Titre : Bulletin du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Éditeur : Siège social (Paris)
Date d'édition : 1900-11-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728215s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 novembre 1900 01 novembre 1900
Description : 1900/11/01 (A10,N79)-1900/11/30. 1900/11/01 (A10,N79)-1900/11/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9615782c
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2015
10. ANNÉE. — No 79 Novembre 1900
BULLETIN
DU
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, Rue des Petits-Carreaux. — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Siège Social
Le BULLETIN est envoyé gratis aux Syndiqués
Le BULLETIN parait tous les mois
SOMMAIRE
Les Sociétés coopératives de consommation à l'Exposition. —
Conseil syndical. —Réunion des délégués du 9 octobre 1900.
La messe des défunts. — Echos et nouvelles. — Commission
d'Etudes. — Nos soldats : Départ de la Classe 1899. —
Tablettes d'un curieux. — Avis divers.
LES SOCIÉTÉS
COOPÉRATIVES DE CONSOMMATION
A L'EXPOSITION
Parmi les classes qui composaient l'exposition de
l'Economie sociale au palais des Congrès, il en est une que
les femmes m'ont paru visiter fort volontiers : c'est la
classe 107, qui réunissait les coopératives de consommation.
Je m'y rendis, en effet, un dimanche pour prendre
quelques notes; or, ce fut autour de moi un défilé sans fin
de couples et de familles, et une série ininterrompue d'excla-
mations dans le genre de celles-ci : « Dis donc, mon ami, où
donc. est notre Société? Ah! la voici! Tiens, ils ont photo-
graphié les magasins de vente! Voilà la boucherie, la bou-
langerie, le magasin de chaussures, la quincaillerie, la
confection!... Et ici, vois donc monsieur « un tel » dans le
groupe des administrateurs ! Comme c'est bien lui! C'est
égal, notre Société donne un boni de 8,96 0/0, c'est joli,
n'est-il pas vrai? sans compter les avantages de la caisse de
prêt et de la caisse de secours!... Aussi, nous avons eu le
Grand Prix!... » Et, cette dernière phrase était générale-
ment prononcée avec un tel accent de triomphe personnel
que j'en conclus, à n'en pas douter, que toutes ces braves
ménagères considéraient réellement leur coopérative comme
étant bien à elles et qu'elles étaient toutes prêtes à dire : « Nos
magasins, nos employés, nos bénéfices. »
Et je me réjouissais : « Allons, me disais-je, les femmes
mordent aux questions sociales ; elles sont gagnées ; c'est
une grande victoire pour quiconque reconnaît, d'une part,
le grand rôle que joue la femme dans notre Société moderne
et d'autre part, sait tous les progrès qui peuvent passer par
la porte ouverte de la coopération. »
Mais pourquoi sont-elles gagnées ? En effet, à part
quelques exceptions retentissantes, elles prêtent peu l'oreille
aux questions sociales. Socialisme, communisme, interna-
tionalisme, solidarité, toutes ces abstractions ne leur disent
rien de clair, rien de bon. Une femme aime ses enfants,
son mari, son intérieur; elle trouve souvent le bonheur dans
le cercle de cet horizon qui se touche de la main. Or, la
Société coopérative n'est pas une abstraction ; elle aussi se
touche de la main et rentre dans le cercle de ses occupa-
tions.
Je sais bien que les femmes se sont montrées, au début,
généralement hostiles aux magasins coopératifs; ces établis-
sements qui, d'ordinaire, ne brillent pas par le luxe des
places, des dorures et des enseignes, qui les obligent par-
fois à faire une course un peu loin de leur maison, où l'on
ne peut pas marchander ni faire avec le marchand un brin
de causette, ne leur vont guère tout d'abord. Mais, patience!
Du jour où elles ont compris que ce magasin est différent
des autres en ce que les bénéfices, au lieu d'appartenir au
marchand, appartiennent à l'acheteur, elles sont converties.
Et si, d'autre part, comme cela se passe déjà en plusieurs
endroits, le magasin se transforme parfois en salle de réu-
nions, de concert ou de danse, où elles peuvent passer la
soirée avec leur mari et leurs filles et causer avec leurs
amies, alors elles comprennent très bien qu'il y a là un foyer
qui, sans supprimer celui de la famille, peut le compléter.
Nommez enfin quelques femmes dans le Conseil d'adminis-
tration et confiez-leur une part dans la direction et la surveil-
lance du magasin, vous verrez qu'elles s'en trouveront à
merveille et qu'elles exerceront là les « droits de la femme »
plus utilement qu'à la Chambre des députés.
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DU
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Les Sociétés coopératives de consommation à l'Exposition. —
Conseil syndical. —Réunion des délégués du 9 octobre 1900.
La messe des défunts. — Echos et nouvelles. — Commission
d'Etudes. — Nos soldats : Départ de la Classe 1899. —
Tablettes d'un curieux. — Avis divers.
LES SOCIÉTÉS
COOPÉRATIVES DE CONSOMMATION
A L'EXPOSITION
Parmi les classes qui composaient l'exposition de
l'Economie sociale au palais des Congrès, il en est une que
les femmes m'ont paru visiter fort volontiers : c'est la
classe 107, qui réunissait les coopératives de consommation.
Je m'y rendis, en effet, un dimanche pour prendre
quelques notes; or, ce fut autour de moi un défilé sans fin
de couples et de familles, et une série ininterrompue d'excla-
mations dans le genre de celles-ci : « Dis donc, mon ami, où
donc. est notre Société? Ah! la voici! Tiens, ils ont photo-
graphié les magasins de vente! Voilà la boucherie, la bou-
langerie, le magasin de chaussures, la quincaillerie, la
confection!... Et ici, vois donc monsieur « un tel » dans le
groupe des administrateurs ! Comme c'est bien lui! C'est
égal, notre Société donne un boni de 8,96 0/0, c'est joli,
n'est-il pas vrai? sans compter les avantages de la caisse de
prêt et de la caisse de secours!... Aussi, nous avons eu le
Grand Prix!... » Et, cette dernière phrase était générale-
ment prononcée avec un tel accent de triomphe personnel
que j'en conclus, à n'en pas douter, que toutes ces braves
ménagères considéraient réellement leur coopérative comme
étant bien à elles et qu'elles étaient toutes prêtes à dire : « Nos
magasins, nos employés, nos bénéfices. »
Et je me réjouissais : « Allons, me disais-je, les femmes
mordent aux questions sociales ; elles sont gagnées ; c'est
une grande victoire pour quiconque reconnaît, d'une part,
le grand rôle que joue la femme dans notre Société moderne
et d'autre part, sait tous les progrès qui peuvent passer par
la porte ouverte de la coopération. »
Mais pourquoi sont-elles gagnées ? En effet, à part
quelques exceptions retentissantes, elles prêtent peu l'oreille
aux questions sociales. Socialisme, communisme, interna-
tionalisme, solidarité, toutes ces abstractions ne leur disent
rien de clair, rien de bon. Une femme aime ses enfants,
son mari, son intérieur; elle trouve souvent le bonheur dans
le cercle de cet horizon qui se touche de la main. Or, la
Société coopérative n'est pas une abstraction ; elle aussi se
touche de la main et rentre dans le cercle de ses occupa-
tions.
Je sais bien que les femmes se sont montrées, au début,
généralement hostiles aux magasins coopératifs; ces établis-
sements qui, d'ordinaire, ne brillent pas par le luxe des
places, des dorures et des enseignes, qui les obligent par-
fois à faire une course un peu loin de leur maison, où l'on
ne peut pas marchander ni faire avec le marchand un brin
de causette, ne leur vont guère tout d'abord. Mais, patience!
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des autres en ce que les bénéfices, au lieu d'appartenir au
marchand, appartiennent à l'acheteur, elles sont converties.
Et si, d'autre part, comme cela se passe déjà en plusieurs
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nions, de concert ou de danse, où elles peuvent passer la
soirée avec leur mari et leurs filles et causer avec leurs
amies, alors elles comprennent très bien qu'il y a là un foyer
qui, sans supprimer celui de la famille, peut le compléter.
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tration et confiez-leur une part dans la direction et la surveil-
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plus utilement qu'à la Chambre des députés.
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