ces choses, ils ont entrevu et
salué la démocratie chrétienne.
Ils l'ont saluée ! A Besançon, dans un de ces derniers
congrès catholiques que l'on peut bien appeler des conciles
laïques, tant les questions qui y sont traitées nous élè-
vent, M. le comte de Mun, se rendant un compte exact
de la transformation des sociétés contemporaines,
s'écriait devant un auditoire enthousiasmé :
« Tout débat sur la démocratie est désormais infé-
cond, superflu: la démocratie est un fait contre lequel on
ne saurait plus réagir, un fait qui a sa source première
au delà, très au delà de la Révolution, dans l'antique
organisation du travail et dans son évolution logique.
Aucune raison,pour qui que ce soit, n'existe aujourd'hui,
de ne pas aller franchement vers le peuple sur le terrain
démocratique. »
Ces paroles de l'illustre orateur chrétien ont résonné
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à l'observation réfléchie des conditions de la vie de ses
semblables, à la grande différence de nos sociologues
amateurs, qui n'ont jamais observé que le thermomètre
des passions populaires qu'ils surchauffent et voudraient
voir éclater entre les mains des dirigeants.
A première vue, il semble que Le Play ait conclu par
trop de méfiance envers l'avenir de la démocratie fran-
çaise. L'abus du mot lui faisait nier la chose, et l'on
s'étonne qu'un esprit si large n'ait pas eu l'intuition de
l'extraordinaire mouvement qui se préparait. On est en
droit de se demander si un séjour trop prolongé dans les
détails de la doctrine ne l'empêchait pas d'avoir sur les
temps futurs le coup d'œil prophétique d'un Lamennais.
Mais l'on comprend vite les raisons que Le Play avait
d'émettre de tels doutes. Il savait que pour assurer au
régime démocratique tous ses avantages en France, la
première mesure à prendre était d'arrêter la démoralisa-
tion progressive des masses et de leur redonner le goût
de la vertu que des meneurs liberticides assassinaient
chaque jour en elles. Il savait avec Montesquieu que la
démocratie, pour subsister et ne pas dégénérer en licence,
doit puiser dans les hautes qualités morales d'un peuple
fort une sève féconde, et le spectacle offert par la France
à l'époque pu il écrivait amenait sur ses lèvres le scep-
tique sourire des hommes qui ont beaucoup vu. Que
dirait-il donc, s'il vivait à notre époque où l'abus des
mots constitue tout le Credo politique de la France, et
où des droits imprescriptibles se heurtent journellement
aux lois sectaires qui les brisent?
Et pourtant, malgré toute l'amertume réservée à ceux
qui méditent sur les malheurs qui nous menacent,
malgré l'incertitude des lendemains et l'effarement qui
nous saisit tous au crépuscule de ce siècle, de grandes
espérances ont surgi. Des clameurs de foi ont retenti
sur les âmes, et du sein de la foule tourmentée du
besoin troublant de l'Au delà, des voix ont répondu,
demandant en grâce qu'on leur rendît un idéal. Une brise
printanière de renouveau chrétien a soufflé par inter-
mittences, attiédissant l'haleine glacée d'un athéisme
incapable de combler ce désert immense qu'est devenu
le cœur de l'homme séparé de Dieu.
A ces pressentimen qui ne trompentpas et qui montrent
une jeunesse écœurée des rêves insanes, des hommes
éminents ont compris qu'une force incomparable parce
qu'elle est neuve, consciente parce qu'elle est dirigée par
ceux qui ont souffert, allait déborder et renouveler le
monde attardé dans sa désespérance; et, remerciant
hautement Dieu de toutes ces choses, ils ont entrevu et
salué la démocratie chrétienne.
Ils l'ont saluée ! A Besançon, dans un de ces derniers
congrès catholiques que l'on peut bien appeler des conciles
laïques, tant les questions qui y sont traitées nous élè-
vent, M. le comte de Mun, se rendant un compte exact
de la transformation des sociétés contemporaines,
s'écriait devant un auditoire enthousiasmé :
« Tout débat sur la démocratie est désormais infé-
cond, superflu: la démocratie est un fait contre lequel on
ne saurait plus réagir, un fait qui a sa source première
au delà, très au delà de la Révolution, dans l'antique
organisation du travail et dans son évolution logique.
Aucune raison,pour qui que ce soit, n'existe aujourd'hui,
de ne pas aller franchement vers le peuple sur le terrain
démocratique. »
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