Titre : Bulletin du Syndicat des employés du commerce et de l'industrie
Auteur : Syndicat des employés du commerce et des interprofessionnels (France). Auteur du texte
Éditeur : Siège social (Paris)
Date d'édition : 1900-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32728215s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1900 01 janvier 1900
Description : 1900/01/01 (A10,N69)-1900/01/31. 1900/01/01 (A10,N69)-1900/01/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9615767p
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2013-304540
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2015
10e ANNÉE. — N° 69 Janvier 1900
BULLETIN
1
DU
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
FONDÉ EN 1887
SIÈGE SOCIAL : 14, Rue des Petits-Carreaux. — PARIS
POUR LES ABONNEMENTS ET LES ANNONCES
S'adresser au Siège Social
Le BULLETIN est envoyé gratis aux Syndiqués
Le BULLETIN paraît tous les mois
SOMMAIRE
Mouvement social catholique. — Conseil syndical. — Réunion
des Délégués. — Commission d'Etudes. — Echos. — Le
travail des employés. — Avis divers.
MOUVEMENT SOCIAL CATHOLIQUE
Incontestablement, durant ce siècle, le progrès dans
l'ordre matériel et dans l'ordre scientifique prend un essor
extraordinaire et d'une haute envolée. L'homme grandit
dans son empire sur les éléments ; il développe de plus en
plus les forces de la nature, il les dompte avec sagesse ;
tous les jours, il les attelle, avec une merveilleuse sûreté,
aux chars de la science et de l'industrie.
En présence de ces incomparables manifestations du pro-
grès matériel, on se demande, malgré soi, si l'activité
humaine a réalisé le même perfectionnement dans l'ordre
social, si elle s'est appliquée, avec une semblable constance
et une égale ardeur, à faire participer le plus grand nombre
possible d'hommes au bien-être moral et à tous les biens
essentiels à la vie ; si elle a courageusement travaillé à faire
rayonner la justice dans le monde en diminuant la souf-
france et la misère des travailleurs.
Suivant une conception chère à l'école libérale, le jeu
brutal de la loi de l'offre et de la demande, adouci par la
charité spontanée, devait assurer le maintien de la justice
sociale. Rivalité du pauvre et du riche, infortunes imméri-
tées, jougs serviles devaient s'évanouir au souffle large et
puissant de la bienfaisance chrétienne et devenir comme un
chapitre oublié dans l'histoire du travail.
Cet a priori superbe est aujourd'hui déchu de son pres-
tige. Au tumulte des revendications et des luttes sociales,
cette illusion a disparu; le rêve s'est dissipé. La grande
plainte sort toujours des poitrines humaines; tous les échos
répètent des cris de haine et de sauvages vociférations.
Quiconque prête une oreille attentive à ces gémisse-
ments, est forcé de constater l'erreur sur laquelle on
avait établi, depuis un siècle, la conception de la société,
erreur dont la conséquence immédiate apparaît dans la
grande inégalité des fortunes, résultat trop fréquent des
injustices qui vicient actuellement la rémunération du
travail et la répartition de ses produits.
Le développement de la science et de l'industrie n'a pas
suffi non plus, comme on nous l',avait fait espérer, pour
élever l'homme à une plus haute humanité, pour lui assu-
rer une existence plus intelligente, meilleure et plus com-
plète, pour lui faire, en un mot, goûter la .joie de vivre. Au
contact avec la réalité des choses, les chimériques espé-
rances ont fait place aux déceptions amères et la haine
contre l'ordre social actuel conduit, au hasard des politi-
ciens, les foules laborieuses, fermement résolues à la lutte
pour la vie.
On a beau dire, on a beau faire, quand le travailleur ne
grandit pas dans son âme — et le soustraire au décourage-
ment par l'amélioration de son sort, est le grand moyen de
le faire grandir ainsi, — aucun bien réel n'est accompli ;
quand il dégénère à ce point de vue, il n'y a que du mal de
fait.
De quoi peuvent servir le trafic et le commerce, la science
et l'industrie, si l'homme en est amoindri dans son sens
du droit et de la justice, si les fibres de son cœur doivent
rester endoloris ? Quels bons offices retirerons-nous de la
mécanique la plus ingénieuse, si ses roues inconscientes
suppriment dans leur mouvement sans pitié la pureté et le
bonheur des âmes humaines ? Hélas ! Ce que la société avait
gagné au merveilleux élan de la production industrielle, la
famille ouvrière l'a perdu en cohésion et en bonheur. La
lutte pour l'existence est devenue d'une âpreté insoupçonnée
de nos pères ; la faim a chassé l'épouse du foyer et a livré
l'enfant à un labeur excessif et au-dessus des forces de son
âge.
Le travail est une malédiction, dit Mgr Ireland, si par lui
l'homme devient l'esclave de la machine et lui est assimilé.
La richesse des nations est un blasphème jeté à la face du
BULLETIN
1
DU
SYNDICAT DES EMPLOYÉS
DU COMMERCE & DE L'INDUSTRIE
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Mouvement social catholique. — Conseil syndical. — Réunion
des Délégués. — Commission d'Etudes. — Echos. — Le
travail des employés. — Avis divers.
MOUVEMENT SOCIAL CATHOLIQUE
Incontestablement, durant ce siècle, le progrès dans
l'ordre matériel et dans l'ordre scientifique prend un essor
extraordinaire et d'une haute envolée. L'homme grandit
dans son empire sur les éléments ; il développe de plus en
plus les forces de la nature, il les dompte avec sagesse ;
tous les jours, il les attelle, avec une merveilleuse sûreté,
aux chars de la science et de l'industrie.
En présence de ces incomparables manifestations du pro-
grès matériel, on se demande, malgré soi, si l'activité
humaine a réalisé le même perfectionnement dans l'ordre
social, si elle s'est appliquée, avec une semblable constance
et une égale ardeur, à faire participer le plus grand nombre
possible d'hommes au bien-être moral et à tous les biens
essentiels à la vie ; si elle a courageusement travaillé à faire
rayonner la justice dans le monde en diminuant la souf-
france et la misère des travailleurs.
Suivant une conception chère à l'école libérale, le jeu
brutal de la loi de l'offre et de la demande, adouci par la
charité spontanée, devait assurer le maintien de la justice
sociale. Rivalité du pauvre et du riche, infortunes imméri-
tées, jougs serviles devaient s'évanouir au souffle large et
puissant de la bienfaisance chrétienne et devenir comme un
chapitre oublié dans l'histoire du travail.
Cet a priori superbe est aujourd'hui déchu de son pres-
tige. Au tumulte des revendications et des luttes sociales,
cette illusion a disparu; le rêve s'est dissipé. La grande
plainte sort toujours des poitrines humaines; tous les échos
répètent des cris de haine et de sauvages vociférations.
Quiconque prête une oreille attentive à ces gémisse-
ments, est forcé de constater l'erreur sur laquelle on
avait établi, depuis un siècle, la conception de la société,
erreur dont la conséquence immédiate apparaît dans la
grande inégalité des fortunes, résultat trop fréquent des
injustices qui vicient actuellement la rémunération du
travail et la répartition de ses produits.
Le développement de la science et de l'industrie n'a pas
suffi non plus, comme on nous l',avait fait espérer, pour
élever l'homme à une plus haute humanité, pour lui assu-
rer une existence plus intelligente, meilleure et plus com-
plète, pour lui faire, en un mot, goûter la .joie de vivre. Au
contact avec la réalité des choses, les chimériques espé-
rances ont fait place aux déceptions amères et la haine
contre l'ordre social actuel conduit, au hasard des politi-
ciens, les foules laborieuses, fermement résolues à la lutte
pour la vie.
On a beau dire, on a beau faire, quand le travailleur ne
grandit pas dans son âme — et le soustraire au décourage-
ment par l'amélioration de son sort, est le grand moyen de
le faire grandir ainsi, — aucun bien réel n'est accompli ;
quand il dégénère à ce point de vue, il n'y a que du mal de
fait.
De quoi peuvent servir le trafic et le commerce, la science
et l'industrie, si l'homme en est amoindri dans son sens
du droit et de la justice, si les fibres de son cœur doivent
rester endoloris ? Quels bons offices retirerons-nous de la
mécanique la plus ingénieuse, si ses roues inconscientes
suppriment dans leur mouvement sans pitié la pureté et le
bonheur des âmes humaines ? Hélas ! Ce que la société avait
gagné au merveilleux élan de la production industrielle, la
famille ouvrière l'a perdu en cohésion et en bonheur. La
lutte pour l'existence est devenue d'une âpreté insoupçonnée
de nos pères ; la faim a chassé l'épouse du foyer et a livré
l'enfant à un labeur excessif et au-dessus des forces de son
âge.
Le travail est une malédiction, dit Mgr Ireland, si par lui
l'homme devient l'esclave de la machine et lui est assimilé.
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