Titre : Bulletin du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Éditeur : Siège social (Paris)
Date d'édition : 1900-08-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728215s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 août 1900 01 août 1900
Description : 1900/08/01 (A10,N76)-1900/08/31. 1900/08/01 (A10,N76)-1900/08/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9615779w
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2015
10' ANNÉE. — No 76 Août 1900
BULLETIN
DU
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, Rue des Petits-Carreaux. — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Siège Social
Le BULLETIN est envoyé gratis aux Syndiqués
Le BULLETIN paraît tous les mois
Voir à la 86 page le programme des Cours profes-
sionnels pour l'année 1900-1901. Il ne sera pas envoyé
d'autre avis.
SOMMAIRE
Un tableau — Conseil syndical. — Réunion des Délégués — Les
Maisons d'abonnement. — Notre Exposition. — Echos et
Nouvelles. — Fête Patronale du Syndicat. - L'Education
Populaire : Notre Commission d'Etudes. — Chinoiseries. —
Avis divers.
UN TABLEAU
J'avais flâné toute une après-midi dans les salles im-
menses du Grand Palais, m'arrêtant au hasard devant les
toiles qui sollicitaient mes regards, allant sans ordre de
l'une à l'autre, ému, devant quelque scène grandiose large-
ment brossée par une main de maître, intéressé par quelque
fin paysage délicatement détaillé ou bien étonné de la presti-
gieuse clownerie d'un impressionniste, qui d'un assemblage
multicolore étrange avait tenté de faire une draperie rose.
L'œil fatigué de mes longues contemplations, j'allais me
retirer lorsqu'au milieu d'une salle silencieuse une modeste
toile de Jean Béraud attira mes regards. C'était une des-
cente de croix.
Sur quelque Golgotha moderne, des hommes et des
femmes du peuple pleuraient autour du Christ expiré dans
sa pauvreté et son anéantissement suprêmes. Au bas du
Calvaire, perdu dans un nuage lourd de fumées sorties des
hautes cheminées d'usines tout un Paris immense bruyait.
Enfin au centre même du tableau et paraissant être le per-
sonnage principal dans lequel s'était incarnée la vision
entière de l'artiste, un ouvrier, l'Ouvrier était debout!
Robuste, les épaules larges, les bras nerveux, portant sur
son visage bruni l'empreinte de toute sa classe, il tendait, en
un geste superbe de désespoir et de malédiction, son poing
fermé vers la ville énorme d'où semblait monter le halète-
ment des poitrines oppressées, où l'on devinait la sueur
ruisselante des fronts courbés.
Tout cela était simple et grand ! Des teintes presque
plates laissaient l'œil interroger sans fatigue cette scène
pleine d'une angoisse muette qui semblait se résumer en ce
large geste crispé.
Que maudissait cet ouvrier? Etait-ce l'usine fumante où
l'homme courbé sous le joug d'un travail sans relâche,
asservi par l'omnipotence d'un patron sans scrupule, perdait
chaque jour un peu de ses espoirs, voyait s'embrumer davan-
tage le peu de ciel qui lui restait au cœur? Etait-ce la ville
hostile? Etait-ce le meneur glapissant, l'apôtre des doctrines
funestes dont la parole perfide avait tué ce Christ qui em-
plissait jadis l'âme du malheureux et n'y avait laissé que le
vide effroyable du néant? Etait-ce tout cela ensemble?
Ce tableau avait l'ampleur d'un livre, la force d'un plai-
doyer. Par une naturelle association d'idées, ma pensée se
tourna vers ces deux puissances qu'une lutte acharnée sem-
ble partager à jamais : patronat et travail, capitalisme et
socialisme. La question sociale se représenta à mon esprit
et tandis que je m'en revenais au milieu de la foule bigar-
rée et bavarde, j'y pensai longuement.
Voici longtemps qu'on cherche à résoudre ce grand pro-
blème et que du riche au miséreux, du trône à la mansarde
on en fait la suprême préoccupation.
L'étude de cette question a laissé la porte ouverte aux
théories fantaisistes comme aux principes étroits et l'homme
y a trouvé un prétexte facile aux discussions les plus
oiseuses et aux plus subtils « distinguo ».
Aux deux pôles de l'idée sociale, deux écoles se sont
formées, nourrissant l'une pour l'autre un égal mépris et
croyant pouvoir découvrir l'une et l'autre la formule philo-
sophique qui doit changer en un paradis doré l'infernale
cité du travail.
Engoncée dans l'empois durci de principes rigides ou
laissant flotter aux quatre vents de l'imagination ses utopies
fantasques, l'une et l'autre ont fait preuve d'une intransi-
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Nouvelles. — Fête Patronale du Syndicat. - L'Education
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Avis divers.
UN TABLEAU
J'avais flâné toute une après-midi dans les salles im-
menses du Grand Palais, m'arrêtant au hasard devant les
toiles qui sollicitaient mes regards, allant sans ordre de
l'une à l'autre, ému, devant quelque scène grandiose large-
ment brossée par une main de maître, intéressé par quelque
fin paysage délicatement détaillé ou bien étonné de la presti-
gieuse clownerie d'un impressionniste, qui d'un assemblage
multicolore étrange avait tenté de faire une draperie rose.
L'œil fatigué de mes longues contemplations, j'allais me
retirer lorsqu'au milieu d'une salle silencieuse une modeste
toile de Jean Béraud attira mes regards. C'était une des-
cente de croix.
Sur quelque Golgotha moderne, des hommes et des
femmes du peuple pleuraient autour du Christ expiré dans
sa pauvreté et son anéantissement suprêmes. Au bas du
Calvaire, perdu dans un nuage lourd de fumées sorties des
hautes cheminées d'usines tout un Paris immense bruyait.
Enfin au centre même du tableau et paraissant être le per-
sonnage principal dans lequel s'était incarnée la vision
entière de l'artiste, un ouvrier, l'Ouvrier était debout!
Robuste, les épaules larges, les bras nerveux, portant sur
son visage bruni l'empreinte de toute sa classe, il tendait, en
un geste superbe de désespoir et de malédiction, son poing
fermé vers la ville énorme d'où semblait monter le halète-
ment des poitrines oppressées, où l'on devinait la sueur
ruisselante des fronts courbés.
Tout cela était simple et grand ! Des teintes presque
plates laissaient l'œil interroger sans fatigue cette scène
pleine d'une angoisse muette qui semblait se résumer en ce
large geste crispé.
Que maudissait cet ouvrier? Etait-ce l'usine fumante où
l'homme courbé sous le joug d'un travail sans relâche,
asservi par l'omnipotence d'un patron sans scrupule, perdait
chaque jour un peu de ses espoirs, voyait s'embrumer davan-
tage le peu de ciel qui lui restait au cœur? Etait-ce la ville
hostile? Etait-ce le meneur glapissant, l'apôtre des doctrines
funestes dont la parole perfide avait tué ce Christ qui em-
plissait jadis l'âme du malheureux et n'y avait laissé que le
vide effroyable du néant? Etait-ce tout cela ensemble?
Ce tableau avait l'ampleur d'un livre, la force d'un plai-
doyer. Par une naturelle association d'idées, ma pensée se
tourna vers ces deux puissances qu'une lutte acharnée sem-
ble partager à jamais : patronat et travail, capitalisme et
socialisme. La question sociale se représenta à mon esprit
et tandis que je m'en revenais au milieu de la foule bigar-
rée et bavarde, j'y pensai longuement.
Voici longtemps qu'on cherche à résoudre ce grand pro-
blème et que du riche au miséreux, du trône à la mansarde
on en fait la suprême préoccupation.
L'étude de cette question a laissé la porte ouverte aux
théories fantaisistes comme aux principes étroits et l'homme
y a trouvé un prétexte facile aux discussions les plus
oiseuses et aux plus subtils « distinguo ».
Aux deux pôles de l'idée sociale, deux écoles se sont
formées, nourrissant l'une pour l'autre un égal mépris et
croyant pouvoir découvrir l'une et l'autre la formule philo-
sophique qui doit changer en un paradis doré l'infernale
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