Titre : Bulletin du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Éditeur : Siège social (Paris)
Date d'édition : 1898-11-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728215s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 novembre 1898 01 novembre 1898
Description : 1898/11/01 (A8,N55)-1898/11/30. 1898/11/01 (A8,N55)-1898/11/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k96157861
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2015
8e ANNÉE — N° 55. Novembre 1898
BULLETIN
DU
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, rue des Petits-Carreaux, 14. — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Siège social
Le BULLETIN est envoyé gratis aux Syndiqués
Le BULLETIN parait tous les mois.
NOTRE SERVITUDE
Les socialistes révolutionnaires aiment fort, à faire de
l'ouvrier chrétien une nullité passive enrégimentée par
l'Église pour la défense des intérêts égoïstes du clergé.
Sur cette donnée fausse, on échafaude des systèmes, on
élabore des théories dont le chrétien est impitoyable-
ment banni, comme du conseil des gens sages sont
écartés les innocents.
Récemment encore, un des chefs du parti socialiste (1)
reprenait cette manière de voir chère à ses partisans, et,
embouchant le cor du journalisme, faisait appel à tous
les citoyens pour enrayer à jamais « l'inévitable » péril
clérical. C'était faire beaucoup de bruit pour rien : on
sait ce que vaut cet ancien fantôme qui n'épouvante plus
personne et qui n'est plus que prétexte à controverse
pour les astrologues du socialisme et de la politique.
Nous aurions donc laissé passer son apparition nou-
velle inaperçue, si elle n'avait été accompagnée de
réflexions qu'il nous appartient de relever en tant que
syndiqués et que chrétiens.
Nous ne dirons rien de la partialité trop visible du
leader socialiste : parlant de l'attention que l'Église
apporte au grand mouvement démocratique, il qualifie
de ruse chez elle ce qu'il appelle progrès chez lui et lui
fait un crime d'une action dont il s'honore lui-même.
La méthode n'est pas nouvelle ; et nous nous bornerons
à la signaler; mais il importe, une fois pour toutes, de
bien préciser certaines questions à l'étude desquelles
nos adversaires semblent ne pas apporter leur sagacité
habituelle.
(i) M. Millerand, dans l'Éclair du 11 octobre.
L'attaque s'autorise de l'allocution de Notre Saint Père
le Pape aux derniers pèlerins français, allocution dont
l'auteur de l'article extrait le passage suivant:
« Tandis qu'ailleurs les questions sociales troublent
et tourmentent les hommes du travail, vous gardez vos
âmes dans la paix en vous confiant à ces patrons chré-
tiens qui président avec tant de sagesse et d'équité il
votre salaire et, en même temps, vous instruisent de vos
droits et de vos devoirs en vous interprétant les grands
et salutaires enseignements de l'Église et de son chef. »
Après avoir fait goûter ironiquement à ses lecteurs ces
paroles du grand vieillard dont il pourrait envier la
sagesse, M. Millerand, docteur ès-science infuse, habile
à lire dans les plus secrètes pensées de ses contempo-
rains comme entre les lignes de leurs œuvres, conclut
avec une indignation trop marquée pour qu'elle ne soit
pas vraie :
« Entre les lignes, se dessine l'éternel double jeu que,
dans l'intérêt exclusif de sa domination, l'Église catho-
lique n'a cessé de jouer. Aux ouvriers, elle offre la pers-
pective et l'espoir des joies célestes. Aux patrons, elle
donne quelque chose de plus substantiel : la soumission
des travailleurs dont elle leur livre la conscience avec la
main d'œuvre.
« S'assurer la docilité des masses ouvrières par la chi-
mérique illusion d'un bonheur post-terrestre et le con-
cours des patrons puissants et riches par l'appui efficace
dont elle étaye leur domination économique, c'est, en
deux traits, toute la tactique de l'Église. »
Eh bien ! non, M. Millerand, votre erreur est grande
de croire que l'Eglise érige une puissance tyrannique et
hypocrite sur la passivité béate des catholiques.
C'est aller un peu vite en besogne que de faire, du
travailleur chrétien un esclave inconscient; vous avez
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SYNDICAT DES EMPLOYÉS
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l'Église pour la défense des intérêts égoïstes du clergé.
Sur cette donnée fausse, on échafaude des systèmes, on
élabore des théories dont le chrétien est impitoyable-
ment banni, comme du conseil des gens sages sont
écartés les innocents.
Récemment encore, un des chefs du parti socialiste (1)
reprenait cette manière de voir chère à ses partisans, et,
embouchant le cor du journalisme, faisait appel à tous
les citoyens pour enrayer à jamais « l'inévitable » péril
clérical. C'était faire beaucoup de bruit pour rien : on
sait ce que vaut cet ancien fantôme qui n'épouvante plus
personne et qui n'est plus que prétexte à controverse
pour les astrologues du socialisme et de la politique.
Nous aurions donc laissé passer son apparition nou-
velle inaperçue, si elle n'avait été accompagnée de
réflexions qu'il nous appartient de relever en tant que
syndiqués et que chrétiens.
Nous ne dirons rien de la partialité trop visible du
leader socialiste : parlant de l'attention que l'Église
apporte au grand mouvement démocratique, il qualifie
de ruse chez elle ce qu'il appelle progrès chez lui et lui
fait un crime d'une action dont il s'honore lui-même.
La méthode n'est pas nouvelle ; et nous nous bornerons
à la signaler; mais il importe, une fois pour toutes, de
bien préciser certaines questions à l'étude desquelles
nos adversaires semblent ne pas apporter leur sagacité
habituelle.
(i) M. Millerand, dans l'Éclair du 11 octobre.
L'attaque s'autorise de l'allocution de Notre Saint Père
le Pape aux derniers pèlerins français, allocution dont
l'auteur de l'article extrait le passage suivant:
« Tandis qu'ailleurs les questions sociales troublent
et tourmentent les hommes du travail, vous gardez vos
âmes dans la paix en vous confiant à ces patrons chré-
tiens qui président avec tant de sagesse et d'équité il
votre salaire et, en même temps, vous instruisent de vos
droits et de vos devoirs en vous interprétant les grands
et salutaires enseignements de l'Église et de son chef. »
Après avoir fait goûter ironiquement à ses lecteurs ces
paroles du grand vieillard dont il pourrait envier la
sagesse, M. Millerand, docteur ès-science infuse, habile
à lire dans les plus secrètes pensées de ses contempo-
rains comme entre les lignes de leurs œuvres, conclut
avec une indignation trop marquée pour qu'elle ne soit
pas vraie :
« Entre les lignes, se dessine l'éternel double jeu que,
dans l'intérêt exclusif de sa domination, l'Église catho-
lique n'a cessé de jouer. Aux ouvriers, elle offre la pers-
pective et l'espoir des joies célestes. Aux patrons, elle
donne quelque chose de plus substantiel : la soumission
des travailleurs dont elle leur livre la conscience avec la
main d'œuvre.
« S'assurer la docilité des masses ouvrières par la chi-
mérique illusion d'un bonheur post-terrestre et le con-
cours des patrons puissants et riches par l'appui efficace
dont elle étaye leur domination économique, c'est, en
deux traits, toute la tactique de l'Église. »
Eh bien ! non, M. Millerand, votre erreur est grande
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